Notre ascension du San Cristóbal, le plus haut volcan du Nicaragua, se classe deuxième parmi nos plus dures ascensions du voyage, après le volcan Iztaccíhuatl au Mexique. Et pourtant, ce n’est ni la plus longue, ni la plus haute !
Samedi 10 juin 2023
Nos prières du soir ont été exaucées. Lorsqu’on met le nez hors de la tente détrempée au petit matin, c’est pour découvrir un beau ciel dégagé d’où perce une vague lueur rougeoyante à l’horizon. Encore mieux, on discerne le sommet du volcan San Cristóbal au-dessus des arbres, auréolé de son panache de fumée. C’est très prometteur 🙂
Pas de temps à perdre, car le beau temps ne saurait durer à cette période de l’année. On enfile nos chaussures de randonnée et à 5 h 30 on part à l’assaut du volcan. Le San Cristóbal est le plus haut volcan du Nicaragua, mais il ne culmine qu’à 1 745 m d’altitude. C’est un des volcans les plus actifs du pays, mais il semble relativement au repos en ce moment et c’est tant mieux. Sa dernière éruption remonte à mars 2021. Pour accéder à son sommet, une randonnée de seulement 3 kilomètres mais plus de 1 000 mètres de dénivelé nous attend. Ça va chauffer !
Elle commence à travers bois, puis le long d’une végétation rase sur les flancs du volcan. On croise la route de dizaines de perruches qui chantent gaiement dans le jour levant. Très vite, on prend de la hauteur. Le sommet est encore loin, mais on discerne déjà l’océan Pacifique d’un côté et le volcan Chonco à 4 km à l’Ouest. Face à nous, un mur.
Une fois les dernières traces de végétation derrière nous, les choses sérieuses commencent. Franchir 1000 m de dénivelé en moins de 3 kilomètres, c’est un effort intense, très intense. Mais ce qui rend la chose pire encore, c’est que nous évoluons sur du sable volcanique qui glisse sous nos pas. On n’a aucun appui solide. Trois pas en avant, un pas en arrière. Que c’est dur ! La pente est extrêmement raide. Chaque pas est un effort terrible, on progresse très lentement. Des bouts de bois calcinés jalonnent notre parcours, témoins d’éruptions antérieures et de l’acidité du sol.
Nous gravissons 700 m de dénivelé sur le dernier kilomètre. Le sommet ne semble jamais se rapprocher, c’est très décourageant. Mais on ne lâche rien et c’est au terme de 2 h 30 d’ascension, dont 1 h 30 pour la montée finale 🥵, que nous atteignons le sommet du volcan. Oui, on a fait l’ascension du San Cristóbal ! Sentiment de bonheur absolu. De dépassement de soi. De fierté. On échange un sourire qui en dit long. On sait pourquoi on fait ça. Le spectacle qui s’offre à nous vaut toutes les peines du monde. Vraiment. Et on le savoure encore plus après un pareil effort.
La bouche béante du volcan s’ouvre devant nous et laisse échapper un énorme nuage de fumée sans discontinuer. Comme c’est beau ! Et impressionnant ! Quelle puissance à nouveau. Décidemment, les volcans du Nicaragua nous laissent sans voix.
La vue à 360° autour du cratère vaut aussi le détour. On discerne l’océan Pacifique d’un côté et la mer des Caraïbes de l’autre. Mais pas pour longtemps ! Nous sommes au sommet depuis à peine 5 minutes que des nuages commencent à s’amonceler dans la vallée, bloquant la vue. En quelques minutes à peine, on ne discerne plus rien. Quel timing ! On serait arrivés 10 minutes plus tard et on aurait fait tout ça pour rien. On ne s’attarde pas, d’autant plus que le sommet est envahi de milliers d’insectes qui ne nous laissent aucun répit. C’est dans la brume qu’on entame la descente.
La descente se fait très rapidement ! Le sable volcanique qui avait été si pénible à la montée nous permet maintenant de descendre en un clin d’œil les flancs du volcan. Pas besoin de luge, il suffit de surfer sur le sable et de se laisse porter en petite foulée jusqu’en bas. Résultat : 2 h 30 pour monter, 1 h 30 pour descendre.
On arrive à la Finca épuisés mais heureux d’avoir réussi l’ascension du San Cristóbal. Le volcan est à nouveau dans les nuages et il pleuviote. Mais cela n’a plus d’importance à présent. On a vu. On cuisine un bon petit-déjeuner de pain perdu et on profite de la douche froide et rustique pour se laver. Puis on ne perd pas de temps : direction la vallée pour retrouver le soleil et la chaleur. Quand il fait chaud on veut du froid. Quand il fait froid on veut du chaud 🤪 On roule sans s’arrêter jusqu’à notre spot du soir où on compte prendre un repos bien mérité. Et dans quel cadre !
