Après 15 mois de voyage sans difficulté pour le Jeep, ce qui devait arriver arriva ! En voulant trouver un beau bivouac en bord de plage sur la péninsule d’Azuero, on s’embourbe dans plusieurs centimètres de boue. C’est le moment de dégainer nos armes de combat, les plaques de désensablage ! C’est sûr : on ne pourra plus répondre « jamais ! » à la question mille fois posée : vous vous en êtes déjà servi ?
Samedi 22 juillet 2023
Après notre journée de route à la découverte des montagnes du centre du Panama, nous arrivons en fin d’après-midi au parc national de Sarigua. L’entrée est gratuite, mais une petite « donation » officieuse au gardien est appréciée. Soit. Visiblement, il vient de pleuvoir. Le temps de rejoindre le bivouac, le Jeep est repeint d’une boue rougeâtre bien collante.
L’endroit est tout de même sympa. À part un troupeau de vaches qui nous regardent d’un air curieux, on ne voit personne de la soirée et on peut déplier tranquillement la tente de toit pour une nuit au calme.
Dimanche 23 juillet
Direction la péninsule d’Azuero sur la côte Pacifique. La route est en parfait état et on arrive rapidement à Chitré, la grande (et seule) ville du coin. Un passage en ville ne nous donne pas envie de nous y arrêter, alors on continue vers le Sud de la péninsule. On sait qu’il n’est pas possible de faire le tour de la péninsule d’Azuero par la route, il faudra repasser par ici à notre retour. Mais jusqu’ici, la route est belle. On s’arrête à plusieurs reprises pour admirer les belles et vastes plages du Pacifique.
L’intérieur des terres offre aussi des paysages magnifiques. Les pâturages et les champs d’un vert éclatant s’étendent sur des kilomètres. On traverse même des rizières ! Ça nous rappelle nos voyages en Indonésie 😍 Le vert des rizières est toujours splendide. On adore !
Et bien sûr, on ne serait pas en Amérique Centrale sans quelques traversées de ruisseaux, de rivières et de marres de boue !
On compte bien atteindre le bout de la route et trouver un beau bivouac sur la plage ! Mais à mesure qu’on approche de la fin, la route se transforme en chemin, qui se transforme en trail. On approche d’un lit de rivière. Ça devient boueux. Très boueux. Visiblement, il n’y a pas si longtemps, la rivière a dû déborder de son lit et inonder l’endroit. On hésite à continuer. Mais nous ne sommes plus qu’à quelques mètres d’un spot de rêve sur la plage, on ne peut pas renoncer maintenant ! 😣 On prend de l’élan, on s’élance et… c’est la cata.
Arrêté net dans son élan, JP s’embourbe. Aïe. Impossible de continuer. Les quatre roues patinent dans le vide dans plusieurs centimètres d’une boue bien molle et bien collante 😬 La seule solution est de faire marche arrière et d’essayer d’atteindre un terrain où la boue semble plus dure et moins profonde. On coince des branches sous les roues avant pour donner du grip et on tente une marche arrière. Le Jeep s’extrait laborieusement, recule et s’embourbe encore plus profondément quelques mètres plus loin !
L’heure est grave. Rémi nous voit déjà perdus, à passer la nuit ici au milieu des moustiques en attendant d’aller chercher de l’aide demain matin 😅 Mais il nous reste une ultime arme pour se sortir de là sans aide : les plaques de désensablage ! C’est le grand jour pour elle ! Après 15 mois de voyage, elles vont enfin servir. On creuse derrière les roues avant, on glisse les plaques et c’est parti ! 🤞
Après plusieurs essais infructueux, les pneus agrippent enfin sur les plaques et le Jeep monte dessus. On reprend espoir. Un peu de puissance et on recule jusqu’à un terrain un peu moins boueux.
Mais dans la précipitation, Rémi fonce dans les branches basses d’un arbre, et ce sont des branches qui piquent ! Pas le choix. Histoire de protéger la bâche de la tente, on sort la scie. Mais on est sortis de la boue ! Il faut maintenant rejoindre le sentier. On glisse les plaques à l’avant, histoire d’assurer le coup. Grosse accélération et après 45 minutes de lutte, JP est sorti d’affaire ! 🥳 On laisse derrière nous un terrain retourné !
Bon du coup, on renonce à ce spot-là et on part en trouver un autre plus facile d’accès 😅 On s’installe sous les amandiers, qu’on inspecte scrupuleusement à la recherche de paresseux. Mais soit ils sont bien cachés, soit ils ne sont pas là. JP est couvert de boue et nous aussi ! Une bonne douche s’impose.
Lundi 24 juillet
La nuit a été calme et chaude sur notre petit bout de plage. On profite de la matinée pour cuisiner de délicieux beignets de banane, se baigner une ultime fois dans l’océan Pacifique, se rincer dans la rivière, prendre des photos. On approche à grands pas de Panama City et on vit nos derniers instants de bivouac sur la plage en Amérique Centrale.
Sur la route du retour, on doit retraverser la rivière. On profite donc de l’eau à volonté pour rincer et laver le Jeep. Une grosse casserole, un chiffon, de l’huile de coude et c’est parti ! En quelques minutes, JP brille de nouveau.
On quitte ensuite la péninsule d’Azuero, non sans rencontrer quelques embouteillages !
Mardi 25 juillet
Après quelques heures de route depuis la péninsule d’Azuero, c’est en début d’après-midi qu’on arrive à El Valle de Antón. Ce petit village est niché dans le cratère d’un ancien volcan, à 600 mètres d’altitude. On s’arrête en ville le temps de manger un riz-poulet-haricots dans une fonda, puis on se rend au camping. C’est un très joli coin dans la forêt, au milieu des oiseaux et des paresseux. On est rejoints dans la soirée par Jeff et Julie, les motards qu’on n’avait plus revus depuis Antigua ! C’est dire si on a des choses à se raconter !
Mercredi 26 juillet
Depuis la vallée, on remarque que la montagne dessine les contours d’une femme allongée. Cette femme, c’est la India Dormida. Une légende raconte que cette fille d’indien, suite à un chagrin d’amour, s’est allongée dans la montagne pour y mourir. Sa silhouette est gravée sur les crêtes de la montagne.
Un chemin de randonnée, accessible après avoir payé les 3 $ de frais d’entrée, permet de monter sur la India Dormida. La première partie se fait dans la jungle sombre et humide, puis on débouche petit à petit sur la crête.
Depuis le front de la India Dormida, la vue sur la vallée et la ville est magnifique. Tous les bruits du village nous parviennent clairement : les klaxons des voitures, les aboiements des chiens, le chant des coqs, le croassement des grenouilles.
On marche le long de la crête, on descend dans le creux du cou puis on remonte sur la poitrine. Et de là, on redescend jusqu’au village.
Après cette petite pause fraîcheur à El Valle de Antón, il est temps de prendre la route. Direction la mythique capitale du Panama : Panama City pour une semaine riche en stress, en intensité et en émotion…
2 comments
Félicitations pour être sortis victorieux de cette boue ! Nous aussi on a notre femme allongée que je vois de ma fenêtre. Une histoire d’amour déçu aussi … 😆
Ho punaise, j’avais envie de pousser le jeep pour vous aider à sortir de cette boue !!! 🙂
J’adore les légendes, on voit bien la silhouette de cette jeune fille aux amours déçues. Muriel, tu me montreras la tienne et tu me raconteras l’histoire.
Bisous.