Sans aucun doute, le trek de Santa Cruz restera une des plus belles randonnées et une des plus incroyables aventures de notre voyage de 2 ans à travers les Amériques. 3 jours, 53 kilomètres, un col à 4 780 mètres d’altitude et les plus hauts sommets du Pérou : on t’emmène au cœur de la Cordillère Blanche sur le mythique trek de Santa Cruz 🥾
Jeudi 09 novembre 2023
7 heures tapantes. Une fois n’est pas coutume, nous sommes prêts à l’heure prévue ⏰. Nous avons réussi à caser tout notre équipement dans et sur nos deux backpacks : des affaires chaudes, de quoi manger pendant 3 jours et tout le nécessaire de camping. Seule l’eau manque à l’appel. Mais grâce à notre filtre, on pourra se réapprovisionner directement sur le sentier de randonnée, ce qui nous allège beaucoup ! Petite photo de début de trek et on part attraper un tuk-tuk pour rejoindre le centre-ville. Jeepy lui, reste au camping de Caraz !

Depuis le centre-ville de Caraz, nous prenons un collectivo. Pour 20 soles par personne (5 €), on se fait emmener à Cashapampa, à 2 900 mètres d’altitude, en 1 heure de piste chaotique. C’est là que se situe le départ du trek. Là, on paye 3 jours de droits d’entrée au parc national Huascaran (60 soles par personne, 15 €). On achète ensuite quelques feuilles de coca séchées, qu’on consommera en infusion pour aider notre organisme à mieux supporter le mal des montagnes. Et puis… c’est parti !

On s’élance au creux de la vallée de Santa Cruz, qui s’enfonce entre d’impressionnantes parois rocheuses. Des locaux à Caraz nous ont conseillé de faire le trek dans ce sens-là plutôt que dans l’autre sens. Selon eux, le paysage est plus beau dans ce sens-là, car on va marcher face aux montagnes. Par contre, nous ont-ils prévenus, « dans ce sens-là, c’est plus beau mais plus dur ! ». En effet, nous allons effectuer la majorité du trek en montée ! On était prévenus, et pourtant, les premiers kilomètres, qui ne font que monter, sont difficiles. Par contre, niveau paysage, on est servis dès les premiers kilomètres !




À la première occasion, on fait le plein d’eau dans la rivière. Une eau bien fraîche et pure qui coule dans la vallée depuis les glaciers de la Cordillère Blanche ! On utilise quand même un filtre, histoire de ne pas se rendre malade. On remplit seulement une poche à eau de 2 litres, car nous aurons accès à la rivière régulièrement pendant le trek et on ne veut pas trop se charger en eau.

Dans l’après-midi, la vallée commence à s’élargir et on débouche dans une vaste plaine. Des ânes, des vaches et des chevaux paissent tout autour de nous et nous regardent passer d’un air curieux. Au milieu de nulle part, un berger nous salue. Il garde les troupeaux et vit dans une petite cabane de pierre tout ce qu’il y a de plus sommaire. On profite de l’endroit pour faire une pause. Les sacs pèsent lourd sur les épaules et les hanches et, bien que ce soit le premier jour, on souffre déjà ! 🥵




On aperçoit les premiers pics enneigés de la Cordillère Blanche. Cette chaîne de montagnes est la plus haute chaîne de montagnes tropicale au monde. Elle abrite aussi le plus haut sommet du Pérou, le Huascaran, 6 768 mètres et aussi le Santa Cruz, 6 259 mètres ! Le trek de Santa Cruz est cerné de sommets de plus de 6 000 mètres, qui se dressent de chaque côté de la vallée dans laquelle nous évoluons. C’est très impressionnant, et surtout magnifique.




C’est épuisés que nous atteignons la lagune Jatuncocha. Nous avons parcouru 16 kilomètres et 1 000 mètres de dénivelé positif en 7 h 30 de marche. L’endroit est parfait pour camper, au bord du lac mais abrité du vent et face au mont Quitaraju, dont le sommet enneigé culmine à plus de 2 kilomètres au-dessus de nous, à 6 036 mètres. Quel soulagement que de déposer nos gros sacs à dos pour de bon !



