C’est parti pour un tour de plusieurs jours dans un des États les plus emblématiques du Mexique : le Chiapas ! On en a beaucoup entendu parler et on a hâte de s’en faire notre propre idée. Or, on ne le sait pas encore, mais le Chiapas nous réserve de belles surprises. De très belles surprises !
Mardi 07 mars 2023
Petit mot sur le Chiapas : c’est un État réputé pour son instabilité et son insécurité, notamment à cause du mouvement zapatiste, un mouvement rebelle qui milite depuis des années pour une meilleure reconnaissance des peuples indigènes. En effet, la Constitution mexicaine ne reconnaît toujours pas l’existence des indiens alors qu’ils constituent 10 % de la population mexicaine, soit 10 millions d’habitants. Or, de nombreuses communautés indigènes descendantes des mayas vivent au Chiapas. Ils seraient plus d’un million sur une population de 4,8 millions. Le Chiapas est l’État le plus pauvre du Mexique, mais paradoxalement celui qui regorge du plus de richesses : maïs, élevage, piments, canne à sucre, patate douce et même pétrole et réserves de gaz.
Nous commençons notre découverte du Chiapas par la visite de San Cristobal de Las Casas, à 1 500 mètres d’altitude. Après la chaleur étouffante et l’humidité du Pacifique, c’est un plaisir de retrouver la fraîcheur. Nous prenons une chambre dans une posada pour la modique somme de 13 €, petit-déjeuner inclus. L’endroit est vert et reposant. La chambre est mansardée. La douche est chaude. Le seul hic : JP ne passe pas sous l’arche du portail ! 😬 Aïe, mauvaise anticipation. Heureusement, le lave-auto de la rue d’à côté accepte gentiment de nous le garder pour une somme très acceptable.
Accompagnés de Thibaud et Margot, nous partons à la découverte du centre-ville. La rue principale est piétonne, très animée, bordée de magasins de vêtements, de bars et de restaurants. C’est très branché, très américanisé, pas du tout ce à quoi nous nous attendions pour cette grande ville du Chiapas. Sur les conseils d’amis voyageurs, nous nous rendons dans une pizzéria pour déguster une incroyable pizza cuite dans un four à pizza ! Nous n’avions plus mangé de vraie pizza depuis une éternité ! C’est un peu cher, mais ça vaut le coup ! 😋
Il fait nuit lorsqu’on rentre à la posada en empruntant les petites ruelles de la ville. La circulation est dense et chaotique. La prudence est de mise, car « en tant que piétons, nous sommes tout en bas de la chaîne alimentaire mexicaine », dixit Thibaud. Tellement juste ! 😂
Mercredi 08 mars
San Cristobal est réputé pour son grand marché artisanal. On passe une bonne partie de la matinée à déambuler entre les échoppes, dans les petites allées étroites et sinueuses du marché. C’est très coloré, très animé, tout est beau, bien fait et pas très cher. On a envie de tout acheter, mais le budget est serré et la place dans le Jeep limitée ! On profite quand même de l’occasion pour acheter quelques souvenirs et se refaire une garde-robe. Ici, beaucoup de femmes portent des tenues traditionnelles : des chemisiers colorés brodés et une longue jupe en poils de chèvre maintenue par une épaisse ceinture brodée.
Après le marché artisanal, place au marché alimentaire ! C’est beaucoup plus brut et moins touristique. Les odeurs, les vendeurs, la viande, les épices, les fruits et légumes, la foule : on se croirait dans un souk, mais à la mexicaine ! On achète un jus d’orange fraichement pressé et un poulet rôti.
On passe aussi à la boulangerie française Oh La La pour savourer des pâtisseries au goûter. Un petit goût de France au cœur du Chiapas 😋 En attendant de récupérer notre linge à la lavanderia, nous retournons travailler à l’auberge. On n’y fera cependant pas une deuxième nuit, car nous avons pour ce soir un spot très accueillant et ô combien merveilleux : le parking du Walmart ! Bon ok, ce n’est pas très glamour, mais on s’offre quand même un apéro très animé directement sur le parking avec Margot et Thibaud et Pierre et Clarisse, un autre couple de voyageurs français.
