Nous voici sur les rives du célèbre lac Titicaca, à la rencontre de la communauté Uros qui vit sur… des îles flottantes ! C’était un des rêves de maman, que de découvrir le plus haut lac navigable au monde, qui marque la frontière entre le Pérou et la Bolivie. C’est maintenant un rêve réalisé ! Et parce que réaliser un rêve, ça se mérite, elle a dû mettre la main à la patte !
Samedi 02 décembre 2024
Après la découverte de la magnifique montagne arc-en-ciel, c’est sous un magnifique ciel bleu que nous retrouvons Yordi de bon matin, sur les rives du lac Titicaca. Nous l’avons contacté et il a accepté de nous faire visiter son île et de nous expliquer les techniques de construction ancestrales de sa communauté, les Uros. Les îles Uros sont un archipel de 120 îles flottantes artificielles situées sur le lac Titicaca. Yordi nous emmène sur son bateau à moteur en direction des îles, situées à 6 kilomètres de Puno.
Nous accostons sur l’île de Yordi et sa famille après 35 minutes de navigation. Les Uros ont commencé à construire ces îles flottantes au XIIIe siècle pour échapper aux envahisseurs incas. Aujourd’hui, ce sont les indiens Aymaras qui habitent les îles. Certains parlent espagnol, mais la plupart parle encore l’Aymara. « Kamisaraki », signifie « Bonjour », nous apprend d’ailleurs Yordi.
Depuis des décennies, le matériau de base utilisé pour construire les îles est un roseau qui pousse en très grande quantité sur les rives du lac Titicaca : le totora. Chaque famille Uros peut se trouver un endroit sur le lac pour construire son île. Une fois l’endroit choisi, ils partent ramasser du totora en grande quantité et l’attachent en « bottes » à l’aide de cordes. Ils attachent ensuite les bottes ensemble pour qu’elles forment une grande île flottante ! Il faut ensuite attendre un ou deux ans avant de pouvoir construire sur l’île, le temps qu’elle se solidifie et que les racines s’entremêlent. Après deux ans, ils couchent les totoras au sol pour qu’ils forment un parterre uniforme sur lequel il est possible de marcher. En séchant, cela forme un vrai sol de paille spongieux qu’il faut ensuite réapprovisionner plusieurs fois par an ! L’île est ensuite prête à être habitée !
Évidemment, nous dit Yordi, chaque île possède des amarres ! Sinon, elles dériveraient sur le lac en suivant le courant et alors, Yordi et sa famille se réveilleraient en Bolivie… sans passeport ! C’est, de toute évidence, sa blague phare 😆
Les maisons aussi sont en totoras ! Chaque île accueille 4 ou 5 familles d’un même clan. Ainsi, Yordi partage une maison avec sa famille et l’île avec sa mère, son frère et sa famille et sa sœur et sa famille. Ils vivent de façon très sommaire et possèdent l’électricité grâce à des panneaux solaires mis en place par la communauté. La cuisine se fait dans un four en terre cuite surélevé par rapport au sol, pour éviter de mettre le feu à l’île !
Les barques traditionnelles aussi sont en totoras ! Si de nos jours, chaque famille possède un bateau à moteur, certaines d’entre elles conservent encore des embarcations traditionnelles dans lesquelles ils promènent les touristes moyennant quelques soles supplémentaires. Allez, on embarque ! Yordi, qui n’a qu’une paire de bras, demande à maman de prendre les rames. La voilà alors en train de pagayer sur le lac Titicaca pour faire avancer une encombrante et lourde embarcation traditionnelle. C’est dur ! Elle pousse de toutes ses forces, mais rien n’y fait, on recule plus qu’on avance. Allez, plus fort ! Elle redouble d’effort et tout à coup, ça y est, le bateau avance ! Quel exploit, quelle fierté, quelle joie ! 💪 Jusqu’à ce qu’un bruit suspect attire notre attention : un bateau à moteur, accolé à notre embarcation rustique, nous pousse ! 🤣 Bon allez, on salut l’effort quand même ! 😜
Yordi nous emmène ensuite sur l’île capitale des îles Uros, une grande île avec restaurant, buvette et vendeuses de souvenirs. En effet, si les Uros ont longtemps vécu coupé du monde, ils ont maintenant découvert le filon du tourisme, bien plus rentable que la vente de poisson ou de produits artisanaux en ville.
