Six mois après l’achat de notre 4×4 d’expédition, qui doit nous amener sur les routes et les chemins des trois continents américains, il a déjà bien changé : nouveaux pneus de 35′, nouvelle suspension réglable, un lift kit complet. Avec des équipements fiables et de la plus grande qualité, il est maintenant parfaitement équipé pour faire de la trail. Mais tout en douceur, car nous destinons notre Jeep à l’overland, et non à la trail et au franchissement. Mais avant, il nous reste un truc à faire : apprendre… à s’en servir ! Car, utiliser un 4×4 aux meilleures de ses capacités, ce n’est pas inné. Heureusement, le club Jeep de Montréal était là pour nous apprendre à maîtriser notre 4×4, découvrir son fonctionnement, apprendre le franchissement en toute sécurité et, surtout, apprendre à lui faire confiance. Et, mieux encore, à nous faire confiance.
29 mai 2021 – Club Jeep Montréal – 101
Lorsque nous avons découvert l’existence de la 101, totalement par hasard un soir de mai, nous n’avons pas réfléchi une seconde : il fallait qu’on la fasse. La 101, c’est une initiation à la conduite 4×4 et au trail pour les débutants et nouveaux propriétaires d’un Jeep Wrangler. Aucun équipement n’est nécessaire pour cette initiation. Ni une ni deux, tout excités, on prend un membership d’un an au Club Jeep Montréal et on s’inscrit à la 101.
Le jour J, après 1h30 de route, le plein entièrement fait, on arrive sur le lieu du rendez-vous. Une vingtaine de Jeep sont déjà là, tous plus ou moins modifiés, mais tous très beaux ! On n’a jamais vu autant de Jeeps d’un coup, ça fait une très belle procession. On part en convoi vers le lieu où on pourra tous se garer afin de se préparer pour la trail.


On arrive dans une immense carrière. De la poussière partout. Des Jeep partout. Quelques motos qui gravissent d’immenses dunes de sable et de gravats. Nous sommes répartis en plusieurs groupes de 6, chacun avec un guide certifié attitré.
Le Club Jeep Montréal est un club de plusieurs centaines de membres affiliés. En étant membre, nous avons gratuitement accès aux chemins de trail de la fédération 4×4. Tout au long du printemps, de l’été et de l’automne, le club organise de nombreuses activités en fin de semaine. Ce samedi-là, nous sommes que des novices. Ça va être pour nous l’occasion parfaite pour découvrir le fonctionnement de notre Jeep avec de vrais experts, ses capacités hors route, les rudiments du trail et le franchissement (très light pour commencer !).


Première étape : dégonfler ! Pour une adhérence optimale, il faut dégonfler de 35 psi (optimal pour la route) à 12 psi. Ainsi, les pneus dégonflés adhèreront mieux aux roches en épousant leur forme. Ça permet également de réduire le risque de crevaison. Notre guide nous prête son matériel, une petite goupille pour dégonfler et un manomètre et c’est parti. Un peu plus de 2 minutes par pneu. Le tout est de ne pas trop dégonfler pour éviter d’avoir à regonfler !


Deuxième étape : délinker ! Autrement dit, nous déconnectons la barre transversale sous le Jeep, à l’avant. Ainsi, les suspensions ne sont plus retenues et ont une amplitude de mouvement beaucoup plus importante. Cela va permettre au Jeep de franchir les obstacles sans se renverser.


Troisième étape : nos suspensions sont réglables, c’est donc le moment de les mettre en mode trail ! Comme pour un vélo, nous les mettons sur « plateau » 1, « vitesse » 1. Ainsi, elles deviennent super smooth ! On tangue comme sur un bateau !


Quatrième étape : on retire nos garde-boue arrière, qui sont incompatibles avec la trail. Mieux vaut ne pas prendre le risque de les arracher sur une roche.



Après tout ça, JP est fin prêt pour sa première vraie trail.
Le sentier que nous empruntons est caillouteux, mais rien d’insurmontable. Nous nous mettons sur le mode 4×4 Low, qui nous permet de rouler jusqu’à 40 km/h. Nous suivons notre guide qui mène la marche. Le Jeep, dont les suspensions sont très loose, balance comme un bateau. C’est plutôt agréable !
Puis nous arrivons devant notre première passe. Il s’agit d’un passage, un peu plus accidenté, en parallèle du chemin principal, que nous pouvons choisir de prendre, ou pas. Les roches nous paraissent grosses, mais sous les instructions de notre guide, nous nous engageons.



Ce n’est pas aussi difficile que ça en a l’air à première vue. Le Jeep monte sur les rochers sans aucune difficulté. Les pneus épousent leur forme dans un crissement au début un peu inquiétant. Grâce à notre guide, nous savons exactement où positionner les roues, à quel moment tourner, accélérer, donner un peu de jus pour passer une roche ou freiner doucement pour en descendre en douceur. C’est beaucoup plus facile d’être guidé, nous n’avons qu’à suivre les indications à la lettre et tout se passe bien. Même pas besoin d’analyser le terrain ! Nous lui faisons entièrement confiance.



