Désert le plus aride au monde, ensoleillement de l’extrême, ciel le plus pur au monde : on attendait beaucoup de San Pedro de Atacama. Et finalement, ce que l’on a préféré à San Pedro, c’est son ciel étoilé et… sa boulangerie française !
Dimanche 07 janvier 2024
Le Chili ! Quinzième et avant-dernier pays de notre voyage à travers les Amériques. Ce pays de 4 300 kilomètres de long et d’une largeur moyenne de 180 kilomètres va nous emmener jusqu’à l’extrême Sud du continent sud-américain ! Le bout du monde ! Mais pour l’instant, c’est par le Nord du pays que l’on entre au Chili, via la magnifique région bolivienne du Sud Lipez. Le poste-frontière se situe à 4 800 mètres d’altitude et la route qui nous emmène jusqu’à San Pedro de Atacama descend en pente raide. En moins de 50 kilomètres, on perd ainsi 2 400 mètres d’altitude !

San Pedro de Atacama se trouve au cœur du désert d’Atacama. Cette région, qui s’étend entre l’océan Pacifique Sud et les Andes est une des régions les plus arides au monde. En effet, certains secteurs peuvent ne pas recevoir de pluie pendant… 50 ans ! À l’inverse, la durée d’ensoleillement est remarquable dans la région et on va rapidement s’en rendre compte ! De toute la semaine, nous ne verrons pas un seul nuage ! Lorsque l’on arrive à San Pedro après 5 jours coupés de tout sur la Laguna Road bolivienne, la chaleur est écrasante et la foule étouffante.



Le désert d’Atacama est une des régions les plus touristiques du Chili et San Pedro attire beaucoup de monde, surtout en cette période de vacances ! Les petites rues du centre-ville sont envahies de restaurants et de bars huppés, d’agences de voyage, de magasins de souvenirs. Les prix sont mirobolants. On déniche tout de même un petit restaurant qui propose un menu entrée, plat, dessert à 8 000 pesos chiliens, soit 8 €. Pour le camping, c’est une autre affaire. Après 5 jours sur l’altiplano, on rêve d’une douche. Or, niveau prix, c’est la désillusion. Un hostel nous propose même leur parking, avec accès à la piscine et aux sanitaires pour… 40 € ! 😮 Merci, mais à ce prix-là, on peut s’offrir une chambre ! Tant pis pour la douche, on quitte San Pedro de Atacama et on part s’installer au milieu du désert.

Par 40°, on n’hésite pas à déplier notre douche Decathlon pour prendre une douche fraîche à l’arrière du Jeep. On a la douche et en prime un magnifique paysage, une belle vue sur le volcan Licancabur et le coucher de soleil qui va avec. Finalement, pas la peine de débourser 40 € ! 😁


Lundi 08 janvier
Retour à San Pedro, où il y a un endroit que nous avons très envie de visiter : La Franchuteria ! Une boulangerie française en plein désert d’Atacama, qui l’eût cru ? Chocolatines, baguette fraîche avec du beurre, baguette au Roquefort, sandwich au saumon fumé : pour une fois, on ne compte pas à la dépense 🤤


Si nous sommes restés 6 jours à San Pedro de Atacama, ce n’est pas parce que nous sommes tombés sous le charme de l’endroit. Nous avons simplement enchaîné les déconvenues mécaniques. En effet, après 5 jours de tôle ondulée dans le Sud Lipez, le support d’amortisseur avant gauche a cassé. Ou plutôt, il a recassé, car il avait déjà cassé au Mexique. Il faut donc le ressouder. Le problème, c’est que trouver un artisan soudeur à San Pedro, c’est mission impossible. Après avoir fait le tour de la ville, on n’a pas d’autre choix que de se rendre à Calama, la grande ville située à 100 kilomètres au Nord. Amortisseur posé sur le lit, on prend donc la route qui traverse le désert d’Atacama.

Calama, ce n’est pas la porte à côté, mais on ne peut décemment pas attaquer les pistes du Nord argentin sans amortisseur ! 1 h 30 plus tard, le soudeur de Calama prend immédiatement Jeepy en consultation. Il lui faut 2 heures pour ressouder notre support d’amortisseur avant gauche et faire une soudure préventive sur le support d’amortisseur avant droit, fissuré. Au moment de payer la facture, le monsieur s’emballe et nous demande… 120 $, à payer si possible en dollars américains… LOL ! 🤑 Désolé, mais pour ce prix-là, t’auras droit qu’à des pesos chiliens !