Yordi nous emmène également sur l’île de l’école. On a le privilège d’entrer dans une salle de classe. C’est le week-end, alors les enfants ne sont pas là, mais on peut aisément deviner l’ambiance de la classe : un problème au tableau, des affiches de protection de la planète, un schéma du corps humain, des écritures d’enfants, l’alphabet et les chiffres au mur dans les deux langues : espagnole et aymara. Yordi nous apprend qu’une trentaine d’enfants fréquentent l’établissement. On imagine sans peine les embouteillages de bateaux au moment de déposer tout le monde le matin 😅
Après cette visite enrichissante, Yordi nous ramène sur la terre ferme et on se sépare. Nous prenons la direction du marché local, où il est possible de déguster du poisson fraîchement pêché dans le lac. Après s’être perdus dans le dédale d’allées du marché, nous trouvons le « rayon » restaurants. Pour choisir, on utilise notre technique infaillible habituelle : choisir celui qui débite le plus ! 🧐 Là, on se fait servir d’énormes tranches de truite bien grasse accompagnée de pommes de terre. C’est excellent… du moins au début ! On sort de là bien écœurés !
Après un rapide détour par un belvédère de Puno pour admirer le lac depuis les hauteurs…
… on retourne à l’embarcadère. En effet, nous avons rendez-vous avec Cesar à 16 heures. On profite du quart d’heure péruvien pour admirer le lac et l’habituel orage de fin de journée en cette période de l’année.
À 16 h 20, Cesar arrive enfin à bord de son bateau à moteur. Ce soir, nous allons dormir sur son île. C’est l’idée de maman, qui souhaitait passer une nuit sur une île flottante. Des tours touristiques offrent cette opportunité, mais on ne voulait pas se retrouver au milieu d’une mise en scène forcée où les locaux se déguisent pour danser devant des touristes ravis. Alors, pour l’occasion, nous avons déboursé plus que d’habitude pour nous offrir une nuit chez l’habitant. Et on n’est pas prêts de le regretter ! En effet, Cesar nous emmène chez lui, dans une baie du lac Titicaca très paisible. Là, sur son île familiale, se côtoient une petite maison sommaire en totora où il vit avec sa femme et son fils et… un magnifique chalet en bois très luxueux.
L’endroit est tout simplement in-cro-ya-ble. Depuis le lac, on a peine à en croire nos yeux. Cet endroit est bien trop luxueux pour nous ! Et lorsqu’on débarque sur l’île, on y croit encore moins ! Cesar nous présente notre logement : une vaste pièce agréablement chauffée par le soleil de la journée, avec deux lits immenses, des fauteuils confortables qui font face au lac, une douche chaude, des toilettes sèches. L’intérieur du chalet est ouvert sur le lac grâce à d’immenses baies vitrées. C’est tout simplement magnifique, plus luxueux que tout ce que nous avons fait jusqu’à présent durant le voyage. À l’exception peut-être de notre nuit au lodge Savegre au Costa Rica.
La soirée se passe tout en douceur à mesure que le soleil se couche lentement sur le lac. On profite du lit extérieur, des chaises longues et des plaids pour admirer le paysage, dont la quiétude est particulièrement apaisante. Puis on passe un moment de partage incroyable avec Cesar et sa famille. Assis à même le sol de totoras, devant leur maison en totoras, sur leur île flottante de totoras, on passe un long moment à discuter et à échanger dans le jour déclinant.
Le fils du couple, Gael, 2 ans, est adorable et il nous fait bien rire. Il court sur les totoras, chancelant à moitié sur le sol inégal et éclate de rire quand il trébuche et tombe à la renverse. Puis il se précipite sur nous et se jette dans nos bras dans un grand éclat de rire. Trop mignon ! Quel sang froid de la part des parents que de le voir courir partout, jusqu’au bord de l’île, où il n’y a aucune protection et où le lac, nous disent-ils, fait 20 mètres de profondeur ! Nous, on a le cœur qui fait un bond à chaque fois qu’on le voit s’approcher du bord !
