Le bouchon de Darién, tu connais ? C’est cette région infranchissable entre le Panama et la Colombie qui fait qu’il n’y a pas de route entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud ! Pas de route ? Mais alors, comment on fait pour shipper un véhicule du Panama à la Colombie ?
Table of Contents
- Pourquoi est-il impossible de relier l’Alaska à la Patagonie par la route ?
- Comment shipper un véhicule du Panama à la Colombie en 2023 ?
- Combien de temps pour le shipping d’un véhicule du Panama à la Colombie ?
- Combien coûte le shipping d’un véhicule du Panama à la Colombie ?
- En route vers l’Amérique du Sud et Ushuaia !
Pourquoi est-il impossible de relier l’Alaska à la Patagonie par la route ?
Sais-tu qu’il est impossible de traverser le continent américain du Nord au Sud ou du Sud au Nord entièrement par la route ? Mais… et la mythique route panaméricaine, alors ? 🤔 Celle qui mène les voyageurs de l’Alaska à Ushuaia (ou inversement) et qu’on suit depuis 15 mois ? Eh bien non ! La panaméricaine s’interrompt sur une centaine de kilomètres entre le Panama et la Colombie. Et cette interruption, c’est le Darién Gap. Le bouchon de Darién en français.
Mais alors, le Darién Gap, c’est quoi ?
Le Darién Gap, c’est une zone sauvage située entre l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud. Du côté panaméen, la zone est constituée d’une forêt tropicale dense et montagneuse pouvant atteindre plus de 1 800 m d’altitude. Côté colombien, la région est dominée par une zone de marécages et de marais de 80 kilomètres de large infestés de moustiques. La région est tout de même habitée par plusieurs ethnies indigènes… mais aussi par des groupes rebelles colombiens (notamment les FARC il y a quelques années. Attention, les FARC sont maintenant un parti politique ayant rendu les armes !). Or ce bouchon de Darién, c’est la seule région des Amériques où s’interrompt totalement la Panaméricaine. Cela représente une portion totalement infranchissable de 100 kilomètres à vol d’oiseau, ou environ 130 kilomètres d’une potentielle route.
Le Darién, vraiment infranchissable ?
Eh bien… oui et non 😁 En voiture, après plusieurs échecs successifs, le premier franchissement intégralement par voie terrestre du Darién Gap a eu lieu en Jeep en 1985…ou plutôt de 1985 à 1987. En effet, l’expédition a duré 741 jours ! Soit une moyenne de 271 m par jour pour parcourir 201 kms !
Outre cet exploit mécanique, la région est franchie toute l’année à pied par des migrants souhaitant rejoindre l’Amérique du Nord. Le bouchon de Darién est en effet une des routes migratoires les plus dangereuses au monde. En 2021, près de 100 000 migrants, la plupart Haïtiens ou Cubains, ont franchi la jungle du Darién au péril de leur vie pour atteindre le Panama et à terme l’Amérique du Nord.
Pourquoi n’y a t-il pas de route entre le Panama et la Colombie ?
Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, la construction d’une route du Panama à la Colombie engendrerait un coût astronomique qu’aucun pays ne semble prêt à prendre en charge. Mais le coût n’est pas la seule raison. Des enjeux économiques, environnementaux, migratoires, sécuritaires et sanitaires entrent aussi en jeu. En effet, la construction d’une route permettrait de faciliter le passage des migrants du Sud au Nord, mais aussi de la drogue ou de certaines maladies. Et ça, les États-Unis ne le veulent pas. Ils n’ont donc aucun intérêt à voir une route se construire entre les deux pays. Bref, autant de facteurs qui font que la route Panama-Colombie n’est pas prête de voir le jour.
Mais alors, comment passer du Panama à la Colombie quand on a un véhicule ?
