On en a vus, des volcans. Des beaux, des furieux, des endormis. Mais le volcan Cotopaxi, c’est encore autre chose. Nous sommes restés époustouflés et ébahis devant son sommet fumant recouvert de neige éternelle. Frissons garantis face au plus haut volcan actif au monde, au parc national Cotopaxi !
Samedi 14 octobre 2023
Notre mission est accomplie : nous avons rencontré l’ours andin ! À présent, nous avons l’esprit tranquille pour reprendre la route du Sud. Peu avant d’arriver à Quito, nous passons un cap important de notre voyage à travers les Amériques : l’Équateur ! Et pas le pays, la ligne 😁 Nous avons franchi le Cercle Arctique au Canada il y a 15 mois, nous avons passé le Tropique du Cancer au Mexique il y a 10 mois, nous voici maintenant face à l’Équateur en Équateur ! 😀 Un moment symbolique de notre voyage, qu’on n’oublie pas d’immortaliser comme il se doit… et sous la pluie ! Plus que jamais, notre rêve semble à portée de main : Ushuaia, l’année prochaine. En attendant, bienvenue dans l’Hémisphère Sud !
On passe rapidement à Quito, car c’est sur la route et aussi car on a entendu parler d’une boulangerie française. Cette fois-ci, impossible de passer à côté ! On achète deux chocolatines et deux grosses miches de pain. Miam ! 😋 Puis, on prend la route du parc national Cotopaxi. On veut faire le plein d’essence, mais toutes les stations semblent être prises d’assaut ! En effet, les habitants font des réserves en vue des élections présidentielles qui se tiennent demain et qui pourraient entraîner une grève généralisée… Bon, allons se mettre à l’abri dans les montagnes, sait-on jamais.
La route est belle tandis qu’elle nous emmène en altitude. Malheureusement, le parc national du volcan Cotopaxi ferme tous les jours à 15 heures. Il est donc bien trop tard pour espérer y entrer maintenant. Tant pis, on se trouve un endroit sauvage et dégagé pour passer la nuit, à 3 600 mètres d’altitude. Selon nos calculs, le volcan devrait se trouver directement en face de nous 🤔
Bon, pour l’instant, il est dans les nuages ! On n’aperçoit même pas sa base ! S’il se montre demain au petit jour, alors on pourrait bien avoir trouvé là un des plus beaux bivouacs de notre voyage. On n’a plus qu’à espérer que le beau temps soit au rendez-vous ! 🤞
Dimanche 15 octobre
6 heures. On se réveille avec une excellente nouvelle : contre toute attente, le volcan Cotopaxi est de sortie ! Vite, on s’extrait du lit chaud pour sortir du Jeep et affronter le froid glacial. Et en effet, le Cotopaxi se dresse fièrement devant nous 🤩 Juste… magnifique, tout simplement. Nous en restons bouche bée.
De tous les volcans que nous avons eus la chance de voir jusqu’à présent, jamais nous n’en avons vu un si beau, si majestueux, si parfait. Son cône parfait, recouvert de glace et de neige éternelle, se dresse à 5 897 mètres d’altitude. C’est le volcan actif le plus haut du pays, mais aussi du monde. Et en effet, son cratère fume sans discontinuer ! Aussi, l’ascension jusqu’au sommet est aujourd’hui interdite jusqu’à nouvel ordre.
Le Cotopaxi se situe au cœur de l’Avenue des volcans. C’est en 1802 que l’explorateur allemand Alexander Von Humbolt nomma la route tortueuse qui longe la cordillère des Andes équatoriennes. Tout au long de cette « avenue », se dresse une quarantaine de sommets de plus de 4 000 mètres, dont les plus beaux et les plus hauts sommets des Andes, auréolés de neige éternelle. Clairement, le volcan Cotopaxi fait parti des plus beaux et des plus hauts ! 😁
Le parc national du volcan Cotopaxi n’ouvre qu’à 8 heures. Cela nous paraît tard pour un parc de haute montagne où les nuages ont vite fait de jouer les troubles fêtes… Un ranger nous accueille à l’entrée Sud du parc. On s’enregistre : noms, prénoms, numéros de passeport, personne à contacter en cas d’urgence… Bon, question de sécurité. Il est 8 heures passées lorsqu’on s’élance enfin sur la piste du parc. Et déjà, le volcan est enveloppé de nuages. Zut !
