Encore une cité maya. Oui mais ! Calakmul a peu de choses en commun avec Chichén Itzá. Elle est située au cœur de la jungle, à des kilomètres de toute civilisation. Peu de touristes s’aventurent jusqu’ici, alors nous avons eu la cité pour nous tout seuls. Un must pour découvrir la faune qui habite les lieux !
Lundi 27 janvier 2023
Après 3 heures de route depuis Campeche, nous entrons dans la réserve de la biosphère de Calakmul. Nous sommes pile à l’heure pour la surprise que nous réservons à maman et à mon frère. On s’engage dans un petit chemin et on se gare en lisière de la jungle. On s’acquitte d’un droit d’entrée qui ne semble pas très officiel et un « guide » (un mec du village voisin) nous mène le long d’un court sentier jusqu’à l’entrée… d’une grotte ! Maman finit par comprendre : nous allons assister à l’envol des chauves-souris ! 🦇 Nous sommes une vingtaine de touristes à patienter en silence face à l’entrée de la grotte, en contrebas. Le soleil disparaît derrière les arbres, le soir tombe, le ciel s’obscurcit. Petit à petit, des chauves-souris apparaissent. Elles ne sont d’abord qu’une centaine, plus des milliers et enfin des millions ! Nous avons devant nous une des plus grandes colonies de chauves-souris au monde. Au total, environ 6 millions de chauves-souris jaillissent de la grotte en tourbillonnant pour s’élancer dans le ciel et partir chasser ! Le bruit est minime dans le silence de la jungle. Le spectacle est incroyable, beau. Émouvant.
Il fait nuit lorsqu’on reprend la route pour parcourir les 40 kilomètres jusqu’à Xpujil. Arrivés en ville, on s’arrête dans un restaurant pour manger. La serveuse nous propose des tacos de cervelle, de tripes, de langue, d’oreille ! Euh merci, mais on va rester sur le classique tacos al pastor ! 😁 C’est encore très bon ! Nous avons loué une cabana dans le village. Elle est petite, sommaire voire rustique. Des moustiquaires pendent des lits pour nous protéger des moustiques, araignées et autres indésirables du coin. Dans la salle de bain, on a droit à une douche « Claude François », comme dit maman. L’eau est chauffée à l’électricité directement à la sortie du pommeau. Personne ne s’y risque et on prend tous une douche froide ! On part ensuite vite se coucher, car demain on se lève très tôt pour visiter la cité maya de Calakmul !
Mardi 28 mars
Réveil à 5 h 30. Départ à 6 heures. Nous emmenons avec nous Florian, un français qui voyage au Mexique en backpack et qui vit… au Yukon ! On est tombés amoureux du Yukon, alors on a beaucoup de choses à se raconter pendant le trajet de 3 heures jusqu’au site. Derrière nous, le soleil se lève sur la jungle. Après une heure sur la route principale, on bifurque sur un petit chemin et c’est parti pour 60 kilomètres de chemin en pleine jungle. La vitesse est limitée à 30 km/h afin de protéger la faune locale. On roule au pas, aux aguets, avides de croiser les habitants des lieux. Des singes ? Un tapir ? Et pourquoi pas un jaguar ? On n’a pas autant de chance : on croise simplement de nombreux et gros dindons !
La route est longue et on part se dégourdir les jambes sur un sentier de randonnée. L’heure matinale est propice aux rencontres animales, alors on marche en silence en ouvrant grand les yeux. On rencontre deux biches et encore quelques dindons. Et puis… À travers la végétation au ras du sol, on aperçoit des queues qui se baladent. Qu’est-ce dont ? On plisse les yeux et on tente de discerner quelque chose entre les arbres. Il s’agit en réalité de coatis, toute une famille ! Qu’ils sont mignons !
On arrive à l’entrée de la cité de Calakmul à 10 heures. La chaleur est humide et étouffante. On emporte de l’eau, quelques bananes et d’excellents gâteaux aux noix et à la banane achetés hier à un marchant ambulant de la station-service. On paye les droits d’entrée et on s’élance à travers la jungle sur un sentier bien tracé. La jungle est calme et silencieuse et il n’y a presque personne avec nous sur le site.
La cité de Calakmul fut l’une des plus grandes et des plus influentes cités de la civilisation maya, avec ses « voisines » Tikal, aujourd’hui au Guatemala et Palenque dans le Chiapas. Elle connut son apogée entre 250 et 900 après J.C. Aujourd’hui, il y aurait plus de 6 000 structures sur le site, mais seulement une vingtaine d’entre elles ont été rénovées. Le reste demeure enfoui sous la végétation dense de la jungle.
