L’aventure avant l’aventure ! C’est ce que nous sommes venus chercher sur la Steese Highway, au Nord de Fairbanks, après avoir récupéré notre Jeep d’expédition au garage. Alors, Jeepy, en forme pour une nouvelle expédition ?
Mercredi 07 août 2024
Depuis le parc national de Kluane au Yukon, nous arrivons à Tok, Alaska, de bonne heure. Tok, c’est la « grande ville » près de la frontière. Bon, quand je dis « grande ville », il faut relativiser. Il n’y a pas grand chose de grand, à Tok. Quelques habitations éparpillées en bord de route et dans les bois, deux stations-services, un restaurant en bord de route, un petit supermarché. On s’y arrête faire quelques courses. Puis, on se gare devant la bibliothèque publique pour capter un peu de Wifi.
On en profite pour établir le programme des prochains jours. Problème : la météo s’annonce pluvieuse. On évalue les différentes possibilités, on réfléchit, on calcule. Finalement, c’est sans issue : quelle que soit la destination dans le Sud de l’État, ce sont des trombes d’eau qui nous attendent. On change donc radicalement nos plans et on décide de partir au Nord ! Ah, la liberté de voyager en suivant le beau temps. Bon, on ne suit pas le beau temps, on fuit le très mauvais temps. On prend la route de Fairbanks à 16 heures. En quatre heures de route, on voit de beaux orignaux, mais aussi de magnifiques paysages, illuminés par le soleil rasant du soir ! Mais où étaient ces belles montagnes, il y a deux ans ? (dans les nuages). C’est fou comme l’Alaska a changé en deux ans ! 😂
On arrive à Fairbanks à 21 heures, sous un jour encore bien installé. Là, vraiment, c’est la grande ville du Nord de l’Alaska. On s’arrête manger dans un Macdo. Puis on rejoint un spot à l’orée de la ville pour passer la nuit. On n’est pas les seuls à avoir eu cette idée : le parking est plein de véhicules de voyageurs ! On se gare entre deux. Tant pis pour le bivouac au calme !
Jeudi 08 août
Rémi a réussi l’impossible : obtenir un rendez-vous du jour au lendemain dans un garage de Fairbanks. Tu sais, la fuite sur le joint de l’essieu avant ? À 8 heures, on se présente face à une secrétaire très désagréable. Elle nous annonce d’emblée un coût de 75 $ pour le diagnostic. Euh… même si on sait parfaitement quel est le problème ? Oui ! Même si on te montre avec précision la pièce qui fuit ? Oui 😦. Bon. Elle nous interdit formellement d’utiliser les canapés confortables de la salle d’attente. Mais madame, Jeepy, c’est notre maison, on n’a nulle part où aller ! Elle nous dit sans sourire que Fairbanks est une belle ville, on n’a qu’à aller visiter. T’es gentille cocotte, mais Fairbanks, c’est pas Montréal : sans véhicule et sous la pluie, on fait comment ? Même Lézignan, c’est mieux desservi 😂.
On atterrit donc au Starbucks d’à côté, où on laisse une petite fortune pour un pauvre thé et café. 4 heures plus tard, le diagnostic tombe : le joint de l’essieu avant fuit. Ah bon ?? 😒 On a du mal à cacher notre exaspération. 4 h et 75 $ pour apprendre quelque chose que l’on savait parfaitement… Pour changer ce joint ainsi qu’une pièce défaillante de la direction, la facture est salée : 2 500 $ 💸. Sachant que nous avons dépensé 3 500 $ il y a quelques semaines à Houston, c’est la soupe à la grimace. Ah, qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour la santé de notre Jeep ! Allez, on fait passer la pilule avec un nouveau thé/café hors de prix de chez Starbucks, où l’on passe l’après-midi.
Vendredi 09 août
Ce matin, c’est l’expérience du voyageur qui parle. En deux ans de voyage et plusieurs problèmes mécaniques de second ordre, nous sommes maintenant aguerris : ne JAMAIS prendre la route directement en sortant d’un garage 😅. En effet, 2 fois sur trois, nous avons dû retourner au garage suite à des problèmes causés pendant la réparation. Une nouvelle fuite, un voyant qui s’allume, des bruits bizarres ou carrément une panne au bord de l’autoroute (coucou le garage de l’enfer de Bogota 👋). On décide donc de rester autour de Fairbanks et de mettre à profit les prochains jours pour tester la mécanique.
Le centre-ville de Fairbanks est comme dans nos souvenirs : chaleureux, ensoleillé, animé… Non je plaisante, il pleut, tout est fermé, y a pas un chat, y a rien à voir. Mais on aime quand même Fairbanks, avec son côté austère et son mauvais temps quasi permanent. On regarde les gens que l’on croise dans la rue, et on imagine leur vie, au Nord du monde, et à quoi elle doit ressembler au cœur de l’hiver. On se demande ce qui les retient ici. S’ils aiment l’été et ses moustiques autant que l’hiver et ses aurores boréales. Les traces de l’hiver sont d’ailleurs omniprésentes : dans les panneaux indiquant la présence de glace sur la chaussée et les trottoirs, dans les prises qui pendent des capots et qui permettent de garder le moteur au chaud en hiver, dans les équipements de neige garés dans les cours.