Qu’à cela ne tienne, on décide quand même de tenter notre chance et d’aller voir le géant de plus près. Car oui, c’est possible ! Et en voiture, s’il vous plait. Une piste permet en effet de monter au plus près du volcan, à 4 600 mètres d’altitude ! C’est un sacré défi pour Jeepy, qui n’est jamais monté aussi haut, son record étant de 4 100 mètres au parc national El Cocuy en Colombie. Doucement mais sûrement, on s’élance sur la piste. À chaque lacet, le volcan nous apparaît toujours plus proche et toujours plus impressionnant. Peu à peu, le paramo et ses herbes rases et sèches disparaît pour un paysage noir de roche et de cendre volcanique.
Finalement, on atteint le parking à 4 600 mètres d’altitude sans soucis 🤘 On se gare dans le sens de la pente, just in case. Puis on s’équipe chaudement et on part pour le refuge José Rivas, qui se trouve à 4 864 mètres sur les flancs du volcan. Or, il y a deux façons de monter au refuge : le sentier le plus long, qui monte progressivement en décrivant des lacets serrés. Ou le sentier le plus court qui monte en ligne droite sur la pente du volcan. On choisit le sentier le plus long, mais le moins raide. Et on fait bien, car à cette altitude, l’effort est conséquent. Le souffle est court, les jambes sont lourdes, le cœur bat à toute vitesse. On enchaîne les virages à petits pas, sans oublier cependant d’admirer le paysage, même si le temps s’est couvert.
On arrive au refuge après 1 heure de marche. Et… c’est fermé ! Zut, nous qui voulions nous réchauffer avec un chocolat chaud, c’est raté. Il n’y a personne. On s’assoit sur un muret devant le refuge pour se reposer et évaluer la suite des événements. Nous voulions monter quelques mètres de dénivelé supplémentaires pour atteindre le glacier du volcan Cotopaxi, mais vu le temps, cela ne semble pas idéal de s’y aventurer sans guide.
Tant pis. Après une pause de 10 minutes, on décide de redescendre. Et cette fois-ci, on prend le chemin le plus court : tout droit jusqu’au parking ! Et sur la cendre volcanique, ça va vite, il suffit de se laisser glisser jusqu’en bas. Résultat : 1 heure de montée, 10 minutes de descente ! Jeepy nous attend en bas et, à 4 600 mètres d’altitude, il démarre comme un chef, du premier coup. Chapeau ! ✌️
On redescend dans la plaine en quelques minutes, sous les nuages. De là, on part explorer le parc national Cotopaxi. Et quel parc ! Wow ! 😀 La piste serpente au milieu de prairies dorées balayées par les vents. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu de tels paysages, si bruts, si sauvages, si beaux. À tout moment, on s’attend à voir surgir un bison comme au parc national de Yellowstone aux États-Unis. Mais non, nous sommes bien en Équateur ! Ici, ce sont l’ours andin, le loup et le puma qui règnent en maître.
À midi, on s’arrête déjeuner au bord de la lagune. Au menu : miche de pain de Quito et pâtes pas assez cuites : on avait oublié qu’avec l’altitude, elles cuisent moins vite !
Le Cotopaxi a clairement tiré sa révérence pour la journée. En espérant avoir plus de chance demain, nous décidons de dormir dans le parc national Cotopaxi. Notre plan est simple : en dormant dans le parc, nous n’aurons pas besoin d’attendre l’ouverture à 8 heures pour remonter au refuge et on pourra donc profiter du beau temps matinal. Le camping du parc est à 3 800 mètres d’altitude. C’est haut, mais pas assez pour qu’on passe une mauvaise nuit. On trouve un emplacement à côté du campervan d’un couple de slovaques et d’un camion d’expédition allemand.
