États-Unis, Arizona – Au creux de The Wave

Cela semble impossible, de décrire la beauté de The Wave par les mots. Ses lignes, ses courbes, ses formes, ses couleurs, chaque détail est gravé dans nos esprits, mais surtout dans nos cœurs. Il ne fait aucun doute que cette merveille de la nature restera un des plus beaux endroits qu’on a pu voir en ce monde.

Jeudi 06 octobre 2022

Quand la Nature est si belle et si fragile qu’elle doit être protégée à tout prix. Et ce prix, c’est le prix de la chance. Une chance incroyable, presque indécente. Celle du tirage au sort. Chaque jour, des centaines de personnes espèrent se rendre à The Wave. Mais chaque jour, 20 permis sont attribués. 20 permis. Quelles sont nos chances ? Ce soir pourtant, le miracle tombe sous la forme d’un simple mail automatique. « Congratulations ! You were successful in the Coyote Buttes North Daily Lottery! ». Du premier coup. Sans même y croire. Alors comme je le disais, la chance est parfois presque indécente.

Vendredi 07 octobre

Après la découverte d’Antelope Canyon, nous voici de bonne heure à Kanab pour récupérer notre précieux sésame. Il prend la forme d’un bout de papier à accrocher au sac à dos. Mais le sésame ne suffit pas : il faut aussi assister à une formation de survie en milieu désertique. Serpents venimeux du désert, mygales, conditions météorologiques extrêmes, risque de déshydratation, d’insolation. On nous conseille d’emporter 4 litres d’eau par personne. Comment savoir si un serpent est venimeux ? Partir du principe qu’ils le sont tous !

Il y a aussi la formation d’orientation, car pour atteindre The Wave, il n’y a ni sentier ni panneau indicatif. Nous avons droit à quelques photos du sentier accompagnées d’une brève description. Les repères à suivre sont des éléments naturels, comme des formations rocheuses à l’aspect remarquable. Ça ne rigole pas ! Heureusement : Rémi nous rappelle qu’il a obtenu 20/20 à l’épreuve d’orientation du bac. On compte donc sur lui 😜

Samedi 08 octobre

Notre permis est accroché bien en évidence au sac à dos de Rémi. Nous signons le registre au départ de la randonnée. Nous avons beaucoup d’eau, casquettes, lunettes de soleil, crème solaire. Pourtant, lorsque nous démarrons la randonnée à 8 heures, il fait encore très frais. Mais tandis que soleil s’élève de plus en plus haut dans le ciel, nous tombons nos couches de vêtements les unes après les autres.

Dès les premiers mètres, hésitation. Rémi, plan en main, préconise de continuer à suivre la rivière. Maman et moi, nous pensons qu’il faut prendre dès maintenant à droite. On inspecte le plan, les photos, la brève description. Finalement, nous nous rangeons à l’avis de Rémi. C’est qu’il a eu 20/20 à l’orientation au bac ! 😁

Le désert est immense, chaud et sec. Nous sommes seuls. Comme prévu, il n’y a rien pour nous indiquer la direction à suivre. Nous évoluons tantôt sur de la roche friable, tantôt dans du sable doux et très fin. Tout autour de nous, à perte de vue, le paysage est magnifique dans son hostilité. Sculptées durant des millénaires par le vent, la pluie, le sable et l’eau, les formations rocheuses qui s’élèvent vers le ciel nous laissent admiratifs. Nous marchons ainsi 2 h 30, sous une chaleur de plus en plus accablante.

Enfin, nous y sommes. Après une longue montée dans du sable meuble, nous nous glissons entre deux collines. Et elle est là. Timides, impressionnés, admiratifs, émerveillés, nous entrons dans la vague.

C’est un autre monde. Une œuvre façonnée par la nature, plus belle que tout ce que l’homme peut créer, et dont la beauté se passe de mots. Un monde tout en grâce, fait de lignes et de courbes harmonieuses sculptées par l’érosion à l’ère du Jurassique. Quelle beauté ! Seuls au milieu de The Wave, nous mesurons plus que jamais notre chance d’être ici, aujourd’hui, tous ensemble.

Nous avons pour consigne de ne surtout pas marcher dans les flaques d’eau qui parsèment The Wave. On y trouve en effet des crevettes préhistoriques très rares et très fragiles. Curieux, nous nous approchons de ces flaques à la recherche de ces fragiles crevettes venues d’un ancien monde. En effet, elles sont bien là ! Il s’agit en réalité de crevettes têtards qui prolifèrent dans les flaques d’eau laissées par la pluie. Comment sont-elles arrivées dans ces flaques d’eau entièrement closes ? Nous n’en avons pas la moindre idée !

Nous passons plusieurs heures à prendre des photos et à admirer chaque recoin de la vague. Il ne fait aucun doute que cet endroit restera à jamais gravé dans nos esprits, mais nous souhaitons quand même immortaliser ces instants magiques. The Wave n’est pas très grande, mais elle regorge de recoins, de canyons, de couloirs tous plus beaux les uns que les autres. Rémi est à l’œuvre, tandis que ma maman et moi nous promenons entre les courbes de la vague.

Nous partons ensuite nous promener au-delà de The Wave. En effet, là-bas, dans le désert, il y a d’autres curiosités à découvrir. Il y a même une deuxième vague, secrète, qu’il faut chercher et découvrir par ses propres moyens. Nous marchons sur les formations rocheuses millénaires, qui parfois arborent de drôles de formes. Tout autour de nous, le désert offre des paysages variés et incroyables, bien loin des dunes de sable que nous imaginions.

Sur le chemin du retour, alors que nous piétinons dans un sable brûlant et sous une chaleur torride, nous mesurons notre chance. Nous avons croisé une vingtaine de personnes. Alors, quelle chance incroyable d’en avoir fait partie ! À mi-chemin, nous croisons deux rangers, accompagnés du shérif ! Ils demandent à voir notre permis et vérifient si nous sommes bien inscrits sur le registre. Heureusement que nous y sommes ! L’amende est de 100 000 $ pour les personnes qui seraient tentées de venir ici sans permis, accompagnée d’une peine d’emprisonnement ! Les américains sont sérieux sur le sujet : The Wave est un trésor fragile qui doit être protégé.

Ils vérifient que nous sommes bien en règle, puis ils s’assurent que nous ne sommes pas en difficulté, que nous n’avons vu personne souffrant et que nous avons suffisamment d’eau pour faire le chemin du retour. Lorsqu’ils apprennent que nous avons obtenu notre permis du premier coup, ils n’en reviennent pas ! « You have to go to Vegas ! », s’exclame le shérif.

Monsieur le Shérif, c’est prévu 😉 Et dès demain !

Impossible de terminer cet article sans remercier chaleureusement Rémi, sans qui ma maman et moi serions encore en train de chercher notre chemin dans le désert, à se demander si « The rock pyramid » est plutôt cette formation rocheuse là-bas à droite ou là-bas à gauche et à laborieusement essayer de convertir 2 miles en kilomètres pour mieux se rendre compte de la distance à parcourir. Mon p’tit cœur, ton 20/20 à l’orientation au bac, qui a été le running gag de la journée, était amplement mérité, ça ne fait aucun doute !