Alors oui, on a un Jeep et il nous permet d’aller partout. Ou presque ! Crois-le ou non, mais on n’est pas très chauds à l’idée de passer deux ans à franchir le Darién Gap 😅 Alors comment faire franchir le Darién Gap à un véhicule de voyage ? Il y a quelques années, il y avait la solution parfaite : un ferry. Simple, rapide et efficace. Malheureusement en 2018, le ferry est arrêté pour des raisons économiques, ce qui ne fait pas notre affaire ! Aujourd’hui, la seule solution est donc de faire shipper le véhicule dans un bateau de transport de marchandises. Un gros porte-containers. Et ça, c’est toute une histoire ! 🥵
Mais pas de panique : shipper un véhicule du Panama à la Colombie n’a rien d’insurmontable. On t’explique ! 😊
Comment shipper un véhicule du Panama à la Colombie en 2023 ?
Début août 2023, lors de notre voyage à travers les Amériques de Montréal à Ushuaia, nous avons envoyé notre Jeep du Panama à la Colombie pour contourner le Darién Gap. Le shipping d’un véhicule vers la Colombie n’a rien d’insurmontable, mais cela demande tout de même un peu d’organisation, de temps (et de finances !). On t’explique ici les différentes étapes pour envoyer un véhicule du Panama vers la Colombie.
Disclaimer : On parle ici du shipping d’un véhicule dans un container pour les voitures, 4×4 ou vans. Pour les camping-cars, picks up avec cellule ou camions d’expédition dépassant 2 m 58 de haut, il va falloir opter pour le RoRo (le véhicule est simplement garé dans le bateau) ou le Flat Rack (poser le véhicule sur un rack ouvert qui sera hissé tout en haut de la pile des containers). Ces solutions sont environ deux fois plus chères (car l’espace utilisé sur le bateau est beaucoup plus important que pour un container) et certaines étapes pourraient différer.
Comment shipper un véhicule du Panama
Trouver un transitaire
Trouver un transitaire pour t’accompagner dans les démarches peut grandement faciliter les opérations et diminuer le niveau de stress. Et bonne nouvelle : cela ne coûte pas nécessairement plus cher ! Nous avons contacté plusieurs transitaires, notamment IVSS, mais aucun n’a été aussi efficace et réactif qu’Overland Embassy. Notre choix s’est donc porté vers eux pour le shipping du véhicule, comme c’est le cas pour la plupart des voyageurs souhaitant envoyer un véhicule du Panama à la Colombie ou de la Colombie au Panama (ou ailleurs !).
Ce qui est bien avec Overland Embassy, c’est qu’ils prennent beaucoup de choses en charge : ils font le lien entre nous, voyageurs, et la compagnie maritime, s’occupent de transmettre nos informations aux autorités, gèrent le chargement des véhicules, gèrent les problèmes qui pourraient survenir (panne sur la route de Panama, problèmes mécaniques, problèmes avec la douane, etc.) et surtout, c’est eux qui s’occupent de nous trouver un Buddy Container. Et vu le nombre de voyageurs qui passent par eux, ce n’est pas un problème !
Mais c’est quoi un Buddy Container ?
Un container, ça coûte cher 💵 (on en parle plus bas). Or, pourquoi payer le prix fort si on peut rentrer deux véhicules dans un container et donc partager les frais ? C’est ça, un Buddy Container. C’est le deuxième véhicule qui va partager le container avec notre Jeep. Overland Embassy s’occupe de faire le lien entre les différents voyageurs souhaitant shipper à la même période, ils mesurent les véhicules pour s’assurer que ça matche et gère le tout. Et nous, de notre côté… ben on n’a rien à faire. Et ça, c’est un gros stress en moins.
Nous avons pris contact pour la première fois avec Overland Embassy lorsque nous étions à Antigua au Guatemala, soit 3 mois avant le shipping du véhicule en annonçant notre désir de shipper en août. On a rapidement reçu un devis. Quelques jours plus tard, une fois la décision prise de passer par Overland Embassy, on a payé un acompte de 150 $ (137 €). Le processus est lancé !