Tous sont bien au chaud dans leur véhicule, mais nous… on passe l’après-midi dehors à cuisiner une soupe de patates et bacon bien riche, histoire de se tenir chaud. Il fait froid, mais le moral est au beau fixe ! Rester dehors a au moins un avantage : on est aux premières loges pour assister à la vie sauvage du parc !
Lundi 16 octobre
5 h 45. Un coup d’œil à l’extérieur suffit pour s’apercevoir qu’on n’a pas la même chance qu’hier ! On est dans les nuages. Zut. Par acquis de conscience, on plie quand même le camp et on roule, avec le chauffage, jusqu’à se trouver directement face au volcan. Il est là, on le sait, mais on ne le voit pas ! ☁️ Les nuages sont denses, foncés. Inutile de monter par un temps pareil ! C’est dans le Jeep, bien au chaud, qu’on prend notre petit-déjeuner.
Il n’est pas 8 heures lorsque nous rejoignons la sortie Nord du parc. Techniquement, le parc est encore fermé, mais un employé accepte de nous ouvrir la barrière. Personne ne note notre sortie, c’est à se demander à quoi sert l’enregistrement à l’entrée du parc ! Avant de nous rendre à la capitale, nous vérifions les actualités concernant le dénouement de l’élection présidentielle. Hier, Daniel Noboa a été élu Président à 35 ans. Pas d’incidents majeurs, pas d’émeutes, pas de grèves généralisées. Tout semble être calme dans la capitale équatorienne. Nous pouvons y aller ! En effet, un des détecteurs ABS du Jeep malfonctionne et doit être remplacé. Heureusement, on a un bon contact maintenant sur Quito ! Juan Carlos nous accueille chaleureusement. Le nouveau capteur est commandé. Il arrive en scooter en quelques minutes et est changé dans la foulée. Le tout prend moins d’une heure.
Ensuite, à être à Quito, nous retournons à la boulangerie française pour refaire le plein de pain : une grosse miche de pain, une baguette, deux chocolatines. Et à 14 h 30, nous sommes de retour au parc national Cotopaxi ! On s’installe à nouveau au camping. Il est encore tôt alors, pendant que Rémi se repose au Jeep, je pars me promener. Le volcan n’apparaît pas, mais les environs sont quand même magnifiques !
Dans la soirée, un Defender avec cellule Azalaï débarque au camping. Surprise, ce sont nos amis David et Yvonne, des hollandais qu’on a rencontrés pour la première fois au lac Atitlán au Guatemala. Comme d’habitude, trop drôle de retrouver des voyageurs si longtemps et si loin après les avoir vus pour la première fois 😀 Alors qu’on discute, un sommet nous apparaît soudain à l’horizon. Mais, ce ne serait quand même pas… Mais si ! 😲 Le Chimborazo, le plus haut sommet d’Équateur, nous apparaît dans toute sa gloire et sa splendeur. On immortalise ce moment magique, juste au cas où il ne se montrerait pas quand on ira le voir de plus près 😁
À 17 h, il commence à faire bien frais et tout le monde rentre chez soi. Enfin nous, on reste dehors, à se peler les miches en attendant que la soupe réchauffe. Ah ça, y a des jours plus difficiles que d’autres quand on vit la Jeep life 🤪 Et le froid n’est jamais notre allié. On part au lit de bonne heure. Demain, on retente l’ascension ! En espérant que cette fois, le volcan Cotopaxi soit au rendez-vous.
