Ce long week-end est l’occasion pour nous de mettre le cap sur l’immense, fameux et splendide parc national de la Mauricie, pour un week-end placé sous le signe de la randonnée. On s’offre ainsi un grand bol d’air frais en pleine nature, tant que l’été dure.
Et, comme nous ne sommes pas du genre à nous prendre la tête et que la fraîcheur des nuits de ce début septembre ne nous fait pas peur, nous louons simplement une voiture, dans laquelle nous passerons les deux nuits de ce long week-end. Nous emportons trois affaires, une brosse à dent et nos chaussures de rando, et c’est parti pour deux heures de route jusqu’au parc !
Samedi 5 septembre 2020 – Petite mise en jambe !
Le parc de la Mauricie est grand, très grand. Niveau randonnée, nous avons l’embarras du choix, alors difficile de nous décider. L’été entier ne nous suffirait pas pour en parcourir tous les chemins ! Et comme nous n’avons rien préparé, nous passons 15 minutes dans la voiture, à l’entrée du parc, à réfléchir à notre programme.
Il est 11 heures quand nous nous lançons dans notre première randonnée du week-end, juste avant l’entrée du parc, ce qui nous évite de payer les frais d’entrée seulement pour l’après-midi.
🥾 Devils Chute Loop Trail – 10,3 kms – 396 m de dénivelé
Après une heure de marche dans les bois, nous faisons halte au premier point de vue pour manger nos sandwiches faits maison le matin même. Puis nous continuons notre découverte de la nature de la Mauricie, très boisée et dense.
La randonnée est plutôt populaire et nous croisons beaucoup de monde et plein de chiens, car ils sont autorisés ici. Près du lac, où se trouvent quelques emplacements de camping sauvage, nous découvrons, un peu à l’écart du campement, un système permettant de stocker la nourriture en hauteur. Le parc de la Mauricie grouille d’ours noirs ! Nous ne savons pas trop si nous avons envie d’en croiser un ou pas 😅 En bon touristes que nous sommes, nous n’avons ni bombe au poivre, ni grelot, ni cornemuse !
Il est 15h30 lorsque nous revenons à la voiture. Nous décidons de passer la nuit sur le parking du sentier, une grande aire qui autorise les RV pour la nuit. Assez rare pour qu’on en profite ! Nous décidons de dormir là les deux nuits. Nous partons ensuite dans la proche ville de Shawi (diminutif de Shawinigan) pour acheter notre pique-nique de demain au supermarché du coin. Nous avons ensuite l’intention de souper dans un bistro repéré par Rémi mais, sans le savoir, nous tombons un soir de feu d’artifice et tout est complet ! On échoue donc au Saint Hubert.
Il est 20h30 et il fait nuit noire lorsque nous rentrons à notre spot pour la nuit. Nous sommes loin d’être seuls et nous garons notre petite voiture au milieu des énormes camping-car et caravanes nord américains, tout confort. Le ciel est grandiose, c’est l’occasion de sortir le trépied pour quelques photos nocturnes magnifiques ! Au bout de 30 minutes, le froid nous oblige à nous réfugier dans la voiture. On s’organise dans le noir complet – pas pratique. On baisse les sièges, on fait le lit : un maigre tapis de sol plié en deux et nos deux plaids en guise de matelas et notre grosse couette d’hiver bien chaude qui ne sera pas superflue ! C’est qu’il caille au fin fond du Canada au mois de septembre !
Dimanche 6 septembre – Repos des jambes, travail des bras !
La nuit a été glacée et hautement inconfortable ! Impossible d’étendre nos jambes dans cette voiture dont le « sol » du coffre se déboîte quand on bouge trop ! Finalement, le réveil à 7 heures est un vrai soulagement. On s’active à l’intérieur de la voiture pour s’habiller et, lorsqu’on sort, on est surpris de constater qu’il n’y a aucune différence de température entre l’intérieur et l’extérieur. 10°, pas plus !
Aujourd’hui, on rentre dans le parc ! On s’arrête à la petite guérite pour régler les 15 $ d’entrée, et c’est parti pour 20 kms à 50 km/h pour rejoindre le point de départ de notre randonnée du jour. Qu’est-ce qu’on aime parcourir la route du parc au petit matin ! C’est un vrai plaisir qui fait entièrement parti de notre découverte, autant qu’une bonne rando ! On roule au pas, attentifs au moindre mouvement sur les bas-côtés et on s’arrête toutes les cinq minutes parce que « Oh c’est joli là ! », « Oh un belvédère ! », « Oh une belette qui chasse un lapereau », « Oh le beau lac ! » Lorsqu’on arrive sur le parking, on est surpris de trouver autant de voitures alors qu’on n’a pas croisé un chat (enfin un humain) de tout le trajet.
On récupère notre canot, nos pagaies en bois et nos gilets de sauvetage et c’est parti pour notre randonnée sur l’eau et à pied de la journée !