Lorsque la nuit tombe, on rentre « chez nous » et, une heure plus tard, on se fait servir un excellent repas de truite, galettes de pommes de terre et légumes, ainsi que du thé. Cesar nous allume même le chauffage d’appoint pour qu’on n’ait pas froid. Qu’est-ce qu’on est bien. On passe ainsi une douce soirée. Et pour la nuit, on dort rideaux ouverts sur le ciel étoilé et sur le lac Titicaca. Que demander de plus ?
Dimanche 03 décembre
Quelle nuit nous avons passé dans ce chalet, dans ce lit immense ! C’est simple, je n’ai pas vu Rémi de la nuit 🤣 Ça nous change du Jeep ! Au matin, le soleil se lève sur le lac Titicaca et on est aux premières loges depuis les fauteuils et les chaises longues. C’est calme, paisible, seul le chant des oiseaux vient perturber le silence ambiant. On aimerait rester là un mois entier ! Cesar nous emmène le petit-déjeuner à domicile. C’est copieux et super bon, de quoi bien nous remplir le ventre pour la journée qui nous attend.
Il nous propose ensuite de faire un tour dans son embarcation traditionnelle, la même que celle de Yordi. Sauf que cette fois-ci, pas de bateau à moteur pour pousser, c’est Cesar qui manœuvre. On avance doucement sur le lac, en silence. C’est tellement beau et paisible ! Cesar nous montre comment il cueille les totoras dont il se sert pour tapisser le sol de son île. Il nous explique également que le totora a aussi des propriétés médicinales, pour apaiser le mal de tête notamment, et qu’il peut aussi se manger cru ! C’est comme goûter la racine blanche d’un brin d’herbe !
À 10 heures, il est l’heure pour nous de quitter Cesar et sa famille pour retrouver la civilisation. Gael chouine, il aimerait bien nous accompagner aussi. Alors, lorsque son père l’appelle, le voilà qui court -laborieusement- sur les totoras de son île et qui escalade le bateau, ravi. C’est parti !
30 minutes plus tard, c’est l’heure difficile des aux revoir. Nous avons passé un moment exceptionnel sur cette île Uros familiale, avec Cesar et sa famille, qui restera gravé dans nos mémoires. On prend la route vers de nouvelles aventures, loin de la fraîcheur et de la beauté tranquille du lac Titicaca. Et de nouvelles aventures, on va en vivre une belle ! Belle et intense, très intense, dans l’incroyable canyon de Colca.
2 comments
J’ai adoré cette façon de faire du tourisme : éviter les agences de voyages et contacter directement l’habitant pour que notre dépense soit directement pour lui et sa famille. C’est la façon habituelle de faire de Natacha et Rémi et c’est idéal, j’adhère.
Je voulais aller sur le lac Titicaca ✅
Je voulais dormir sur une île flottante ✅
La rencontre avec Yordi a été instructive sur la façon de vivre du peuple Uros, la construction des îlots, la rusticité de cette vie, la simplicité et le minimalisme des besoins. Quel fossé avec notre monde !!
La soirée et la nuitée sur l’îlot de César a été extraordinaire. J’avais rêvé de ça, je l’ai eu au centuple. Quelle beauté cette chambre d’hôte, quel régal le repas du soir et du petit déjeuner ! Nous avons été reçus comme des hôtes de prestige. La sérénité du lieu, la beauté du cadre, le calme de l’environnement, le clapotis de l’eau, tout cela a été une parenthèse enchantée inoubliable. Et ces immenses baies vitrées pour nous permettre de profiter au maximum de cette belle vue sous tous les angles, sont un enchantement.
C’est toujours un bonheur incommensurable de réaliser un rêve. Depuis que je suis au Pérou, j’en ai coché beaucoup et ce n’est pas fini…
Mamie
Impressionnant les constructions que l’on peut faire sur ces îles flottantes. Magnifique … et ce petit Uros est franchement “trognon”.
bisous