En 2017, le Salvador figurait en premier sur la triste liste des pays les plus dangereux au monde, avec le taux d’homicide le plus élevé. Pourtant en 2022, tout a changé. Le Président fait passer un état d’exception et lance « la guerre contre les gangs ». En un an, 60 000 personnes sont arrêtées et envoyées en prison, faisant du Salvador le pays avec le plus fort taux d’incarcération au monde. Suite à ces milliers arrestations et au démantèlement des gangs du pays, la situation au Salvador change radicalement et le pays est aujourd’hui safe. Mais à quel prix ? Des ONG dénoncent le traitement arbitraire de milliers d’arrestations pour satisfaire des quotas, l’emprisonnement de centaines d’innocents, le recours à la torture et des conditions d’incarcération inhumaines. Malgré cela, le Président atteint des records de popularité… et nous permet aujourd’hui de voyager l’esprit tranquille dans le pays.
Jeudi 18 mai 2023
Nous parcourons nos premiers kilomètres au Salvador et il fait 41 °C. Quelle chaleur !! L’air est lourd et moite. On fait un bref arrêt en bord de route pour manger notre premier repas salvadorien dans une sorte de cantine : boulettes de bœuf pour Rémi, poisson grillé pour moi, accompagnés de riz, d’une salade et d’un coca, le tout pour 6,45 US$. Puis on se rend au bord de l’eau. D’un côté l’océan et ses rouleaux, de l’autre la mangrove et ses crocos.
Dur de profiter du paysage par une telle chaleur. On décide d’annuler nos plans : impossible de rester dormir par ici, il fait beaucoup trop chaud. On reprend immédiatement la route, direction les montagnes du centre du pays. En 1 h de route, on perd… 17° ! C’est bien mieux ! 😊 C’est même parfait. On roule jusqu’à la Laguna Verde, un lac volcanique au creux d’une ancienne caldeira. L’endroit est calme, familial. C’est juste parfait pour notre première nuit au Salvador.
On passe la soirée à discuter avec une famille originaire du Honduras. Ils sont passionnés par notre 4×4 et on a plein de questions à leur poser sur le Honduras. En partant, ils nous offrent des bananes et des paquets de chips. Dans la soirée, des policiers passent nous voir. Ils s’assurent que tout va bien et nous indiquent où les trouver en cas de besoin. Très sympa !
Vendredi 19 mai
Nous sommes tirés du lit à 7 h par une chaleur étouffante. Il fait beau, tout est calme, nous avons très bien dormi. On prend le petit-déjeuner, on plie et on prend la route. Et pas n’importe quelle route : nous sommes sur la route des fleurs !
Plutôt que de rester sur la route principale en parfait état, nous optons pour les chemins de traverse. Des sentiers de gravier et des chemins de terre nous emmènent à travers des paysages ruraux, des champs et des petits villages où les habitants nous saluent chaleureusement. On a droit à des sourires, des gestes de la main, les rires des enfants. Plus on s’enfonce dans les terres salvadoriennes et plus la piste rétrécit. Bientôt, ce n’est plus qu’un vague chemin envahi d’herbes et très poussiéreux. Plus aucun véhicule ne semble être passé par là depuis des années et on espère que ça aboutit tout de même quelque part. Plusieurs volcans se détachent à l’horizon. Il faut dire que le Salvador est le pays d’Amérique latine qui possède le plus de volcans sur un si petit territoire : 22 !
Au détour d’un village, une odeur de souffre nous prend au nez. On connaît bien cette odeur ! Et en effet, en bord de route, on se trouve face à une fumerolle qui jaillit du sol sans aucune protection. Plus loin sur la route, on trouve d’autres fumerolles ainsi qu’une mare de boue en ébullition. On se croirait revenus au parc national de Yellowstone, la sécurité en moins ! 😅
On s’arrête dans une gargote pour manger en bord de route. On est accueillis par des sourires, à la fois par les cuisinières et par les ouvriers de l’usine géothermique du coin qui ont leurs petites habitudes. Notre premier repas salvadorien se compose de riz, d’une salade et d’une omelette de wiskil, un légume local, le tout accompagné d’un jus de pastèque. Ça nous coûte 4,50 US$ à deux.
On boude encore la route principale pour aller visiter des chutes d’eau dans un domaine privé. On paye 4 $ l’entrée pour accéder à la rivière. Les bords de la rivière sont très sales, mais l’eau est claire. Température extérieure : 40°C ! Vite, à l’eau pour se rafraîchir. On met un orteil dans l’eau et… Horreur ! Température de l’eau : 40°C aussi ! 🫠 C’est extraordinaire. On s’est déjà baignés près de sources d’eau chaude dans une rivière en Indonésie. L’eau était bouillante, mais plus on s’éloignait de la source, plus elle refroidissait en se mélangeant à l’eau de la rivière. Mais ici, pas de sources chaudes, c’est toute la rivière qui est à la même température. On n’a jamais vu ça ! Résultat : c’est la première fois qu’on n’arrive pas à se mettre à l’eau, non pas parce qu’elle est trop froide, mais parce qu’elle est trop chaude !
