Un supervolcan, des volcans, et encore des volcans pour cette troisième étape de notre voyage ! Première douche chaude en 13 jours, du guacamole à tous les repas, et immersion chez des locaux !
J12 – Ambarita – L’île sur le lac sur l’île
Pendant les 8h de route entre Ketambe et Toba Lake, je réalise quelque chose : la route, en Indonésie, ce n’est pas seulement un lieu de passage, c’est un mode de vie à part entière. Ce qui est pratique car du coup, rouler en Indonésie, c’est aussi découvrir le pays !
En tant que chauffeur, la route n’est pas de tout repos. Il faut savoir slalomer entre les enfants qui rentrent de l’école (seuls et insouciants des voitures qui les frôlent à toute vitesse), des gens qui traversent (idem), des récoltes de cacao, maïs et autres fruits et légumes séchant en bord de route (mais souvent sur la route), des voitures et scooters arrêtés ci et là, des étals et stands de tout un chacun. Et des animaux : chiens, vaches, poules et poulets, oies et autres volailles qui se baladent tranquillement. Bref, il faut être agile et réactif mais surtout ne pas avoir peur sinon c’est un coup à piler toutes les deux minutes.
En tant que passager, il faut avoir le cœur bien accroché. Leur mantra ici, c’est probablement « ça passe ». Et en effet, ça passe. De justesse, mais ça passe toujours.
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Toba Lake, Danau Toba, bref le lac Toba est un lac immense niché au fin fond d’une vaste caldeira. C’est le plus grand lac volcanique au monde. Toba, ce n’est pas un volcan. C’est un supervolcan (oui, c’est un vrai terme !). Sa dernière éruption remonte à environ 73 000 ans. Elle dura deux semaines, causa un hiver volcanique qui dura 10 ans et faillit décimer la population mondiale à cause de la chute des températures qu’elle entraîna. Depuis, il dort et c’est tant mieux !
La vue d’en haut la caldeira est incroyable. On est tellement haut ! Ça nous laisse imaginer la taille du volcan à l’époque et la puissance de l’explosion. Les falaises qui forment la caldeira sont recouvertes de pins, dont certains sont “roussis” à cause de l’acidité du sol. Le lac est immense, à tel point qu’il y a une île dessus, c’est là que nous allons. On atterrit à Mas Cottage, une guesthouse qui nous paraît sympathique et on fait bien : c’est ici qu’on prend notre première douche chaude du séjour !! J’avais oublié à quel point c’était bon
En plus, ils ont des avocats à tomber par terre. Sans parler de la vue depuis notre balcon…
J13 – Tuk-Tuk – Journée détente à Toba Lake
Le gouvernement veut faire du lac Toba le premier site touristique de Sumatra. On y était hors saison, donc c’était plutôt vide mais bizarrement, ça se ressent. Tuk-Tuk, le village principal, c’est une longue rue sinueuse le long de la rive. On y trouve des restaurants, des guesthouses, des bazars, des boutiques, des vélos et scooter à louer, des tours en bateau, bref que du beau pour les touristes. Ça nous rappelle Ubud, à Bali. Il y a la même atmosphère, la même ambiance paisible et au ralenti, mais en nettement moins peuplé !
Pour notre première journée sur l’île, on traîne un peu. C’est dire que l’ambiance, ici, ne pousse pas au dynamisme. On s’offre un copieux petit déj’ à 9h (œufs brouillés, bacons et toasts pour moi, banana-choco pancake pour monsieur). Ce n’est qu’à 13h qu’on décide de se bouger. On loue un scooter et nous voilà partis pour… Ben en fait on ne sait pas trop. On prend la direction du village, une averse nous tombe dessus, on s’abrite, on réfléchit. On décide finalement de partir dans les hauteurs de l’île pour admirer le paysage de là-haut et voir le petit lac qui s’y trouve : un lac, sur une île, sur un lac sur une île, tout un symbole !
Le scooter enchaîne les virages et plus on monte, plus il fait froid ! En t-shirt, je suis rapidement gelée. On s’arrête pour enfiler nos k-way-ponchos super sexy car en plus, il pleut. Il nous faut presque une heure pour atteindre le petit lac. Le principal intérêt du lieu, c’est nous ! On fait des photos avec tout un groupe d’indonésiens. Frigorifiés, on décide finalement de faire demi-tour et de redescendre. De toute façon, les nuages cachent la vue. On se dépêche de redescendre au bord du lac (le grand) pour se réchauffer.