Jeudi 09 mars
Toujours en compagnie de Thibaud et Margot, nous nous rendons de bonne heure au village de San Juan Chamula où vit une communauté Tzotzile, descendante des mayas. L’église du village est une vraie curiosité. Et pour cause ! Les habitants y pratiquent un mélange entre la religion chrétienne et les croyances mayas de leurs ancêtres. Ainsi, quand on pénètre à l’intérieur de l’église, on est immédiatement frappés par l’ambiance feutrée du lieu, les murmures qui s’élèvent, l’odeur des bougies. Il y en a par centaines, directement posées au sol. Les bancs ont été écartés. Les hommes, les femmes et les enfants, pour la plupart en habit traditionnel, sont assis à même le sol, qui est recouvert d’aiguilles de pin. Certains ont amené un poulet vivant dans le but de l’offrir à leurs divinités sous forme de sacrifice. Entre deux prières, ils boivent un alcool traditionnel très fort qui les fait roter et qui les purifie. D’ailleurs, cet alcool est très souvent remplacé par… du Coca ! Et oui, tout se perd 🤪 Il était malheureusement interdit de prendre des photos. Mais quelle expérience incroyable !
C’est à deux véhicules que nous nous élançons sur les routes du Chiapas. Barrages routiers, rebelles zapatistes parfois agressifs, corde tendue de part et d’autre de la route pour stopper les véhicules et réclamer un droit de passage : les routes au Chiapas ont mauvaise réputation chez les touristes. Mais jusqu’à présent, ce sont les énormes topes de béton qui nous rendent fous. Ils surgissent au détour d’un virage sans être annoncés. Ils ne visent pas à faire ralentir les automobilistes, ils cherchent à détruire les véhicules ! 😯 Les suspensions du Jeep sont mises à rude épreuve, tout comme notre vigilance. Sur les bords de route, des panneaux révolutionnaires vantent le mouvement zapatiste. « Vous êtes en territoire zapatiste », « Ici, le peuple commande et l’état obéit », peut-on lire.
Au bout de deux heures de route, ce qui devait arriver arrive : nous nous retrouvons face à un barrage routier. Un camion est en travers de la route et barre l’accès à tous les véhicules jusqu’à demain. Réunion de crise avec les copains. Que faire ? On décide de faire un long détour à travers les montagnes par une piste caillouteuse mais assez roulante. Ici, les habitants n’ont clairement pas l’habitude de voir des touristes. Les visages sont assez fermés quand on passe. Mais il suffit d’un sourire et d’un signe de la main pour qu’ils s’ouvrent et s’illuminent. Les enfants nous saluent, les adultes nous sourient, on passe une superbe après-midi sur la route à traverser des villages isolés et perdus dans les montagnes. Quel accueil, dans cet État où les habitants sont réputés pour être méfiants et peu accueillants !
La route est plus longue que prévu et nous arrivons à Toniná en fin d’après-midi. C’est parfait, car on a le site pour nous tous seuls ! Toniná est une ancienne cité maya, principale rivale de la grande cité de Palenque, plus à l’Est. Son surnom était le « Lieu des Captifs célestes », car elle avait réussi à capturer de nombreux prisonniers importants des cités alentours. Ceux-ci étaient en général libérés contre une grosse rançon ou… décapités ! Pacifistes, les mayas ? 😁
La cité est particulièrement belle, perdue au milieu d’une végétation dense et verdoyante. La pyramide principale est composée de neuf niveaux. Elle domine la végétation et son sommet peut être aperçu à travers les arbres. C’est une fresque de Toniná qui serait à l’origine de la théorie de la fin du monde du 21/12/2012 ! On a essayé de la déchiffrer pour comprendre comment les archéologues avaient pu en arriver à cette conclusion, mais… 🧐🤷
Comme le vigile refuse de nous laisser dormir sur le site, malgré les pelouses verdoyantes bien accueillantes, nous bivouaquons ce soir dans un camping à quelques mètres de la cité. On s’installe entre les arbres. L’endroit est parfait pour une nuit calme et chaude dans la tente, en attendant de nouvelles aventures dès demain !
1 commentaire
Que de belles couleurs dans ces marchés locaux artisanaux !!! Effectivement la tentation est grande de ramener plein de choses…..