Mais la journée n’est pas finie : il faut encore installer le campement. On monte la tente en quelques minutes : c’est une tente Quechua louée dans une petite échoppe de Caraz. Elle est très légère et super confortable. Bon, pas aussi confortable que notre tente de toit dans laquelle on dort depuis 18 mois, mais ça fera l’affaire 😜 Les tapis de sol sont très fins mais ultra légers. Quant aux sacs de couchage, ce sont les nôtres, qu’on utilise occasionnellement depuis le début du voyage quand les températures chutent. Avec une température de confort de -19°, on ne risque pas d’avoir froid cette nuit ! D’ailleurs, la température est plutôt clémente ce soir. Ensuite, on va chercher de l’eau au lac pour cuisiner. Au menu : nouilles chinoises et tisane de feuilles de coca. On ne souffre pas de l’altitude, mais on dormira mieux cette nuit 😁




À 19 heures, la nuit est tombée et on s’installe confortablement dans la tente, au chaud dans nos sacs de couchage. Nous sommes épuisés mais heureux d’être ici, ensemble, au milieu de nulle part !
Vendredi 10 novembre
On ne peut pas dire qu’on a bien dormi, mais on a dormi. Les tapis de sol sont light dans tous les sens du terme 😅 Au petit jour, on fait chauffer de l’eau pour le thé/café et on prend un copieux petit-déjeuner d’avoine, fruits secs et bananes. Une grosse journée de marche nous attend aujourd’hui et on a besoin de forces ! En effet, nous avons décidé de faire le trek de Santa Cruz en trois jours et deux nuits, au lieu du traditionnel quatre jours et trois nuits. Il va donc falloir être efficace aujourd’hui et enchaîner les kilomètres. Un peu avant 8 heures, tout est plié et on s’élance sous un soleil matinal flamboyant et un magnifique ciel bleu !



Après quelques minutes, on croise un groupe de randonneurs. Ils sont accompagnés d’un guide, mais surtout de mules ! Ah ben ça, on aimerait bien leur en emprunter une, histoire de s’alléger un peu 😆 Hormis un randonneur solitaire croisé hier, ce sont les premières personnes qu’on croise ! Nous sommes hors saison et il y a peu de personnes à cette période sur le sentier. Tant mieux pour nous !


Après un échauffement de 2 kilomètres sur du plat au fond de la vallée, on traverse la rivière et on entame la première ascension du jour : près de 5 kilomètres de montée. Lacets après lacets, on prend rapidement de la hauteur. Quelle vue !



Au point de vue Alpamayo, nous devons prendre une décision. Ici, on peut soit continuer le trek de Santa Cruz, soit faire un détour pour aller admirer la lagune Arhuaycocha. Cela représente un détour de 9 kilomètres et 300 mètres de dénivelé positif. Or, comme nous avons décidé de faire le trek en 3 jours, si nous faisons ce détour, notre journée de randonnée s’en voit considérablement allongée. On hésite, mais finalement on décide d’y aller. On n’a qu’à marcher plus vite ! 😅 Mieux encore : comme le chemin pour aller à la lagune est un aller-retour, on planque un backpack et les affaires les plus lourdes et encombrantes dans les fourrés au bord du chemin. C’est donc bien allégés qu’on s’élance en direction de la lagune.

Rapidement, on se rend compte qu’on a fait le bon choix, même si on vient de rallonger notre marche du jour de 9 kilomètres. En effet, la vallée qui nous conduit jusqu’à la lagune est parmi les plus beaux paysages du trek. On en prend plein les yeux !







