Pour le deuxième week-end consécutif, nous retournons au mont Gosford pour admirer le lever de soleil à son sommet et faire une randonnée de 28 km sur la frontière ! Un week-end plein d’aventures en perspective. Nous sommes si enthousiastes que rien ne nous effraie : un lever à 3 heures du matin ? Même pas peur ! Une ascension de 2 heures dans le noir le plus total ? Même pas peur ! Un total de 28 kms sur la journée ? Euh… ok ! S’il faut faire 28 kilomètres pour longer ce chemin frontalier que nous avons tant aimé, nous allons le faire. Chose positive : la météo s’annonce bonne.
Vendredi soir, après 3 heures de route, nous allons directement à l’aire municipale aménagée pour éviter d’avoir à payer la nuit à la Zec. Nous arrivons plus tard que la semaine dernière mais, à notre grande surprise, il n’y a qu’un seul VR ! Nous avons l’embarras du choix pour choisir notre emplacement. Le réveil étant programmé à 3 heures du mat’, nous allons nous coucher directement après mangé, non sans avoir minutieusement préparé nos affaires pour le lendemain et admiré la pleine lune.

Samedi 21 août 2021
Lorsque le réveil sonne, nous avons conscience qu’une grosse journée nous attend. Mais nous ne savons pas encore à quel point ! Nous sommes motivés ! Sans transition, nous passons du lit aux sièges avant et prenons la route. 30 minutes plus tard, nous arrivons à l’entrée de la ZEC. Dans l’obscurité la plus totale, nous inscrivons notre nom au registre et payons nos droits d’entrée. Puis nous repartons, prudemment, sur le chemin de la ZEC, direction le point de départ pour l’ascension du Mont Gosford. Nous ne partirons pas par le même sentier que celui de la semaine dernière, bien trop loin. Nous roulons 20 minutes avant d’arriver à l’entrée d’un sentier qui mène au sommet. C’est là que nous laissons la voiture. Sacs à dos. Bâtons. Lampes frontales. Clochette anti-ours. On nous a dit qu’il y avait moins de danger de croiser un ours de nuit que de jour, car ils dorment, mais je ne suis quand même pas rassurée ! La lampe n’éclaire que quelques mètres devant nous, mais nous emportons tout de même la flash light, au cas où. Puis nous nous enfonçons dans les bois. Le silence est profond. L’obscurité impénétrable. Le sentier, humide. Nous sommes à l’affût du moindre bruit. J’imagine un ours, un loup, un lynx, un sanglier (nous nous sommes déjà fait charger sur plusieurs mètres par un sanglier, de nuit, en France, le traumatisme reste xD).
Après plus d’une heure de marche, lorsque nous levons la tête, nous commençons à discerner la cime des arbres, qui se détache sur le ciel gris. L’obscurité n’est plus totale. Concentrés sur le faisceau de nos lampes frontales, nous n’avons pas conscience du jour qui se lève progressivement autour de nous. Mais bientôt, nous discernons le sentier sur quelques mètres. Puis les arbres qui nous entourent. Le ciel s’illumine. S’éclaire. Rougit. Nous accélérons l’allure, le sommet est encore loin. Le lever du jour nous inquiète un peu plus. À quelle heure se lèvent les ours ?
L’heure du lever de soleil est à 5 heures 50. Il est presque l’heure lorsque nous sortons des bois. Vite, vite, nous atteignons le sommet. La vue est à couper le souffle. Même plus. Dans le jour levant, elle est encore plus belle que la semaine dernière, en plein après-midi. Nous gagnons rapidement la tour d’observation. Nous sommes littéralement seuls au monde face à cette immensité et le sentiment est juste incroyable. Nous sommes quand même un peu émus devant un tel spectacle.
La brume se lève peu à peu et, finalement, le voilà qui surgit. Le moment est incroyable. Tous nos efforts sont récompensés. Le lever difficile à 3 heures du matin. La peur de marcher dans la nuit. L’ascension difficile. Le froid. Nous savons à présent pourquoi nous avons fait tout ça et nous en sommes récompensés à 200 %. Le moment est… glorieux.






