Argentine, nous voici ! Seizième et dernier pays de notre voyage, l’Argentine nous paraissait si lointaine et si inaccessible lorsque nous projetions notre tour des Amériques, il y a 4 ans. 20 mois après avoir quitté Montréal, après avoir roulé 84 000 kilomètres et traversé l’Amérique du Nord, l’Amérique Centrale et une partie de l’Amérique du Sud, nous avons peine à croire que nous foulons à présent le sol argentin 🇦🇷. Ce même pays qui va nous emmener au climax et au terme de notre voyage : la Patagonie et Ushuaia. On a peine à réaliser. Mais l’Argentine est un pays immense et avant d’atteindre le bout du monde, nous avons encore du pain sur la planche. C’est parti pour la province de Salta, tout au Nord !
Samedi 13 janvier 2024
Nous entrons en Argentine au moment où le pays connaît une crise économique majeure. Elle se traduit par des pénuries d’essence dans certaines régions, par une inflation exceptionnelle et surtout par une dévaluation de la monnaie, le peso argentin. La valeur du peso argentin n’a jamais été aussi basse. Or, cette dévaluation du peso est une aubaine pour les voyageurs comme nous, dont la devise principale n’est pas la monnaie locale. À titre d’exemple : il y a un an et demi, 200 pesos valaient 2 €; aujourd’hui, c’est 2 000 pesos qui valent 2 € ! La difficulté, cependant, c’est de trouver de l’argent. On sait que la tâche va être ardue, alors on se met en quête d’un distributeur le plus tôt possible. Mais pour ça, il faut rejoindre une ville ! C’est parti pour 3 heures de route depuis la frontière chilienne, dont certaines portions sont particulièrement scéniques.



Des canyons, des cactus, de vastes étendues désertiques à la végétation rase, des formations rocheuses millénaires : on se croirait aux États-Unis ! À ceci près que l’on doit plusieurs fois marquer le stop pour laisser passer un troupeau de lamas, des chèvres ou quelques ânes.

Nous arrivons à Purmamarca, un petit village niché au pied de la montagne aux sept couleurs. En Argentine, ce sont les grandes vacances d’été, alors l’endroit est plein de monde. On ne s’y attarde pas trop : les deux distributeurs de la ville sont à sec. Des voyageurs nous ont conseillé de passer par Western Union pour retirer de l’argent, car le taux de change est plus avantageux et qu’il n’y a pas de frais ATM ! Mais en bon novices que nous sommes, nous ignorions qu’il fallait créer un compte en ligne et nous n’avons pas de réseau ! Tant pis, ville suivante !

À Tilcara, même problème : les deux ATM de la ville sont à sec et les bureaux Western Union sont fermés. Après mangé, on reprend la route en direction du prochain village : Humahuaca. Si on continue de monter au Nord à la recherche d’une banque, on va finir en Bolivie ! 😂 On trouve enfin un ATM qui distribue des billets… mais les frais sont de 8,50 € pour les cartes étrangères. Sachant que le maximum que l’on peut retirer, c’est 30 €, ça fait cher le retrait ! Tant pis. Le peso argentin est si faible que le plus gros billet est le billet de 1 000… et il vaut 1 € ! On se retrouve alors face à un problème inédit : où va-t-on bien pouvoir mettre tout cet argent !? 🤔

Notre mission accomplie, on peut enfin partir découvrir le Nord-Ouest de l’Argentine. On prend donc la piste en direction de Hornocal, aussi appelé la montagne aux 14 couleurs ! Toujours plus ! Après la montagne aux sept couleurs au Pérou, voilà maintenant la montagne aux 14 couleurs. La piste poussiéreuse nous emmène jusqu’à 4 300 mètres d’altitude. Et on découvre la fameuse montagne colorée, très belle sous le ciel bleu.



Pour notre campement du soir, on redescend dans la vallée et on trouve un camp dans un lit de rivière, à l’écart de la route. Le vent souffle fort, encore et toujours. Heureusement, en ce moment, on ne cuisine pas : on mange notre stock de ratatouille maison, même si nos rations du délicieux pain de San Pedro de Atacama se font maigres.


Dimanche 14 janvier
Direction Salta, grande ville du Nord-Ouest argentin et capitale de la province du même nom. Les paysages secs et montagneux laissent tout à coup place à… de la jungle ! De la jungle ? 😲 Alors là, on n’en revient pas ! On se croirait en Amérique Centrale. Normal, Salta est en réalité situé entre les montagnes des Andes et la forêt amazonienne. Et ça se ressent au niveau du climat ! Là où il faisait chaud mais sec plus au Nord, ici il fait très chaud et très humide. On se met de suite à transpirer à grosses gouttes !