Plus encore, la lagune Arhuaycocha est à couper le souffle. Nichée au creux des montagnes à 4 400 mètres d’altitude, elle brille d’un bleu laiteux incroyable, qui nous rappelle les plus beaux lacs des Rocheuses canadiennes. Définitivement, à qui se poserait la question, le détour vers la lagune vaut largement le coup !




De retour de notre aller-retour à la lagune, on récupère nos affaires (oui, elles sont toujours là 😆) et on reprend le trek. Il est midi et nous avons encore beaucoup de kilomètres à parcourir et un col à gravir avant d’arriver au campement que nous avons repéré sur nos cartes. Pas le temps de chômer ! Le sentier est relativement plat sur cette partie du trek, alors on en profite pour allonger le pas.

On prend néanmoins le temps d’admirer le paysage et de s’en imprégner. On le savait avant même de s’y rendre, mais qu’est-ce que cette région du Pérou est belle ! La Cordillera Blanca et ses pics enneigés nous offrent un spectacle qu’on était loin d’imaginer. Nous sommes au cœur des Andes telles qu’on les a toujours rêvées : des pics inaccessibles recouverts de neiges éternelles, des lacs nichés au creux des vallées, une végétation rase parsemée d’animaux en train de paître. Bref, c’est à couper le souffle !




Depuis le début du trek, nous sommes suivis par un chien errant. Je l’ai baptisé Trek. Il nous suit vaillamment partout. Alors, on lui donne à manger de temps en temps : un bout de pain, de jambon ou le reste des pâtes. Très farouche, il ne se laisse pas approcher mais ne nous quitte plus !




Il est 15 heures et nous faisons face à la montée qui doit nous mener au col de Punta Union, à 4 780 m. C’est le point culminant du trek de Santa Cruz. C’est seulement 2,4 kilomètres mais 400 mètres de dénivelé positif. Or, nous avons déjà toute une journée de randonnée dans les pattes et surtout nos énormes sacs à dos qui nous scient les épaules et les hanches. Si on veut terminer le trek demain avant midi (heure à laquelle passe le dernier collectivo de la journée), nous devons absolument franchir le col aujourd’hui et camper dans l’autre vallée. Laborieusement, on s’élance. La montée est un calvaire. On atteint le col après 2 heures de marche ponctuée de nombreuses pauses.



Entretemps, des nuages menaçants ont envahi la vallée. Alors on dévale le sentier rapidement -mais prudemment- pour redescendre jusqu’au campement, où on arrive 1 heure plus tard. À bout de force après cette journée de 9 h 30 de marche et 21 kilomètres, on installe la tente au bord d’un petit lac à 4 426 mètres d’altitude. On n’avait plus dormi aussi haut depuis le volcan Chimborazo en Équateur. Les premières gouttes se mettent à tomber alors qu’on monte la tente et le temps de se réfugier à l’intérieur, c’est une véritable averse qui s’abat sur nous. Alors là, on aurait bien aimé avoir notre auvent pour s’abriter ! 😅 Rémi se sert d’un bout de carton sous lequel il dissimule le réchaud le temps de cuire les nouilles. On mange à l’abri sous la tente et à 19 heures, on est prêts à aller au lit. Complètement épuisés.

Samedi 11 novembre
Il a plu à verse toute la nuit. Pire encore, on a subi un violent orage. Sous la tente à 4 400 mètres d’altitude, on ne faisait pas les malins ! 🫨 Entre l’altitude, le bruit de la pluie et du tonnerre et l’inconfort, autant dire qu’on a peu dormi ! Au matin, il pleut encore. On déjeune sous la tente sans prendre la peine de faire chauffer de l’eau. Puis c’est sous la pluie qu’on plie la tente et qu’on se prépare à partir. Tout est trempés, nous les premiers ! Mais nous devons parcourir 16 kilomètres avant midi afin d’attraper le dernier collectivo de la journée en partance pour Caraz. Il est 7 heures, autant dire qu’on n’a pas de temps à perdre !


Après quelques kilomètres, la pluie s’arrête enfin. Malheureusement, les nuages sont bas et ne nous permettent pas d’admirer la vallée et les hauts sommets.


