Chose promise, chose due ! Trois semaines après avoir découvert pour la première fois le parc national de Canyonlands, nous y retournons pour parcourir les mythiques pistes 4×4 qui serpentent dans le canyon : la White Rim, la Shafer et la Potash.
Jeudi 20 octobre 2022
In extremis, nous avons réservé le dernier permis disponible pour la journée, il y a deux jours, condition obligatoire pour partir sur la White Rim. Nous avons de l’eau et de l’essence. Le matin, sur le campement, nous préparons le Jeep, qui s’apprête à partir sur l’une de ses plus grandes aventures. Dégonflage des pneus. Délinkage. Aussi, sur la route vers le parc national, nous tanguons comme sur un bateau ! Cela amuse beaucoup Rémi, qui zigzague comme un enfant 🤪 La White Rim, c’est la piste 4×4 de Canyonlands. Sur 115 kilomètres de roche, de poussière et de chemin défoncé, cette trail court le long du canyon, parfois à quelques mètres du précipice. Il y a quelques semaines, depuis le haut du canyon, nous apercevions ses courbes sinueuses.
Aujourd’hui, c’est notre tour. Nous allons descendre dans le canyon pour parcourir la White Rim dans son intégralité. Et pour descendre, il faut passer par la Shafer, route mythique (pour nous). Rouler la Shafer Road, c’est un rêve qui se réalise ! Prudemment, mais avec beaucoup d’excitation et de joie, nous descendons les lacets serrés et vertigineux de la Shafer. Il y a deux ans, lorsque nous préparions le Jeep pour le voyage, nous nous imaginions rouler avec sur cette route. Et nous y sommes. Quel moment magique ! Les lacets sont impressionnants, surtout lorsqu’il faut croiser une voiture qui monte, mais ils se descendent finalement très rapidement.
Au fond du canyon, la route se divise en deux. À gauche, la Potash qui ramène à Moab. Nous la ferons aussi dans quelques jours ! À droite, la White Rim. Le trajet s’annonce long. Nous sommes partis tard, il est déjà plus de 11 heures et le camping que nous avons réservé se trouve à 95 kilomètres d’ici ! Le GPS de la tablette nous annonce un trajet de 209 heures, soit 8 jours… 😂 Ça en dit long sur l’état de la route. Ça nous fait bien rire, jusqu’à ce que nous croisions un ranger qui patrouille sur la route dans un Jeep blanc. Il demande à voir notre permis et nous annonce que nous en avons pour 6 à 7 heures pour rejoindre notre camping ! Ah oui, quand même 🤨 Il ne faut donc pas traîner… Sauf que les paysages sont tellement beaux qu’on s’arrête toutes les cinq minutes ! On s’arrête d’abord au point de vue sur le Colorado.
Puis à Musselman Arch, où on rencontre quelques chèvres des montagnes.
Puis, il est temps de faire une pause pour manger. On essaye de ne pas trop traîner, mais comment faire face à un tel paysage ?
Après mangé, nous sommes bien décidés à avancer. Il nous reste encore 80 kilomètres pour rejoindre le camping. Nous roulons une heure sans nous arrêter (ou presque)… et nous nous rendons compte que nous avons parcouru seulement 12 kilomètres ! C’est dire que le chemin est très accidenté. Ça balance dans tous les sens, ça monte, ça descend. Nous passons quelques fois à quelques mètres à peine de précipices vertigineux.
C’est splendide. Jamais nous n’avons roulé une route aussi belle, face à des paysages aussi beaux. Jamais nous n’avons autant aimé notre p’tit Jeep si inconfortable. Sans lui et ses incroyables capacités hors route, nous n’aurions jamais pu venir jusqu’ici ! Il passe partout ! Une roche à gravir, pas de soucis ! Du sable meuble, pas de soucis ! Un trou, pas de soucis ! Quelle chance ! Ça vaut bien la peine de voyager et vivre dans une voiture sans presque aucun confort juste pour vivre des moments comme celui-ci 😊 Il tangue dans tous les sens, mais rien ne l’arrête et il ne faiblit jamais.
Kilomètre après kilomètre, nous avançons. Nous passons sous Mesa Arch, où nous avions admiré le lever de soleil le plus splendide de tous les temps, voilà trois semaines. Puis, nous passons sous les différents points de vue sur le canyon que nous avions aussi faits à ce moment-là. Un passage particulièrement raide nous permet de monter au sommet d’une butte, puis il faut redescendre. C’est raide, vertigineux, dangereux. Mais c’est ce qui rend cette aventure encore plus belle et excitante.