Pendant ce trajet, nous passons sans le voir ni le savoir le Tropique du Capricorne ! Après avoir passé le cercle polaire au Canada, puis le tropique du Cancer au Mexique et enfin l’Équateur en Équateur, nous attendions cette nouvelle étape de notre voyage avec impatience ! Et on l’a ratée 😭. On s’est rendus compte de notre erreur 10 jours plus tard, face à une carte du monde dans un Starbucks de Mendoza… La honte ! Notre plan pour cette nuit est le camping municipal de Salta. Il paraît que la piscine est une des plus grandes piscines des Amériques ! Lorsque l’on y arrive, en ce dimanche après-midi, on a l’impression que la ville entière de Salta s’est donné rendez-vous ici. Des centaines d’argentins profitent de l’été et des vacances au bord de l’eau.


Face à cette affluence, notre premier réflexe est de fuir. Mais on se laisse vite séduire par l’ambiance décontractée et bonne enfant qui imprègne les lieux. On patiente donc au bord de l’eau en attendant que les lieux se vident. Les enfants tournent autour du Jeep d’un air intrigué. « On dirait un dinosaure, ta voiture ! » 😅 Quand on leur dit que l’on est français, ils s’exclament : « Mbappé ! ». À 18 h 30, les sauveteurs font sortir tout le monde de l’eau et des policiers à cheval vident les lieux. En 30 minutes, toute la foule est partie ! On se retrouve seuls ou presque : une quinzaine de vans et véhicules de voyageurs restent pour la nuit, car la piscine municipale se transforme alors en camping. Mais l’endroit est si vaste que l’on ne se marche pas sur les pieds ! On peut enfin se trouver un emplacement au bord de l’eau.



La foule partie, l’endroit se transforme en un vaste et paisible havre de paix, qui va rapidement devenir notre endroit préféré à Salta. Le silence envahit les lieux, l’eau se fige, les oiseaux volent au raz de l’eau comme s’il s’agissait d’un lac, d’autres piaillent dans l’arbre au-dessus de nous. C’est magique ! Pour la première fois depuis un mois, la tente est de sortie et on passe une douce et chaude soirée au bord de la piscine. En prime, les sanitaires ont été nettoyés et on peut prendre une douche chaude dans un immense vestiaire déserté.

Avant de se coucher, on fait une marche digestive autour de la piscine. On rencontre les autres voyageurs de toutes nationalités et beaucoup d’argentins. Un couple d’argentins originaires de Cordoba, plus au Sud, est intrigué par le Jeep. Dans notre conversation, deux choses les choquent plus que tout : 1- Nous ne comptons pas aller à Cordoba. 2- Nous avons fait un asado (barbecue argentin) en Bolivie et pas encore en Argentine. Alors ça, ils ne s’en remettent pas. Un asado en Bolivie ?? Répètent-ils en boucle. Bah, on vous a certainement servi du chien ! 🤣 Ah ces argentins, on n’a pas fini de se marrer avec eux !
Mardi 16 janvier
Nous avons passé la journée de la veille à courir la ville pour refaire nos stocks de produits divers : liquide de refroidissement, essuie-glaces, eau déminéralisée, huile moteur, bidon de 20 litres. Aujourd’hui, on part pour la Boucle Sud de Salta. Cet itinéraire est en effet l’un des principaux attraits de la région de Salta. On s’y élance sous une chaleur caniculaire : 45°C ! La région est en alerte pour chaleur extrême. Et comme on aime l’été argentin ! Tout est recouvert d’un vert éclatant, les arbres sont parés de leurs plus belles couleurs estivales, les fleurs sont de sortie, les oiseaux chantent dans tous les arbres, les argentins se baignent dans chaque point d’eau, se promènent à vélo et sortent en fin de journée faire leur jogging. Tout sent l’été à plein nez et on adore cette ambiance !



À mesure que l’on s’éloigne de Salta par le Sud, le magnifique vert estival de la région laisse peu à peu place à des paysages secs et désertiques. Il fait de plus en plus chaud.

Le circuit de la boucle Sud de Salta est un bel itinéraire qui permet de découvrir les plus beaux endroits de la région. On multiplie donc les arrêts sur la route pour admirer les différentes curiosités minérales : gorge du diable, amphithéâtre de roche à l’acoustique incroyable, formations rocheuses insolites, belles vues sur la vallée et la rivière, route panoramique.







À certains endroits de la route, on se croirait en Utah !



Le soir, on essaie de trouver un bivouac abrité du vent. En vain ! Il semble être partout et venir de toutes les directions à la fois. On découvre donc que le pire bivouac en Jeep, c’est le combo vent-chaleur étouffante. En effet, on ne peut n’y s’abriter dans le Jeep, ni rester dehors. Que faire ? On hésite à trouver un hostel à Cafayate, puis on renonce. Tant pis, on passe deux heures à manger du sable sous un vent terrible avant que nos amis Sebastian et Diamond nous rejoignent avec leur 4×4 Mercedes. Quoi de mieux que de manger du vent ? Manger du vent entre amis ! 😂