Comme nous sommes encore un peu hésitants, notre guide décide de nous montrer les capacités du Jeep. « Si je te dis de le faire, c’est que ton Jeep en est capable ». Ok. Ni une, ni deux, nous nous retrouvons sur une belle roche. De l’intérieur, on a l’impression que le Jeep peut basculer à tout moment. De l’extérieur, on se rend compte de l’utilité de délinker ! L’amplitude des suspensions est impressionnante. La roue arrière ne touche plus le sol.



Tout au long de la matinée, puis de l’après-midi, nous enchaînons les passes. On découvre avec stupeur tout ce dont le Jeep est capable, le travail tout en douceur des suspensions lors des franchissements, les roues qui épousent chaque obstacle, les 4 roues motrices qui nous propulsent en avant. La transmission automatique est un vrai régal (j’aurais certainement calé 1 000 fois en manuel !)






Une fois la trail terminée, nous quittons le groupe, non sans oublier de remettre le Jeep en mode route : régler les suspensions, regonfler les pneus, relinker et remettre les garde-boue, sous peine d’amende ! Puis, nous partons camper, dans la même trail que celle que nous venons de faire. Une petite soirée, seuls au milieu de la nature.


Le lendemain, un dernier arrêt est nécessaire avant de rentrer à l’appart’ : une douche !



12 juin 2021 – Club Jeep Montréal – 102
Comme son nom l’indique, la 102 est la suite de la 101. Toujours destinée aux débutants, le niveau est néanmoins un peu plus élevé. Cette fois-ci, pour y participer, nous avons dû nous équiper un minimum. Nous avons acheté, d’occasion, une CB, une sorte de radio pour pouvoir communiquer entre véhicules. Ça grésille un peu, mais ça marche bien, on arrive à comprendre les instructions. Nous avons également acheté quelques équipements de remorquage, notamment des sangles et des manilles et de quoi dégonfler nos pneus.
Comme pour la 101, nous nous donnons rendez-vous, tôt le matin, sur un parking. Une trentaine de Jeep sont réunis. À la file indienne, nous nous engouffrons dans un chemin forestier étroit et prenons le temps de nous préparer pour la trail. Grâce à la 101, nous sommes maintenant capables de préparer notre Jeep sans aide. Dégonfler les pneus. Délinker. Régler les suspensions. Retirer les garde-boue. En 10 minutes, JP est ready to go ! Nous rejoignons notre groupe de 5 véhicules et notre guide certifié et c’est parti !
Comme pour la 101, nous suivons à la lettre les instructions de notre guide. C’est toujours plus rassurant d’être guidé, notamment quand il faut contourner d’énormes roches qui pourraient faire des dégâts sur la carrosserie… ou pire.



Mais, nous avons déjà plus confiance en nos capacités de conduite et en notre Jeep et nous enchainons les passes sans trop de difficultés, parfois même sans guidance.



On prend un vrai plaisir à conduire, et l’appréhension des débuts est bel et bien partie. Même si nous savons que nous ne ferons jamais de tels franchissements pendant notre voyage, il est toujours utile de savoir maîtriser le 4×4 dans de telles situations. On ne sait jamais ce que les chemins nous réservent et il sera certainement très utile de savoir ce dont notre Jeep est capable dans de telles situations et de connaître ses limites – et les nôtres !
Même dans la « bouette », JP n’a peur de rien… À condition de pouvoir en sortir ! Et de ne pas avoir peur de se salir.



Grâce au club Jeep Montréal, nous savons maintenant conduire le Jeep dans la trail ! Maintenant que les formations sont faites et que nous nous sentons en confiance, il est temps d’aller tester le Jeep en conditions réelles, sur de la vraie trail…
19 juin 2021 – Club Jeep Montréal – Mont Radar
Ce week-end, nous avons rendez-vous au Mont Radar, à 2h30 de route de Montréal. Nous sommes partis la veille au soir et avons passé une nuit sur la route pour pouvoir être au rendez-vous à 8h tapantes.
Le Mont Radar, c’est un parc d’attraction pour 4×4 ! Si, en hiver, il s’agit d’une station de ski familiale, en été, ses pistes se transforment en pistes de trail, pour tous les passionnés de trail et de franchissements. Les trails sont réputés difficiles. D’ailleurs, pour participer à l’événement, les Jeep « stock » (non modifiés) ne sont pas autorisés. Ici, ça prend minimum un lift et des gros pneus. Sans oublier tout le matériel nécessaire pour trailer en toute sécurité : la CB, des manilles, des sangles, un kit de réparation des pneus, un compresseur. Nous avons tout ce qu’il faut, mais sommes encore débutants dans ce monde. Heureusement, nous ne serons pas seuls ! Une vingtaine de membres du Club Jeep Montréal ont répondu présents pour cette journée qui s’annonce mémorable. La plupart d’entre eux sont des pilotes confirmés, avec des Jeep ultra modifiés et ultra équipés pour de la grosse trail, et seront là pour nous guider et nous aider, au besoin.
C’est donc confiants que nous préparons notre Jeep pour la trail.



