Valdez, c’est un port de pêche alaskien perdu au fond du Fjord, entouré de glaciers aussi hauts que des immeubles et d’une faune marine riche et omniprésente : baleines, orques, marsouins, lions de mer, phoques, loutres, saumons, macareux, pygargues. [Presque] Personne ne manquait à l’appel lors de notre croisière dans la baie Prince William Sound, dans le Golfe de l’Alaska !
Mardi 02 août 2022
485 kms (300 miles) séparent Anchorage de Valdez. Le trajet commence sous la pluie. C’est à travers la brume que nous discernons les montagnes et les glaciers environnants. Puis, à mesure que le jour se lève, la brume se dissipe et le soleil fait quelques timides apparitions, ce qui nous permet d’admirer la vaste forêt boréale, les massifs montagneux de l’Alaska et le glacier Worthington.
Nous arrivons à Valdez à 18 heures après une journée de route. C’est sous un beau soleil que nous découvrons ce village de pêcheur très touristique. Contrairement au port voisin de Cordova, plus au Sud, Valdez est accessible par la route, ce qui lui a permis de développer le tourisme… et les activités qui y sont liées ! Notre rêve est de faire du kayak au milieu des icebergs, mais les prix sont exorbitants ! Nous profitons cependant de tarifs plus abordables qu’à Seward pour réserver une croisière. Il ne reste plus qu’à espérer que la journée de demain soit belle et riche en rencontres ! 🤞
Mercredi 03 août
Un ciel sans nuage. Un soleil resplendissant. Pas une brise de vent. Bref, il s’agit de LA journée parfaite pour une expédition en mer. Nous sommes excités et impatients lorsque nous embarquons à 9 heures sur le Valdez Spirit. C’est parti pour 8 heures d’émerveillement, de stupeur et d’excitation. Nous nous installons immédiatement sur le pont supérieur, face à la mer, prêts à passer une journée qu’on espère exceptionnelle.
Et exceptionnelle, elle l’a été ! Voici en photos made by Rémi le résumé de notre journée !
Les phoques se reposent et prennent le soleil sur les bouées en mer et les icebergs. Leur tête ronde et leurs grands yeux se tournent dans notre direction quand on passe, mais ils ne bronchent pas.
Les loutres se reposent en pleine mer et font leur toilette en s’étendant sur le dos et en se laissant bercer par le courant et les vagues. C’est très drôle ! Certaines portent leur petit sur le ventre. Il s’agit du plus gros rongeur d’Amérique du Nord et les mâles peuvent peser jusqu’à 100 livres (45 kg). On aimerait bien flotter comme une loutre au grès du courant 😆 Quand le bateau s’approche trop près, elles plongent tête la première et disparaissent.
Quand on longe la côte à la recherche d’ours ou d’oiseaux marins, les pygargues, ou aigles à tête blanche, sont facilement repérables dans les arbres : il suffit de repérer une tache blanche dans le vert de la végétation. Cet oiseau emblème des États-Unis est partout autour de Valdez, presque toujours perché très haut, hors de portée.
Un autre oiseau marin, beaucoup plus petit : les macareux. Ils flottent sur l’eau ou volent en rasant la surface.
Les lions de mer prennent le soleil sur les rochers et les plages en bord de mer. On entend les grognements de toute la colonie quand on passe en longeant les falaises. Il y a des spécimens plutôt très impressionnants ! Les males les plus gros pèsent en moyenne 1200 livres (545 kg). On les aime bien, mais on aimerait bien qu’un orque vienne prendre son repas dans le coin 😁
Un splash au loin; le bateau fait une embardée tandis qu’il change abruptement de cap. Une baleine à bosses ! Elles voyagent 6000 miles (9600 kms) pour venir passer l’été dans les eaux riches en nourriture d’Alaska, puis redescendent dans les eaux chaudes du Mexique pour passer l’hiver et se reproduire. Quand elles sont ici, leur seul but est de se nourrir pour prendre des forces : elles peuvent consommer jusqu’à 1 tonne de nourriture par jour, plancton et krill. Celle que l’on aperçoit au loin est plutôt joueuse : elle jaillit hors de l’eau dans un grand splash et montre ses nageoires avant de replonger et disparaître dans les profondeurs. Dur de la suivre !
Des éclaboussures à l’horizon. Le bateau fend l’eau à toute vitesse et s’arrête à distance raisonnable d’un groupe de marsouins. On ne voit que leurs nageoires dorsales tandis qu’ils semblent nager en groupe sans se déplacer. Quand tout à coup, tout le groupe se précipite vers nous ! « Hold on, dit le capitaine, they may swim with us ». En effet, les marsouins se mettent à accompagner le bateau sur plusieurs mètres. Un moment magique pour nous, qui étions sur la proue, au premier plan !