Fixer la date de shipping du véhicule
Mi-juillet, en plein pendant nos aventures en Jeep au Costa Rica, les choses s’accélèrent : Overland Embassy nous envoie les dates de shipping du mois d’août. Il y a une date par semaine. Nous choisissons la date du 1er août, mais suite au désistement de dernière minute de notre Buddy Container, nous nous retrouvons finalement sur le shipping du 8 août. Mais cette date, finalement, importe peu. La date importante qui détermine tout, c’est la date du chargement du véhicule dans le container. Pour un shipping de véhicule le 8 août, la date de chargement est le 02 août. Or, il faut être à Panama City pour gérer les démarches administratives une semaine avant cette date-là, soit le 26 juillet. On prend donc rapidement la direction de Panama City !
Rencontrer le transitaire
Le mercredi 26 juillet 2023 en fin d’après-midi, soit une semaine avant la date de chargement, nous arrivons devant les bureaux d’Overland Embassy, situés en plein cœur de Panama City. Un Defender d’expédition, un Toyota Overland, deux motos de voyageurs sont garés devant les bureaux et un immense camion d’expédition se trouve dans l’entrepôt. Pas de doute, on est au bon endroit ! 😀
On est accueillis par Alejandro et Ana, le couple de voyageurs panaméen qui a fondé Overland Embassy en 2019. L’entrevue est rapide. Après une rapide vérification de nos documents (on avait préalablement reçu une liste de documents à photocopier en plusieurs exemplaires), on part s’installer au bout de la rue, dans le camping Overland Embassy. Oui, car tu vas vite t’en rendre compte, Overland Embassy a tout prévu pour les voyageurs qui transitent par chez eux. Et ça, c’est un gros plus ! Deux toilettes, deux douches, une machine à laver, une kitchenette, du bon WiFi. L’endroit est parfait pour passer les 10 prochains jours ! En plus, dans ce camping, il y a toujours du monde avec qui partager de bons moments !
Mieux encore, Overland Embassy offre aussi des services de logistique. Et ça, pour des voyageurs, c’est le top du top. Nous devions en effet faire venir trois colis des États-Unis. Or, envoyer un colis vers l’Amérique Centrale depuis les US, tu te doutes bien que ça coûte une fortune, surtout quand il s’agit d’amortisseurs bien lourds et bien encombrants. Mais grâce à Overland Embassy, nos trois colis ont transité par leur entrepôt de Miami pour la coquette somme de 3,50 $/pound (3,20 €/0,45kg). Un prix très compétitif ! Rappelons que le colis de 2 kg envoyé par UPS de Managua au Nicaragua vers les US avait coûté 230 $… Nos colis sont donc arrivés au Panama à moindre frais. Tous nos colis ! Et ça, c’est une excellente nouvelle 🥳
On récupère ainsi le kit de réparation de nos chaises Frontrunner, envoyé gracieusement pour réparer une de nos chaises cassées. Les amortisseurs Falcon, envoyés sous garantie pour remplacer l’amortisseur avant qui fuit. Et enfin et surtout : le module de notre batterie Goal Zero, lui aussi changé sous garantie ! Tu te souviens, celui qui avait chauffé et qu’on avait renvoyé vers les US depuis Managua au Nicaragua, il y a 6 semaines. Le voilà enfin entre nos mains. Résultat : après 6 semaines sans aucun produit frais, on va enfin pouvoir rallumer notre frigo (mais après le shipping) ! 🤔
Passer l’inspection des douanes
Ah l’inspection des douanes. Quelle joie administrative ! En entrant au Panama, nous avons obtenu, comme pour chacun des pays précédents, un permis d’importation temporaire du véhicule (TIP), lié au passeport du propriétaire du véhicule. Cela signifie que Rémi ne peut pas quitter le Panama si le Jeep ne quitte pas le Panama. Et inversement. Le problème, c’est que cette fois-ci, Rémi et JP ne vont pas quitter le pays en même temps et par la même porte. Il faut donc faire annuler le TIP du Jeep et obtenir l’autorisation de lui faire quitter le territoire. Et ça, ça se passe à la douane !
