Rencontre inoubliable avec le condor des Andes au canyon de Colca ! Après une longue et difficile randonnée de deux jours pour descendre au fond du canyon et profiter d’une nuit dans une oasis, nous avons aussi eu l’immense privilège d’assister au plus beau spectacle de la Nature : celui de la vie sauvage.
Dimanche 03 décembre 2023
Depuis Puno, sur les rives du lac Titicaca, la route est longue jusqu’à Cabanaconde, au bord du canyon de Colca : près de 6 heures de route. On parcourt la route tantôt rectiligne, tantôt sinueuse de l’altiplano péruvien, à plus de 4000 mètres d’altitude jusqu’à atteindre un col à 4 600 mètres d’altitude. De là, la route redescend progressivement jusqu’à notre destination finale : Cabanaconde, 3 200 mètres.
Le canyon de Colca, deuxième canyon le plus profond au monde, nous apparaît d’abord large et parsemé de cultures en terrasses. Au loin, les sommets et volcans de la Cordillère des Andes semblent percer les nuages. C’est là, parmi ces sommets, que le mythique fleuve Amazone prendrait sa source.
Avides d’en voir toujours plus, on s’arrête à presque tous les points de vue qui jalonnent la route. Et à mesure que l’on avance, le canyon est de plus en plus étroit, de plus en plus profond, de plus en plus impressionnant. Le mirador le plus connu de la route est sans conteste le Miradol del Condor. Et le condor, on aimerait beaucoup le voir ! Alors, pendant de longues minutes, on scrute le ciel et les montagnes environnantes à la recherche d’un mouvement quelconque ou d’un battement d’ailes. Mais l’après-midi touche à sa fin et le condor n’est pas réputé pour être visible à cette heure-ci. Qu’à cela ne tienne, on reviendra demain !
Le petit village de Cabanaconde est perché au bord du canyon de Colca. Tout est calme au village, on est loin des villages ultra-touristiques de la Vallée Sacrée. On se présente à un des seuls hostels du coin, où on récupère une petite chambre sommaire, mais confortable. Ça ira pour ce soir ! On est au lit de bonne heure, car demain est une grosse journée !
Lundi 04 décembre
Il est 8 h 30, nous revoilà au Mirador del Condor ! Cette fois-ci, on sent que nos chances d’apercevoir le condor sont plus élevées que la veille. En effet, il y a foule ! Des dizaines de minivans ont déposé tout un flot de touristes et des vendeurs de souvenirs se sont installés partout. Il y a même deux personnes déguisées en condor géant ! On est probablement au bon endroit 😅. On se perche sur un muret face au canyon et on attend, l’œil aux aguets. Et au bout d’une heure d’attente… le voilà qui surgit ! Le condor des Andes.
Comme il est beau et majestueux ! Il rase les parois du canyon, puis il se sert de courants ascendants pour prendre de la hauteur en tournoyant lentement. Whaou ! Lorsqu’il passe près du mirador, tout le monde pousse des « Ohhh ! » et des « Ahhh ! » admiratifs. On aperçoit clairement sa collerette blanche et les plumes de ses ailes à l’envergure incroyable. Magnifique ! Puis, aussi vite qu’il est apparu, ils disparaît et le spectacle est terminé. Il est grand temps pour nous de partir pour notre randonnée dans le canyon de Colca.
Nous partons à 10 heures. Pour cette première journée de randonnée, nous avons 16 kilomètres à faire et, d’après le gérant de l’hôtel, c’est « que de la descente » ! On a donc la journée entière pour faire ces 16 kilomètres de descente, ça devrait aller. On s’enregistre au départ du sentier. Au même moment, trois françaises terminent la randonnée. Elles arrivent en pleur, se tombent dans les bras les unes des autres, se congratulent chaleureusement. « C’était dur ! », nous disent-elles. « J’espère que vous n’avez pas le vertige ! » De les voir ainsi, maman s’inquiète. On la rassure tant bien que mal et on prend le départ. « J’espère que l’on ne vous a pas fait peur », nous lancent-elles dans le dos 😒. Ben si ! Notre objectif du jour ? Une oasis de verdure tout au fond du canyon, 1 000 mètres plus bas. Tout le monde est motivé, c’est parti !