On décide de profiter d’être à Calama pour trouver un électromécanicien dans l’espoir de régler notre problème de voyant moteur. Pour rappel, celui-ci s’est allumé pour la première fois dans le Nord du Pérou, il y a deux mois. Depuis, nous avons fait plusieurs tentatives de réparation, en vain. Il s’agirait en réalité de pas grand chose : un câble de capteur serait sectionné. C’est pourquoi on continue de rouler avec le voyant moteur depuis tout ce temps. Néanmoins, on aimerait bien le régler, ce problème ! L’électromécanicien de Calama semble du même avis que nous : ce n’est pas grand chose ! Il bricole un raccord et hop ! le voyant moteur s’éteint. Très content de lui, il nous renvoie sans demander d’argent. Et heureusement, car sur la route retour vers San Pedro de Atacama, le voyant revient aussitôt. Ça ne pouvait pas être si simple ! 😑

De retour du côté de San Pedro, l’après-midi touche déjà à sa fin. On décide à nouveau de bivouaquer en dehors de la ville et on se rend au cœur du désert d’Atacama, près du Magic Bus. Rien à voir avec le Magic Bus de Fairbanks en Alaska ! Ce bus-là est un vieux bus de mine abandonné. L’endroit est plutôt esthétique pour passer la soirée, même si le vent souffle très fort.




On n’a rien mangé depuis le petit-déjeuner, alors on se partage l’excellent sandwich au saumon fumé acheté à la boulangerie, ce matin. À 9,50 € le sandwich, on n’en a acheté qu’un pour deux ! 😧




Le soleil se couche et avec lui tombe le vent. Un silence profond s’installe dans le désert, seulement perturbé par les craquements de la croûte de sel. C’est inquiétant, on a parfois l’impression que la falaise de sel va s’effondrer sur nous ! Mais pas du tout, ce sont des bruits tout à fait normaux. Le ciel étoilé apparaît. San Pedro de Atacama est une destination idéale pour les passionnés d’astrologie. En effet, la ville a le ciel le plus pur au monde, dit-on ! Cette exceptionnelle visibilité serait due à une combinaison de trois facteurs propices : une très faible pollution lumineuse, une altitude idéale et un taux d’humidité extrêmement bas. Il suffit de lever les yeux au ciel pour s’apercevoir que oui, le ciel de San Pedro est magnifique 🌟


Mardi 09 janvier
Depuis le Magic Bus, on emprunte les pistes du désert pour rejoindre San Pedro… et retourner à la boulangerie. Oui bon, après 1 an et demi de privation en termes de nourriture française, on ne peut pas résister à des chocolatines et une bonne baguette quand on a l’occasion d’en manger ! 😅

On fait bien de prendre des forces, car on s’embarque dans une journée éprouvante. Après un passage à la bibliothèque pour capter un peu de WiFi, le Jeep toussote soudain au démarrage. Horreur ! L’électromécanicien de la veille aurait-il fait plus de mal que de bien ? On sait que notre pépin électrique peut entrainer des problèmes de démarrage. Et ça, c’est autre chose que d’avoir simplement le voyant moteur allumé… 🤔 Pas question de s’aventurer dans le Nord désertique de l’Argentine avec un problème de démarrage. Le premier électromécanicien de San Pedro se déclare incompétent. Le second est aussi incompétent, mais refuse de l’avouer. La joue gonflée par des feuilles de coca, ses grosses paluches tripotent les câbles et les connecteurs sous nos yeux angoissés. On arrive finalement à se dépatouiller de lui au bout de 30 minutes.

Retour à la case départ. À force de tout tripoter, on a vraiment peur que Jeepy finisse par ne vraiment plus démarrer. Pas le choix : nous devons retourner à Calama. C’est parti pour 100 kilomètres ! Là-bas, on fait plusieurs fois le tour de la ville à la recherche d’un électromécanicien. Tout le monde connaît quelqu’un, qui connaît quelqu’un qui… Bref, on tourne en rond. Tous s’obstinent à dire que le capteur est défaillant, alors que l’on SAIT pertinemment que le problème ne vient pas du capteur, mais du câblage. On a déjà fait l’erreur au Pérou. En fin d’après-midi, on retourne au seul vrai garage que l’on a croisé de la journée. Il était complet et ne pouvait pas nous prendre aujourd’hui, mais là, plus le choix. Après négociation et face à nos mines désemparées, les gars acceptent de nous prendre demain matin.
Il faut maintenant trouver un endroit où dormir à Calama. Ici aussi, tout est cher. 30 € pour camper, 85 € pour un hostel ! Tant pis, pour la troisième fois du voyage, on utilise l’option « cas de force majeure » et on va dormir… chez Shell, la station-service du coin ! ⛽ Ce n’est pas très glamour, il y a du bruit, du passage, mais des toilettes et c’est gratuit !