Seulement une vingtaine de véhicules par jour peuvent passer par la douane. Et entre les voyageurs et les locaux, ça ne fait pas grand monde. L’astuce est donc d’y être à l’ouverture, soit à 7 h. Depuis le camping, cela représente 30 minutes de route dans les embouteillages de début de journée. Lorsqu’on arrive comme prévu à la douane à 7 h, il y a déjà du monde. On obtient le numéro 9. L’attente commence et on passe le temps en faisant la connaissance des autres voyageurs qui vont shipper leur véhicule le 8 août.
8 heures, toujours rien. 8 h 10, un homme sort des bureaux. Il porte un bureau en bois, qu’il installe à l’ombre. C’est parti ! Quand il nous appelle, il vérifie que nos documents originaux et nos photocopies sont en ordre. Puis il vient vérifier que le numéro d’identification gravé sur le Jeep correspond à celui inscrit sur le TIP. Heureusement qu’on avait fait rectifier les erreurs à la frontière, sinon cela aurait été problématique ! 😬 À 8 h 30, tout est en ordre, nous sommes autorisés à quitter les locaux de la douane.
Récupérer l’autorisation d’exportation du véhicule
Le lendemain matin à 10 h, rebelote. On se présente dans les bureaux de la police, en face de la douane. Après une petite heure d’attente à discuter discrètement avec les autres voyageurs dans la salle d’attente, nous obtenons notre précieux sésame : le permis d’exportation du Jeep. Victoire ! JP va pouvoir quitter le territoire panaméen par la mer ! Rémi obtient un stamp sur son passeport l’autorisant à quitter le territoire panaméen sans son véhicule.
Préparer le véhicule pour le shipping et pour la suite du voyage
Lorsqu’on arrive à Panama City ce mercredi 26 juillet 2023, nous avons quitté Montréal depuis 437 jours, soit un peu plus de 14 mois. Rocheuses, océan arctique, Yukon, Alaska, Ouest américain, Mexique, Amérique Centrale : pendant ce temps, nous n’avons pas chômé ! Nous comptons donc profiter de ces 10 jours d’immobilisation à Panama City pour donner un peu d’amour à nos équipements et à notre Jeep, qui en ont bien besoin après un tel périple !
Changement des pneus
Première étape : le changement des pneus. Ceux-ci ont maintenant plus de 70 000 kilomètres, dont quelque 10 000 kilomètres hors route. Ils ont fait leur temps. Mais on ne change pas une équipe qui gagne : on remplace nos vieux pneus BFGoodrich par de nouveaux pneus BFGoodrich flambant neufs. Avec ça, JP est paré pour l’Amérique du Sud !
Réparations et entretien du véhicule
Décidemment, Overland Embassy a tout compris ! Ils possèdent aussi un garage adjacent au camping pour offrir aux voyageurs des services de réparation et de maintenance. On en a bien profité ! En deux jours de travail, Alejandro le garagiste pose nos nouveaux amortisseurs avant, installe un coupe-circuit entre la batterie Goal Zero et le module pour éviter une nouvelle surchauffe, change les plaquettes de freins, resurface les disques de freins et répare le ball joint. On va ainsi pouvoir repartir sur la route en Colombie l’esprit tranquille 😊
Nettoyage de l’intérieur du véhicule
La dernière fois que nous avons vraiment nettoyé l’intérieur du Jeep ? Euh, à Montréal ! Cette fois-ci, on n’y coupe pas, il est temps de faire le grand ménage. Il nous faut une journée entière de labeur pour vider l’intégralité du Jeep, nettoyer de fond en comble l’arrière et le poste de pilotage, entretenir le cuir des sièges, nettoyer les outils de la caisse de toit qui ont commencé à rouiller et passer l’aspirateur sous les sièges, choses que nous n’avions jamais faites depuis le début du voyage 😬 Bref, un grand nettoyage de mi-parcours qui fait du bien !