À 16h, on mange un guacamole du tonnerre puis on repart pour une promenade, à pied, dans les plantations : bananes, maïs, avocats, cacao, papayes… On monte sur une petite colline pour admirer la vue sur Tuk-Tuk et les environs. Magnifique ! Deux jeunes indonésiennes sont là et après quelques minutes, elles trouvent le courage de nous demander une photo. On passe finalement 15 minutes à enchaîner les selfies.
Salade d’ à nouveau pour moi ! Ils sont tellement bons !
J14 – Danau Toba – Les touristes frits au soleil !
Deuxième journée sur le lac. Au petit déj’, on prend des… avocats (est-ce que j’ai déjà mentionné qu’ils sont à tomber ?) À 10h, on prend un scooter et on part pour l’autre côté de l’île. On veut aller aux hot springs. Il faut repasser le pont et retourner sur Sumatra. Mais pour arriver au pont, il y a 40 kms interminables. C’est très long, surtout en scooter. Mes fesses souffrent le martyre et la route n’est pas de tout repos… Comme partout ici, c’est la loi du plus fort et clairement, en scooter, on est loin d’être au sommet de la chaîne alimentaire !
On arrive finalement au village des hot-springs où il faut payer un droit d’entrée. Juste les touristes. 10 000 Rps à 2, c’est « cher », surtout pour ce que c’est. Le village n’a en effet aucun charme, il est désert. On croise deux « goreng » (c’est comme ça qu’ils appellent les touristes blancs ici, ça veut dire « frit » lol « Mie goreng », c’est nouilles frites, « nasi goreng », c’est riz frit et « goreng » tout court, c’est touriste ! 🤣 Il paraît que l’on frit au soleil !) qui nous disent « not so nice » et en effet.
La cascade est à sec car toute l’eau est pompée via des tuyaux pour alimenter les nombreuses piscines artificielles du village. Chaque restaurant a sa propre piscine d’eau chaude, un bassin rectangulaire austère entre quatre murs. Un bassin pour les femmes et un pour les hommes. Tout est désert. On a encore en tête nos magnifiques hot springs naturels de la jungle. Impossible pour nous de se baigner là-dedans. Rémi boit un coca à 11 000 Rps (!!) et on repart. C’est parti pour les 40 kms retour et ils sont encore plus interminables qu’à l’aller. On s’arrête dans un village pour admirer les maisons typiques du peuple Bataks qui vit ici.
À 16 heures, on est de retour à notre guesthouse. On déguste un énoooorme coconut cookie qui nous écœure plus qu’autre chose puis on se pose sur notre balcon jusqu’au repas du soir. C’est poisson grillé au menu ! Délicieux
J15 – Berastagi – La ville aux volcans
Aujourd’hui, on quitte Toba Lake et je suis triste. L’ambiance paisible du lac va me manquer. Il pleut des trombes d’eau, forcément.
On déguste un dernier « avocado chapati » divin au petit déj’ avant de prendre le bateau-taxi pour la ville de Perapat, au bord du lac mais à l’opposé de là où on est arrivés. De là, on trouve un taxi partagé avec d’autres voyageurs pour rejoindre la ville de Berastagi (ou Brastagi). Les trois heures de route passent relativement rapidement et sans incidents.
Berastagi, c’est une ville perdue dans les montagnes et encadrée de deux volcans (“Gunung” en indonésien) : le Sibayak, dont on a prévu de faire l’ascension demain et le Sinabung, actif et donc fermé. Le temps n’est pas à la fête à cette période de l’année, on a perdu plusieurs degrés !
On a loué une chambre dans un homestay, donc chez l’habitant, pour deux nuits. On est accueillis par Cecilia dans une maison plutôt modeste mais cosy. On a l’étage pour nous tout seuls : une grande pièce avec trois lits et un balcon sur lequel une salle de bain est en cours de construction. Pour l’instant, il faut utiliser la salle de bain familiale, dans la cuisine et sans eau chaude. Cecilia a trois enfants, dont des jumeaux de 9 ans et un mari, qui se fait appeler Smiley. Toute la famille dort dans le salon, par terre !
