El Fuego compte parmi les volcans les plus actifs au monde. Pour le voir à l’œuvre, nous avons gravi son voisin endormi, l’Acatenango. Depuis son sommet, un spectacle unique nous attendait : El Fuego, dans toute sa rage et sa splendeur.
Samedi 06 mai 2023
Pour notre ascension de l’Acatenango, tout était bien planifié. Nous avions expressément choisi la nuit de samedi, qui devait être bien dégagée. Nous avions choisi une petite agence locale et familiale pour nous accompagner. Ce que nous n’avions pas prévu ? C’est la violente éruption du Fuego trois jours avant notre ascension 🤯 Trois jours ! El Fuego est d’ordinaire très actif, il crache des jets de lave et de cendres plusieurs fois par heure. Mais là, c’était une vraie éruption. Du genre de celle qui passe aux infos en France et qui entraine l’évacuation des villages alentours.
Ce jeudi, lorsque nous avons appris l’éruption depuis le lac Atitlán où nous coulions des jours paisibles, nous étions persuadés qu’il en était terminé de notre ascension. Nous avons contacté l’agence, mais surprise : pas de changement de plan, nous montons samedi comme prévu. Bonne ou mauvaise idée ? C’est ce que nous nous apprêtons à découvrir ! En cette fin d’après-midi, nous roulons vers le village de San José Caldeira, niché au pied de l’Acatenango. Son pic le plus élevé culmine à 3 880 m d’altitude. Nous serons là-haut demain soir !
Au village, nous rencontrons Catalino qui gère l’agence locale Asoava. L’endroit est animé : des enfants courent, un bébé crie, des chats miaulent, des femmes s’agitent et des hommes bricolent. On sait qu’on a atterri au bon endroit. Des dizaines d’agences se partagent le « gâteau » du Fuego et nous sommes contents d’être réellement tombés sur une agence à taille humaine qui emploie des guides locaux. Catalino nous ouvre les portes du terrain de foot du village, sur lequel nous pouvons camper ce soir et laisser le Jeep jusqu’à lundi. L’endroit est calme et envahit de chiens. L’Acatenango nous domine de toute sa taille, à la fois si proche et si loin !
Dimanche 07 mai
À 8 h 30, nous sommes chez Catalino, fin prêts. Nous emportons dans nos sacs à dos 3 litres d’eau chacun, deux repas fournis par l’agence et des affaires chaudes. Nous faisons la connaissance des deux guides, Fernando et Andres et des sept autres voyageurs qui nous accompagnent : un belge, deux couples de québécois et un couple de tchèques. Dans le minibus qui nous emmène au départ du sentier, nous discutons gaiement tous ensemble.
Puis c’est parti pour une ascension de 5 h sur les flancs de l’Acatenango. Pas le temps de s’échauffer, ça grimpe sec dès les premiers mètres. Nous avançons laborieusement sur un sentier raide, très raide, qui monte tout droit sur les pentes du volcan. Il y a du monde ! Les premiers kilomètres, il y a même des embouteillages lorsque nous croisons les groupes qui redescendent. Ce sont des groupes jusqu’à parfois 35 personnes ! À ce moment-là, malgré le monde sur le sentier, on est bien contents d’être dans notre petit groupe de 9.
Nous faisons des pauses toutes les quinze minutes. Nous sommes partis le plus léger possible, mais les sacs à dos pèsent sur les épaules. On les allège un peu lors de la pause de midi, en mangeant l’excellent et copieux repas préparé par l’agence : du riz accompagné d’une ratatouille et d’une galette de poulet. Puis on reprend l’ascension. Après 4 h de marche, une courbe dans le sentier nous permet d’apercevoir pour la première fois El Fuego. L’émotion monte, on sent qu’on se rapproche du but. Son cône parfait se dresse vers le ciel. Tout semble calme.
