C’est le jour J. Le jour de notre ascension du troisième plus haut sommet du Mexique, le volcan Iztaccíhuatl. Il culmine à 5 215 mètres d’altitude, mais nous serions déjà heureux de franchir la barre symbolique des 5 000 mètres. Alors ? Défi relevé ?
Jeudi 23 février 2023
Après 5 jours de repos au camping de Teotihuacan, nous sommes au taquet pour reprendre la route ! Nous sommes motivés et bien reposés, et ça tombe bien, car nous sommes sur le point de vivre une grande aventure et de repousser nos limites, physiques et mentales. Depuis le camping, nous roulons jusqu’au parc national Popocatépetl-Iztaccíhuatl pour rejoindre Thibaud et Margot, nos amis de @onthevanagain. L’entrée du parc se situe à 3 300 mètres d’altitude. Le camp de base de l’ascension de l’Izta est à 3 900 mètres et à 12 kilomètres. Un chemin de terre poussiéreux nous y mène. Déjà, la vue sur le volcan est spectaculaire. Il semble si haut qu’on en est tout intimidés. Demain, ou plutôt cette nuit, nous serons en train de gravir ses flancs. Mais dans quelle folie on s’embarque ? 😵



Nous atteignons le camp de base de La Joya après 45 minutes. Nous avons réservé la nuit il y a déjà 5 jours. Sans quoi, nous aurions dû monter à pied ! Quelques tentes sont déjà installées. On gare les véhicules face au volcan, à quelques mètres du début du sentier. L’Izta est encore plus impressionnant vu d’ici et on se rend mieux compte du périple qui nous attend… On mange rapidement et au chaud dans le van de nos amis, une petite tequila pour tenir à distance le mal des montagnes 🤪 et au lit !
Vendredi 24 février
Le réveil nous tire d’une nuit agitée due à l’altitude. Il est 2 heures du matin. Il fait nuit noire. Tout est calme et silencieux. Personne ne semble être levé. Le volcan se détache sous le ciel étoilé, imposant. Il fait plutôt bon. On s’habille dans l’obscurité, on fait chauffer de l’eau pour boire un thé et un café et cuire des pâtes, qu’on emporte dans un plat isotherme. À 3 heures, c’est le moment du départ. On s’arrête au départ du sentier pour immortaliser le moment avec les copains. Nous sommes tout sourire, tout motivés, tout frais, inconscients du périple périlleux qui nous attend (vs nos têtes après presque 4 heures d’ascension ! 🥴).


Que dire de l’ascension ? Le sommet est « seulement » à 6 kilomètres. Ce n’est pas beaucoup. Mais pour l’atteindre, il faut gravir 1 200 mètres de dénivelé. Et ça, c’est beaucoup, surtout sur une distance si courte. La pente est très raide. Les lumières de la ville scintillent en bas, dans la vallée. Les falaises se détachent dans l’obscurité d’un côté. De l’autre, la pente plonge dans le vide et l’obscurité nous masque le dévers impressionnant. Le souffle est court. C’est normal, nous sommes à plus de 4 000 mètres d’altitude, l’oxygène se fait rare. L’effort est intense mais on se sent bien et c’est l’essentiel. On franchit plusieurs cols et à chaque fois, le vent redouble d’intensité, nous glaçant de plus en plus. L’ascension dans la nuit noire nous paraît sans fin. Tout à coup, ma lampe frontale s’éteint. Plus de piles. Je dois terminer l’ascension dans le noir, seulement guidée par les pas de Rémi devant moi. Après quelques mètres, je commence à me sentir nauséeuse. Je dois m’arrêter plusieurs fois. Le mal des montagnes ? Ou le fait de marcher sans aucune lumière ? Heureusement, on finit par atteindre le refuge au bout de 3 heures 30 de marche, à 4 750 mètres d’altitude. Mieux encore, une lueur apparaît à l’horizon. Le jour se lève ! 🥳

Quel bonheur de voir le jour, puis le soleil enfin apparaître après tant de temps passé dans le noir ! Le fait de ne plus évoluer dans le noir nous redonne des forces et du moral. Nous sommes tous très fatigués. On se réfugie à l’intérieur du refuge pour se reposer et se réchauffer. 4 mexicains y ont passé la nuit. Ils se lèvent tout juste quand on arrive. Ils sont équipés de casques et de piolets, ce qui n’est pas pour nous rassurer. Il y a aussi quelques chiens errants et des couvertures de survie. L’endroit est vétuste, mais on peut enfin s’assoir et s’allonger à l’abri du vent. On mange difficilement nos spaghettis et quelques en-cas. Puis il est temps de poser la question fatidique : que fait-on ?



