Nous quittons le nord de l’ile, direction Sumatra Occidental ! Nous partons à la découverte de la plus grande fleur du monde, de la magnifique vallée d’Harau, bordée de rizières et cernée par ses falaises, et du lac Maninjau !
J17 – Medan – Le code de la route à Sumatra
Départ précipité du homestay. Notre taxi partagé arrive alors qu’on est encore en train de prendre le petit déj’ sur la terrasse. On jette pêle-mêle nos affaires dans nos sacs, on lance un « bye » à la famille et on se faufile tant bien que mal dans la voiture. Il faut dire qu’il y a déjà cinq personnes. Je me serre sur la banquette arrière à côté d’une dame qui me dormira dessus tout le trajet et c’est parti pour trois heures de route !
Je suis au milieu, la « place du mort », je n’ai pas de ceinture et le chauffeur roule comme un malade. Ça promet…
Doubler, en Indonésie, c’est tout un art. Et comme tout art qui se respecte, il n’y a pas vraiment de règle. La seule chose à savoir avant de se lancer, c’est que ça passe toujours, même si on a l’impression que non. Si le mec d’en face klaxonne brièvement, c’est un geste poli qui veut dire « je t’ai vu, t’inquiète, ça passe ». S’il fait les phares, là, ça veut plutôt dire « bouge ton c**, j’arrive et je compte pas ralentir ! ».
Bon à savoir : si c’est un scooter ou une moto qui arrive en face, il n’est pas nécessaire de se rabattre entièrement, lui laisser le bas-côté de la route suffit amplement. Par contre, si c’est un camion ou pire, un bus, mieux vaut ne pas se trouver sur son chemin. C’est ce qu’on appelle la loi du plus fort.
Le dépassement par la gauche est toléré, même dans les lacets de montagne. Ne pas oublier de klaxonner, juste au cas où.
Pour ce qui est de la visibilité, on oublie, c’est un vieux de truc de français. Deux solutions : soit faire confiance aveugle au(x) mec(s) de devant et lui/leur emboîter le pas. Si jamais quelqu’un arrive en face, appuyer sur le champignon et se rabattre dès que possible. Soit, le top du top, on double dans un virage (mhm, les virages de montagne bien serrés) et là, il faut juste prier pour que personne ne surgisse en face.
Heureusement, à Sumatra, on dépasse rarement les 50 km/h. C’est d’ailleurs pour cela qu’on met 3h pour parcourir 70 kms. Leçon à retenir : dans le doute, ça passe
• • •
Notre Medan-Padang a une heure de retard, c’est à dire qu’on part à l’heure où on devait arriver. Une fois sur place, on se débrouille pas trop mal pour se dégoter un taxi partagé jusqu’à Bukittinggi. 100 000 Rps/pers. On est satisfaits, même si les trois indonésiens qui nous accompagnent ont sûrement payé moitié moins cher. On s’entasse tous les deux à l’arrière, dans le coffre avec les bagages, et c’est parti pour 3h de route.
À 17h30, pause repas dans une cantine de route. Sans qu’on n’ait rien demandé, le serveur dépose devant nous une quantité énorme de nourriture et un énooooorme plat de riz. Heureusement, on ne paye que ce qu’on mange. Ouf ! Et c’était grave bon !
Notre hôtel à Bukittinggi n’est pas très agréable. Mais au moins, on a l’eau chaude !! Quel luxe !
J18 – Bukittinggi – La plus grosse fleur au monde
J’ai dormi comme un bébé, de 22h à 8h du mat’ ! En Indonésie, on mange et on se couche très tôt. Le petit déj’ est très correct, on a même droit à du chocolat, c’est la première fois qu’on en mange ici. Sur les coups de 10h, on part louer un scooter à 75 000 Rps (c’était 120 000 Rps au lac Toba).
Le village dit « Raflesia Village » se trouve à 6 kms. On enchaîne les virages sous la pluie (nos k-ways super sexys sont de retour !) Le paysage est magnifique. Les vallées sont d’un vert éclatant, couleur emblématique de Sumatra, tapissées de rizières. Les montagnes sont recouvertes d’une jungle dense.
