On le sait, le Sud c’est la chaleur et le soleil ! Et oui, ça s’applique aussi aux États-Unis ! Excursion près de la frontière mexicaine, entre Texas, Nouveau-Mexique et Arizona. Entre cactus piquants, sculptures de pierre et passager clandestin dans le Jeep, ces quelques jours dans le Sud ont été plein de péripéties !
Dimanche 06 novembre 2022
Contre toute attente, nous sommes au Texas ! Qui l’aurait cru ? Du plus grand État des États-Unis continentaux (le deuxième après l’Alaska), nous n’allons en faire qu’une toute petite partie. Tant pis pour Houston, ce sera pour une autre fois 😉
Nous prenons l’autoroute pour nous rendre au parc national de Guadalupe Mountains. Les montagnes Guadalupe se dressent à 900 mètres d’altitude au-dessus du désert de Chihuahua qui les entoure. Ici dans les montagnes se cachent des cougars et même des ours noirs. La prudence est de mise, car le climat est si doux par ici que les ours n’hibernent pas ! Ils sont en effet capables de trouver de la nourriture toute l’année. Nous partons pour une superbe randonnée au milieu d’une belle nature préservée. Ici aussi, on trouve toutes sortes de cactus. Dans le lit asséché de la rivière que nous remontons sur de nombreux kilomètres, les couleurs automnales sont flamboyantes.
Après 3 kilomètres à sauter de rochers en rochers dans le lit de la rivière, le chemin se termine au fond d’une gorge profonde encadrée de deux hautes falaises. Il ne reste plus qu’à faire demi-tour !
Nous prenons ensuite la route en direction de l’Ouest. Le Mexique est tout proche, nous passons un checkpoint douanier posé sur l’autoroute. On ralentit, on marque le stop. Le feu est vert, on peut continuer ! On contourne par le Nord la grande ville d’El Paso, située sur la frontière mexicaine. Le soleil couchant nous offre un spectacle magnifique sur cette immense agglomération posée au milieu du désert. Tandis que la boule orangée descend à l’horizon jusqu’à disparaître, nous roulons vers le Nord jusqu’au Nouveau-Mexique. On s’installe sur les hauteurs de Las Cruces pour passer la nuit, bercés par le cri des coyotes qui rôdent autour du camp.
Lundi 07 novembre
Le changement d’heure n’est décidemment pas en notre faveur. Non seulement nous devons cuisiner et manger à 17 heures si nous ne voulons pas finir la soirée dans le noir, mais en plus nous sommes réveillés par les rayons du soleil dès 7 heures du matin ! Bon au moins, la journée commence plus tôt. Et c’est une journée studieuse. Nous commençons par prendre une super douche pour 1 $ chacun, puis direction la bibliothèque. Nous y travaillons toute la journée et, en fin de journée (c’est-à-dire à 16 h 30…), nous retournons au même spot que la veille pour passer la soirée. À 17 heures, nous cuisinons des pizzas mais c’est raté, il fait déjà nuit lorsque nous commençons à manger ! Ma parole, va-t-il falloir manger encore plus tôt que ça pour ne pas finir dans le noir complet ? Pff, l’hiver, quelle idée !
Depuis trois nuits, nous sommes en guerre. Nous avons une souris. Une toute petite souris. Une fois bien installés dans le Jeep pour dormir, on l’entend marcher sur le toit. Tic tic tic. Un jour. Deux jours. Au bout du troisième jour, nous sommes bien forcés de nous rendre à l’évidence : nous avons un passager clandestin. Impossible que ce soit chaque soir une souris différente ! Mais où se cache-t-elle la journée ? Cette fois-ci, Rémi sort. En caleçon et t-shirt, chaussures rapidement enfilées sans chaussettes, sa fidèle flash light à la main, un bâton de randonnée dans l’autre, il est prêt à en découdre. Le Jeep secoue, j’entends gratter sur le toit, ça penche d’un côté, puis de l’autre, du bruit, des raclements, puis le silence. Dix minutes plus tard, le voilà de retour. Bredouille. Il a bien vu la souris, mais elle a disparu. Il espère lui avoir mis une belle frousse !