Au bout d’un moment, la réalité nous rattrape. Le lever de soleil était un moment fort de notre journée, mais il est à peine 6 heures ! La journée démarre à peine et la route est encore longue. Nous n’avons pas faim et décidons de continuer à marcher pour prendre notre petit-déjeuner lorsque nous atteindrons la frontière. Nous quittons le sommet et descendons le mont Gosford. Puis nous montons au sommet du Petit Gosford. Puis nous redescendons jusqu’à l’endroit où nous nous étions garés la semaine dernière pour commencer l’ascension. Nous croisons une famille de campeurs qui est en train de lever le camp. Puis nous montons rejoindre le chemin frontalier en empruntant le même sentier que la semaine passée.

Lorsque nous arrivons au sommet, la vue est aussi spectaculaire que la dernière fois. Le chemin nous impressionne. Ici, ce n’est pas un parc SEPAQ : nous sommes à peu près sûrs de ne croiser personne sur de nombreux kilomètres et de nous enfoncer loin de toute civilisation. À ce moment-là, nous avons encore une porte de sortie. Si nous prenons le chemin par la droite, une boucle de 14 kilomètres nous attend. Si nous prenons par la gauche, une boucle de 22 kilomètres nous attend. Soyons honnêtes : nous hésitons xD Le chemin pour arriver jusqu’ici a été dur, déjà. Nous avons fait 6 kilomètres et les jambes étaient lourdes. Se dire qu’il faut en faire encore 22 est (un peu) décourageant. Ça va être dur. Mais nous sommes revenus jusqu’ici tout spécialement pour ce chemin !! Pas question d’abandonner maintenant. Sachant pertinemment que nous allons souffrir, et après avoir englouti notre omelette, nous nous lançons.


Tous les kilomètres, nous rencontrons une plaque qui nous rappelle que nous marchons sur la frontière. Parfois cachée par la végétation. Dans cette large bande de terre, tracée par la main de l’homme et qui serpente sur des kilomètres et des kilomètres en suivant le massif des montagnes, les herbes sont hautes. Notre sentier chemine entre cette bande de terre et les bois alentours. Pour monter les monts, nous escaladons sur la partie dégagée, en marchant entre les hautes herbes. Plutôt simple, cette partie demande seulement d’avoir un souffle et les jambes solides pour gravir plusieurs mètres de dénivelé à la fois. Mais, dès que le chemin redescend, nous nous enfonçons dans les bois, et c’est alors une autre affaire. Humide et glissant, il nous faut nous accrocher aux roches et aux arbres pour ne pas tomber. Très abrupt, nous descendons, parfois sur les fesses et parfois en glissant, de véritables falaises, ce qui nous amène en bas de la montagne en un rien de temps.
Dès que nous atteignons le sommet d’un mont, notre premier réflexe est de nous retourner pour constater le chemin parcouru. Puis, de l’autre côté, le chemin qu’il reste encore à parcourir.


Pendant près de trois heures, notre marche se résume à gravir des monts, puis à redescendre. Loin de tout, notre clochette anti-ours résonne dans le silence ambiant. L’endroit est particulièrement sauvage et nous savons qu’une « mauvaise » rencontre peut vite arriver. Mais, de kilomètre en kilomètre, nous faisons une unique rencontre : un colibri ! Il vient voleter juste à côté, en vol stationnaire, comme s’il se demandait ce qu’on faisait par ici. Puis il disparaît en un éclair. Drôle de rencontre, je ne savais même pas qu’il y avait des colibris au Québec !
Monter, descendre. Monter, descendre. Nous faisons des pauses, de temps en temps, pour grignoter. Nous avançons très lentement, car le chemin est très technique. Les montées nous coupent les jambes, tandis que les descentes abruptes nous obligent à lâcher nos bâtons pour nous accrocher aux arbres et se laisser glisser jusqu’en bas. C’est le chemin de randonnée le plus sauvage que nous ayons jamais fait. Il est si peu emprunté que nous sommes parfois obligés de nous arrêter pour le chercher parmi les hautes herbes. Un peu avant 13 h, la carte nous indique que notre sentier va bientôt bifurquer, et que nous allons quitter le sentier frontalier. Nous avons fait 15 kilomètres depuis notre départ dans la nuit. À peine un peu plus de la moitié.

