Visite de notre premier village fantôme américain, situé en plein cœur du parc national Wrangell-St Elias, qui abrite certains des plus hauts sommets nord-américains… et le glacier Root, sur lequel nous sommes bien décidés à marcher.
Jeudi 04 août 2022
Depuis Valdez, il faut parcourir 290 kms (180 miles) pour rejoindre le village perdu de McCarthy. Or, avec McCarthy, le mot « perdu » prend tout son sens. Nous roulons 3 heures sur une route de plus en plus défoncée. La dernière heure de route se fait sur un chemin de tôle ondulée et de nid-de-poule qui s’enfonce au cœur de l’Alaska, et plus précisément au cœur de l’immense parc national Wrangell-St Elias.
Durant notre journée de route, nous faisons deux arrêts :
Pour aller, ou repartir de Valdez, il faut passer le magnifique col Thompson, situé au cœur de gigantesques montagnes et de hauts glaciers. À partir du point de vue, un chemin accidenté permet de marcher ou de rouler jusqu’en haut de la colline qui domine le col. Avec le Jeep, on ne s’en prive pas ! La vue sur la vallée est impressionnante.
Nous nous arrêtons ensuite pour randonner en direction de l’imposant glacier Worthington, qu’on aperçoit de la route. Techniquement, le sentier est fermé à cause d’un glissement de terrain. Il reste cependant largement praticable et nous nous approchons prudemment jusqu’à être tout à côté. La vue sur le glacier et sa grotte de glace qui coule sans discontinuité est impressionnante. On ne s’approche pas plus, car on a encore en tête les blocs de glace qui se détachaient du glacier Meares. Loin de nous l’envie de nous en prendre un sur la tête ! 🤪
Après quoi, nous prenons la route de McCarthy, non sans oublier de faire un plein d’essence à la station locale.
Sur la route de McCarthy, des ruines de l’ancien chemin de fer sont encore visibles par endroit. Il a été construit au tout début des années 1900 pour transporter le cuivre extrait des mines de Kennecott jusqu’au port de Cordova, plus au Sud, sur près de 320 kms.
Nous arrivons à McCarthy en fin de journée. Le village en lui-même n’est pas accessible en voiture, nous irons demain en empruntant la navette gratuite. Pour l’heure, il nous faut trouver un endroit où passer la nuit. Le camping du coin demande 30 $, et sans service ! Ça va pas oui ? On rebrousse chemin et on s’installe sur le parking d’un départ de randonnée, devant un beau panneau « No camping » ! Bah ! Nous prenons le risque. Nous sommes couchés depuis quelques minutes lorsque Rémi entend quelqu’un approcher. Comme nous sommes ici un peu « illégalement », il glisse un regard par la fenêtre. Ce quelqu’un est en réalité un grand orignal qui se promène autour du Jeep. Ouf !
Vendredi 05 août
L’ancien village minier de Kennecott est perdu au fond du parc national. Pour s’y rendre, il faut emprunter une navette gratuite, qui passe d’abord par le village de McCarthy, très paumé et très joli, même sous la pluie.
Kennecott est une ancienne mine de cuivre. En 1900, deux prospecteurs y découvrent des minerais contenant des taux de cuivre jamais vus auparavant : plus de 70 %, un taux parmi les plus purs de la planète. La machine est en marche et, au pied des 5 mines dispersées dans les montagnes, la plus célèbre étant la mine Bonanza, se crée le village de Kennecott. Pendant des années, on extrait des mines des quantités astronomiques de cuivre, à l’aide de procédés modernes (en tout cas, pour l’époque). En 1911, le chemin de fer permet d’accélérer l’exportation de la production… En 1938, les mines sont épuisées et le village est abandonné. Dans les années 1990, les parcs nationaux américains rachètent l’endroit. Un travail de restauration colossal est entrepris pour redonner vie à ce village fantôme, dont certains bâtiments peuvent à présent être visités.
Du temps où les mines étaient actives, Kennecott était une ville pleine de vie et d’animation, malgré son isolation et le périple que cela représentait d’y arriver, par le train. On y trouvait une épicerie, une école, des cours de tennis et même un hôpital particulièrement réputé dans la région. Si l’hôpital et l’école sont en ruine, l’épicerie a été reconstituée à l’identique.
L’usine était le bâtiment le plus important et elle domine encore aujourd’hui la ville de son imposante et haute structure. Lorsque les mines étaient en activité, elle fonctionnait nuit et jour à plein régime. Les minerais contenant du cuivre étaient transportés jusqu’à l’usine dans des nacelles suspendues dans le vide, qui servaient également à transporter les mineurs entre les mines et le village ! À l’usine, elles étaient ensuite cassées en petits morceaux, puis le cuivre en était extrait. Le tout était ensuite envoyé au Sud par la voie ferrée, dont nous avons vu les vestiges sur la route.
Nous aimerions beaucoup randonner vers l’une des mines, là-haut dans les montagnes. Mais la météo pluvieuse nous en dissuade. Nous nous contentons donc de marcher 3 kms sur un chemin très boueux jusqu’au pied du glacier Root. Nous n’avons pas de crampons, mais prudemment, nous nous aventurons sur la langue du glacier. Ce n’est pas grand chose, mais on est tout excités de se dire qu’on marche sur un glacier ! Attention à la glissade ! 😅
Chassés par la pluie, qui doit continuer encore plusieurs jours, nous décidons rapidement de quitter McCarthy et le parc national à la recherche d’un bout de ciel bleu. Sitôt revenus de Kennecott, nous prenons la route du retour, non sans croiser un ours noir au détour d’un virage.
Samedi 06 août et dimanche 07 août
Nous roulons jusqu’à Tok, près de la frontière. Enfin, nous essayons. Deux stations-services sont censées se trouver sur la route. La première n’existe pas. Bon, espérons que la suivante est bien là, parce qu’on est presque à court d’essence. Nous roulons, roulons, roulons et le niveau d’essence diminue de plus en plus. Arrivés à l’endroit de la deuxième station-service, il n’y a rien, si ce n’est un ranch ! Misère ! Nous faisons rapidement nos calculs : 65 kms pour rejoindre Tok et… « niveau d’essence bas » s’affiche sur le Jeep. Probablement moins de 15 kms. Que faire ? Du stop pour se rendre à Tok et y remplir notre jerrican ? Quelle idée d’avoir deux jerricans d’essence de 20 L sur le toit et de ne pas les remplir ! Pff. Finalement, deux sœurs s’arrêtent à notre niveau. Leur père a un jerrican de 5 gallons (22 litres) destinés à son ATV. Pour 30 $, l’affaire est conclue ! On est sauvés !
Le lendemain, nous devons passer au Canada. Mais avant, un entretien du Jeep est de rigueur. Au programme : changement du phare avant défaillant, niveaux d’huile, nettoyage des filtres, rotation et regonflage des pneus, le tout accompagné de délicieux pancakes, nos premiers sur la route ! 😋
Nous passons la frontière dans l’après-midi, le cœur un peu lourd face à la fin de nos aventures alaskiennes. Mais c’est pour en vivre de nouvelles au Canada, notre pays de cœur. Yukon, nous revoici ! 😛
1 commentaire
Quelle aventure! 😍N’oubliez pas de remplir le jerrycan d’essence🤦🏻♀️🤣