Mardi 08 novembre
Du peu que nous en voyons, Las Cruces nous semble une ville bien plus accueillante qu’Albuquerque. Fascinés par les immenses villas qui bordent la route, nous nous promenons dans les riches quartiers en prenant des photos. Depuis le début, on adore le style des maisons du Nouveau-Mexique. On se demande bien qui peut habiter dans d’aussi immenses baraques ? Peut-être des barons de la drogue ? 😅
L’autoroute 10 est une route rectiligne qui traverse le Sud du Texas, du Nouveau-Mexique et de l’Arizona. Les camions sont là en masse, les déchets aussi. La frontière mexicaine est à quelques kilomètres au Sud et des checkpoints jalonnent la route. Tous les véhicules doivent y passer. Camions d’un côté, voitures de l’autre. Le feu est vert, on peut continuer. Après trois heures de route sur cette route très busy parsemée de panneaux mettant en garde contre les tempêtes de sable, nous sommes de retour en Arizona. Les étendues désertiques laissent place à des paysages montagneux, verts et boisés. Nous prenons de l’altitude. Nous campons au milieu d’un bois sombre et humide. Une soupe cuisinée dans le noir le plus impénétrable et on s’enferme au chaud pour une bonne nuit. Jusqu’à ce que… Tic tic tic. La souris ! Cette fois-ci, on sort tous les deux. On cherche, mais pas de souris. Par contre… « Oh ! Regarde, un putois ! ». « C’est une moufette », me dit Rémi 😂 Il fait froid et sombre, on retourne dans le Jeep. Cric, cric, cric. C’est pas possible ! Je suis sur le siège passager et je dis à Rémi : « J’ai l’impression qu’elle est derrière moi, à grignoter quelque chose ». Bah, dans le Jeep, impossible ! Rémi ouvre la porte arrière et elle est là ! Dans le Jeep ! Horreur !! 😱 Rémi la fait voler à l’extérieur. Il veut partir, car il pense que la souris a fait son nid quelque part dans le Jeep et qu’elle va revenir, lorsque l’agitation sera retombée. Il est 20 heures. Nous voilà dans la nuit noire, la barre à LED du Jeep perce l’obscurité et nous roulons quelques mètres pour trouver un nouvel emplacement. Ici, on espère que la souris ne nous retrouvera pas !
30 minutes plus tard, nous entendons à nouveau gratter dans la soute, derrière le siège passager. On se regarde avec désespoir et on établit un plan de bataille. Il faut la faire revenir à l’arrière du Jeep, pour la faire sortir, pour de bon cette fois. Je suis chargée de claquer plusieurs fois les portières arrière et de faire du bruit pour l’inciter à se réfugier à l’arrière. Rémi l’attend à l’arrière avec la carte du parc national des grottes de Carlsbad, ultime arme. Au milieu du bois sombre et silencieux, on met notre plan à exécution. Je claque les portières, je fais du bruit. « Continue, je la vois » ! La carte du parc national claque contre le Jeep. « C’est bon ? » je demande en me précipitant à l’arrière. Rémi a vu la souris, mais elle s’est faufilée derrière le bumper arrière du Jeep. Impossible de la retrouver…
Cette soirée est décidément riche en événement ! À 22 heures, nous apercevons deux yeux qui brillent dans le noir. On allume la barre à LED du Jeep, qui éclaire… Est-ce que c’est un chat ? Un lynx ? On apprendra le lendemain au centre de service du parc qu’il s’agissait de deux bassaris. Alors qu’on les observe tranquillement s’éloigner du faisceau lumineux du Jeep, voilà pas qu’un javelina, petite espèce de sanglier, passe devant la voiture ! Intrigués par toute cette vie sauvage qui se déroule tranquillement sous nos yeux ébahis, nous restons de longues minutes à observer les bois éclairés par la pleine lune. On ne verra qu’une seconde moufette !