🥾 Sentier des Chutes Waber – 9,2 kms sur l’eau – 7,9 kms à pied
J’ai de la chance, Rémi est un pro du canot ! 💪 Il le manœuvre les doigts dans le nez, il ne me reste plus qu’à admirer le paysage… euh pardon, à pagayer !😁 Nous traversons tranquillement le lac en nous extasiant sur le paysage incroyable et en scrutant les rives à l’affût du moindre animal – biche, castor, ours.
Bientôt, nous arrivons au bout du lac et devons passer un bras très étroit et… peu profond. Inévitablement, nous nous échouons. Je quitte mes chaussures et met les pieds dans l’eau – froide – pour tirer le canot pendant que Rémi pousse avec la pagaie. Comme il est assis à l’arrière et que c’est ce côté du canot qui touche le fond (forcément !), je m’assois sur la pointe du canot à l’avant et nous flottons sur quelques mètres avant que je doive à nouveau tirer. On galère mais on adore ! Finalement, nous atteignons le deuxième lac et pouvons recommencer à pagayer tranquillement. Au bout d’une heure, nous atteignons la rive et le départ de la randonnée.
Nous marchons pendant près de deux heures dans les bois, le long de clairières et près de lacs. Le chemin est très bien aménagé et pensé pour le portage : les campeurs les plus chevronnés peuvent ainsi transporter leur canot sur le dos pour rejoindre le lac suivant et ainsi de suite sur toute la superficie du parc – et même au-delà. Autant dire qu’il faut être motivé parce que ça monte !
Nous arrivons rapidement aux chutes Waber. Magnifiques ! Et blindées de monde. C’est beaucoup trop peuplé et bruyant pour nous, nous faisons marche arrière et trouvons une belle plage déserte près d’un bassin pour pique-niquer. Nous sommes allés au plus simple : une pizza sauce tomate et olives (oui, rien que ça), un pot de houmous et des chips à tremper dedans. Rien de bien folichon, mais ça fait l’affaire. Nous mangeons face au bassin en observant un canard pêcher et une grenouille nager. Passionnant !
Pour le retour, nous optons pour la longue boucle et il n’y a presque plus personne. Très agréable ! D’ailleurs, le point de vue vaut le détour.
Le chemin du retour en canot est également très agréable. Le soleil est de la partie, il fait bon ! Cette fois, c’est Monsieur qui descend du canot pour le tirer au moment du passage dans le bras du lac. Chacun son tour xD
Lorsque nous regagnons la voiture, il est à peine 16 heures. Nous ressortons du parc par la même entrée et retournons à Shawi. Là-bas, il y a quelque chose d’extrêmement rare et méconnu des québécois : un rond-point ! Oui, oui. Rémi le prend avec toute l’aisance d’un français qui en a vus d’autres, sous le regard éberlué des québécois du coin ! « Je vais même faire quelque chose que tu n’as jamais vu », dit-il à la voiture de derrière, « un cligno dans un rond-point ! » Je crois qu’il kiffe 😆
Nous faisons les courses pour le pique-nique du lendemain (et rachetons sensiblement la même chose). Cette fois, nous nous y prenons tôt et nous pointons à la brasserie à 18 heures ! Une petite bière, un gros burger et à 19 heures, nous avons fini de manger ! Pire que des allemands, ma parole xD Nous faisons une petite marche digestive aux chutes de la ville, mais le barrage est fermé et il n’y a pas de débit. Nous nous arrêtons donc manger une glace avant de regagner notre campement du soir, le même que la veille. Extinction des feux à 22 heures !
Lundi 7 septembre – Des ours à la Mauricie !
La nuit a été bien moins fraîche et plus confortable que la veille. J’ose même dire qu’on a bien dormi ! Autant que possible, en tout cas, dans une voiture.
Il est presque 8 heures lorsque nous payons nos droits d’accès au parc. Aujourd’hui, nous devons le traverser entièrement pour nous rendre au point de départ de notre randonnée, soit environ 1h30 de route. Nous prenons tout autant de plaisir que la veille à le traverser tout doucement. La route est immensément belle, « comme un billard », comme dit Rémi. Il ne fait pas beau, il pleut quelques gouttes même, mais le paysage reste magnifique.
Nous arrivons sur le parking et il n’y a qu’une seule autre voiture ! Le chemin est pour nous !
🥾 Sentier Mekinac – 11 kms – 601 m de dénivelé
Dès le départ, nous tombons immédiatement sous le charme de ce sentier qui s’enfonce dans les bois en serpentant. Les arbres nous font comme une haie d’honneur.
Nous avons droit à plusieurs points de vue sur la rivière. Magnifique !
Arrivés à une intersection, nous croisons un autre chemin de randonnée. Celui qui se perd vers le nord du parc, loin des sentiers battus. Nous hésitons. Si nous le prenons ici, après avoir déjà marché tout ce temps, nous nous embarquons dans une boucle de 19 kms ! Nous sommes loin des 11 kms que nous pensions faire en arrivant. Et puis, nous sommes sous la menace de la pluie… Du coup, on décide de… le faire quand même !
🥾 Sentier des Deux-Criques – 17 kms – 946 m de dénivelé
Après avoir monté toutes ces marches, nous sommes récompensés par une vue splendide !