Après 4 heures de marche en descente, nous quittons le parc national Huascaran. Encore quelques kilomètres et nous apercevons nos premières habitations. Le retour à la civilisation ! Midi approche à grands pas, mais le village de Vaqueria, qui marque officiellement la fin du trek de Santa Cruz pour nous, semble encore loin. Surtout, il est haut ! 600 mètres plus haut, très exactement. On le sait, une terrible montée bien raide nous attend pour terminer le trek en beauté 🥴 Alors on reprend des forces, car on en a bien besoin !


En effet, l’ascension jusqu’au village semble avoir été créée pour nous achever. À bout de force, on atteint la route après plus d’une heure. Il est presque 12 h 30… Déçus, on se présente dans une petite échoppe pour acheter du coca (la boisson, cette fois-ci 😀). Là, le tenancier nous annonce qu’un collectivo pour Caraz passe à 13 heures. What ? Mais on pensait que le dernier était à midi ! Ah, le Pérou. Et en effet, 30 minutes plus tard, un collectivo déboule à toute allure dans un nuage de poussière. Les sacs à dos sont chargés sur le toit. Mais le périple n’est pas fini ! 3 heures de route, un col à 4 000 mètres et la piste en lacets la plus vertigineuse que nous ayons jamais empruntée nous emmènent à Yungay. De là, un autre collectivo nous ramène à Caraz en 15 minutes pour 75 cts.
Après avoir mangé un poulet-frites au village, rendu notre équipement et pris une douche chaude au camping, on s’écroule dans la tente (la nôtre !) à 20 heures. Ah, que c’est bon de rentrer chez soi après un tel périple 😊 Aussi, la tente de toit ne nous a jamais paru plus confortable ! 🤪
8 commentaires
Magnifique ! Que la montagne est belle !!!!
Très beau reportage, et de magnifiques photos !
Continuez de nous enchanter ainsi, bisous à tous les deux
Que c’est beau, magnifiques paysages, on ne se lasse pas de regarder ces belles photos.
Mamie
Magnifique, que c’est beau !!! Quel périple avec un tel chargement sur le dos faut être motivé et en condition.
Je suis de tout cœur avec vous pour continuer d’admirer de tels paysages.
Grosses bises.
Punaise, je suis épuisée de lire ce périple. Mais que ça veut le coup de souffrir un peu pour admirer de tels paysages !! La montagne 🏔️🏔️ est magnifique. Bravo pour cette ascension de l’extrême, quel courage et qu’elle performance, vous êtes en super forme…
Bisou.
Tout cela nous rappelle d’excellents souvenirs. En faisant le tour de l’Alpamayo en 2005 (avec deux ânes pour porter notre barda pendant une dizaine jours), nous étions passés par là et la Punta Union, c’est pas de la tarte ! Mais la cordillère des Andes est tellement belle dans ce secteur qu’on en oublie les douleurs 😉. Continuez bien et prudence sur les pistes péruviennes si vous y êtres encore.
Amical souvenir depuis le Cambodge
Nous venons d’effectuer le trek de Santa Cruz en autonomie sur 3 jours. Ça vaut vraiment le coup et permet de s’approprier vraiment le parcours selon sa forme, météo, envie. Aucune difficulté pour camper ou trouver son chemin.
Nous avons fait le choix d’enchaîner le trek de la Laguna 69 avec le Santa Cruz :
– achat d’un billet pour laguna 69 en tour opérateur
– colectivo jusqu’à Vaqueria
– retour à Huaraz par 2 colectivos (Cashapampa – Caraz – Huaraz pour 20+10 sol / pers)
Nous recommandons de dormir à l’auberge de la casa de piedra, les
Salut Julien ! Merci pour ton retour sur le trek de Santa Cruz. On a adoré ce magnifique trek à travers les montagnes péruviennes, on espère que vous vous êtes régalés aussi !