Qu’en est-il de notre souris ? On l’a entendue trotter sur le toit du Jeep toute la nuit… Bon, au moins, cette fois-ci elle est dehors !
Mercredi 09 novembre
Pour rejoindre le monument national de Chiricahua, nous empruntons une piste qui serpente à travers les montagnes. Au loin, on aperçoit les plaines désertiques plates de l’Arizona, mais pour l’heure, nous sommes en altitude. Il est tôt et nous croisons de nombreuses biches.
Le monument national de Chiricahua nous était totalement inconnu, aussi nous n’avions aucune attente particulièrement le concernant. C’est peut-être la raison pour laquelle nous l’avons tant aimé ! Les Apaches Chiricahua qui occupaient la région avant l’arrivée des colons nommaient cet endroit « le pays des rochers qui se tiennent debout ». En pénétrant dans le parc, on comprend vite pourquoi ! D’impressionnantes et massives formations rocheuses s’élèvent vers le ciel. Elles ont été sculptées par les forces de la nature durant des millions d’année. Les géologues n’ont pas encore percé le secret de ces formations rocheuses, mais ils pensent qu’il y a environ 27 millions d’années, de violentes éruptions volcaniques du volcan Turkey Creek déversèrent d’épaisses couches de cendre brûlantes. En refroidissant, elles formèrent des couches de roche volcanique appelée rhyolite. L’eau, le vent et la glace sculptèrent ensuite la roche en d’étranges formations rocheuses, ces mêmes formations fascinantes que l’on peut admirer aujourd’hui.
Nous partons pour une longue randonnée de 15 kilomètres à travers ces forêts de roche pour les découvrir de plus près. Nous sommes fascinés par ces hautes formations et blocs rocheux qui semblent être en équilibre précaire. On dirait un Tétris géant !
La boucle nous mène à Hearth of Rocks, là où les formations rocheuses sont les plus impressionnantes. Certains rocs ont même été baptisés : on peut ainsi voir Duck Rock (le canard), Kissing Rocks (les rochers qui s’embrassent), Balanced rock (le rocher en équilibre) et même un rocher qui ressemble étrangement à Groot, des Gardiens de la Galaxie 😀
À nouveau, nous passons la soirée au fond des bois. On cuisine à 16 heures, pour profiter au maximum de la luminosité du jour. Puis on se met au chaud dans la voiture, en espérant à nouveau voir quelques animaux. Ce soir, ce ne sera que quelques biches… et toujours notre souris qui se promène sur le toit du Jeep pendant la nuit.
Jeudi 10 novembre
Retour au parc, où on prend un copieux petit déj’ au soleil. Puis c’est parti pour une petite balade digestive. On se promène sur le court sentier de randonnée autour de Massai Viewpoint, où on peut encore admirer les formations rocheuses du parc, qui semblent défier toute gravité.
Nous avons adoré le monument de Chiricahua, très peu connu et très peu populaire et qui pourtant vaut largement le détour ! Dans l’après-midi, nous faisons un bref arrêt dans la petite ville de Lowell. Dans les années 1950, la ville a connu un fort essor suite à l’exploitation d’une mine de cuivre, aujourd’hui fermée. Dans la rue principale, on trouve de nombreuses voitures d’époque et de vieux magasins aux vitrines défraichies.
C’est décidé, nous passons dans un magasin de bricolage pour acheter un piège à souris. On n’arrive pas à s’en débarrasser et on commence à avoir peur qu’elle nous grignote des câbles, car on l’entend parfois dans le capot. Nous passons la soirée près de la ville de Tombstone, dans un lit de rivière. Et, étrange coïncidence, pour la première fois depuis cinq jours, nous n’entendons pas la souris se promener, ni dans la soirée, ni dans la nuit ! Au matin, le fromage est toujours dans le piège, intact. Notre souris aurait-elle senti le vent tourner et disparu à temps ? On espère !
1 commentaire
MDR l’épisode souris !!
Magnifique ces rochers…