On passe ensuite à Pionner Park, une attraction majeure de la ville, où j’oblige Rémi à prendre la pause en costume d’Inuits. Ça se voit qu’il a été forcé, non ? 😆
Bon, c’est bien joli tout ça, mais ce n’est pas en faisant le tour de la ville que nous allons voir si Jeepy est en forme ! Il nous faut une aventure. Ça tombe bien, des aventures, il y en a plein à vivre autour de Fairbanks. On s’élance donc sur la Steese Highway. Cette route d’Alaska s’étend sur 259 kilomètres et se termine en cul-de-sac dans la petite communauté de Circle, à 80 kilomètres au Sud du cercle Arctique. Pour l’heure, on parcourt les 100 premiers kilomètres avant de s’installer au bord de la rivière. Il fait beau, mais pour combien de temps ?
Samedi 10 août
Les 130 premiers kilomètres de la Steese Highway sont pavés, puis la belle route se transforme sans préavis en une piste étroite et sinueuse…. et boueuse, car nous sommes à nouveau sous une pluie fine. On suit la rivière, puis la piste prend de la hauteur jusqu’à ce que l’on franchisse un col. La présence de nombreuses caravanes, tentes et camps en bord de route, dans cet endroit perdu, nous intrigue. Mais en observant avec plus d’attention, on comprend : des tenues de camouflage, des sacs énormes, des pick-up boueux, des arcs et des fusils… des chasseurs ! Apparemment, la saison de la chasse est sur le point d’ouvrir. Tout à coup, nous ne sommes plus certains de vouloir voir des animaux…
Quelques kilomètres avant d’arriver à Circle, on discerne les premiers signes de civilisation. Au bout de chemins en terre, des habitations en bois et tôle se laissent entrevoir à travers les arbres. La plupart du temps, une cabane en bois à quelques mètres de l’habitation fait office de toilettes. Les jardins sont faits de bric et de broc et entassés d’objets hétéroclites qui se meurent en plein air. La vie à la dure, dans un coin si reculé de l’Alaska !
Circle comptait 104 habitants en 2010. Le village fût ainsi nommé par des mineurs à la fin du 19ème siècle. Ils croyaient, à tort, qu’il était situé sur le cercle polaire (il est en réalité 80 kilomètres au Sud) ! Le village est posé au bord de la rivière Yukon. Il n’y a pas grand chose à y faire, si ce n’est profiter de la jolie aire de pique-nique avec vue.
On prend la Steese Highway en sens inverse après mangé. Le temps s’est un peu amélioré depuis le matin, nous permettant de mieux profiter du paysage.
Lorsque l’on retrouve la route, on fait un arrêt en bord de rivière pour laver grossièrement le Jeep à coups de saut d’eau glacée. Puis on s’installe au bord d’un lac. Un barrage de castors, que l’on aperçoit d’ailleurs dans la soirée, a fait déborder le lac et l’eau coule en petites rivières dans la plaine. L’endroit est très mignon. On a acheté une grosse tranche de saumon d’Alaska au supermarché et on le cuisine en tartare ! 😋
Les jumelles sont de sortie pour observer la faune dans les collines : ours, orignaux, castors. On est aux aguets, vigilants (le saumon sent très fort) mais en même temps désireux, quand tout à coup, un coup de feu tonitruant déchire le silence. On sursaute tous les deux. Le coup résonne longuement autour de nous. Puis un deuxième. Puis un troisième ! C’est ainsi toute la soirée. Nos voisins qui pêchaient tranquillement dans le lac sur une embarcation en bois ont maintenant sorti les fusils et s’amusent à tirer. On repassera pour le calme… et aussi pour les animaux, qui ont dû fuir bien loin face à ce boucan ! Ah, les américains et leur amour de la gâchette… 🙄
Dimanche 11 août
Le Jeep s’est comporté comme un chef sur la Steese Highway. Pas de bruit bizarre, pas de voyant, rien qui ne justifie un retour au garage. On décide donc qu’il est apte à passer au niveau suivant de l’aventure. Après la Steese Highway et ses 259 kilomètres, place donc à la Dalton Highway et ses… 800 kilomètres de piste ! Notre prochaine destination : l’océan Arctique !
1 commentaire
Quelques jours tranquilles autour de Fairbanks et Circle.
Punaise quelle note salée pour Jeepy 😭😭
J’adore la photo de “l’inuit” !! 🤣🤣🤣
Bisou