Suite et fin de notre road trip sur la Carretera Austral, qui se termine entre des rivières aux eaux envoûtantes, des paysages vierges de tout impact humain, des petits villages du bout du monde et surtout : Villa O’Higgins et le kilomètre 0 de la belle route australe.
Mercredi 06 mars 2024
Midi. On quitte le petit village de Rio Tranquilo après une matinée studieuse et une douche tiède. La Carretera Austral longe le lac General Carrera sur de longs kilomètres. Décidemment, on ne se lasse pas de ses eaux turquoise. Mais en matière d’eau à la couleur envoûtante, on n’est pas au bout de nos surprises…
Soudain, une bifurcation 🧭. À gauche, une piste emmène le long du lac General Carrera jusqu’à la frontière argentine. Tout droit, la Carretera Austral continue inlassablement sa route au Sud. À partir d’ici, c’est un aller à sens unique : pour continuer vers Ushuaia, il nous faudra inévitablement remonter jusqu’ici pour passer en Argentine. On n’hésite qu’un instant. En effet, nous avons décidé de rouler la Carretera Austral dans son entièreté dès les premiers kilomètres de cette belle route. On s’élance donc pour 300 kilomètres de piste jusqu’à Villa O’Higgins… 300 kilomètres qu’il faudra refaire en sens inverse pour rejoindre Argentine. C’est parti !
Les eaux bleues du lac General Carrera se jettent dans le lac Bertrand, d’où naît le río Baker. Et le río Baker, que la Route Australe suit sur de nombreux kilomètres, est probablement une des plus belles rivières que l’on a vues.
Quelques kilomètres plus loin, on fait un arrêt pour admirer le point de confluence entre les eaux incroyables du río Baker et les eaux du Nef, presque boueuses en comparaison ! Outre les magnifiques chutes du coin…
… le mélange des deux eaux offre un magnifique contraste que l’on immortalise avec le drone.
À 17 heures, c’est au bord du río Baker que l’on s’installe pour camper. Comme c’est facile de trouver des bivouacs de rêve en Patagonie ! Chaque bivouac semble à chaque fois plus beau que le précédent. La seule difficulté, c’est de trouver un endroit qui soit suffisamment abrité du vent pour que l’on puisse cuisiner sans s’envoler 😆.
Jeudi 07 mars
Dernière ligne droite en direction de Villa O’Higgins, au bout de la Carretera Austral. Sur plus de 250 kilomètres, elle se faufile à travers les beaux paysages de la Patagonie chilienne. Malgré l’été qui touche à sa fin dans cette partie du monde, la végétation est encore verte. Devant les rares habitations que l’on passe, cependant, des tas de bois fraichement coupé prouvent que les habitants se préparent à l’arrivée imminente de l’hiver.
Sur la dernière portion, la Route Australe se faufile à travers des forêts…
Une traversée gratuite de 45 minutes en ferry là où la route s’interrompt entre Yungay et Puerto Bravo…
Des lacs…
Des glaciers…
Et des condors accrochés à la falaise…
Et finalement… nous franchissons les portes d’entrée de Villa O’Higgins, village du bout du monde au Sud du Chili 🥳.
On est immédiatement accueillis par une patrouille de police. Comme d’habitude, le policier nous fait signe de nous arrêter. Ça nous arrive invariablement depuis le Mexique, car nous n’avons pas de plaque d’immatriculation à l’avant. Alors à chaque fois, les policiers tiquent et nous arrêtent. Il faut croire que même ici, au bout du monde, ne pas avoir de plaque à l’avant est un crime. Rémi est rodé : il explique pour la millième fois que Jeepy est canadien et qu’au Canada, la plaque n’est qu’à l’arrière. Vérification de nos visas et du permis de conduire. Et c’est bon, nous sommes autorisés à entrer dans le village. Direction immédiatement la seule station-service du coin. Et l’essence, au Chili ET au bout du monde, ça se paye cher !
Villa O’Higgins, c’est mignon mais il ne s’y passe pas grand chose. On a rapidement fait le tour du village !
