Nous n’avions pas trop d’attentes vis-à-vis du Nouveau-Mexique, car nous ne connaissions pas grande chose de cet État des États-Unis. Coincés entre les mastodontes du tourisme que sont l’Arizona à l’Ouest et le Colorado au Nord et le géant Texas à l’Est, le Nouveau-Mexique n’est pas super populaire parmi les voyageurs. Pourtant, nous avons adoré ! Et pas seulement à cause de son climat doux, très doux 😊
Dimanche 30 octobre 2022
Nous avons adoré le monument national de El Morro. C’est un tout petit parc du Nouveau-Mexique, facile à oublier, volontairement ou pas. Là-bas, pas de paysage grandiose ou mythique. Non, le principal attrait est une falaise sur laquelle se trouvent des dizaines, des centaines, des milliers de messages. 2000 messages, pour être exact. Pourquoi tous ces messages à cet endroit précis ? Au bas de la falaise se trouve un bassin d’eau douce et fraîche. Il est constamment alimenté par l’eau des pluies estivales et la fonte des neiges au printemps. À l’époque, ce point d’eau était une oasis dans le désert. Lors des grands voyages, les caravanes s’arrêtaient ici pour se rafraîchir et faire le plein d‘eau.
C’est ainsi qu’ici, de nombreux voyageurs ont pris l’habitude de graver des messages dans le grès de la falaise : on y trouve des pétroglyphes du peuple ancestral Pueblo entre 1100 et 1400, des messages des conquistadors espagnols entre 1539 et 1774 puis ceux des militaires américains entre 1846 et 1906. Cette falaise raconte l’histoire de tous ces peuples et de toutes ces civilisations, et c’est très fascinant.
Nous nous promenons le long de la falaise, armés d’un carnet qui raconte l’histoire des plus belles inscriptions et de ceux qui les ont gravées. Si les peuples ancestraux Pluebo gravaient des pattes d’ours, des mains et des antilopes d’Amérique, les espagnols gravaient des textes pour laisser une trace de leur passage. La plupart commence par « pasó por aquí » (je suis venu ici). Certaines inscriptions calligraphiées sont très élégantes, comme celle d’E. Penn. Long ci-dessous, un membre de l’US Army qui est venu jusqu’ici en 1857 avec des chameaux, afin de tester leur utilité dans la traversée d’un désert. Ou encore celle de Ramón García Jurado (ci-dessous à droite), gravée en 1709, un colon espagnol en campagne contre les indiens Navajos. En lisant bien, on peut déchiffrer l’inscription suivante : « A 25 del mes de Junyo, año de 1709 pasó por aquí para Suni- Ramón García Jurado » (Le 25 juin de l’année 1709, Ramón García Jurado est passé ici en se rendant à Zuni).
Après avoir fait minutieusement le tour des inscriptions les plus emblématiques du lieu et s’être imaginé la vie de tous ces voyageurs passés ici avant nous, nous partons pour une courte marche en haut de la falaise. On y trouve les ruines d’anciens villages du peuple Pueblo, et aussi une superbe vue sur la vallée !
Du monument national de El Morro, nous nous rendons au parc national de El Malpais, qui signifie Badlands en espagnol (Mal País). Le parc est connu pour ses champs de lave datant d’une éruption vieille de 3 900 ans. Les grottes de lave sont particulièrement impressionnantes. Il est évidemment interdit de s’y aventurer, car elles sont assez instables ! Nous nous promenons un peu au hasard dans le parc, à la recherche du cratère du volcan. Au bout de longues minutes à explorer les environs, cartes et GPS en main, nous nous rendons compte que nous sommes en réalité dans le cratère. On le discerne à peine, c’est maintenant devenu un simple creux dans la forêt, recouvert de végétation.
Après cette petite balade, nous empruntons une piste 4×4 de 60 kilomètres qui nous fait traverser le parc. On s’attendait à des paysages hostiles et impressionnants d’immenses champs de lave, mais on roule en réalité à travers des prairies à perte de vue. On croise simplement des ânes et quelques vaches, dont une vache noire téméraire qui charge le Jeep quand on passe devant elle ! Je crois qu’elle a pris JP pour un beau taureau 😀 Mis à part cette petite aventure, la route en elle-même ne présente pas vraiment d’intérêt.