Au village, on trouve un guide. Enfin, c’est plutôt lui qui nous trouve ! Nous voilà partis pour aller voir la rafflesia, la plus grande fleur au monde ! Il lui faut huit mois pour fleurir et son temps de fleuraison dure… cinq jours ! Autant dire qu’il faut être au bon endroit au bon moment. Mais notre guide sait où trouver un spécimen à nous faire admirer. On patauge dans les rizières, au creux d’une vallée humide. On découvre l’arbre qui donne la cannelle et son écorce qui sent divinement bon. Puis on s’enfonce dans la jungle. Il nous faut 45 mins pour atteindre un ruisseau dans un « sous-bois ». Sur sa berge, trône une magnifique – et énorme- rafflesia ! D’un rouge sombre, il s’agit pourtant d’un petit spécimen d’environ 40 cm.
Nous sortons de la jungle tout encrottés. Après une inspection anti-sangsue et après avoir trouvé un bébé endormi dans mon casque (so cute… oui mais je suis allergique et il a peut-être des puces !), nous repartons vers Bukittinggi. Nous nous arrêtons au parc du panorama qui surplombe le « Grand Canyon indonésien ». Nous payons un prix touriste assumé (15 000 Rps pour les locaux, 20 000 pour les gorengs). La vue est belle, le canyon immense et l’averse qui nous surprend mémorable. Le parc abrite une galerie de tunnels creusés par les japonais pendant la guerre. Sans guide, impossible d’en savoir plus.
Après avoir rendu notre scooter, nous nous dirigeons vers le marché de la ville pour faire quelques emplettes. Il est carrément immense, un vrai labyrinthe mais pourtant assez bien organisé. Nous déambulons d’abord du côté textile, puis chips, puis cosmétiques, vrac, jouets puis le « rayon » food. Le marché est entièrement couvert par des bâches tendues entre les stands. Tout est détrempé car il pleut des trombes d’eau. Le sol est sale, les allées puent… On nous interpelle de toutes parts « Hello sir », « Where are you from? », « Tomato? », « Orange? », « Durian? », « Fish? » On sourit en passant notre chemin. Le poisson, ça pue, les poulets sont encore vivants, mais plus pour longtemps les pauvres, les légumes, les fruits, les épices. Ils vendent tous la même chose. Nous achetons des et de la cannelle puis rentrons sous la pluie sous les regards mi-éberlués, mi-moqueurs des indonésiens face à notre dégaine (merci les k-ways !).
Vers 19h, on sort dîner dans un resto du coin. Comment a-t-on pu dire, en rentrant de notre premier voyage en Indonésie, que la nourriture ici, c’était bof-bof ?? Depuis qu’on est à Sumatra, on mange comme des rois ! Et ce soir, c’est le meilleur repas du séjour, clairement. On est pourtant seuls dans cette grande salle et on avait hésité à entrer… On s’offre un magnifique guacamole (ça faisait longtemps), un curry pour moi et le fameux rendang, spécialité du sud de Sumatra, pour Rémi. Une tuerie !
Ici, les mosquées semblent chanter h24. Il y en a toujours une qui crie/chante. Même la nuit !
On s’est arrêtés sur le bord de la route pour enfin acheter des chips à la banane. Ils ont fait notre repas de midi. On a également acheté ce qu’on pensait être des chips de tapioca, qu’on avait tant aimés dans la jungle de Ketambe mais, à notre plus grand malheur, il s’agissait en fait de chips de… sardine (ou quelque chose dans le genre à l’odeur similaire). Une horreur. On les a lâchement abandonnés dans la chambre d’hôtel en partant…
J19 – Harau Valley – Une soirée inoubliable au coin du feu
Aujourd’hui, nous partons pour la Vallée d’Harau (prononcer Harao). C’est l’occasion pour nous de prendre pour la première fois les fameux bus locaux, ceux qui roulent comme des tarés sur la route. Pression.
Nous hélons une navette-taxi pour faire le trajet jusqu’à la gare routière. Au début, il n’y a que nous, on est plutôt à l’aise sur le banc mais plus nous avançons, plus elle se remplit. Nous nous retrouvons finalement entassés au fond, entourés d’indonésiens qui nous dévisagent avec curiosité. Un homme engage finalement la conversation et nous lui racontons nos aventures à Sumatra qu’il s’empresse de traduire à tous les passagers. Très serviable, il nous guide dans le chaos de la « Bus Station » et nous aide à trouver notre bus.
