Qui dit Alaska, dit Denali. Impossible en effet de passer par l’Alaska sans tenter d’apercevoir le plus haut sommet d’Amérique du Nord, qui culmine à 6190 m d’altitude dans la chaîne d’Alaska. Autant dire qu’on ne compte pas atteindre son sommet ! Mais le voir, même de loin, ce serait déjà un beau moment. Denali signifie « celui qui est haut » en koyukon, une langue athapascane. Jusqu’en 2015, il était appelé Mont McKinley, avant de retrouver son nom autochtone.
Mercredi 21 juillet 2022
Nous arrivons au parc national du Denali en fin de matinée et, coup de chance inespéré, il fait beau ! Le parc est immense. Plus de 24 500 km2. Cependant, afin de protéger la faune et la flore du parc, seuls les 15 premiers miles (24 kms) sont accessibles en voiture. Le reste peut se faire exclusivement en bus.
Comme il fait beau mais que cela ne doit pas durer, nous filons immédiatement au Mile 12, point à partir duquel il est possible d’apercevoir le Denali. Nous sommes immédiatement impressionnés par les paysages du parc : ils sont époustouflants de beauté et de grandeur. La taïga, une végétation rase parsemée de conifères, s’étend à perte de vue. Au pied des montagnes, qui dominent le paysage de leurs sommets nus, s’étend la toundra, une vaste étendue déserte faite d’arbustes, de mousse et de lichen. Parmi cette immensité préservée et protégée, il est possible d’apercevoir des caribous, des grizzlis, des orignaux, des lynx, des loups, des mouflons et plein d’autres mammifères. Autant dire qu’on ouvre grand les yeux. Dès les premiers kilomètres, il n’y a aucun doute : nous savons déjà que nous allons adorer ce parc.
S’il y a bien une chose que nous adorons dans les parcs nationaux (outre les paysages), c’est de rouler ! Les routes sont toujours super belles et lisses, un vrai plaisir. Nous en profitons d’autant plus que nous savons qu’ici, la route est courte ! Si nous voulons aller plus loin, il faudra laisser JP au garage et prendre le bus.
Impossible de le rater ! À travers quelques nuages, l’imposant Denali s’offre à nous, inaccessible et majestueux. Son plus haut sommet, le sommet Nord, culmine à 6190 m d’altitude. Il s’agirait d’une des montagnes les plus difficiles à gravir, notamment à cause de sa situation géographique, à seulement 400 km au sud du cercle polaire (où nous étions il y a quelques jours, sur la Dempster Highway !) Nous avons une chance inouïe, car les nuages masquent rapidement la vue. C’est le seul moment de la journée où il apparaîtra et nous sommes aux premières loges.
Malgré sa grandeur, le parc offre peu de choix de randonnées balisées. Ici, le backcountry est roi, c’est-à-dire que n’importe qui peut aller marcher n’importe où, que ce soit à la journée ou sur des excursions de plusieurs jours. Les rangers offrent d’ailleurs des formations de survie en milieu sauvage, car la nature et la faune de l’Alaska ne sont pas à prendre à la légère. Nous sommes bien attirés par cette immensité sauvage et par l’idée d’aller se perdre dans le parc quelques jours, mais nous ne sommes pas équipés pour faire un trek. Nous nous contentons donc de nous promener sur les sentiers et d’admirer les paysages incroyables.
En fin d’après-midi, nous visitons le chenil des chiens de traineau du parc. Une trentaine de Huskys d’Alaska jappent ou font la sieste. En ce moment, ils sont en vacances ! Mais en hiver, ils sillonnent le parc pour permettre aux rangers d’entretenir les sentiers de randonnée et les ponts ou aux scientifiques de se déplacer dans le parc.
Les cinq chiots d’un mois sont trop mignons ! Je tanne Rémi pour qu’on en adopte un, mais il refuse ! Où on le mettrait, qu’il dit ! Pff. On a droit à une démonstration : les chiots sont amenés face au public où les rangers leur font renifler de la nourriture. Le but est de leur apprendre qu’une belle récompense les attend s’ils courent vers la nourriture. Les rangers lâchent les chiots et secouent le sac de croquettes pour les inciter à courir vers eux. C’est la débandade ! Maladroits sur leurs pattes, ils partent dans tous les sens. On reconnaît vite les différentes personnalités : les téméraires courent après le sac de croquette, les indécis trottinent dans tous les sens en remuant la queue, les timides restent figés sur place, tout tremblants. On devine déjà les futurs chiens leader dans l’attelage.