En fin d’après-midi, nous prenons la route d’Albuquerque. Bien que ville la plus peuplée du Nouveau-Mexique, ce n’est pas sa capitale, dont le titre revient à Sante Fe, plus au Nord. Albuquerque, c’est la grande ville dans toute sa splendeur : une autoroute à 8 voies surchargée, une banlieue qui n’en finit pas de s’étendre devant nous, des échangeurs aux airs de labyrinthe, des publicités géantes. Nous avons réservé une chambre de motel. La perspective de passer une soirée au chaud et de prendre une douche nous tente au plus haut point ! Nous échouons en ville dans un motel mal famé. Mais la chambre est très agréable : il y a un lit moelleux et une douche chaude, et même une petite kitchenette, on n’en demande pas plus ! Nous passons la soirée à travailler devant les championnats du monde de Chase Tag, soit les championnats du monde de jeu du chat. Une vraie découverte ! Un joueur fait le « chat », l’autre fait la « souris ». Ils se trouvent dans une arène pleines d’obstacles de parcours et c’est parti, le chat a une minute pour attraper la souris ! Trop drôle !
Jeudi 03 novembre
Voilà trois jours que nous sommes à Albuquerque. Pour son charme, son dynamisme, ses habitants chaleureux ? Non, rien de tout ça ! On ne peut pas dire d’Albuquerque que c’est une ville accueillante. Bien au contraire, malheureusement. Les rues que nous avons traversées pendant trois jours et la bibliothèque publique nous ont donné une image peu reluisante de cette grande ville. Nous avons vu des dizaines de gens paumés, sales, à la rue, drogués, délirants, nauséabonds, défoncés, ivres. Un bien triste spectacle. Le personnel de la bibliothèque ne peut pas les empêcher de venir utiliser leurs toilettes, mais ils craignent tellement une overdose qu’ils les laissent verrouillés et il faut demander les clés à la réception. 15 minutes, pas plus. Toutes les cinq minutes, les bibliothécaires viennent toquer à la porte en demandant si tout va bien… Nous avons passé trois jours à la bibliothèque pour travailler. Après une nuit dans un motel, nous avons passé les trois nuits suivantes en pleine nature, au calme, à 20 minutes de la ville.
Aujourd’hui, il est temps de quitter Albuquerque, sans regret. Ce triste spectacle nous fait d’autant plus de peine que nous nous apprêtons à visiter les lieux de tournage d’une de nos séries préférées, axée sur la drogue : Breaking Bad. L’histoire d’un prof de chimie à qui on diagnostique un cancer du poumon en phase terminale avec une espérance de vie de 2 ans. Pour mettre sa famille financièrement à l’abri, il se lance dans la fabrication de méthamphétamine, jusqu’à devenir baron de la drogue. Breaking Bad n’est probablement pas à l’origine de la misère d’Albuquerque (et d’autres grandes villes américaines, #Vegas), mais on ne peut tout de même s’empêcher de faire un parallèle entre les valeurs que cette série véhicule et ce qu’on a vu ici pendant trois jours. Nous passons la journée à arpenter la ville à la recherche des différents lieux emblématiques de la série. Les amateurs de la série reconnaitront : le Car Wash qui servait à Walter White à blanchir son argent sale.
La célèbre maison de Walter White, devenue un lieu de pèlerinage des fans de la série. Les propriétaires ont dû barricader leur maison derrière un grillage pour tenir éloigner les badauds (c’est la seule maison du quartier à être ainsi fermée).
La maison de Jesse, le jeune acolyte de WW. Elle se trouve dans un quartier très chic, très vert, très propre qui contraste énormément avec tout ce qu’on a vu de la ville jusqu’à présent.
Et on termine par le Fast Food du baron de la drogue, Los Pollos Hermanos. Il y a même un camion qui a servi pour le tournage, avec quelques seaux de la fameuse sauce où était planquée la drogue !
Dans un autre thème, nous nous arrêtons brièvement au monument national de Pétroglyphe. Il est situé en plein milieu de la ville, dans un quartier résidentiel. On y trouve quelques pétroglyphes.
En fin d’après-midi, nous quittons Albuquerque pour de bon. Il fait déjà nuit noire lorsque nous nous installons dans un lit de rivière asséché. Demain, nous partons dans le Sud du Nouveau-Mexique pour découvrir le magnifique parc national de White Sands !
2 comments
Coucou,
Pas de regret pour Albuquerque …. par contre je trouve émouvant toutes ces inscriptions sur la falaise qui donnent une image de tous ces voyageurs.
Bisous.
Mamie – 10h.22
Vous avez eu le droit de laisser une trace de votre passage ?