L’après-midi, on monte à pied au sommet de la colline surplombant la ville. De là, on a une vue magnifique sur le Sinabung, dont le cratère crache une épaisse fumée. On se fait alpaguer de toutes parts par des marchands et des hommes tirant de pauvres chevaux.
On redescend à pied au village, il est près de 14 heures et on a faim ! On en est à observer de loin une roulotte où sont exposés de drôles de mets, on hésite à en acheter quand on croise Cecilia, accompagnée de trois allemands. On se joint à eux pour aller faire le marché pour le repas du soir.
C’est comme des halles, mais à l’indonésienne. Cecilia nous fait découvrir et goûter à plein de fruits, d’épices, de légumes. L’odeur est parfois horrible mais on se régale à déambuler entre les étals. Les enfants nous lancent des “Hello !” enjoués et ils éclatent de rire lorsqu’on leur répond. On goûte des mangoustans, des fruits de la passion, des cacahuètes étranges et on achète du poivre. Super ! Ce soir, on mange tous à la maison, nous deux, les trois allemands et toute la famille. Ça va être serré ! On n’a rien mangé depuis 7h ce matin, autant dire qu’on a la dalle !!
Trooooop bon ! On n’a aucune idée de comment elle a pu cuisiner tout ça en deux heures à peine, mais c’était teeeellement bon ! Y avait du riz, bien sûr, accompagné de légumes, de poisson, de poulet, de galettes de légumes qu’on kiffe et arrosé d’un jus de fruits de la passion délicieux. On a bien fait honneur à tout ça. Cecilia nous a donné des fourchettes en s’exclamant “How can you eat rice with that !?” Pas faux… On a mangé tous les six à table tandis que le père et les enfants mangeaient par terre devant la télé.
Après le repas, on est restés un peu avec le père. Il nous a expliqué qu’à Berastagi, il n’y a pas de plantations d’huile de palme car il est impossible de faire pousser des palmiers à cette altitude. Et il en est bien content. Ces plantations sont un vrai fléau à Sumatra (et ailleurs) et toutes les ONG comme Greenpeace sont impuissantes car elles manquent d’argent face à des géants comme Syngenta ou Danone. L’huile de palme est maintenant partout alors qu’elle est mauvaise pour la santé… et pour la planète. Il y a quelques années, tout le monde utilisait l’huile de coco mais elle est bien plus chère et plus dure à produire. Il nous parle également de la déforestation qui sévit, notamment dans le sud de l’île (et notamment à cause de cette huile de palme). Les animaux, tigres, éléphants, sortent de la jungle et viennent dans les villages où ils sont chassés. On le sent très touché et impuissant face à cela. Il nous dit également que sa femme et lui ne voulaient pas beaucoup d’enfants mais quand ils ont appris qu’ils attendaient des jumeaux, ils ne pouvaient pas en laisser un dans le ventre ! Là, il nous a mimé lui en train d’essayer de repousser le bébé dans le ventre. Mémorable !
J16 – Gunung Sibayak
Gunung Sibayak culmine à 2 098 mètres d’altitude. Mais à Berastagi, on est déjà haut dans les montagnes, il ne reste donc pas grand chose à monter. Après un déjeuner très copieux, on se fait déposer au pied du volcan. L’accès est facile, on a donc décidé de partir sans guide. On commence par monter le long d’une route plus ou moins goudronnée puis on s’enfonce dans la jungle très humide et très différente de celle de Ketambe. Ça monte fort mais pas longtemps.
C’est le bruit que l’on entend en premier. Ce n’est pas un grondement sourd comme on a pu entendre au Bromo l’an dernier mais plutôt un “pchiiiiiit” assourdissant. Il provient de deux geysers de gaz qui s’échappent de deux cheminées, un peu plus haut sur les pentes du volcan. De vraies cocotte-minutes !