C’est parti pour la boucle ! Nous nous enfonçons immédiatement dans les sous-bois. C’est plein de champignons et de mousse par ici ! Nous croisons un groupe de quatre personnes qui termine la boucle (il est à peine 11 heures, à quelle heure sont-ils partis !?). Ce sont les seules personnes que nous croiserons de la journée !
Les sous-bois, c’est une atmosphère un peu angoissante. Un peu pesante, aussi. Il n’y a pas un bruit, c’est très sombre et très humide. Et comme nous sommes à l’affût du moindre mouvement, de peur de tomber nez à nez avec un ours, nous sommes un peu tendus. Nous marchons en scannant les bois à droite, puis à gauche, un coup d’œil par terre pour voir où on met les pieds, puis on scanne à nouveau. Le moindre buisson, le moindre tronc un peu foncé, la moindre cachette et notre cœur s’emballe. Mais il n’y a pas âme qui vive, à part les éternels écureuils et chipmunks. Nous parlons fort et faisons du bruit, pour être sûrs d’éloigner les ours qui pourraient traîner dans les parages. Nous enchaînons les points de vue tous plus beaux les uns que les autres et marchons à un bon rythme. L’avantage dans les bois, c’est que nous sommes relativement abrités de la pluie qui sévit par intermittence. Ça monte, ça descend. Y a pas à dire, la randonnée, on adore.
Vers 14 heures, nous nous arrêtons à un point de vue pour pique-niquer notre pizza et notre houmous. Nous restons là une bonne heure face à un paysage gris mais magnifique. Le vert des arbres n’est plus aussi éclatant que lors de notre séjour en juillet. Il se teinte parfois d’un jaune/rouge qui annonce la fin de l’été et l’arrivée imminente de l’été indien.
Après cette pause riche en émotion 😉, nous entamons les 5 kms qu’il nous reste pour retourner au parking. Il ne nous en reste que 3 lorsque le ciel nous tombe sur la tête ! Un coup de tonnerre nous fait accélérer le pas mais c’est finalement seulement une pluie drue qui nous tombe dessus. Nous finissons trempés ! Arrivés à la voiture, nous enfilons des vêtements secs. Il est 16h30.
Nous passons les deux heures suivantes à errer dans le parc, en voiture et sous la pluie. Enfin, nous voyons une biche, qui traverse tranquillement devant la voiture ! Nous découvrons même une belle plage de sable fin qui doit être particulièrement agréable par beau temps. C’est d’ailleurs sur cette même plage que nous viendrons nous baigner l’été prochain lors d’un week-end overland entre amis !
À 18h30, nous avons rendez-vous avec les ours noirs de la Mauricie ! Accompagnés d’un guide, nous nous rendons dans une cabane à l’orée du bois depuis laquelle nous pouvons observer des ours, si nous sommes chanceux, que nous ne faisons pas de bruit et que le vent souffle dans la bonne direction. Il faut croire que toutes les conditions sont réunies, car dès notre arrivée, nous apercevons deux gros ours noirs ! Deux femelles, dont une juvénile. Nous restons là à les observer pendant une heure, fascinés. Elles soulèvent de gros cailloux à la recherche de nourriture, grimpent aux troncs, reniflent le sol et, dès qu’elles entendent un bruit suspect provenant de notre cabane, elles se figent et lèvent leur gros museau dans notre direction. Dans ces cas-là, on arrête de respirer ! Il faut dire que seule une fine moustiquaire nous sépare de ces gros ours. Les ours ne sont normalement pas agressifs envers l’homme, plutôt craintifs, mais nous ne voulons tout de même pas tenter notre chance !
Lorsque la nuit tombe, les ours repartent vers leur tanière quelque part dans la forêt et nous repartons, très contents d’en avoir vus ! Il faut dire que c’est bien plus rassurant de les rencontrer ainsi plutôt qu’au détour d’un sentier, lorsque nous sommes seuls au milieu de nulle part !
Nous avons eu un véritable coup de cœur pour le parc national de la Mauricie, qui reflète à lui seul toute l’immensité du Québec et du Canada ! Nous y avons vu des paysages qui nous inspirent à la perfection ce que nous imaginions du Canada avant d’y mettre les pieds : une immensité à couper le souffle, des espaces sauvages immenses sans le moindre signe de présence humaine, des forêts de pins et d’érables s’étendant à l’infini, des lacs grandioses au creux des montagnes et des ours tapis dans l’ombre !
Bonne surprise : ce parc est situé à seulement 2 heures de route de Montréal, bien moins loin que nous le pensions ! Nous espérons y retourner au moment de l’été indien (s’il y en a un cet automne) pour admirer ces mêmes paysages quand ils auront viré au rouge flamboyant !
Samedi 11 octobre – La Mauricie en automne
Cinq semaines plus tard, nous sommes de retour à la Mauricie pour une randonnée à la journée placée sous le signe de l’automne. Nous sommes là une semaine trop tard, et les couleurs ont déjà perdu de leur superbe, mais le paysage reste magnifique. Sur le sentier, Rémi a la chance de brièvement apercevoir un ours !