Mercredi 10 janvier
Quand la journée commence par un rendez-vous improvisé au garage, on sait déjà qu’elle ne va pas être fun. Nous avons rendez-vous dans un garage avec accueil, secrétaire, salle d’attente et même facture à la clé. Bref, un vrai atelier 🔧. On a de l’espoir. Rémi explique qu’il faut refaire un raccord sur tel câble et dès 8 heures, les gars sont sur le Jeep. Ils refusent cependant de laisser Rémi accéder à l’atelier. C’est l’angoisse. Il jette des coups d’œil par la porte entre-ouverte, rentre parfois, se fait rabrouer, revient s’assoir, tourne en rond. « Ils ne m’écoutent pas, c’est un problème de câblage, il faut juste refaire le raccord ! ». « Mais pourquoi ils démontent l’admission d’air ?? ». Il retourne à l’atelier, se refait virer.
Après 5 heures d’attente, le chef d’atelier nous annonce solennellement qu’ils ont trouvé le problème : c’est un problème de câblage. Rémi est sur le point de s’arracher les cheveux ! Un problème de câblage, c’est la première chose qu’il leur a dit ce matin en arrivant. Et il leur a fallu 5 heures pour en arriver à la même conclusion ? 😤 Une heure plus tard, le chef d’atelier reparaît. Alors ? « On a refait le raccord ». Alors là, je perds Rémi 👿.
Mais l’essentiel est là : le problème est réglé. Après inspection, Rémi revient, un peu moins rouge. Le raccord a été fait proprement et les mécanos ont même trouvé un deuxième câble sectionné, qu’ils ont également réparé. Il semble que notre problème soit bel et bien résolu. Niveau facture, on s’en sort bien : 160 € pour les 6 heures de travail. Beaucoup plus raisonnable que le soudeur de la veille ! 🤬 On quitte l’atelier, blasés mais soulagés. Et on trouve à Calama de quoi nous remonter le moral : un Burger King et… un Walmart ! Ici au Chili, l’enseigne s’appelle Lider. On y trouve plein de produits que l’on aime et que l’on n’a pas vus depuis les États-Unis, et notamment le mythique paquet de 1 kg de m&m’s au beurre de cacahuète… 😲 à 17 $ ! À ce prix-là, il est resté sagement posé sur l’étagère 😂

On se rend ensuite dans la vallée Arcoiris, la vallée « arc-en-ciel », près de San Pedro. Pour visiter l’endroit, il faut débourser 5 € par personne. Pour y camper, 15 € supplémentaires ! On part donc chercher un spot sauvage dans les environs. Cependant, le gardien nous voit errer près de l’entrée de SA vallée et se fâche. Il veut que l’on paye. Rémi répond que l’on ne savait pas. Mais le monsieur continue de crier. Énervés pour de bon, on décide de quitter les lieux. De toute façon, on n’a plus envie de lui donner le moindre centime. « Je te suis », dit-il, déterminé à s’assurer que l’on ne va pas se planquer quelque part pour camper illégalement. Il nous poursuit ainsi sur des kilomètres ! Ce n’est que quand on rejoint la route qu’il nous laisse partir… N’importe quoi. On ne verra donc rien de la supposée vallée arc-en-ciel.

Direction donc San Pedro pour retourner camper au Magic Bus, même si ça rallonge le trajet de 60 kilomètres et qu’il est déjà tard. Mais arrivé à l’entrée du chemin, des locaux barrent la route. Un homme nous explique que les communautés sont en conflit avec le gouvernement, que « pour notre sécurité », blablabla. Bref, on ne peut pas passer. Demi-tour. Bien décidés à en finir avec cette journée interminable, on trouve un endroit pour passer la nuit au milieu du désert d’Atacama. Il est 21 heures lorsque l’on se pose enfin, mentalement épuisés.
Jeudi 11 janvier
Voilà 4 jours que l’on est à San Pedro de Atacama. Entre les problèmes mécaniques et les prix exorbitants de tout ce qui peut se visiter dans les alentours, on n’a pas fait grand chose. Histoire de ne pas quitter les lieux sans avoir rien fait, on se rend donc à Valle de la Luna. L’entrée est de 10,80 € par personne. C’est clairement trop cher pour ce que c’est. D’ailleurs, qu’est-ce qui justifie un tel prix pour une simple piste poussiéreuse qui serpente entre des paysages désertiques ? Des pistes comme ça, on en a faits des dizaines pendant le voyage et gratuitement !