Le soir, une tempête de vent éclate. Nous bivouaquons près du parc, à l’abri dans les arbres et passons la soirée dans le Jeep, à le sentir tanguer à chaque bourrasque ! C’est qu’on va avoir le mal de mer cette nuit ! 😂
Jeudi 21 juillet
Face à une météo qui s’annonce voilée, nous hésitons à débourser 60 USD pour un tour en bus dans le parc. D’autant plus que le trajet initial de 90 miles a été raccourci à 40 miles en raison d’un glissement de terrain infranchissable. Finalement, on se décide. Les 15 miles accessibles en voiture nous ont donné envie d’en voir plus. Et, même si nous ne pourrons probablement pas apercevoir le Denali à cause des nuages, nous pourrons tout de même admirer les magnifiques paysages du parc. À force de persévérance et de patience, coup de chance, un désistement de dernière minute nous permet de monter dans le bus de midi. Parfait !
C’est parti pour 2 heures de trajet sur la seule et unique route du parc. Notre chauffeur est bavard, il nous raconte des anecdotes sur la création du parc et sur les animaux sauvages et nous donne quelques consignes. Si l’un d’entre nous aperçoit quelque chose digne d’intérêt, que ce soit un animal ou un beau paysage, il doit crier « STOP » ! Puis il doit indiquer la direction, midi étant devant et 6 heures étant derrière. Car, comme il dit, si quelqu’un crie « Bear, bear, bear ! », nous allons tous répondre « Where ? Where ? Where ? » 😂
La technique du chauffeur fonctionne bien. Au bout de quelques minutes de trajet : « Caribou ! 5 hours ! ». Le chauffeur s’arrête. En effet, un caribou est en train de brouter non loin de la route. Pratique cette technique ! C’est ce que je fais en permanence sur la route quand Rémi conduit, sauf qu’il y a 30 paires d’yeux pour m’aider 😅
Évidemment, l’inconvénient d’un trajet en bus, c’est qu’on ne peut pas s’arrêter où l’on veut. Dur de prendre des photos du paysage à travers la vitre ! Mais quel paysage ! C’est juste incroyable. La taïga a laissé sa place à la toundra, qui s’étend jusqu’au pied de l’Alaska Range, dominé par le Mont Denali (impossible à apercevoir parmi les nuages). Magnifique ! On en prend plein les yeux.
Après plus de deux heures de trajet sur une piste très bien entretenue (JP se serait régalé !), nous arrivons au bout de la route. Le bus fait demi-tour et repart en sens inverse. Nous décidons de descendre et de compléter les 3 derniers miles (4,8 kms) à pied pour nous rendre jusqu’au glissement de terrain qui a emporté la route. Nous montons sur le chemin face à un paysage époustouflant. Les montagnes s’étendent à perte de vue. Et nous apercevons un grizzli !
Le glissement de terrain est impressionnant. D’après les rangers, cela prendra 3 à 4 ans pour refaire la route, le temps de rassembler le budget et de préparer les travaux. C’est bien dommage que nous ne puissions aller plus loin, mais c’est le jeu !
Après 30 minutes passées à attendre le prochain bus, nous prenons la route du retour avec un nouveau chauffeur et un nouvel équipage. Nos efforts payent, car nous apercevons tout un troupeau de mouflons, perchés au sommet d’une montagne.
Il est 19 heures lorsque nous revenons au centre de service après un beau périple. Nous avons adoré chaque seconde de ce trajet en bus à travers le parc du Denali. C’est contraignant et cher, mais c’est évidemment la meilleure solution pour minimiser l’impact des activités humaines sur la faune et la flore du parc. Sans parler de toute la pollution que cela permet d’éviter ! Le soir, nous passons à Healy pour prendre un thai à emporter, puis nous retournons à notre spot de la veille. Heureusement, le vent est tombé et nous passons une meilleure nuit !
Nous quittons le parc du Denali avec des étoiles plein les yeux et des souvenirs impérissables. Jamais nous n’avions vu pareille immensité, pareille nature si belle et préservée, mais à la fois si hostile et sauvage. L’Alaska dans toute sa splendeur, comme nous l’imaginions. Certes, nous aurions aimé apercevoir le Denali de plus près et plus longtemps. Mais c’est le jeu avec la nature. Peut-être aurons-nous la chance de l’apercevoir sur la route vers Anchorage, avant de le laisser définitivement derrière nous ?
7 comments
Incroyable Alaska, un grand merci à vous pour ces beaux reportages !
Les paysages, la nature et la vie sauvages sont grandioses. Oui c’est incroyable, magnifique.. on manque de mots. Peut-être un de vos prochains voyages ?? 😉
Magnifique! Magique ! Époustouflant ! Vos reportages nous en mettent plein les yeux ! Merci !!
Sylvie
❤️
Mamie
Magnifique cette immensité. On doit se sentir seuls au monde dans de tels paysages.
Bonne route pour la suite.
Bisous.
Bonjour
Vous avez l’air en forme et votre sourire le prouverait.
Super paysages.. grosses bises à vous deux..
Pascale et Jef
On se maintient avec toutes nos randonnées et puis l’air de la nature ne nous fait que du bien 😉 ! Gros bisous à vous aussi et à toute la famille !