Cette fois-ci, pas de guide. Nous partons tous en file indienne sur une première piste, qui doit nous emmener en haut de la montagne. Dès les premiers mètres, le ton est donné : nous franchissons une passerelle en bois, un peu défoncée, mais surtout extrêmement étroite. Pas le droit à l’erreur !
La première montée est rude. Nous choisissons la partie la plus facile et montons sans encombre, mais non sans donner du gaz. Pour d’autres, pas question de choisir la facilité : ils s’élancent sur la partie la plus raide du chemin et… certains restent coincés. C’est déjà l’heure de treuiller ! La journée commence fort.



Après près de deux heures de montée sur de la grosse roche qui nous fait tanguer dans tous les sens, nous atteignons le sommet, où trône un immense bunker. De là-haut, la vue sur la vallée est magnifique. Penser que nous venons de grimper si haut avec notre 4×4, c’est assez satisfaisant ! Profitant de la pause au sommet, on a droit à quelques belles figures qui nous laissent…impressionnés.



Maintenant que nous sommes montés, il est temps de… redescendre ! Or, la descente est toujours plus impressionnante que la montée. De l’intérieur du véhicule, on a l’impression d’être presque à la verticale et que le Jeep peut glisser à tout moment. D’ailleurs, sur certaines parties particulièrement inclinées, les roues glissent sur quelques centimètres avant de retrouver leur grip. C’est assez impressionnant.






Dans l’après-midi, alors que nous remontons par une piste particulièrement inclinée, nous nous retrouvons face à un mur. Littéralement. Même en ski, je n’aurais pas osé la descendre ! Nous hésitons, pas très motivés à tenter le coup. Notre but n’est clairement pas d’abîmer le Jeep, qui doit nous amener, d’ici quelques mois, à l’autre bout du monde ! Néanmoins, après avoir observé plusieurs essais de nos amis, Rémi se motive et décide de se lancer à son tour.
Il se positionne face au mur. Tous les regards sont braqués sur lui. Il prend son élan, patine un peu sur les cailloux glissants. « Donne du momentum », lui dit l’un des guides, qui le surplombe du haut du mur. Rémi appuie sur l’accélérateur. Le Jeep s’élance dans un gros vrombissement. Les roues avant montent d’un coup, mais, au moment de monter les roues arrière, impossible. Elles patinent. Rémi fait plusieurs essais, sans succès. « Ok, recule ».
Lentement, le Jeep redescend. Prend du recul. Les instructions sont claires : pas d’à-coups. Il faut envoyer du gaz et monter d’un coup. Le moteur rugit. À nouveau, les roues avant montent et, à nouveau, les roues arrière restent bloquées. Cette fois, le Jeep est bloqué. Le constat est vite fait : il va falloir lui donner un coup de pouce ! On attache une sangle au bumper et on se fait « wincher » par un autre Jeep. Un petit effort, encore un peu de gaz et le mur est franchi !

Après toutes ces émotions, il est temps pour nous de rejoindre le campement. Certains décident de remonter une dernière fois, mais nous décidons d’arrêter. Les dernières trails ont été particulièrement éprouvantes pour nous. Un peu de stress. Beaucoup de concentration. Quelques sensations fortes. On sent qu’il est temps de s’arrêter là. On est bien fiers de ce que nous avons accompli avec JP. Il y a encore quelques semaines, jamais nous n’aurions pensé être capables de faire de tels franchissements. Nous avons pris grandement confiance en nous et nous nous sentons prêts à voler de nos propres ailes ! Mais, nous sommes d’accord : nous ne ferons pas de telles trails lors du voyage !
La soirée se passe tranquillement au coin du feu. Nous rencontrons deux autres couples de « jeepeux », qui ont le même désir de faire un peu d’overland. Nous sympathisons immédiatement. Ensemble, nous allons vivre de belles aventures cet été !



Nous décidons d’ailleurs de commencer nos aventures dès le lendemain matin et prenons la route de Montréal, non pas par l’autoroute, mais par les chemins ! Tout au long de la journée, nous allons avaler les kilomètres sur des routes rectilignes bordées de champs et d’exploitation, non sans faire de nombreux arrêts pour prendre de belles photos, se baigner dans une rivière et manger dans un champ. Et nous arrivons à temps près de Montréal pour assister à un beau coucher de soleil !





Ces trois week-ends avec le club Jeep Montréal nous ont été hautement bénéfiques ! Nous avons appris plein de choses sur notre 4×4 et avons appris à le manœuvrer dans toutes situations. Nous nous sentons à présent prêts à vivre nos propres aventures cet été, seuls ou entre amis, avec un 4×4 qui n’a plus de secret pour nous et que nous maîtrisons à la perfection ! Plus encore, nous nous sentons en confiance pour partir sur les routes du monde avec notre Jeep, d’ici quelques mois.