À 18 heures, le soleil entame sa descente finale à l’horizon. Nous avons parcouru de nombreux kilomètres, mais il nous en reste encore 20 pour atteindre notre emplacement de camping ! Depuis de longues minutes, nous suivons le bord du canyon et certains passages sont très impressionnants. Pas question de rouler de nuit ! J’insiste pour qu’on s’arrête, tant pis pour notre camping réservé. Qui viendra nous dire quelque chose au milieu de ce désert, alors que nous avons croisé moins d’une dizaine de véhicules et quelques vélos de la journée ? Nous nous arrêtons au premier emplacement de camping sur notre route. Il n’y a personne. La place est suffisamment grande pour partager, dans l’éventualité improbable où quelqu’un se pointerait dans la soirée. Et, si un ranger passe, nous lui dirons simplement que nous sommes arrivés tard et que nous ne voulions pas rouler de nuit, ce qui semble plutôt légitime. Et puis, ce n’est pas comme si nous faisions du camping sauvage. Nous sommes dans une aire de camping autorisée, même si ce n’est qu’un bout de terrain plat avec un piquet. Rémi finit par se laisser convaincre. Nous camperons là.
La nuit tombe à vitesse grand V tandis que nous installons le campement, déplions la tente et cuisinons. Tout autour de nous, la vue est incroyable. Une immensité sans limite. Jamais nous n’avons été si remote, si loin de tout et de tout le monde. Même lorsque nous campions au fin fond du Yukon, sur le cercle polaire. Seuls face à l’immensité, nous prenons conscience de notre solitude, que nous partageons à deux. Nous campons à quelques mètres du précipice du canyon. Il n’y a pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde. Cette solitude est tout à la fois appréciée et oppressante. Tout comme le silence.
Ce n’est pas le silence d’une nuit citadine quand plus aucune voiture ne passe en bas de la rue. C’est le silence des grands espaces. Le silence des nuits en pleine nature, si vaste, si profond et si parfait que, rien qu’en l’écoutant, on peut deviner l’immensité qui se cache derrière l’obscurité de la nuit. Tout est immobile. Silencieux. Noir. Assis à même le sol, dans le noir le plus complet, nous observons les étoiles et la voie lactée qui se détachent parfaitement dans le ciel. Ici, aucune pollution lumineuse, si ce n’est celle des avions qui clignotent parmi les étoiles. Le moment est magique, précieux. Comme souvent depuis que nous voyageons, nous prenons conscience de la chance que nous avons d’être ici. De l’aventure que nous vivons. Que du bonheur.
Vendredi 21 octobre
La nuit a été… paisible. À 7 h 35 très précisément, les premiers rayons du soleil s’échouent sur les buttes lointaines. Tente ouverte, enveloppés dans la couette jusqu’au menton, nous n’en ratons pas une miette. Nous avons d’ailleurs élu ce spot « plus beau spot dodo de notre voyage ». Jusqu’à présent, en tout cas.
JP est encore froid, mais nous le mettons immédiatement au travail. Première « difficulté » : quitter notre emplacement. Il est presque 10 heures. Il nous reste encore 30 kilomètres pour terminer la White Rim, puis encore 20 kilomètres pour rejoindre la route principale et enfin 20 kilomètres supplémentaires pour atteindre Moab. En route !
Après quelques minutes de chemin, nous rejoignons la Green River, que nous longeons sur de nombreux kilomètres. En haut, tout est sec et aride. Mais en bas, près de la rivière, la nature est verdoyante et luxuriante. Un passage vertigineux à flanc de falaise nous fait descendre au bord de la rivière. Nous roulons maintenant dans un sable meuble et profond. C’est pour ce passage que la ranger, à l’accueil, nous avait demandé si nous étions équipés de plaques de désensablage et d’une pelle. Mais c’est sous-estimer JP de penser qu’on va en avoir besoin ! 😎 Il vole au-dessus du sable en soulevant un nuage de poussière !
