On est de retour à Haines et plus précisément au bord de la belle rivière Chilkoot. Les saumons sont là en masse et tout le monde se partage le gâteau : aigles, phoques, ours, humains. On espère avoir la chance de voir tout ce beau monde pêcher le saumon !
Samedi 03 août 2024
Le ferry en provenance de Skagway nous dépose à l’embarcadère de Haines après 1 heure de traversée. On connaît bien ce petit village du Sud de l’Alaska pour l’avoir visité deux ans plus tôt. Aussi, on connaît un super spot pour voir des ours : la rivière Chilkoot ! L’après-midi touche à sa fin, alors on s’y rend immédiatement, plein d’espoir. La route longe le fjord, c’est aussi beau que dans nos souvenirs, si ce n’est plus aujourd’hui, car la météo est au rendez-vous ☀️.
La rivière Chilkoot est comme dans nos souvenirs, elle aussi. On adore cet endroit, où humains et ours se partagent pacifiquement les lieux, se tolèrent les uns les autres pour profiter ensemble d’un des mets les plus appréciés de l’Alaska : le saumon ! Et dans cette rivière, il y en a beaucoup ! Mais, pour que la cohabitation se passe bien, il y a des règles ! Les humains doivent stocker le fruit de leur pêche dans un contenant hermétique, à l’épreuve de l’odorat puissant des ours et se débarrasser des restes de poisson dans la rivière. Les ours, eux, ont interdiction formelle de monter sur la passerelle.
La passerelle, c’est celle-ci.
Il s’agit d’un lieu de recherche et de surveillance des saumons. Sur la passerelle, des chercheurs comptent les saumons. Oui, oui, ils les comptent. Un petit passage est aménagé dans la passerelle, où les saumons ne peuvent se faufiler que par petits groupes. Et chaque saumon qui passe est comptabilisé. Cela permet de savoir, année après année, combien de saumons ont réussi à arriver jusqu’ici pour se reproduire, après avoir échappé à la pêche intensive, aux ours, aux aigles et autres prédateurs. À notre arrivée à Haines, début août, plus de 40 000 saumons ont déjà atteint cet endroit de la rivière ! Cela semble beaucoup, mais le nombre de saumons diminue pourtant chaque année.
On se joint à un petit groupe de photographes et de touristes qui patientent au point de vue, pour certains depuis plusieurs heures déjà. Un ranger est aussi présent afin d’assurer notre sécurité, mais aussi celle des ours. En effet, contrairement au point de vue sur Fish Creek à Hyder, il n’y a pas de passerelle pour les visiteurs, permettant de les mettre hors de portée des ours. Le ranger nous apprend qu’une ourse nommée Lulu vient régulièrement pêcher dans le coin. On croise les doigts ! Pendant l’attente, ce sont les oiseaux qui font le show : magnifiques pygargues et hérons sont de la partie. Il y a même un phoque dans la rivière, qui pêche lui aussi le saumon.
À 18 heures, les deux chercheurs lèvent le camp. Ils ferment le passage dans la passerelle, rangent leurs affaires et quittent l’endroit. Bon. Tu te souviens des règles ? Soyons honnête, faire respecter des règles à des humains, c’est simple (en théorie en tout cas). Par contre, faire respecter des règles à des ours, c’est plus compliqué…
5 minutes après le départ des chercheurs, Lulu apparaît ! Elle est très intelligente, nous dit le ranger, ravi. Elle surveille les chercheurs depuis la forêt et s’en vient pour pêcher dès qu’ils s’en vont ! Et en effet, elle semble bien connaître les lieux. Elle remonte tranquillement la passerelle, très à l’aise, l’enjambe et se met à l’eau. Là, elle guette les saumons, qui sont agglutinés devant la grille à la recherche d’un passage pour continuer leur périple. Son moment d’immobilité, à fixer l’eau, est hilarant ! On retient tous notre souffle. Fuis, petit saumon !
Après quelques secondes, elle plonge brusquement ! Et lorsqu’elle émerge, elle tient dans sa gueule un beau saumon ! Elle remonte sur la passerelle et quitte tranquillement l’endroit pour déguster son festin à l’abri des regards.
Quel spectacle ! On est ravis ! On s’extasie avec les autres personnes présentes, on admire les photos des uns et des autres. Et 10 minutes plus tard, revoilà Lulu ! Le même manège recommence. Elle arrive tranquillement sur la passerelle, enjambe la barrière, se met à l’eau, reste immobile quelques secondes pour repérer un imprudent saumon dans la rivière, puis se jette à l’eau et attrape à nouveau un beau spécimen. L’action dure moins de 5 minutes. Puis elle disparaît à nouveau.