Nous arrivons au camp de base de l’agence peu après 14 h 30. Depuis le camp, la vue sur le Fuego est à couper le souffle ! Il se dresse face à nous, plus près que nous ne l’imaginions. Incroyable ! 😍 À l’Ouest, c’est un autre volcan qui se dresse au-dessus des nuages : l’Agua. Nous sommes tous épuisés par l’ascension et nous sommes bien contents de découvrir nos quartiers pour la nuit : des petites cabanes dotées de 2 lits superposés. Nous sommes si peu nombreux que nous avons droit à une cabane pour nous tous seuls. Parfait, on va pouvoir s’étaler à notre guise 😅
On s’installe tous ensemble au soleil face au géant. Et on attend. On attend. Les yeux sont rivés sur le sommet du Fuego. On ne sait pas trop ce qu’on attend, mais on sait qu’il va se passer quelque chose. Nous sommes face au Fuego, après tout, il ne peut que se passer quelque chose !
Au bout de quelques minutes, première éruption : un nuage de fumée s’échappe silencieusement du cratère et s’élève vers le ciel. Tout le monde s’extasie. Magnifique ! Durant les deux heures qui suivent, on assiste à plusieurs éruptions, plus ou moins importantes. Beaucoup de fumée, mais pas de lave.
À 16 h 30, le soleil entame sa descente à l’horizon. Pour nous, la journée est loin d’être terminée. Nous avons la possibilité de nous approcher du Fuego. De monter sur ses flancs pour l’admirer d’encore plus près. Cela semble incroyable, quand on sait la violence avec laquelle il peut entrer en éruption. Mais nous sommes motivés. La chance de voir de si près un volcan actif ne se représentera pas de sitôt ! C’est à trois et avec un guide que nous partons pour 3 heures de marche supplémentaire. D’abord une descente de 45 minutes sur les flancs de l’Acatenango, puis 45 minutes de montée sur ceux de El Fuego. Avec les 5 h de marche que nous avons déjà dans les jambes, l’exercice n’est pas de tout repos !
Nous nous arrêtons sur une arête du Fuego, quelques dizaines de mètres en dessous de son cratère fumant. Si nous pensions être près du volcan depuis le camp, qu’en est-il maintenant ! 😲 La vue est incroyable. Derrière, l’Acatenango, sur lequel on discerne les camps des différentes agences. À l’Ouest, l’Agua, sur lequel se dresse l’ombre du Fuego. À l’Est, les trois volcans du lac Atitlán dont les pics percent les nuages et plus loin encore, le Santa María que nous avons gravi quelques jours plus tôt. Tous ces volcans sont illuminés par la lumière rougeoyante du soleil couchant. La scène est à couper le souffle.
Accompagnés des autres groupes, nous nous installons sur le versant de la pente abrité du vent. De là, nous assistons à un incroyable coucher de soleil. Les derniers rayons s’attardent sur les sommets des volcans avant de disparaître derrière les nuages et de plonger le paysage dans l’ombre. Nous sommes frigorifiés, mais plus que tout, nous sommes émerveillés. Puis l’attente commence. Nous sommes tous là pour assister de près à une éruption du Fuego. Alors on fixe son cratère. Dès que de la fumée s’en échappe, tout le monde crie, s’extasie, siffle, applaudit.
À mesure que la nuit tombe, l’espoir grandit. Nous attendons impatiemment que la lave jaillisse du cratère. Mais rien. Plus le temps passe, et plus l’espoir retombe. El Fuego dort paisiblement. Seule de la fumée s’échappe de son cratère de temps en temps. Quelques points de lave brillent au sommet, mais c’est tout ce que nous aurons ce soir 🫤
Quelle déception au moment de reprendre le chemin du camp. Lui qui est d’habitude si actif et qui offre plusieurs éruptions spectaculaires par heure… Il ne nous aura pas offert grand chose ce soir. 1 h 30 plus tard, nous arrivons au camp de base, épuisés. La remontée a été rude ! On retrouve nos compagnons, blottis au coin du feu, frigorifiés. « Venez vous mettre au chaud » ! Au chaud ? Nous sommes en sueur ! Tandis que tout le monde part se mettre au lit, les guides nous servent un excellent repas de frijoles, chips et spaghettis, qu’on déguste au coin du feu. On a même droit à un chocolat chaud !