Entretien de la tente de toit
On l’aime notre tente de toit Treeline. Elle est faite pour les grands et longs voyages et c’est pour ça qu’on l’a choisie. Mais elle aussi a besoin d’un peu d’amour, notamment au niveau des joints d’étanchéité. Sur les conseils avisés de Treeline, on profite donc du beau temps pour appliquer une couche de sellant à l’endroit où les anciens joints craquèlent. Avec ça, fini l’eau qui pénètre dans la tente lors des grosses pluies !
Lavage de l’extérieur du véhicule
Enfin, on termine ce parcours du combattant de 10 jours par le lavage complet de l’extérieur du Jeep. Pour le coup, c’est une exigence de notre transitaire Overland Embassy : pour éviter d’éventuelles complications liées à un possible contrôle sanitaire au moment du chargement, le véhicule ne doit pas être sale ou boueux. Et tu le sais, JP et la boue, c’est une grande histoire d’amour. Alors à la douche !
Relâcher la pression avant le Jour J !
Tous ces préparatifs, c’est beaucoup de stress et de fatigue. Mais au camping Overland Embassy, on est beaucoup à partager les mêmes inquiétudes. Quelques jours avant la date fatidique du chargement, le camping commence à se remplir. Entre notre shipping du 8 août qui va voir 6 véhicules prendre le large et l’envoi par les airs des motos la même semaine, il y a du monde. On retrouve notamment nos amis Jeff et Julie. Et on fait la connaissance de nos Buddys Container Aude et Richard, un couple de voyageurs français. Et que se passe-t-il quand des français avides de bonne bouffe rencontrent des australiens rois du barbecue ? Ça part en barbecue de luxe avec en dessert, des ananas flambés. Et flambés pas qu’un peu ! 🤣
Charger le véhicule dans le container
C’est le grand jour à la fois tant attendu et tant redouté du chargement du Jeep dans le container. À 8 h 30, Alejandro nous rejoint au camping pour un court briefing. Nous sommes 6 véhicules. 4 véhicules partent vers Carthagène, en Colombie. 2 véhicules rentrent en Europe, à Hambourg. C’est donc en convoi de 6 véhicules que nous prenons la route, direction le port de Colón, côté Caraïbes. Car oui, histoire d’éviter les frais astronomiques qu’engendrerait un départ de Panama City et donc une traversée du Canal de Panama, les véhicules de voyageurs partent de Colón !
1 h 30 plus tard, nous voilà au port. Trois containers ouverts nous attendent, ainsi que les agents de la douane. Après une rapide vérification des documents, les véhicules sont autorisés à être chargés dans les containers ! Bon, pour certains c’est plus facile que pour d’autres ! 😁 Les deux 4×4 en partance pour l’Europe rentrent sans problème dans le premier container. Mais quand vient le tour du van, ça coince ! Il est 10 cm plus haut que l’entrée du container. En plus d’avoir enlevé tous les accessoires de toit, notamment la VMC, après avoir mis 10 bonbonnes de 10 litres d’eau dans le van pour abaisser l’arrière du véhicule, les 4 pneus sont entièrement dégonflés. Mais ça ne suffit toujours pas ! Allez, tout le monde monte à l’arrière pour faire contrepoids 😅 Centimètre par centimètre, le van franchit enfin l’entrée du container. Victoire !
Puis c’est au tour de JP. On nous laisse la liberté de choisir si on veut le rentrer en marche avant ou en marche arrière. Gros pincement au cœur au moment où notre Jeep se retrouve sur la dépanneuse. C’est la première fois et on espère la dernière fois du voyage qu’il se trouve sur cet engin de malheur ! 😅
La dépanneuse s’aligne avec le container et c’est parti. Marche arrière !