Mercredi 17 janvier
Direction le petit village touristique de Cafayate. On est là pour une dégustation de fromage ! On se rend donc dans une bodega. Pour 1,50 € par personne, on déguste trois fromages de chèvre (nature, origan et piment) et trois fromages de vache, le tout accompagné d’un verre de vin blanc et d’un verre de vin rouge. Tout est très bon, on ressort donc avec deux fromages de chèvre natures. Reste plus qu’à trouver du bon pain ! 😋

Le village de Cafayate est le point le plus au Sud de la boucle Sud de Salta. Pour remonter vers Salta, on emprunte donc la fameuse Ruta 40, la route la plus célèbre d’Argentine. Elle traverse en effet le pays sur plus de 5 000 kilomètres ! Après seulement 20 kilomètres, on tombe sur une file de voitures à l’arrêt. Une voiture est embourbée ! À l’intérieur, un couple de personnes âgées refuse de sortir de la voiture pour ne pas salir ses chaussures ! 😅 Rémi s’y colle. Il sort les sangles, arme le Jeep, mais il faut 30 minutes pour trouver le point d’ancrage sur la voiture embourbée. Finalement, une petite accélération et la voiture est tirée d’affaire en 2 secondes ! En remerciement, le couple nous offre d’énormes grappes de raisins et… du fromage de chèvre ! Décidemment, on est refait ! 😃 Première mission de sauvetage réussie pour Jeepy ! 💪


Tout au long de l’après-midi, la Ruta 40 nous emmène au milieu de magnifique paysages arides.







On longe de vastes exploitations viticoles qui apportent une touche de vert dans le paysage.


Puis on traverse le parc national Los Cardones, connu pour ses cactus géants et sa terre rougeâtre.




Il commence à se faire tard. La logique voudrait que l’on trouve un bivouac pour la nuit, mais on souhaite absolument être de retour ce soir à Salta pour retourner camper à la piscine municipale 😀. La route est encore longue, mais décide de continuer, quitte à arriver tard à Salta. Néanmoins, on se fait prendre dans le brouillard lors du passage d’un col et on est contraints à rouler très doucement, ce qui nous retarde encore plus.

Après 1 heure dans le brouillard, on passe le col et on entame enfin la descente. Au bout de quelques minutes, on passe soudain sous le plafond nuageux. La vallée nous apparaît !

Ce n’est qu’à 20 heures que l’on arrive enfin à Salta. Il fait encore beau et chaud, les habitants sont de sortie pour profiter de la « fraîcheur » de la soirée. On retrouve avec grand plaisir notre emplacement près de la piscine. Comme chaque soir, on fait à pied le tour de la piscine en s’arrêtant pour discuter avec les uns et les autres. Des argentins, des chiliens, des brésiliens, des européens, il y en a pour toutes les langues ! 😅 On adore cet endroit. Dans la soirée, une petite dame se présente et nous propose de faire une lessive. Ça tombe bien, c’était au programme du lendemain ! On lui refile tout notre linge et elle s’en va avec son chariot. Service à domicile, que demander de plus ? 😃
Jeudi 18 janvier
Voilà 4 jours que nous sommes à Salta et on n’a pas encore visité le centre-ville ! L’endroit est chaud et convivial. Mais ce qui nous surprend le plus, c’est l’enseigne Carrefour qui trône fièrement dans une rue près du centre. Carrefour, le seul et l’unique ! Plus par curiosité que par réelle nécessité, on y entre faire quelques courses et on ressort avec du bleu et du saucisson. Un petit goût de France au milieu de l’Argentine 😆.



On mange ensuite chez Doña Salta, un restaurant qui sert des spécialités locales. On teste évidemment les célèbres empanadas d’Argentine, une à la viande et une au fromage. Excellent ! Puis on commande un locro, une espèce de ragoût avec plusieurs sortes de viande et un guiso de lentejas, un ragoût de lentilles. On accompagne le tout du fameux alcool de la région, le fernet con coca, un alcool de plante coupé au Coca. Ça pour le coup, ce n’est pas très bon.


Après une après-midi studieuse à la bibliothèque et un passage chez le coiffeur pour moi, retour à la piscine municipale. On commande au passage de délicieuses empanadas pour notre repas du soir ! Dès demain, nous prenons la route. Ou plutôt la piste ! En effet, une expédition de 600 kilomètres nous attend, sur une des pistes les plus isolées du pays !
4 comments
J’ai adoré ces paysages aux multiples couleurs. C’est très beau.
Les routes sont sinueuses mais j’ai l’impression de voir qu’elles sont assez bien entretenues.
Vos plats typiques me font envie !!!! Miam miam ….
Impressionnante piscine !
Bisous
Mamie.
superbe photos, merci 🙂 un régale de vous lire
Wanda
Bonjour,
Toujours un vrai plaisir de vous lire et surtout que de très belles photos. Quelle belle aventure…..
Christine et Joseph (calpe)
Avant de lire « ça ressemble à l’Utah », je me disais que ça ressemblait à notre périple de l’ouest américain….
Elle est belle cette région de Salta et célèbre pour son Vignoble.
Quelle piscine gigantesque !!
Bisou.