Il fait très chaud. Et le chemin est, en effet, vertigineux mais suffisamment large pour ne pas nous donner de frayeurs. Ce n’est que de la descente et, pas après pas, on voit la rivière se rapprocher. Le paysage est vraiment très beau. Au détour d’un virage, on aperçoit l’oasis dans laquelle nous allons dormir ce soir. Elle nous semble à la fois si proche et si loin, tout au fond de son canyon !
La chaleur, le soleil, la pente parfois raide, les genoux qui tirent. Malgré les pauses régulières pour boire et se reposer, Maman souffre. On l’encourage en lui montrant le pont qui va bientôt nous permettre d’enjamber la rivière. Or, qui dit pont et rivière dit aussi fond du canyon ! Allez, courage ! Encore quelques mètres de dénivelé et on y est !
Maman traverse, chancelante et s’échoue sur un banc à l’ombre d’une cabane 😅. Elle ne bouge plus. Heureusement qu’elle souffle comme un bœuf, sinon on se serait inquiétés 🤣😉. On l’enjoint à manger un sandwich, mais « non, je ne peux rien avaler ». Bon, un peu inquiète de son état tout de même, je descends à la rivière pour chercher de l’eau fraîche… qu’elle se verse sur la tête. Ça et une bouteille de Coca bien fraîche et voilà qu’elle reprend un peu du poil de la bête. Ouf, on ne l’a pas perdue ! Et heureusement, parce que maintenant que l’on est au fond du canyon, il va bien falloir remonter ! 😁 Bon, c’est maintenant le moment de lui annoncer que ça va monter. Un petit peu. Car maintenant que l’on est tout en bas, et sachant qu’il reste encore 7 kilomètres, ça ne peut aller qu’en remontant !
On l’admet, pour nous, ce pont et l’arrivée à la rivière signifiaient la -presque- fin de la randonnée aujourd’hui. Pourtant, à ce moment-là, on était loin, très loin de se douter à quel point on avait tort. En réalité, à ce moment-là, on n’avait pas fait la moitié. C’est donc sous nos encouragements que maman s’attaque à la deuxième partie de la randonnée. Elle est rouge comme une tomate, mais rien ne l’arrête ! Après une terrible montée, on se trouve au milieu des plantations du canyon. C’est super joli : des ânes, des avocatiers, des figuiers, du maïs. En plus, il y a un peu d’ombre et des petits ruisseaux pour se rafraîchir. On passe même devant quelques habitations et on en profite pour acheter de l’eau fraîche dans un hostel.
L’après-midi n’est qu’un enchaînement de montées et de descentes. On encourage maman comme on peut même si on sait qu’elle souffre beaucoup. Ainsi, petit à petit, les kilomètres défilent, mais toujours pas de trace de l’oasis tant espérée ! Mais où est-elle ? On n’avait pas conscience qu’elle était si loin ! Et surtout, qu’il faudrait remonter si haut depuis la rivière pour au final y retourner ! Maman râle à chaque montée. Des bibites nous dévorent par endroit, de celles qui mordent douloureusement et qui font des piqûres qui grattent ensuite pendant des jours. Rémi et moi, on lutte, mais maman est en mode : « Je m’en fous, c’est le dernier de mes soucis ». Tu parles ! Le soir-même, elle sera plutôt en mode : « ça gratte ! » 😂.
Le soleil descend inexorablement et le jour tombe petit à petit. En partant ce matin, tranquillement à 10 heures, on ne pensait pas qu’il nous faudrait tant de temps pour rejoindre l’oasis de Sangalle. Mais finalement, après une énième montée laborieuse et une courbe dans la montagne, l’oasis est enfin en vue. Soulagement ! Mais nous sommes bien remontés et il faut maintenant tout redescendre. Allez courage, dernière ligne droite avant la récompense de l’arrivée.