Nous sommes à deux doigts de renoncer. À deux doigts. Mais le repos au refuge nous a fait du bien. Mes nausées sont passées, je me sens mieux. Je motive Rémi ! Oui, il y a un mur face à nous, mais on peut le faire ! 💪 Les 5 000 mètres ne sont plus si loin… Nos amis décident de redescendre. Debout face à la pente qui nous attend, on hésite encore un peu. La décision d’abandonner maintenant est dure à prendre, alors que nous sommes si « près » du but. On finit par se décider : on y va !

Il n’y a plus vraiment de sentier, juste une pente raide et interminable. Un pas en avant, deux pas en arrière. Le sable volcanique glisse sous nos chaussures, ce qui créé parfois de petits éboulis. Après la pente, commence l’escalade. On fixe les bâtons de randonnée aux sacs à dos pour pouvoir s’aider des mains. Le vent souffle en rafales qui nous désarçonnent. La peur monte. Et si on tombait ? La haute montagne est un milieu hostile où il n’y a pas droit à l’erreur. On doit aussi penser à la descente. Chaque pas monté devra être redescendu. Il faut garder des forces. Un pas après l’autre, petit à petit, on gravit la roche et on monte toujours plus haut. Rémi se met à surveiller le GPS. Plus que quelques mètres de dénivelé… On se trompe de voie d’accès, il faut redescendre de quelques mètres, puis remonter par un autre chemin. Le GPS indique 4 956 mètres et on pense encore à renoncer. Encore un petit effort. Tout petit. Et finalement, on y est. Le GPS indique 5 001 mètres. On n’ira pas plus loin. Épuisés, on se met à l’abri du vent derrière un rocher et on contemple notre réussite.

On l’a fait ! Pour la première fois de notre vie, nous venons de franchir la barre des 5 000 mètres d’altitude. Nous sommes plus hauts que le Mont Blanc en France. Quel exploit ! Quel bonheur ! Quelle fierté ! 😀 J’avoue, j’ai versé une petite larme 🥲 Nous sommes tellement heureux d’être arrivés jusqu’ici, malgré la difficulté. Tellement fiers de nos corps qui nous ont permis d’arriver jusque là-haut. Et quelle vue ! Elle est à couper le souffle. Le Popo, face à nous, est magnifique. Il nous domine encore de toute sa taille, avec ses 5 426 mètres de haut. La vallée s’étend à perte de vue sous nos pieds. Le sommet de l’Izta est encore loin. Il culmine à 5 215 mètres. Les 215 mètres nous semblent encore très, très loin. Personne n’atteindra le sommet aujourd’hui, ni nous, ni les groupes de mexicains rencontrés au refuge. Mais nous sommes pleinement satisfaits de notre exploit.






La descente est longue et laborieuse. De nuit, on n’a pas eu conscience de parcourir une telle distance ! On découvre aussi la beauté des paysages qui nous entourent. On enchaine les kilomètres et plus on avance, plus c’est dur. Le vent souffle si fort qu’on a du sable plein les yeux. On peine à y voir quelque chose. La prudence est de mise, car la fatigue pourrait vite nous faire faire des erreurs. Petit à petit, à mesure qu’on perd en altitude, le temps se réchauffe et on enlève quelques couches de vêtements.



Au détour d’un col, on le voit enfin, en contrebas : le camp de base. JP ! Voilà de quoi nous remotiver. Le sentier se fait plus facile et on dévale en 1 heure ce qui nous a pris le double du temps à monter. On arrive à 11 heures à la fin du sentier. On se retourne, on lève la tête : l’Izta nous domine de toute sa taille. On ne l’a pas entièrement conquis, mais on y a vécu l’une des plus belles -et dures- aventures de notre voyage ! 😎

On arrive dans la grande ville de Puebla après deux heures de route. Et que fait-on après un lever à 2 heures du mat’ et une telle ascension ? On prend un appart’ ! Un peu de confort, ce n’est jamais du luxe, mais c’est surtout la douche chaude qui nous fait rêver. On mange rapidement et à 20 heures, on est au lit, tous les quatre rincés et à moitié aveugles ! 😴 Merci à notre assurance voyage Chakpa de nous soutenir dans notre voyage et de nous fournir une assurance santé pour qu’on vive pleinement des aventures comme celle-ci ! 😀
6 commentaires
Rien que de lire cette aventure ascensionnelle, j’ai le souffle court, coupé, je suis gelée, épuisée….
Bravo pour le record !!!
Bisous.
Merci ! 😀
Bonjour les enfants,
Beaucoup d’émotion en lisant ce reportage mais je ne peux que vous dire bravo.
Mamie
Merci ! 🙂
Bravo pour les 5000 ! Bises de nous 2.
Merci ! 🙂