Le clou du spectacle, et ce pour quoi nous sommes ici en tout premier lieu : le glacier Meares. Il se dévoile soudainement au détour d’un virage le long du Fjord, immense et majestueux. On en a vus des glaciers depuis que nous sommes en Alaska, mais celui-là est particulièrement impressionnant. Haut comme plusieurs étages, sa forme massive s’étale au fond du Fjord. Fait rare sur le glacier Meares : il avance ! Contrairement à son voisin, le glacier Columbia, deuxième plus grand glacier d’Amérique du Nord qui a reculé de 22 kms en… 20 ans ! 😱
Le capitaine s’approche autant que possible du glacier, mais est tenu à distance par des blocs de glace qui se détachent régulièrement de la paroi pour tomber dans la mer dans un bruit sourd. « Hold on, dit le capitaine, it’s teasing us ». Les moteurs du bateau se sont tus ; nous patientons une heure à écouter les craquements impressionnants de la glace et à voir des blocs se détacher. Quand tout à coup : un énorme bloc de glace se détache et tombe dans la mer, secouant le bateau d’une grosse vague. Whaouuu !
Outre la faune qui nous entoure, les paysages sont également un régal pour les yeux tandis qu’ils défilent lentement devant nous. Encore une fois : l’Alaska dans toute sa splendeur comme on se l’imaginait, mais vue depuis la mer !
Nous revenons de notre croisière avec des étoiles plein les yeux. Mais la journée n’est pas finie ! En discutant avec des passagers, nous avons eu vent d’un endroit où il est possible de voir les lions de mer pêcher : la Hatchery (écloserie) de Valdez, un lieu d’incubation artificielle du saumon. La marée est descendante. Des centaines, non des milliers de saumons sont revenus à la Hatchery, l’endroit où ils sont nés. Ils se retrouvent bloqués par les grilles. Pourtant, mus par un instinct incroyable, ils tentent en vain de continuer à remonter le courant. Cette abondance de saumons est une aubaine pour les mouettes, les aigles et les lions de mer qui s’en donnent à cœur joie. Pauvres saumons ! C’est un spectacle assez tragique : beaucoup sont morts de fatigue, d’autres luttent pour passer en vain les grilles, tandis que d’autres se font dévorer vivants. Pas facile d’être un saumon ! 😬
Il est 22 heures, nous sommes installés en bord de rivière. Rémi vient d’allumer le feu de camp et le thé/café fument encore. La vaisselle est en cours. Nous recevons un message de Marie et Brian : un ours à la Hatchery !! Ni une ni deux, le feu est éteint à l’aide de notre thé/café et, dix minutes plus tard, on a pris la route. En arrivant à la Hatchery, il est déjà trop tard, l’ours est parti. Déception. Nous traînons là un moment à discuter avec nos amis et à s’apitoyer sur le sort de tous ces pauvres saumons, dont les centaines de cadavres jonchent le sol à marée basse et sont engloutis par les mouettes et les pygargues.
Sur le chemin du retour : on le voit enfin ! Un bel ours brun vient attraper ramasser un saumon oublié par les mouettes. L’instant est trop bref pour le capturer, mais nous sommes bien contents d’avoir aperçu un ours, même si brièvement. Nous passons la nuit près d’un lac avec Marie et Brian. Nous discutons devant le Jeep quand tout à coup, je remarque un nouveau sticker : un sticker du Denali ! Marie et Brian l’ont collé là pendant que nous étions en croisière pour remplacer celui qu’on nous avait volé. Merci encore les amis !!! 😍
Il est déjà temps pour nous de quitter Valdez. Crois-le ou non, mais notre prochaine destination n’est pas un port de pêche ! Nous partons au cœur des vastes contrées sauvages et reculées de l’Alaska pour partir à la découverte d’un village fantôme : la mine de Kennecott.
4 comments
Fabuleux voyage les jeun’s, de bien belles images mais savez vous. Qu’en France ont peut observer d’importantes colonnies de phoques et de beaux marins sur nos côtes allant du nord à la Bretagne,que le rorqual ou grand requin bleu a été observé plusieurs fois en mer d’Iroise au large de Brest, que le Pygargue est presque commun en Corse j’ai même pu en observer un sur l’étang Chabaud Latour à Condé sur Escaut et plus dramatique que certains mamiphères marins on ne sait pour quelle raison remontent la Seine, comme l’orque et le beluga ce dernier mois. Continuez à nous faire rêver et comme disait Jean-Pierre Pernoud “bon vent”
La France regorge de beautés insoupçonnées 🙂 Non, on ne savait pas tout ca, de quoi nous donner envie d’en faire le tour après nos pérégrinations aux Amériques ! 😉
Bien triste pour les saumons mais vous avez bien fait de faire cette magnifique croisière.
Bisous.
Mamie
Au prix où est le saumon en France, vous auriez pu en congeler quelques uns 🙂
Magnifique cette croisière, fantastique les vidéos !! Ça vaut le coup de temps en temps de faire les touristes en groupe…
Bisou
Maman