À San Pedro, de nombreuses agences proposent des tours astronomiques pour admirer le magnifique ciel étoilé de la région. Sans surprise, les prix sont élevés et les commentaires parfois peu élogieux. Il semblerait que certains guides n’y connaissent pas grand chose. À 30 € par personne, on n’a pas envie de se faire pointer la lune par un guide diplômé de l’université Wikipedia, le tout avec un télescope acheté chez Nature & Découverte 😆. Bien que plus cher (40 € par personne), on opte donc pour le tour astronomique d’un astrophysicien français, ancien chercheur au CNRS, Alain Maury. À 21 h 45, on se retrouve dans sa propriété à l’écart de la ville. Et pendant 4 heures, celui-ci nous apprend à observer le ciel étoilé.


Avec un laser ultra puissant, Alain nous pointe les différents endroits du ciel avec précision. On découvre ainsi le point le plus lumineux du ciel : la planète Jupiter. Comme c’est une planète, c’est le seul point qui se déplace visiblement dans le ciel d’une nuit à une autre. D’ici quelques mois, on ne pourra d’ailleurs plus la voir ! Il y a aussi l’étoile la plus brillante du ciel : Sirius. On apprend que si un point est plus brillant que Sirius, c’est que ce n’est pas une étoile mais une planète. On voit aussi la voie lactée, les étoiles Castor et Pollux, la ceinture d’Orion, les constellations du taureau, du chien et la Croix du Sud, impossible à voir dans notre hémisphère Nord. Ici, dans l’hémisphère Sud, ce sont l’étoile polaire et la grande et petite ourse qui ne sont pas visibles.


Alain possède trois énormes télescopes. On commence par pointer vers Jupiter et ses 4 lunes. Magnifique. On pointe ensuite vers des nébuleuses. À l’œil nu, on distingue un ensemble de 5 étoiles, mais une fois au télescope, on se rend compte qu’elles sont en fait composées de plus de 3 000 étoiles chacune !

On observe également une étoile en fin de vie. Elle est entourée d’un halo lumineux et explosera un jour, créant ce que l’on appelle une supernova. De mémoire d’Homme, on n’a été témoin que d’une seule supernova (une explosion d’étoile). Sur terre, elle nous ait parvenu 600 ans après son explosion, vers l’an 1100. Le ciel était alors si lumineux que l’on pouvait lire de nuit, à la lueur de l’étoile ! Alain nous explique que le jour où le soleil explosera, l’Humanité ne sera plus là pour le voir ! On observe également une galaxie. Deux d’entre elles sont visibles à l’œil nu, c’est d’ailleurs ce que l’on avait pris pour des nuages lors de nos observations des nuits précédentes ! Au télescope, on voit un nuage blanc de forme ovale. C’est très beau.


Les photos ci-dessus sont des photos de galaxies et de nébuleuses prises par Alain Maury. Pour les capturer, certaines photos ont nécessité 12 jours de pose ! On peut notamment y voir plus de 10 000 galaxies situées à… 13 milliards d’années lumière de notre Terre !
Vendredi 12 janvier
Impossible de quitter San Pedro de Atacama sans un ultime petit-déjeuner à La Franchuteria. On y déguste nos dernières chocolatines avant un bon bout de temps et on achète une dernière baguette pour notre sandwich de ce midi. Puis on prend la route !

San Pedro ne nous aura pas laissé un souvenir impérissable. Le désert d’Atacama est beau, mais les chiliens se sont appliqués à en faire un véritable parc d’attraction où tout est hors de prix. Admirer une lagune ? Il faut payer ! Aller voir des geysers ? Rouler dans le désert ? Admirer une vallée colorée ? Un point de vue ? Des formations rocheuses ? Se baigner dans une lagune ? Il faut payer pour tout, et payer cher ! C’est fatiguant et dommage, surtout que l’on parle là de sites naturels. Depuis quand profiter de la Nature est si cher ? Bref, on vient d’apprendre à nos dépends, que le Chili, c’est cher ! Et on n’a pas fini de s’en apercevoir 😅. En attendant, on prend la direction de la frontière argentine.



On passe en Argentine en un temps record, emportant avec nous des œufs, des carottes et même un Brie, le tout bien en évidence dans le frigo. Chili, on sera de retour sous peu, mais on te quitte provisoirement pour découvrir le Nord-Ouest argentin !
2 comments
Encore des galères de voiture…. Quel stress !
Le ciel étoilé de San Pedro est extraordinaire, quel bon choix d’avoir un guide maîtrisant si bien le sujet. Ça valait le coût de prendre un expert. Les photos sont magiques.
Un petit mot sur la photo des ombres… Hihihi 🤣🤣🤣 Vous faites comme moi….
Bisous
C’est vraiment le désert mais finalement c’est beau.
Par contre les photos du ciel étoilé sont spectaculaires. Vous avez eu de la chance de pouvoir admirer tout çà.
Bisous.
Mamie