On attend fébrilement, avides de la voir revenir pour une nouvelle séance de pêche. Mais les minutes passent et plus rien. Serait-elle déjà rassasiée ? On ne le saura pas, car après une pause, les chercheurs sont de retour sur la passerelle pour reprendre le comptage des saumons. Dommage ! On quitte donc les lieux pour s’installer un peu plus loin sur la route. On passe la soirée dehors, un peu stressés tout de même de savoir les grizzlys dans le coin.
Dimanche 04 août
Nous sommes de retour au point de vue sur la rivière Chilkoot avant le soleil. Malgré un ciel bleu inespéré dans cette partie du monde, la rivière Chilkoot est encore plongée dans l’ombre de la montagne. Il fait donc frais et c’est bien couverts que l’on prend notre poste d’observation. Des pêcheurs sont déjà là, avides de toujours plus de saumons et des photographes également. On se renseigne sur les événements de la veille et de ce matin, mais tout a été calme. Tant mieux, nous n’avons rien raté !
Les chercheurs sont là, en train de compter les saumons. Et Lulu aussi ! Pendant que l’un compte, l’autre se tient debout devant lui, surveillant l’ourse ! Elle se tient immobile à l’extrémité de la passerelle. J’y vais, j’y vais pas ? 😆 Finalement, au moment où la chercheuse tourne la tête, l’ourse se lance. Tranquillement, elle remonte la passerelle en direction des deux chercheurs. La chercheuse se retourne, brandit son spray à ours et s’avance vers l’ourse en criant d’une voix ferme mais pas hystérique : « get off, get off, get off ! ». Lulu a l’air bien embêté… mais pas paniqué le moins du monde. Elle fait demi-tour et s’en va d’un pas nonchalant, jetant de temps en temps un regard par dessus son épaule pour s’assurer que l’humaine ne s’approche pas trop près. C’est très drôle ! 😅
On sait néanmoins que Lulu est en danger : si elle ne craint plus l’homme, elle pourrait être tuée, car considérée comme dangereuse. En effet, un ours habitué à l’homme est un ours potentiellement dangereux pour l’homme. C’est pourquoi les chercheurs prennent soin de bien la repousser à chaque fois, même si elle n’est pas agressive. Elle se poste à nouveau à l’entrée de la passerelle, surveillant les deux chercheurs. Quelques minutes plus tard, nouvelle tentative. Elle s’approche de son pas tranquille, hume l’air, surveille la chercheuse, qui la surveille aussi. Quand elle s’approche trop, elle s’écrie à nouveau : « get off ! ».
Cette fois-ci, l’ourse descend de la passerelle, la contourne et se met à l’eau. Elle nage un peu et comme la veille, elle attrape un saumon en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Puis elle s’en va le déguster dans les bois.
Quelques minutes plus tard, là revoilà. En réalité, les saumons sont tellement abondants à cette période de l’année que les ours peuvent se permettre d’être sélectifs. Ils chassent donc de préférence les saumons femelles et dévorent seulement la meilleure partie : la peau et les œufs, délaissant ensuite le reste pour en repêcher un autre. Même pas la chair !
Lulu se fait encore chasser de la passerelle, se remet à l’eau. Cette fois-ci, elle s’éloigne à la nage, puis suit la rive dans notre direction, nous offrant un beau spectacle.
Sans pêcher, elle disparaît dans les fourrés et ne réapparaît plus. Quelques minutes plus tard, le soleil surgit soudain au-dessus de la montagne, éblouissant tout le monde et diminuant fortement la visibilité. En quelques minutes, tout le monde s’en va. On quitte nous aussi la rivière Chilkoot et on part petit-déjeuner un peu plus loin, face à la baie.
Ensuite, on part se promener le long de la baie, admirant le paysage et les chalets luxueux au bord de l’eau ! On achèterait bien un chalet de vacances au bord de la baie ! 😁 Admirer le paysage depuis un rocking-chair sur la terrasse en été, admirer le paysage enneigé près du poêle à bois en hiver, voir des ours se promener dans son jardin. Le rêve ! On quitte ensuite les lieux pour se rendre à Haines.
On se promène un peu en ville, puis on s’installe devant la bibliothèque publique pour capter un peu de Wifi. Il fait très chaud, on mange sur une table de pique-nique en plein soleil. Comme c’est agréable ce beau temps ! On aimerait qu’il dure toujours. Après 2 heures de route, on arrive à la frontière canadienne. En effet, pour quitter Haines et rejoindre la partie centrale de l’Alaska, il faut passer par le Canada. Et pas n’importe où au Canada : il faut traverser l’incroyable parc national de Kluane !
1 commentaire
Quel beau spectacle que celui que vous a offert Lulu ! On ne s’en lasse pas….
Bon si vous achetez une résidence secondaire au bord du lac. Je viens squatter !!! 🤣🤣
🪑🏔️🪑⛰️
Bisou