La gorge du Diable marque la fin de notre cheminement le long de la frontière. Nous bifurquons pour entamer la boucle retour vers le mont Gosford. La descente dans la gorge est technique et périlleuse. En bas, il fait très froid ! Et nous rencontrons des campeurs ! Ils ont dormi dans les bois, à quelques mètres d’ici et projettent de partir sur le chemin frontalier. Ils sont étonnés quand nous leur racontons notre périple. Eux font une boucle moins longue, et sur deux jours. Ils nous souhaitent bonne chance. Eux le savent, mais nous pas encore : la route est encore bien longue.
Commence alors une nouvelle randonnée : dans la forêt. Le terrain plat et le sentier bien marqué nous permettent d’accélérer l’allure. Au 18ème kilomètre, nous émergeons des sous-bois et nous nous retrouvons sur un chemin de quad. La tentation est grande d’attendre que quelqu’un passe pour lui demander de nous ramener dans le secteur où nous sommes garés ! xD Nous faisons une brève pause vers 14 heures pour manger notre salade de riz. Nous préférons ne pas nous arrêter trop longtemps, car plus nous attendons, plus la reprise va être dure. 19ème kilomètre, nous partons à l’ascension d’un mont, qui nous coupe littéralement les jambes. Plus de 3 kilomètres de montée, sans relâche. Nous marchons depuis près de 12 heures, nos jambes souffrent, nos pieds… sont au-delà de la souffrance. Nous évoluons d’abord dans des bois dégagés, puis dans des mers de fougères et de hautes herbes. Au 22ème kilomètre, nous tombons sur une bifurcation, avec un panneau ! La civilisation est là. À droite, nous pouvons monter et rejoindre le sommet du mont Gosford. Une lumière s’allume ! Nous sommes revenus au pied du mont Gosford. Dès lors, nous commençons à croiser du monde. Après s’être perdus au fin fond de la ZEC, cela fait quand même du bien de revoir des gens. Le sentier descend en pente douce vers le chemin principal de la ZEC. Nous y sommes presque !!
Dans le dur, concentrés sur la marche et les kilomètres à avaler, nous n’avons pas pris le temps de nous arrêter pour faire des photos. Voici donc les deux uniques photos que nous avons prises pendant ces 5 heures de marche après avoir quitté le chemin frontalier : une trace (énorme) d’orignal et… un champignon ! 😅


Lorsque nous débouchons sur la forêt et posons le pied sur le chemin de la ZEC, le soulagement est énorme. Nous nous échouons sur une table de pique-nique posée au bord de la route. Quelques voitures y sont garées, mais pas la nôtre. Nous avons réalisé notre erreur il y a quelques heures : dans la nuit, nous nous sommes trompés de parking. Au lieu de nous garer ici, nous avons continué à rouler pour nous garer plus loin, à un autre point de départ pour le sommet du mont Gosford. Notre erreur nous coûte 3 kilomètres supplémentaires. Nous devons longer le chemin jusqu’au prochain parking. En d’autres circonstances, ces 3 kilomètres ne nous auraient pas fait peur. Mais aujourd’hui, ils nous font passer de 25 kms à 28 kms.
Il se met à pleuvoir. Une petite pluie. Nous avons chaud, cela fait du bien. La pluie s’intensifie, nos vêtements commencent à mouiller. On sort les k-ways ? Non, inutile, ça va passer. Finalement, la pluie se transforme en véritable tempête. En 1 minute, nous sommes trempés jusqu’aux os. Maintenant, nous avons froid. Nous enfilons en vitesse nos sexy k-ways mais il est déjà trop tard. Le chemin devient une rivière, nous pataugeons dans plusieurs millimètres d’eau, nous enfonçant parfois jusqu’aux chevilles dans d’énormes flaques d’eau. Quelle belle façon de terminer la journée en beauté !
Au détour d’un virage, JP apparaît à travers le rideau de pluie. Quel soulagement. Nous voyons la fin de cette journée ! Nous avons hâte de poser nos sacs à dos, d’enlever nos chaussures, de nous asseoir. De dormir ! Nous sommes épuisés. À quelques mètres de l’arrivée, la pluie cesse. Nous avons ainsi tout le loisir de nous déshabiller, de nous sécher et de nous changer. Quel bonheur ! Malgré la fatigue, nous sommes heureux et accomplis par cette journée, fiers de notre exploit. Nous l’avons fait !
Nous venons de faire 28 kilomètres. Nous avons marché pendant 14 heures. Nous nous sommes levés à 3 heures du matin. Et, lorsque nous sortons de la ZEC, nous crevons.
Pas nous. Le Jeep.
Notre gros 4×4 d’expédition, qui a gravi des montagnes, qui est équipé pour nous emmener jusqu’à Ushuaïa, qui est doté d’énormes et robustes pneus de 35 » et qui a passé tranquillement la journée sur un parking pendant qu’on souffrait dans les montagnes, se laisse terrasser par un gravier. Oui, un gravier. Pas une roche. Pas un clou. Pas un bord de trottoir. Un gravier. Si profondément enfoncé qu’il nous est impossible de le retirer et donc, de réparer le pneu. Évidemment, notre cric, qui n’est plus adapté au Jeep depuis que nous l’avons fait lifter, est à l’appart’. Nous sommes impuissants devant notre pneu qui se dégonfle en quelques secondes. La situation a le mérite de nous faire rire. Cette journée se terminera-t-elle un jour ? Heureusement, un autre Jeep passe dans le coin et s’arrête. Une chance incroyable (c’est la seule voiture qui va passer en 1 heure). Une aide inespérée. Il nous prête son cric… qui est tout aussi inadapté pour notre Jeep que le nôtre. Pas de soucis, il nous reste une bûche de notre week-end de la semaine dernière. Nous posons la bûche au sol, le cric sur la bûche et le Jeep se soulève enfin ! Yeah