On arrive à la fin de la route. Plus que 10 kilomètres. Mais quels kilomètres ! Il nous faut 1 heure pour en venir à bout. Nous quittons le bord sableux de la Green River pour franchir une butte. La montée est raide et très accidentée, le moteur gronde, chauffe, la voiture balance dans tous les sens. La descente est vertigineuse. Les roues passent à quelques centimètres du vide. « Serre à droite ! », je dis à Rémi, qui n’a pas besoin de moi pour s’en rendre compte 😅 Enfin, après quelques sueurs froides, nous voilà de retour auprès de la rivière.
Dernière étape de la White Rim : remonter en haut du canyon ! Nous avons rejoint un chemin plus praticable accessible aux véhicules non 4×4. Des lacets serrés nous permettent de remonter le canyon. C’est la fin de la White Rim ! Qu’est-ce que c’était beau, excitant, magnifique ! Le parc de Canyonlands est sans conteste l’un des plus beaux de l’Ouest américain. Et nous n’avons pas fini de le découvrir, car dès demain, nous y retournons pour un autre trail 4×4 : la Potash Road.
Nous traversons Moab pour rejoindre notre spot du soir. On pensait en avoir terminé avec la trail, mais c’était sans compter sur cette ville super dynamique où les véhicules 4×4 sont rois. Il y a des pistes partout ! Nous nous éloignons un peu pour trouver un spot libre (il y a du monde partout) et à l’abri du vent. D’habitude, notre 4×4 nous permet de trouver facilement des spots où tous les autres vans et VR ne vont pas. Mais ici, à Moab, tout le monde a un 4×4 qui va partout ! Ça nous facilite pas la tâche 😅
Samedi 22 octobre
Notre journée studieuse à la bibliothèque prend un tournant inattendu lorsque, à midi, tranquillement attablés à notre restaurant mexicain préféré (oui, encore), nous nous rendons compte que la journée de demain s’annonce pluvieuse. Pour la Potash, c’est donc aujourd’hui ou jamais, car elle sera fermée la semaine prochaine. Ni une ni deux, nous changeons nos plans et partons immédiatement. Cette trail du parc national de Canyonlands est aussi réservée au 4×4. Elle longe le mythique Colorado et offre des paysages à couper le souffle. Nous retrouvons Deadhorse, que nous avions admiré de haut quelques semaines plus tôt. Et nous passons par le lieu de tournage de la scène finale du film Thelma et Louise. Pour les connaisseurs, c’est ici que la voiture saute dans le vide ! Encore une route exceptionnelle !
Nous l’avons descendue il y a deux jours, il nous faut maintenant la remonter : la Shafer ! C’est en effet ici que prend fin (ou commence) la Potash Road. Bien moins impressionnante et longue que la White Rim, elle n’en reste pas moins magnifique !
Comme prévu, la soirée est pluvieuse, venteuse, orageuse et fraîche. Il est très facile de faire du camping sauvage à Moab et nous retrouvons notre spot préféré, en pleine nature, face à un beau et vaste paysage… que nous admirons depuis la voiture ! Et dire qu’hier encore, nous étions en t-shirt !
Dimanche 23 octobre
De la pluie à la neige, il n’y a qu’un pas ! Un froid polaire s’est abattu aujourd’hui sur Moab. Nous nous retranchons au Mcdo où nous passons une bonne partie de la journée à bosser. À 15 heures, affamés, nous faisons un dernier arrêt au restaurant mexicain pour un ultime burrito. Nous y sommes allés 4 fois ! 😂 Nous quittons Moab sous une tempête de neige ! On ne le sait pas encore, mais de la neige, on va en avoir en masse ces prochains jours ! 🥶
3 comments
Mamie – 14h.05
Circuit exceptionnel aux paysages éblouissants mais quand même très dangereux. Vous prenez du plaisir avec des risques. Soyez prudents et remerciez votre véhicule « sans confort » qui vous permet de passer dans des endroits vertigineux.
Bisous.
De nouveaux à couper le souffle, on a l’impression d’y être entre récits et photos !!! Merci et vivement la suite 🙂
Et dire que j’y étais il y a 3 semaines !! Je l’ai vue cette route, nous l’admirions du point de vue prévu à cet effet, Natacha et Rémi disait : « on va y rouler dessus dans quelques semaines ». Alors déjà que je trouvais que c’était étroit, virages en épingles, impossible de se croiser,pentu, maintenant que je le vis à travers le récit et les photos, j’ai encore plus le frisson !! C’est l’ « Angel Landing » des 4×4……