Évidemment, on a réservé dans l’hostel le plus éloigné de la fin du sentier, sinon ce ne serait pas drôle. Et évidemment, on s’y perd, dans cette oasis. Maintenant qu’on l’a enfin trouvée, c’est l’hostel que l’on ne trouve pas ! On y arrive enfin après 15 minutes de recherche et surtout après 9 heures de marche ! Quel soulagement que de poser nos gros sacs à dos et de plonger les pieds dans l’eau fraîche de la piscine. Il est déjà si tard que l’on n’a pas trop le temps d’en profiter avant que la nuit tombe. Néanmoins, l’endroit est magnifique !
Maman est littéralement k.o. La seule idée de devoir remonter tout ça demain et elle frôle la syncope. Heureusement, on a une solution toute trouvée à lui proposer : la location… d’une mule ! Après quelques tergiversations, elle accepte l’idée. Demain matin à la première heure, maman remontera donc le canyon à dos de mule, tandis que Rémi et moi partirons à pied ! Ainsi, tout le monde devrait arriver en-haut vivant 😁
Mardi 05 décembre
5 h 30. Le jour se lève sur le canyon de Colca. Nous partons tôt pour profiter de la fraîcheur pendant la remontée de 1 200 mètres de dénivelé sur 7 kilomètres qui nous attend. Maman descend déjeuner avant nous et, quand on arrive en bas, on s’aperçoit qu’elle est déjà partie ! Le muletier était en avance ! Pour notre plus grande déception, il n’y a donc pas de photos de maman sur sa mule 🙁. On avale quelques crackers « généreusement » laissés par l’hostel (il est tôt et ils ne servent pas le petit-déjeuner à cette heure-ci…) puis on s’élance sur le sentier de randonnée !
Les uns après les autres, on enchaine les lacets serrés d’un pas assuré. Ça monte doucement mais sûrement sur un terrain parfois lisse, parfois caillouteux. On prend rapidement de la hauteur. Et finalement, cette montée tant redoutée depuis la veille s’avère moins ardue que prévu. Ça monte certes, mais la pente est régulière et ne casse pas les jambes.
On atteint donc le haut du canyon après seulement 2 h 30 de marche. Là-haut, on retrouve maman, qui nous attend depuis 1 heure. Son ascension à dos de mule s’est bien passée, même si certains passages étaient assez vertigineux !
Après cette remontée express, on s’aperçoit qu’il n’est que 8 h 30 ! C’est encore l’heure des condors ! Si on ne traîne pas, on pourrait à nouveau avoir la chance de les voir. Vite, on ne perd pas de temps. On parcourt au pas de course le dernier kilomètre qui nous ramène au village. Là, on s’arrête acheter quelques bananes et des Snickers, pour reprendre des forces après cette ascension le ventre vide. À l’hostel, on récupère nos affaires et la voiture et direction le Mirador del Condor ! Aujourd’hui encore, il y a beaucoup de monde, mais les minivans sont en train de partir. Aurait-on raté le spectacle ? On patiente tout de même et on fait bien, car tout à coup, un, deux, trois, quatre condors des Andes jaillissent brusquement dans le ciel.
Ils nous offrent un spectacle exceptionnel ! Alors que l’on suit des yeux un d’entre eux qui s’élève toujours plus haut jusqu’à, semble-t-il, frôler la lune, des exclamations nous font nous retourner. Un autre condor vient de raser le mirador et se dirige droit sur nous. Il passe dans un battement d’ailes silencieux juste devant nos yeux ébahis. Comme il est beau, majestueux et gracieux. Il plane sans effort au-dessus de nous, dominant le canyon de Colca. On est subjugués. Incroyable !