Nous changeons la roue en quelques minutes. Nous avions prévu de faire un détour par le parc Mégantic, un parc SEPAQ où nous aurions pu prendre une douche dans un camping, mais il est maintenant trop tard. Nous partons directement rejoindre l’aire municipale pour nous poser pour la nuit. Il fait vite noir, et nous cuisinons des tacos. Après cette journée, ça fait un bien fou. À 20 heures, nous sommes au lit !
Dimanche 22 août 2021
Le lendemain, pas de réveil. Nous avons bien mérité un peu de repos. Coucher à 20 heures, nous nous réveillons tranquillement à 8 heures. Une belle nuit ! Nous traînons un peu au lit. Il n’y a que nous sur l’aire.

Nous allumons le réchaud pour nous faire chauffer de l’eau mais, au bout de quelques secondes, celui-ci s’éteint. Plus d’essence ! Tant pis pour notre petit-déj’. Nous prenons la route, direction le village le plus proche pour trouver un dépanneur. Pas d’essence à réchaud. Station service ? Non plus. En dernier recours, nous prenons la direction du parc Mégantic. Pas d’essence à réchaud non plus à l’accueil du parc. Tant pis. Nous marchons un peu le long de la rivière jusqu’à une table de pique-nique, où nous mangeons quelques tartines et des bananes. Puis nous revenons au Jeep. Aujourd’hui, nous avons décidé de ne pas marcher plus de 2 kilomètres dans la journée ! 😁 Le temps est grisâtre. Nous nous promenons dans un village, nous installons au bord de l’eau pour lire un peu.



Finalement, vers 16 heures, nous prenons la route du retour. Rentrer pas trop tard, pour une fois, nous semble être une bonne idée. L’idée de nous affaler sur le canapé en rentrant est très tentante. Nous arrivons à Montréal un peu après 19 heures. Programme du week-end prochain ? Repos !
3 commentaires
Bonjour,
Mon conjoint et moi voulons faire cette randonnée le week-end prochain. Nous voulons savoir le nom du sentier exactement et ou s’effectue le départ précisément. De plus, combien de KM fait le sentier pour l’ascension? Et pour l’aller-retour.
Merci pour l’intéressante lecture! 🙂
Bianca
Allo Bianca ! 🙂 Il y a 2 sentiers pour monter au sommet du Mont Gosford. Nous on a fait celui qui fait 8 km aller-retour. Tu trouveras l’itinéraire ici sur Alltrails : https://www.alltrails.com/fr/randonnee/canada/quebec/sentier-gosford. Le point de départ est indiqué 🙂 Bonne randonnée !
J’ai oublié de préciser que nous voulons faire seulement la montée pour le lever du soleil.
Merci
Bianca