JP disparaît au fond du container, sa maison pour les prochains jours. Coupure du moteur. Rémi s’extrait tant bien que mal. Harnachement au sol du container. Débranchement de la batterie. Et c’est terminé ! ✔️
Puis c’est au tour de Pic Pic, le van d’Aude et Richard, de prendre place dans le container. Pour monter Pic Pic sur la dépanneuse, le treuil est de sortie ! Une fois les deux véhicules bien harnachés, le container est fermé…
… et scellé ! On prend en photo le sceau et son numéro, afin de pouvoir identifier le container à son arrivée à Carthagène. Mais aussi pour pouvoir tracker l’avancée du container pendant la traversée. Pratique ! Les dés sont à présent jetés. JP est en route vers l’Amérique du Sud 😮
C’est en navette qu’on reprend tous ensemble la route de Panama City. Encore une fois, Overland Embassy a tout prévu ! Maintenant que le Jeep est chargé dans le container, nous sommes autorisés à quitter le Panama quand bon nous semble. En effet, pas besoin d’attendre le départ du bateau ! Pour nous, le départ en ✈️ vers Carthagène sera dans 2 jours, après la visite de Panama City !
Comment récupérer un véhicule à Carthagène après shipping
Pour nous accompagner dans les démarches du shipping à Carthagène, c’est Ana qui a pris le relais, la partenaire d’Overland Embassy en Colombie. Grâce à son aide, les démarches ont été étonnamment fluides et se sont enchaînées très rapidement.
Sortir le véhicule du container au port de Carthagène
Le lendemain de l’arrivée du container au port de Carthagène, et avant même d’avoir fait les papiers, nous sommes convoqués au port pour effectuer la sortie du véhicule du container. En tant que propriétaire du véhicule, seul Rémi peut y aller. Et il est accompagné de Richard. Car chose important, les deux véhicules du container doivent sortir du container et quitter le port en même temps. Il est donc essentiel que les deux propriétaires soient sur place ! Pour nous, pas de problème, car nous étions en coloc’ avec Richard et Aude à Carthagène. En quelques minutes, le Jeep et le van sont sortis du container. Mais ils n’ont pas le droit de quitter le port !
Autre chose importante, pour des raisons de sécurité, il est obligatoire de porter des manches longues, un pantalon, des chaussures fermées et un casque de sécurité dans l’enceinte du port. Quand il fait 35°C en plein soleil, tout le monde est content ! 😂
Obtenir le permis d’importation temporaire du véhicule
Pour quitter le port, le véhicule shippé doit obtenir deux documents : le permis d’importation temporaire du véhicule (TIP) et une assurance (en soi, l’assurance n’est pas obligatoire pour sortir le véhicule du port, mais c’est toujours mieux de l’avoir).
L’après-midi même suivant la sortie du véhicule du container, nous nous rendons aux douanes pour récupérer le précieux sésame. Tout est prêt. Ana s’est déjà occupée de faire parvenir tous nos documents. Nous n’avons plus qu’à récupérer le TIP. À ce moment-là, il peut être possible de sortir le véhicule du port, mais nous préférons attendre d’obtenir l’assurance du véhicule. C’est finalement ce qui a pris le plus de temps à Carthagène.
Assurer le véhicule
Pour l’assurance du véhicule en Colombie (le SOAT), c’est également Ana qui s’est occupée de toutes les démarches administratives. Nous avons juste dû aller à l’assurance pour donner les documents nécessaires. On a ensuite reçu un lien de paiement par email et la facture a été payée par Ana, car les étrangers sans compte bancaire colombien ne peuvent pas payer l’assurance. Pour obtenir l’assurance colombienne, nous n’avons patienté « que » 5 jours après la sortie du véhicule du container, week-end compris. L’assurance est liée au TIP et est valable 3 mois.