Mardi 17 octobre
6 heures. À nouveau, le réveil sonne de bonne heure, mais c’est pour la bonne cause ! On met le nez dehors et… horreur ! 😱 Nous sommes dans les nuages. Encore. On s’habille, on démarre le Jeep et retourne quand même face au volcan. Là, on se gare en plein milieu (le parc n’ouvre qu’à 8 heures et on est seuls au monde) et on observe la masse de nuages qui nous cache le volcan Cotopaxi. Que faire ? Abandonner ? Attendre ? Monter ?
On hésite entre se faire un café et rester au chaud dans le Jeep ou monter. Finalement, après quelques minutes de tergiversation, on décide de monter ! Qui sait si ce n’est pas nous, qui sommes dans les nuages. On entame l’ascension et en moins de 5 minutes, notre pari est gagnant : on franchit soudain le plafond nuageux et on émerge sous un ciel bleu incroyable et un soleil éclatant. Et là, face à nous, se dresse le Cotopaxi. Incroyable ! 😱
Comme il y a deux jours, on emprunte la piste du parc qui permet de monter jusqu’au parking, à 4 600 mètres d’altitude. De là, on laisse le Jeep et on part à pied en direction du refuge, à 4 800 mètres. Cette fois-ci, le temps est parfaitement dégagé ! On est bien acclimatés, mais la montée est quand même toujours aussi dure ! Un pas après l’autre.
Peu avant d’arriver au refuge, on bifurque sur un sentier qui nous emmène le long des flancs du volcan. C’est parti pour battre notre record d’altitude, 5002 mètres, établi en février dernier sur le versant du volcan Iztaccíhuatl au Mexique. On sait que le parc est encore fermé et qu’il n’y a personne sur des kilomètres à la ronde. Nous sommes livrés à nous-mêmes, en haute montagne, alors on reste prudents. La haute altitude n’est pas à prendre à la légère, surtout que bientôt, on arrive face au glacier du volcan Cotopaxi et le sentier disparaît.
En évoluant prudemment, on continue notre ascension, entre roches et glacier. Le terrain est glissant, la pierre volcanique roule sous nos pas. Encore un petit effort et on se retrouve face à un gigantesque mur de glace. On touche du doigt le glacier du Cotopaxi. Les craquements de la glace, le roulis de l’eau dans les parois du glacier, le soleil qui brûle la peau, le vent qui nous glace jusqu’aux os. La sensation est incroyable. Le paysage, à couper le souffle. Et en prime, nous avons battu notre record d’altitude : 5 066 mètres !
Le temps de savourer notre victoire, notre bonheur, il est temps de redescendre. En effet, les nuages sont en train de monter de la vallée et le paysage est déjà plongé dans l’ombre par intermittence.
Au refuge, on prend enfin une pause bien méritée. Mais manque de bol, il est encore fermé ! Décidemment, on n’aura pas eu la chance de savourer un chocolat chaud ! Tant pis. À nouveau, on s’installe sur le muret devant le chalet et cette fois-ci, au soleil ! On déguste une banane et des biscuits, puis le temps se couvre ici aussi et il est temps de redescendre. On est presque arrivés au parking lorsqu’on croise les premières personnes en train de monter. Pas de chance, le temps est maintenant couvert ! On retrouve le Jeep en quelques minutes, qui démarre comme un chef. Ça aussi, c’est un stress en moins. De là, on retourne au camping du parc, où on prend un vrai petit-déjeuner au soleil, à côté des biches qui nous surveillent du coin de l’œil. Pas de doute, la journée est déjà réussie ! 😀
Ensuite, on quitte le parc national Cotopaxi avec des images plein la tête et des souvenirs inoubliables. On n’aura pas eu le droit de le gravir, ni même de voir son cratère béant, mais le Cotopaxi nous a littéralement époustouflés. À présent, il est temps de continuer notre route vers le Sud sur l’Avenue des volcans !
1 commentaire
Quel périple et quelle belle ascension !! Bravo pour le record d’altitude.🏔️
Bravo pour le passage de la ligne d’équateur.
C’est vrai que la jeep life est parfois difficile avec le froid ou la pluie… Je l’ai testé 🥶🥶
Bisous