Lorsqu’ils disparaissent derrière les montagnes du canyon, il est temps pour nous de prendre la route, la tête remplie de belles images. Comme la Nature est belle ! Elle est capable de nous en faire baver pendant une randonnée, puis de nous offrir le plus beau des spectacles. Qu’y a-t-il de plus beau que de voir des animaux sauvages évoluer en toute liberté dans leur milieu naturel ? On espère que le condor des Andes pourra voler encore longtemps en toute sérénité dans le canyon de Colca et partout ailleurs dans la Cordillère des Andes. Direction à présent notre prochaine destination : la belle ville coloniale d’Arequipa !
2 comments
Ce soir un souper et au lit car demain une rando infernale nous attend. Natacha m’a posé la question 100 fois “Tu te le sens ? Tu te le sens ? C’est 17 kilomètres quand même”…. J’ai dit oui, oui. C’est 17 km dont 8 km en descente, facile …. J’espère ne pas le regretter….
On mettra 8h30. “J’ai mouru !! 100 fois. Pas 100 fois en tout, 100 fois par heure”…. 😱 C’était terrible. J’ai eu chaud, je me rafraîchissais dans les ruisseaux, j’ai eu mal aux bras à cause des bâtons trop haut, j’ai eu des ampoules à tous les orteils, je me suis aperçue que les fesses n’étaient pas que du gras mais aussi des muscles, les genoux ont souffert dans la descente, j’ai bu du coca cola, moi qui n’en bois jamais, pour me faire des shots de sucre. Je n’ai pas pu manger le sandwich tellement j’avais envie de vomir 🤮 à cause de l’effort intense. Je ne pensais pas que descendre était si dur….
Et quand il a fallu s’attaquer aux 8 km de remontée, ça a été un enfer, je me suis arrêtée tous les 10 pas, de plus en plus longtemps pour reprendre mon souffle. Parfois Natacha restait près de moi, parfois Rémi, pour m’encourager. J’avais les pieds en feu mais je ne disais rien. Mais elle est où cette sacrée oasis !!?? Plus on avance moins on la voit… J’ai continué, en me maudissant car j’avais oublié de mettre ma petite prothèse en mousse qui corrige mon orteil tordu 😭 Mais au final j’y suis arrivée. Épuisée mais fière de cet exploit !! Mon plus beau souvenir 💕
L’oasis est magnifique, de la verdure, une piscine, de petites cabanes.. Que c’est beau ! Que c’est calme !
Je reste 1h30 à rafraîchir mes pauvres pieds endoloris dans l’eau fraîche de la piscine.
Il me tarde d’aller au lit pour me reposer de cette randonnée infernale, et surtout ne pas penser à demain au risque de faire des cauchemars car aujourd’hui on est descendu et monté mais demain il faut remonter. L’horreur !!! 😰😰😱😱😫😫😭😭 Je veux une mule, je veux une mule, je veux une mule pour remonter !!!
En fait, après le repas, Natacha s’est renseignée pour remonter avec une mule, elle a anticipé mon désir secret 😂 c’est 70 soles pour 1h30 de montée, départ 5h30 du matin. J’hésite longuement car la décision est difficile à prendre, j’aimerais tellement me dépasser physiquement encore demain !! J’ai souffert aujourd’hui c’est indéniable mais j’ai adoré 💚 j’ai des ampoules à tous les orteils qui me font souffrir, j’ai mal partout, et je vais retarder Natacha et Rémi dans la montée à cause de ma lenteur. Et ici le temps est important car on n’en a pas beaucoup… Alors, la mort dans l’âme, je finis par accepter de remonter sur une mule 😥😥 C’est difficile de prendre la décision d’abandonner, je le regrette encore…
Bon, la grande consolation, c’est d’avoir permis à notre trio d’assister au vol des majestueux Condors. Merci la mule 😂 Quelle splendeur, quelle envergure, ils sont immenses mais si petits dans l’immensité de ce canyon !!!
Quel périple ! Dommage qu’on n’ai pas vu Nathalie sur la mule.
On aurait dit que les condors attendaient qu’il y ait du monde pour donner la parade. Bel oiseau majestueux.
Bisous.
Mamie.