Ce soir, c’est Nat et Rémi à la ferme ! On est accueillis pour passer la nuit à Granja Don Alvaro, où vivent Alvaro et tous ses animaux. On installe donc la tente au milieu des chèvres, ânes, chevaux, oies, cochons, vaches, canards… et mouches ! 🤪
L’endroit est super sympa et gratuit, pour peu qu’on mange au restaurant de la ferme. Super initiative ! C’est l’occasion de goûter pour la première fois aux pupusas, la spécialité du Salvador. Il s’agit d’une galette de maïs garnie de frijol, de fromage, de chicharrón ou de chorizo. Un régal !
Samedi 20 mai
Aujourd’hui, c’est expédition aux 7 cascades ! Il faut normalement s’y rendre avec un tour guidé depuis Juayúa, mais nous voulons essayer d’y aller à pied depuis la ferme. On longe la route principale sur quelques mètres, puis on s’enfonce dans des plantations de café et de manguiers en suivant un étroit sentier.
Le sentier nous emmène tout en bas de la vallée, jusqu’au bord de la rivière. On arrive au pied d’une haute cascade. Il n’y a personne ! On se met aussitôt en maillot pour se rafraîchir dans la rivière. Cette fois-ci, l’eau est bien fraîche et ça fait le plus grand bien !
On traverse la rivière et on commence à remonter la montagne par l’autre versant. On suit un chemin qui nous mène en pleine forêt, et il n’y pas âme qui vive, si ce n’est quelques oiseaux. On continue d’explorer les environs en direction d’une autre cascade. Au bout d’une heure, le chemin redescend en direction de la vallée et on arrive devant un grillage barbelé ouvert. Personne. On entre et on se trouve face à plusieurs petites cascades. L’endroit est super joli !
Le temps de se rafraîchir et un guide débarque avec deux clients. Il semble surpris de nous trouver là (normal, on arrive de nulle part !). Il nous aborde gentiment et nous informe que pour sortir de ce lieu privé, il faut passer par un portail fermé à clé. Pour passer, il faut payer 5 $. Ah ! Il nous explique que l’autre sentier est fortement déconseillé, car dangereux. Quelqu’un aurait glissé et trouvé la mort… Pas de chance pour lui, c’est de là qu’on arrive ! Dès qu’il a le dos tourné, on ressort donc discrètement par là où on est entrés et on fait le tour par les collines pour retrouver la route après le portail ! Le tour est joué 😁 Une heure plus tard, on débarque à Juayúa. C’est le week-end et aujourd’hui a lieu le marché gastronomique. Il y a de l’animation, étonnamment beaucoup de touristes étrangers et plein de beaux plats. Bon, comme on s’est jetés sur le premier glacier du coin pour déguster un énorme milkshake, on n’a plus faim !
Première expérience à bord d’un Chicken Bus pour rentrer à la ferme. Pour 20 cts par personne, on s’y entasse au milieu de dizaines de locaux, tous les uns sur les autres. Comme on est les derniers à monter, on se retrouve écrasés contre le pare-brise. Ce n’est pas très agréable. La boîte de vitesse du bus est cassée et le chauffeur a le plus grand mal à passer les vitesses. Heureusement, au bout de 20 minutes interminables, on arrive sain et sauf à destination 😌 On s’installe aussitôt au restaurant pour une deuxième dégustation de pupusas.
Dimanche 21 mai
Un ciel bleu et sans nuage, c’est le temps idéal pour… gravir un volcan ! On avait prévu de grimper le Santa Ana en semaine pour éviter la foule du week-end, mais cette météo splendide nous fait chambouler tous nos plans. On replie le camp et on roule 1 h pour rejoindre le parc du Cerro Verde, point de départ de l’ascension du Santa Ana. Là, on se fait imposer un guide, ce qui nous met en rogne 😡 On se dispute. C’est donc fâchés et énervés qu’on entame l’ascension du Santa Ana, accompagnés d’un guide et d’un groupe de… 30 personnes ! Le Santa Ana est le plus haut volcan du Salvador. Il culmine à 2 381 m d’altitude. Le sentier monte mais n’a rien de technique. Il offre une vue imprenable sur le volcan voisin : Izalco, 1 950 mètres.
Au bout d’1 h 30 de marche, on atteint la crête du volcan. Quelques consignes de sécurité nous sont données : rester dans la limite autorisée et ne pas s’approcher trop près du bord. Sinon, chute garantie, tout droit dans un des lacs volcaniques les plus acides au monde ! Son bleu électrique nous hypnotise immédiatement. C’est magnifique.
On redescend en groupe, non sans avoir été comptés par notre guide comme des enfants. Personne n’est tombé au fond du cratère, soupir de soulagement, on peut y aller. La descente se fait au pas de course, notre guide étant bien pressé. Déjà qu’il sert à rien, en plus il nous fait courir. Pff !
En redescendant, on aperçoit le lac volcanique Coatepeque, notre prochaine destination !
4 comments
Et on se régale, encore et encore … merci 😄
Ouaf ! si ma bougainvillée était comme celle du Salvador, ça ferait des jaloux !!!
Bisous.
Mamie.
Ah, on cherchait justement le nom de cet arbre ! Merci 🙂 Ils sont vraiment magnifiques au Salvador, on s’en lasse pas !
Magnifique ce lac acide ! Et sympa ces nouvelles expériences culinaires. Dans quelques années moi aussi ma bougainvillée sera aussi belle….
Bisous