Nous avons passé deux jours à Hyder, deux jours à observer les ours pêcher le saumon. Un spectacle unique et incroyable que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Voici un florilège photo de ces longues heures d’attente et d’observation des ours d’Alaska.
Lundi 15 août 2022
Hyder, c’est un village -presque- fantôme en Alaska. Il est si petit et si paumé que les États-Unis n’ont même pas pris la peine de mettre une douane pour y accéder. Depuis Steward, en Colombie-Britannique, on peut donc passer à Hyder en Alaska sans s’arrêter et sans montrer nos passeports. Si nous allons à Hyder, ce n’est pas pour voir des fantômes, mais pour voir les ours d’Alaska ! La rivière à saumon attire tous les plantigrades du coin, qui viennent s’adonner à une partie de pêche gourmande et intensive. On espère en prendre plein les yeux 🤞
La passerelle d’observation, qui longe la rivière en hauteur sur quelques mètres, est fermée par un portillon. Nous nous enregistrons à l’entrée, puis nous entrons, non sans consciencieusement refermer le portillon derrière nous. Quelques visiteurs sont déjà là, certains armés d’énormes objectifs. C’est parti pour l’attente. Ici, en pleine nature, les ours vont et viennent à leur guise.
Deux heures s’écoulent. Nous les passons à observer les saumons (nous n’en avons jamais vus de si gros) et à lire. Quand tout à coup ! Un ours brun surgit. Il est particulièrement massif, tout en muscles. Il remonte lentement la rivière. Les saumons s’enfuient sur son passage dans de grandes éclaboussures. Il les ignore, jusqu’à ce que l’un d’eux ne soit pas assez rapide. L’ours se jette en avant et l’attrape de ses griffes acérées. Il le prend ensuite dans sa gueule et rejoint la berge pour le déguster tranquillement. Quel pro !
Il est en train d’engloutir son troisième poisson, lorsqu’un congénère débarque. Les deux se jaugent. S’évaluent. S’approchent doucement. Que vont-ils faire ? Nous sommes tous suspendus à leurs faits et gestes.
Les voilà tout à coup debout sur leurs pattes arrière… à se battre. Wow ! Quel spectacle. Coup de pattes, coup de griffes, morsure. Un ranger nous apprend qu’il s’agit en réalité de deux frères joueurs en train de se chamailler gentiment. Nous passons plus d’une heure à les regarder se chamailler et pêcher ensemble. Quand l’un d’eux attrape un saumon, il s’enfuit en courant loin de l’autre pour ne pas se le faire piquer. Ces deux frères semblent être des habitués de la rivière, car nous avons la chance de les apercevoir trois fois entre aujourd’hui et demain ! Dès qu’ils ont un creux, les revoilà ! Ça pêche et ça se chamaille dans tous les sens.
Quel beau moment ! Décidemment, on aura tout vécu avec ces ours : on est tombés nez à nez avec eux sur un sentier de randonnée, on les a vus allaiter, se battre, pêcher, grimper aux arbres, grimper sur notre Jeep, traverser la route devant nous. Que d’aventures. Que de souvenirs ! Peu après, et pour notre plus grand bonheur, un troisième ours apparaît ! Ou plutôt une ourse : la maman des deux frères. Elle est massive. Les temps sont durs pour elle, car ses petits oursons devenus grands font maintenant la loi. Lorsqu’elle s’approche d’eux, elle les contourne en passant laborieusement par les buissons. Eux l’observent mais ne l’approchent pas. Puis, elle va pêcher plus loin.
À 21 heures, la nuit tombe et il est temps de quitter notre poste d’observation. Pour revenir à Steward au Canada, nous devons passer par le poste frontière canadien. Le douanier nous arrête, pose les questions d’usage, vérifie nos passeports et nous permet de passer. Il pleut des trombes d’eau, on s’arrête donc au seul restaurant encore ouvert de Steward où on déguste un bon burger pour Rémi et une soupe butternut pour moi. Demain, nous espérons revoir des ours !
Mardi 16 août
Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour voir les ours d’Alaska ! Dès 7 heures, nous sommes de retour sur la passerelle. En trois heures, nous voyons trois ours : les deux frères de la veille et un ours noir, qui reste juste le temps de pêcher un poisson et de disparaître dans les fourrés. On suit sa progression en cherchant les fourrés qui remuent. Plus haut, il réapparaît sur la route, son saumon dans la gueule et s’en va en dandinant des fesses. Voilà un automobiliste qui va faire une drôle de rencontre !