Ce qu’on a adoré à Calakmul, c’est qu’il est encore possible de gravir les temples jusqu’au sommet, chose qui est maintenant interdite dans les autres sites mayas. Évidemment, on ne s’en est pas privé et on a gravi les trois pyramides principales, avec plus ou moins de difficulté pour certains ! 😜
Avec ses 50 mètres de haut, la structure II est le temple le plus haut de Calakmul. C’était le centre du pouvoir de la cité et le tombeau de certains dirigeants. À ce jour, on y a retrouvé 9 chambres funéraires. La montée est rude pour arriver jusqu’en haut, surtout que les marches sont énormes ! Elles nous arrivent parfois aux genoux. Chacun son rythme et on se retrouve tous en haut pour admirer la vue. Du sommet, on domine la canopée et la vue sur la jungle est incroyable ! On aperçoit même les sommets des deux autres temples de la cité qui dominent également les arbres.
Allez, il nous reste encore un peu de jus pour gravir la structure I, deuxième plus grande pyramide du site, avec ses 40 mètres de hauteur. Ici aussi, les marches sont hautes. C’est dur pour les cuisses à la montée et rude pour les genoux à la descente.
Après plus de 3 heures de visite, on prend le chemin du retour. On scrute les arbres, car on aimerait beaucoup voir des singes ! Mais la jungle ici est très différente de celle qu’on a découverte dans le Chiapas : elle est plus sèche, moins luxuriante, totalement silencieuse. Il n’y a aucune trace de vie et c’est bien dommage ! On reprend la voiture et, après quelques minutes, un panneau indique « Dormitorio del mono ». Le dortoir des singes. C’est peut-être notre chance ! Après une brève concertation, nous partons tous les cinq sur ce petit chemin qui se perd dans la jungle. Il n’est clairement pas souvent emprunté. On marche en silence, le nez en l’air, aux aguets. On est plein d’espoir. On marche, on marche, on s’enfonce de plus en plus dans la jungle. Le chemin se complique. Il descend en pente raide dans un ravin, puis remonte à pic la colline. Heureusement, des cordes sont là pour nous faciliter la tâche.
On a chaud, soif, faim, on est fatigués. Plus on avance et plus le chemin se mêle à la végétation. Toujours pas de singes. Au bout d’une heure, on décide sagement de faire demi-tour. Il est déjà 15 heures ! On rentre à la voiture, un peu déçus. Mais c’est le jeu avec la vie sauvage ! On aura au moins vu de beaux oiseaux et rapidement aperçu deux singes araignées sur la route.
Nous ne sommes pas en avance. Pour rejoindre notre prochaine destination, nous avons 3 heures de route et un changement d’heure ! Tant pis, il faudra une fois de plus rouler de nuit… Après toutes ces aventures dans la jungle et cette semaine très chargée, nous avons bien hâte de rejoindre la lagune de Bacalar, où quelques jours de détente se profilent ! 🌴
3 comments
Toujours impressionnants ces vestiges maya.
Bisous.
Mamie
Alors effectivement un vrai coup de coeur pour cette Cité Maya de Calakmul nichée au coeur de la jungle. Souffler pour monter au sommet des pyramides n’est rien à côté de la vue époustouflante que cela nous offre sur la canopée de la jungle. On est resté là, en silence, de longues minutes, assis en plein soleil, à admirer ce spectacle et à imaginer la vie au temps des Mayas.
La couleur des dindons ? Improbable d’avoir de telles couleurs sur des animaux. On se doute d’où sortait les plumes irisées des masques Mayas : ils plumaient les dindons !!!
Le dortoir des singes à 1 km ? OK facile c’est pas loin, on y va…. Heu j’ai oublié qu’on était en pleine jungle, plus de 2 heures pour faire 1km aller 1km retour, boouuhh…. Mais que c’était bien cette rando de l’enfer !!
La cabane en bois pour cette nuit dans la jungle ? Très rustique, très petit, juste la place pour 2 lits, très dangereux pour se laver, mais tellement typique pour des baroudeurs !
Et bien sûr une mention spéciale pour les chauve-souris. Jamais je n’aurais imaginé assister à un tel spectacle. Attendre dans un silence respectueux que le soleil se couche, apercevoir quelques petits spécimens qui commencent à sortir puis regarder complètement ébahie ce ballet de millions de chauve-souris qui, dans un rituel immuable, sortent tous les soirs, en spirale, de leur grotte pour aller chasser toute la nuit. Franchement c’est le genre de spectacle que l’on peut voir à la télé dans Géo Reportage mais en vrai … Cela a une dimension féérique, étrange d’être là, privilège incroyable. Bref j’en ai pleuré tellement c’était beau 🙁
Quelle expérience Nathalie : prête à postuler pour Koh Lanta😱🤣
Des souvenirs plein les mirettes et dans l’authenticité pur jus !
Bravo pour ces prouesses