Villa O’Higgins est le village le plus au Sud de la Carretera Austral, mais la route continue encore sur 7 ultimes kilomètres. C’est sous la pluie que l’on arrive au kilomètre 0 de la Carretera Austral. À partir de là, il est impossible d’aller plus loin, du moins en voiture. Des ferrys permettent en effet de continuer plus au Sud pour aller admirer les glaciers et le champ de glace Sud de Patagonie, voire pour rejoindre Punta Arenas, aux portes de la Terre de Feu… et d’Ushuaia. Pour nous cependant, pas de ferry : c’est par la route que nous allons rejoindre Punta Arenas. Et pour cela, nous allons devoir remonter la Carretera Austral sur 300 kilomètres pour passer en Argentine. Tout un programme !
En attendant, nous nous installons pour la nuit sur un terrain herbeux au bord du lac O’Higgins. La soirée est pluvieuse, mais quoi de plus normal en ces terres australes, même en été ? Cela n’arrête pas les gauchos chiliens, ces cowboys de l’hémisphère Sud qui rassemblent leur troupeau de vaches afin de les mettre au chaud pour l’hiver.
Vendredi 08 mars
Que fait-on quand on a atteint le bout de la route ? Ben, on repart en sens inverse ! 😅 On fait cependant un petit écart pour aller visiter Caleta Tortel. Il paraît que Caleta Tortel est un des plus beaux villages chiliens. Être si près et ne pas aller vérifier, ce serait dommage ! On fait donc un détour de 20 kilomètres pour aller y jeter un coup d’œil, sous la pluie. Ici, pas de voitures ! Des passerelles et des escaliers en bois permettent de se déplacer à travers le village. Il flotte dans l’air une agréable odeur de feu de cheminée. En effet, toutes les cheminées fument et on se prend à envier les habitants de ce petit village, bien au chaud dans leurs maisons en bois. C’est en effet très mignon.
On s’installe pour la nuit au bord d’une rivière. Nous sommes trempés et frigorifiés de notre promenade sous la pluie à Caleta Tortel, mais on va devoir patienter un peu avant de pouvoir se mettre au chaud dans le Jeep. En effet, une mauvaise surprise nous attend : une crevaison ! Le pneu arrière gauche est complètement à plat. Heureusement, c’est du côté de l’auvent ! Rémi peut ainsi changer le pneu tout en restant à l’abri. 22 mois sur la route et première crevaison du voyage ! Le coupable ? Un clou !
Samedi 09 mars
On prend la route sous la pluie, mais la magie de la Patagonie ne tarde pas à opérer. En effet, la météo s’améliore progressivement et c’est sous un beau soleil que l’on termine nos derniers kilomètres sur la Carretera Austral. Après deux jours de grisaille, le paysage se dévoile enfin.
Nous avions initialement prévu de remonter jusqu’au lac General Carrera pour rattraper la frontière vers l’Argentine. Cependant, quelques jours plus tôt, nous avons appris l’existence d’un autre passage vers l’Argentine : Paso Roballos, un petit poste frontière perdu dans les montagnes et qui va nous permettre de passer la frontière plus au Sud que prévu… tout en traversant le beau parc national Patagonia. Bref, c’est tout bénéf’ pour nous. Avant de s’élancer en direction de ce poste frontière très isolé, on s’arrête dans la petite ville de Cochrane pour faire réparer notre pneu chez un garagiste. En effet, pas question de partir dans les montagnes sans avoir un pneu de secours. On fait ensuite le plein d’essence et on quitte définitivement la Carretera Austral pour entrer dans le parc national Patagonia et rejoindre l’Argentine.
3 comments
Que c’est beau cette eau turquoise ! Superbes balades, grâce à vous on rêve …
La vie doit être rude dans ces régions. Brrrrr !!!!!
Mamie
Le Bout du Monde….. J’ai un panneau comme ça dans mon jardin mais ça fait moins rêver que le vôtre… Et les paysages sont autrement plus beaux 💚💚 et plus paisibles.
Bisous