Payer les frais portuaires
C’est là que ça fait mal ! Les frais portuaires en Colombie coûtent cher. On les paye directement à Ana en même temps que l’assurance. Une fois le paiement effectué, c’est la quille ! Le véhicule est autorisé à quitter le port. Ana nous tend les documents à remettre à la douane et on file directement au port.
Sortir le véhicule du port
Directement après le paiement, Rémi se rend au port avec Richard. À nouveau, ils sont les seuls à être autorisés à entrer dans l’enceinte portuaire. JP n’a pas bougé ! Et il est resté ouvert pendant cette semaine d’attente au port. C’était une instruction des agents portuaires qui nous a fait beaucoup stressés pendant toute la semaine… 😬 (rien n’a été volé). Vérification express des documents et du véhicule et c’est parti ! JP peut enfin fouler le sol colombien, deux jours avant la date prévue 🥳
Combien de temps pour le shipping d’un véhicule du Panama à la Colombie ?
Shipper un véhicule du Panama à la Colombie, soit du port de Colón au port de Carthagène, est l’affaire de 24 heures. Oui, oui, 24 h. Pourtant, nous avons passé 10 jours à Panama City, suivis de 2 semaines à Carthagène. Si la traversée est si rapide, pourquoi alors la durée de la procédure est-elle si longue ? 🤔 Tout est une question d’administration, comme bien souvent, et d’organisation !
En réalité, plusieurs facteurs impactent le calendrier de shipping. Le facteur administratif, évidemment. L’attente est longue pour obtenir les différents documents. Mieux vaut prévoir large et prendre son mal en patience ! Il y a aussi l’organisation d’Overland Embassy. Pour se donner le temps de parer à tout problème, le calendrier d’Overland Embassy est large : ainsi, il faut être à l’inspection des douanes une semaine avant la date du chargement. Et la date de chargement elle-même a lieu une semaine avant la date de départ du bateau. Tout cela entraine des délais plutôt longs. Pareil en Colombie : les différentes étapes de dédouanement, bien qu’elles s’enchaînent rapidement, prennent au moins une semaine.
Résultat : entre l’inspection des douanes à Panama City, première étape du shipping, le 27 juillet jusqu’à la récupération du Jeep à Carthagène le 15 août, 19 jours se sont écoulés.
Par ailleurs, nous avons fait le choix de rester à Panama City tout le temps des procédures, car nous avions beaucoup à faire sur le Jeep, mais il est tout à fait possible de partir visiter les alentours entre chaque procédure. Enfin, nous avions loué un AirBnb pendant 2 semaines à Carthagène, du 4 août au 17 août. Mais nous avons finalement récupéré le véhicule le 15 août, soit 2 jours avant la date estimée ! L’attente est donc longue, mais elle peut être ponctuée d’une belle surprise ! 😉
Calendrier de shipping du Panama à la Colombie
Mercredi 26 juillet – Arrivée à Panama City
Jeudi 27 juillet – Inspection des douanes
Vendredi 28 juillet – Récupération du permis d’exportation du véhicule
Lundi 31 juillet – Achat des billets d’avion pour la Colombie
Mercredi 02 août – Mise en container du véhicule
Vendredi 04 août – Vol vers Carthagène
Mardi 08 août – Départ du bateau du port de Colón
Mercredi 09 août – Arrivée du bateau au port de Carthagène
Jeudi 10 août – Obtention du permis d’importation temporaire du véhicule et sortie du véhicule du container
Lundi 14 août – Obtention de l’assurance colombienne du véhicule
Mardi 15 août – Sortie du véhicule du port
Combien coûte le shipping d’un véhicule du Panama à la Colombie ?