À 10 heures, nous quittons, un peu à regret, notre poste d’observation. Les ours, c’est bien beau, mais il y a une autre attraction près de Hyder : le magnifique Salmon Glacier. Une piste 4×4 défoncée mène à un point de vue en hauteur sur ce glacier qui a beaucoup reculé au fil des ans. Il est impressionnant.
En redescendant du glacier, nous croisons un ours noir ! Ils sont partout. Impossible de quitter Hyder sans faire un arrêt à la passerelle d’observation. Il est 14 heures et nous devons patienter deux heures avant de voir un des deux frères venir pêcher. Quel gourmand ! Pendant 1 heure, nous assistons à des scènes de pêche mémorables.
À 17 heures, fatigués par toute cette attente, nous décidons de retourner à Steward. À notre passage à la douane, le douanier nous reconnaît : « vous êtes déjà passés hier, vous ? » « Vous avez vu des ours ? ». Il nous pose les questions d’usage, vérifie nos passeports et nous laisse passer. Nous mettons le cap sur le camping du coin pour prendre une douche et manger. Puis, à 20 heures, impossible de résister : nous revoilà sur la passerelle d’observation. C’est la bonne heure ! Nous n’avons qu’à patienter quelques minutes avant qu’un bel ours brun fasse son apparition. Sa technique de pêche est plus hasardeuse que celle des autres ours que nous avons observés : il court partout dans la rivière, dans tous les sens, jusqu’à attraper un saumon. Il est très drôle. Il nous offre de belles scènes de pêche avant de disparaître, un saumon dans la gueule.
Cette fois, il est l’heure de quitter définitivement Hyder et ses ours d’Alaska, des étoiles plein les yeux. On n’en revient pas d’avoir eu la chance de voir autant d’ours pêcher à Hyder ! On fait un rapide compte : 5 ours à Hyder, plus un sixième sur la route en revenant du glacier : nous sommes en tout à 61 ours depuis qu’on a commencé notre voyage ! Whaou ! Cela nous semble énorme. Moi, dans la voiture : « Je parie qu’on va voir 62 là, tout de suite ». On passe un virage et paf ! 62 est là, errant le long de la route. Fou rire.
À la douane, le douanier s’exclame : « You again ! » À ce stade-là, il ne s’embarrasse plus des questions d’usage : « Nothing new ? » demande-t-il, avant de nous laisser passer après avoir vérifié nos passeports. Sur ce, nous quittons l’Alaska, non sans un pincement au cœur. Nous avons vécu beaucoup d’aventures dans le 49e État des États-Unis et nous sommes tristes de laisser derrière nous cette partie de notre voyage.
Le Yukon et l’Alaska nous laisse le goût des grands espaces, ceux si vastes et si sauvages qu’on a peine à les concevoir. De tels espaces et une telle nature ne peuvent qu’appeler à l’humilité. Nous avons adoré cette nature sans limite, ces paysages d’une beauté à couper le souffle, les glaciers alaskiens, la toundra du Yukon jusqu’à l’océan Arctique et, évidemment, la vie sauvage si imprévisible et si belle. Notre voyage à travers les Amériques ne fait que commencer, mais nous savons déjà que le Yukon et l’Alaska resteront une des plus belles parties de notre route 😊
3 comments
Magnifique ce reportage sur les ours. Vous avez eu beaucoup de chance de voir cette pêche aux saumons. Spectaculaire !!!
Bisous.
Mamie
Que c’est agréable de vous lire et de voir vos splendides photos et vidéos, nous sommes allés à Hyder où nous avons vu des ours partout sauf sur la passerelle 😂 mais nous n’avions pas eu votre patience. Le glacier était lui aussi une belle découverte. Prochaine étape Prince Rupert ?
Et non pas Prince Rupert, le prix du billet entre Prince Rupert et Vancouver Island était un peu trop élevé et pas de dispos avant plusieurs jours lorsque nous avons regardé. Mais cela nous a permis de faire un saut dans le parc Wells Gray que nous n’avions pas prévu au départ. Une belle découverte ! 🙂