Nous nous installons par terre, face au Fuego. Notre déception est grande, mais on ne perd pas espoir. La nuit est encore longue 😅 Peut-être qu’en le fixant suffisamment longtemps, il pourrait finir par se passer quelque chose… Le trépied est en place, nous sommes blottis l’un contre l’autre, grelottant. Et finalement ! C’est vers 21 h 30 que notre patience est récompensée. El Fuego nous offre une éruption ! Whaou ! Une toute petite éruption de quelques secondes, mais tout de même. Nous sommes les plus heureux.
On attend encore une heure, mais le spectacle semble terminé pour ce soir. On s’avoue vaincus et on part se coucher dans notre petite cabane. Il fait froid, mais nous sommes bien protégés du vent. On met toutes nos couches de vêtements, bonnets, gants, grosses chaussettes et on s’emmitoufle dans les sacs de couchage. Pour cette nuit, on devrait être au chaud !
Lundi 08 mai
3 h 45. Le réveil sonne. On émerge doucement d’un sommeil agité. La cabane nous a bien protégés du vent et on n’a pas eu froid grâce à toutes nos couches de vêtements. La nuit a donc été plutôt bonne. À 4 h, on part pour l’ascension finale de l’Acatenango. Cela nous prend 1 h 30 pour atteindre le sommet. Nous sommes pile à l’heure pour le lever de soleil, qui émerge doucement de la mer de nuages.
Nous ne restons pas longtemps au sommet, car il fait un froid glacial et le vent est violent. Le retour au camp est bien plus rapide qu’à l’aller. On surfe sur le sable volcanique et en quelques minutes, nous arrivons au camp, où un petit-déjeuner nous attend, ainsi qu’un thé et café bien chauds.
Il nous faut près de 3 h pour redescendre le volcan sur un sentier de terre particulièrement glissant. Chacun y va de sa petite ou grosse glissade et les articulations sont mises à rude épreuve. C’est donc avec le plus grand bonheur qu’on s’installe dans le minibus qui doit nous ramener au village. Quelle épopée que cette ascension de l’Acatenango ! Nous en revenons avec des souvenirs incroyables et des images plein la tête. Mais… Oui, car il y a un mais. Quelle déception de ne pas avoir vu le Fuego dans toute sa splendeur. Évidemment, aucun guide ne nous a prévenus qu’après une éruption majeure comme celle de jeudi dernier, il entrait ensuite dans une phase dormante pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines… Tous les voyageurs qui ont gravi l’Acatenango avant nous (et il y en a beaucoup !) ont tous eu des photos incroyables de ces éruptions et nous avions pris pour acquis que nous allions voir la même chose qu’eux. Quel dommage de n’avoir eu droit qu’à de la fumée et qu’à une petite et brève éruption ! 🥹
Assis face au volcan, dans la nuit noire, espérant et attendant une éruption qui ne venait pas, nous nous sommes dit qu’il faudrait revenir… Impossible de terminer le Fuego sur une telle note ! C’est donc décidé, si le Fuego reprend son activité normale dans les prochains jours et que la météo est au rendez-vous, nous remonterons 🤞 En attendant, nous allons passer quelques jours non loin de là, dans la ville coloniale Antigua !
3 comments
Dommage…. peut-être un autre jour !
Bisous.
Mamie
Quelle ascension fantastique. Dommage pour l’éruption du Fuego. Moi je l’ai vue 4 jours avant vous, à la télé !!!…. 🙂 C’était impressionnant et j’étais très inquiète de vous savoir si proche.
Bisous
Maman
Désolée pour vous