Cher ! 💰 On ne va pas se mentir, shipper un véhicule du Panama à la Colombie coûte cher. La raison est simple : une seule compagnie de fret maritime accepte de prendre en charge les véhicules de voyageurs. Aussi, elle fait un peu ce qu’elle veut en matière de prix ! 😐 À titre de comparaison, un shipping de 24 h Panama – Colombie revient plus cher qu’un shipping d’une semaine Europe – Canada. C’est dire !
Pour shipper dans un container notre Jeep de Colón à Carthagène, le prix total du shipping en août 2023 nous est revenu à 2 292 $ (2 101 €).
Détail du prix du shipping du Panama à la Colombie
💰 1 295 $ (1 187 €) – Shipping (prix d’un container partagé en août 2023), payé à Overland Embassy. Inclus 5 % de frais pour le paiement par carte.
Prestations supplémentaires offertes spécialement par Overland Embassy et incluses dans le prix : une navette pour revenir à Panama City depuis Colón, les deux péages autoroutiers aller-retour entre Panama City et Colón, 2 nuits de camping offertes. À nos yeux, ces petits plus pratiques couvraient la légère différence de prix qu’il y avait entre Overland Embassy et d’autres prestataires.
💰 997 $ (914 €) – Assurance du véhicule colombienne (environ 65 $, soit 60 €) et frais portuaires à Carthagène, payés au partenaire colombien d’Overland Embassy (sans les 5 % de frais, car nous avons payé en cash, soit plus de 4 millions de pesos colombiens !). Oui, les frais portuaires sont outrageusement chers à Carthagène, et on ne sait pas pourquoi.
Attention : les prix affichés ci-dessus pour le container et les frais portuaires à Carthagène sont fortement sujets à changement. À titre d’information, les frais portuaires ont augmenté de 200 $ entre le devis reçu fin mai et le moment du paiement mi-août.
Autres frais annexes à prévoir
💰 249 $ (228 €) – Vol pour 2 personnes entre Panama City et Carthagène avec la compagnie lowcost Wingo (incluant un bagage en soute). Bon à savoir concernant le vol vers la Colombie : nous n’avons pas acheté de (vrais ou faux) billets d’avion retour pour prouver notre sortie du territoire colombien. Les documents de la douane attestant le shipping d’un véhicule du Panama à la Colombie ont suffi aux agents de l’aéroport pour nous laisser embarquer.
💰 272 $ (250 €) – 2 semaines de AirBnb à Carthagène (notre part des frais partagés avec Aude et Richard, nos Buddys Container !)
💰 40 $ (36 €) – 6 nuits de camping à Overland Embassy (10 $ / nuit). 2 nuits de camping sont offertes par Overland Embassy.
💰 20 $ (18 €) – Lavage du véhicule
En route vers l’Amérique du Sud et Ushuaia !
Maintenant qu’on a franchi le bouchon de Darién, nous sommes enfin prêts à reprendre la route en Amérique du Sud ! Le shipping du véhicule du Panama vers la Colombie était une grosse étape de notre voyage et nous sommes finalement contents qu’elle soit dernière nous ! On n’a plus qu’une hâte : partir enfin découvrir la Colombie et le reste de l’Amérique du Sud en direction de notre but ultime : Ushuaia ! 😁 Cheers !
3 comments
Et bien quelle aventure !! Ça fait un break dans le voyage, cela permet de se mettre à jour et de se reposer.
Bonne continuation, bonne route. Soyez prudents.
A bientôt pour d’autres aventures en Colombie.
Bisous
Super article ultra détaillé, merci ! Le coup de laisser le véhicule ouvert à Carthagène c’est la m**** ! Sais-tu si il est possible de laisser que l’avant du véhicule ouvert quand tu as une cellule ? Débrancher les batteries c’est obligatoire ?
Hello ! On a dû laisser ouvert au cas où ils aient besoin de bouger le véhicule donc j’imagine que tu pourras laisser la cellule fermée. Ils ont pas besoin d’y accéder… Pour la batterie oui, c’est obligatoire. En tout cas on nous a pas laissé le choix là-dessus !