On se trouve au bord du lac Xolotlán ou lac Managua. En arrière plan : l’incroyable cône du volcan Momotombo, qui culmine à 1 297 mètres. Alors oui, on voulait le monter, lui aussi. Le problème avec le Momotombo, c’est que pour atteindre son sommet, il faut traverser la propriété d’une centrale géothermique qui demande 30 $ par personne pour passer. Ça fait un peu cher. Tant pis, on se contente de l’admirer de loin.
L’endroit est très paisible. On s’installe au milieu des vaches, moutons, chevaux, oiseaux et déchets (indissociables de l’Amérique Centrale, malheureusement) et on passe l’après-midi à observer les pêcheurs à l’œuvre. C’est calme, il fait bon, les villageois sont sympathiques et accueillants. Bref, tout est parfait. Encore un bivouac sauvage splendide au Nicaragua ! Quel pays, décidemment 🤩
Dimanche 11 juin
Aujourd’hui c’est dimanche et on ne fait pas grand chose. On prend la route en fin de matinée pour se rendre à Managua, capitale du Nicaragua. Enfin, on ne s’y rend pas, on ne fait que passer. Comme toutes les capitales d’Amérique Latine, elle ne présente que peu d’intérêt. C’est une capitale très américanisée, où tout le monde roule correctement sur de larges avenues bordées de grandes marques américaines. On tombe sur les arbres très controversés de Managua. Ils ont été commandés par un proche du Président Ortega et auraient coûté 20 000 € pièce. Il y en a 140 ! 🤑
Il est tôt et on décide de partir explorer les abords du lac Masaya afin de trouver un spot sympa pour la nuit. On roule sur une piste très bien entretenue autour du lac et on explore plusieurs chemins avant de trouver le spot parfait au bord de l’eau. Par contre, pas question de piquer une tête dans le lac malgré la chaleur, il semble y avoir plus de déchets que de poissons !
Le soir venu, nous faisons une tentative pour aller voir le volcan Masaya. Après 30 minutes de queue à l’entrée du parc, il fait déjà nuit et le gardien nous annonce qu’en cas de grosse pluie ou d’orage, ils évacuent tout le monde sans remboursement. Étant donné que l’entrée coûte 20 $ et qu’il se met à pleuvoir, on ne prend pas le risque et on retourne passer sagement la soirée au bord de l’eau. La soirée est orageuse, mais quand ne l’est-elle pas en ce moment ?
Lundi 12 juin
Ce matin, c’est chez les pompiers de Masaya qu’on remplit nos réservoirs d’eau.
Quand faut y aller, faut y aller. Après 2 semaines de tergiversations et discussions avec le fournisseur, c’est avec le cœur lourd qu’on se sépare de notre module de batterie. Celui qui permet de recharger la batterie via l’alternateur du Jeep quand on roule. L’embout est déformé et chauffe dangereusement. La bonne nouvelle, c’est que tout passe sous garantie ! 🥳 La mauvaise nouvelle, c’est qu’il faut renvoyer le module et son câble… aux États-Unis ! 😭 Et ça, c’est tout un parcours du combattant !
Notre fournisseur refuse de recevoir directement le colis depuis le Nicaragua à cause d’éventuelles taxes, nous l’envoyons donc chez Victor et Kuan, rencontrés l’an dernier en Alaska et qui habitent en Utah. Ils le transfèreront ensuite au fournisseur. Le nouveau colis fera le trajet inverse pour nous revenir. On prévoit donc 3 semaines à 1 mois de traitement… Mauvaise surprise au moment de l’envoi, le câble pèse à lui seul 1 kg, beaucoup plus lourd que ce qu’on avait anticipé. Au final, le colis part avec Fedex pour la modique somme de 230 $ ! 😢
Sans le module, nous sommes dans l’impossibilité de recharger la batterie en roulant. Nous ne pouvons la charger que sur secteur et pour cela, il faut de l’électricité ! Or, ce n’est pas sur les plages désertes du Costa Rica qu’on va trouver une prise ! Résultat : afin de faire durer le plus longtemps possible l’autonomie de la batterie, nous avons décidé de débrancher le frigo 😧 Fini les fruits et légumes, les yaourts, les boissons fraîches et autres joyeusetés bien agréables par 38°. À partir de maintenant (et jusqu’en Colombie, même si on ne le sait pas encore…), nous allons nous nourrir exclusivement de produits qui peuvent se conserver à température ambiante (c’est à dire plus de 30° 😅).
Le moral est au plus bas, alors on échoue au Macdo. On y reste jusqu’en fin d’après-midi, heure à laquelle il est temps de retenter notre chance au volcan Masaya. Ici, pas d’ascension longue et exténuante, mais un spectacle unique qu’on n’est pas prêts d’oublier !
2 comments
Que de volcans et que de souvenirs !!! Je crois que vous êtes comblés même si …épuisés.
Gros bisous.
Mamie.
Boouuuhhh, je suis épuisée rien que de lire cette ascension !!
Bon courage pour1 mois sans frigo … 🙁
Bisous