Au fond du cratère se trouve un lac vert clair. Il fait frais et on ne discerne le sommet du volcan que par intermittence à travers les nuages. Nous restons assis quelque temps à admirer le panorama magnifique puis nous longeons la crête et entreprenons de grimper l’un des pics du cratère. L’ascension est un peu compliquée et pas très balisée mais le panorama de là-haut est sublime ! Il faut attendre que les nuages passent pour avoir une vue incroyable sur le cratère et son lac en contrebas. De l’autre côté, on a une vue plongeante sur les flancs du volcan et la vallée. C’est juste incroyable !
On redescend prudemment sur la lèvre du cratère et on décide de s’approcher des deux cheminées qui font un boucan d’enfer. On crapahute tant bien que mal sur le flanc du volcan, jusqu’à s’approcher à quelques mètres. Par chance, le vent joue en notre faveur et on n’est pas asphyxiés par l’odeur horrible du souffre. Le bruit est assourdissant et on sent la puissance de la terre dans le jaillissement de ces geysers. Magnifique ! On descend ensuite jusqu’au lac, dont l’eau est glacée. Pourtant, à quelques mètres de là, on découvre une autre cheminée, qui elle ne fume pas. On s’approche et on se penche pour en observer l’intérieur : elle est pleine d’une eau en ébullition ! La chaleur qui s’en dégage nous chauffe le visage. Impressionnant !
Notre chauffeur nous dépose ensuite aux hot springs du volcan dans lesquelles on patauge pendant deux heures. Au début, on a même toutes les piscines pour nous tout seuls ! L’eau coule directement depuis les sources chaudes du volcan, il y a même une sorte de robinet pour régler la température ! On prend notre douche là-bas car hier soir, on n’a pas eu le courage de prendre une douche glacée chez Cecilia (il fait vraiment froid le soir par ici, ça rend les douches froides pas très agréables…)
À 18 heures, on retourne au village sur la colline surplombant la ville pour admirer le coucher de soleil sur le Gunung Sinabung. Il est un peu nuageux mais les couleurs sont absolument magnifiques ! On n’a cependant pas le privilège de voir le Sinabung cracher sa fameuse pluie de cendres
Le repas chez la famille est aussi délicieux que la veille, une vraie tuerie ! Ces deux jours dans une famille indonésienne ont été très enrichissants !
Pourquoi nous ne sommes pas allés à Tangkahan…
Après Berastagi, nous devions nous rendre à Bukit Lawang, puis à Tangkahan. Comme expliqué précédemment, nous avions déjà décidé de ne pas aller à Bukit Lawang. Sur les conseils de Saïd et ensuite de Smiley, nous avons également renoncé à aller à Tangkahan, une décision très difficile à prendre car nous avions hâte d’aller là-bas voir les éléphants.
Tangkahan est un petit village perdu au fond de la jungle. Dans les années 90′, les habitants se sont rebellés contre le braconnage et la déforestation. Pour lutter contre ces deux fléaux et protéger leur territoire, ils patrouillaient dans la jungle à dos d’éléphant ! Les premiers touristes sont arrivés peu après et leur ont permis de développer une économie basée sur le tourisme plutôt que sur l’huile de palme. Aller à Tangkahan, c’était donc les soutenir.
Mais ça, c’était avant…
Étant donné que nous ne nous y sommes pas rendus, nous ne pouvons pas juger par nous-mêmes mais d’après les dires d’indonésiens, le village semble avoir bien changé et s’être transformé en une usine à touristes. Et comme toute usine à touriste, elle n’est bonne ni pour l’environnement, ni pour les animaux… Les activités autour des éléphants sont hors de prix. Les photos que nous avons vues sur internet montrent des groupes de touristes agglutinés autour d’un éléphant pour lui gratter le dos ou être aspergé d’eau. Des cars entiers débarquent chaque jour. Bref, tout semble dénaturé. Les éléphants ne sont plus là pour défendre la jungle mais pour amuser la galerie. Le village semble avoir perdu ses valeurs au profit d’un touriste de masse, très rentable.
Dans le doute, nous avons préféré ne pas y aller car nous ne souhaitions pas encourager cette activité et craignions les dérives qu’un tel tourisme peut entraîner sur le traitement des éléphants. Même si, nous en convenons et c’est pour cela que nous avions prévu de nous y rendre, le village semble bien loin des fermes et autre parcs à éléphants que l’on trouve en Asie…
Nous sommes donc directement partis du côté de Padang !