Nous sommes les derniers et nous trouvons donc des places au fond. Les fenêtres sont totalement obstruées, nous ne voyons rien du tout. Heureusement, Rémi arrive à faire coulisser une fenêtre. Soulagement. L’air rentre, nous voyons un peu la route, nous sommes sauvés ! Nous voilà partis pour 1h30 de route cabossée et de conduite délirante. Nous payons 40 000 Rps, contre les 200 000 que nous avait proposés le chauffeur privé de ce matin.
Le bus ne s’aventure pas dans la vallée, nous embarquons donc dans un becak (un scooter avec sidecar) qui nous amène tant bien que mal (la route est terrible) jusqu’à Abdi Homestay, notre guesthouse pour les 2 ou 3 prochaines nuits. La vallée est incroyable, c’est un véritable coup de ! Des falaises immenses nous entourent, énormes blocs rocheux parfois recouverts de jungle et au pied desquelles s’étendent des rizières d’un vert éclatant. Magnifique !
Notre guesthouse se trouve loin de la route, au pied d’une falaise haute de plusieurs centaines de mètres. Une immense cascade jaillit à son sommet et s’écrase juste devant les bungalows. Pour cette première nuit, notre chambre est grande, spartiate et pas très chaleureuse. Nous nous reposons un peu et à 14h nous partons nous promener à pied. Nous suivons d’abord la falaise mais le chemin devient rapidement trop boueux pour continuer. Nous décidons donc d’aller nous perdre dans les rizières. Nous déambulons au hasard, suivant le chemin le moins boueux mais nos chaussures sont quand même rapidement trempées. On s’inquiète des serpents avant de se rendre compte que l’ennemi numéro 1, par ici, ce sont les sangsues ! J’en repère une qui escalade la chaussure de Rémi à toute vitesse, désireuse de vite se cacher dans sa chaussette. Fou rire 🤣 Dès que nous nous arrêtons de marcher, on les voit foncer vers nous sur l’herbe, à toute allure. Elles semblent être particulièrement attirées par les baskets orange de Rémi ! On est morts de rire ! Nous continuons donc en surveillant nos chaussures et en éjectant les quelques sangsues qui s’y agrippent.
Nous prenons ensuite le chemin de la cascade la plus proche. Rien d’exotique. Elle se situe en bord de route et on y a construit une piscine artificielle à son pied où tous les indonésiens se baignent joyeusement. Bouées, plongeoirs, déchets, un coin bien touristique. On monte les 220 marches jusqu’au point de vue en surveillant les singes qui ont un air un peu canaille. On a l’impression qu’ils veulent nous attaquer ! La vue d’en haut est magnifique. Alors qu’on déguste tranquillement une noix de coco dans un boui-boui, un jeune s’approche. Au détour de la conversation, il nous propose… des « magic mushrooms » !
À notre retour à la guesthouse, la douche est glacée mais agréable et le menu unique est délicieux (poisson au curry, tempe et ananas).
On passe ce soir la plus belle soirée de notre séjour. Les chauffeurs, guides et staff de la guesthouse se sont réunis autour du feu et, munis d’une guitare, ils se mettent à chanter des airs locaux. On a immédiatement été happés par la magie du moment. On se rapproche et on s’assoit avec eux autour du feu. Ils ont ramené une caisse et des maracas et la soirée est lancée ! On ne comprend rien aux chansons locales mais les airs nous transportent (on en écoute encore aujourd’hui !). La chaleur du feu nous chauffe le visage, même s’il ne fait pas froid. Nos yeux se sont habitués à l’obscurité ambiante et on discerne les hauts contours de la falaise et même l’immense chute d’eau qui se détache dans le noir. Le ciel est zébré d’éclairs, au loin. Ils enchaînent les chansons sans transition, entamant les airs qui leur passent par la tête et tout le monde surenchérit. L’ambiance est magique ! Puis soudain, ils entament un air qu’on connaît ! Ils passent à l’anglais, à l’allemand, au français, tout leur répertoire y passe pendant près de trois heures : My way, Frère Jacques, la version indo de « Il descend de la colline à cheval », Hotel California, Hey Jude, Mountain Mama, Look into my heart Inoubliable !
J20 – La vallée vue d’en haut
Après un banana pancake quelque peu écœurant, nous déménageons dans un bungalow, bien plus cosy. Puis nous partons en journée trekking ! Aujourd’hui, nous verrons la vallée d’en haut. Mais avant, il nous faut en traverser une petite partie à scooter. À nouveau, les paysages sont magnifiques. Nous partons avec un couple d’Hollandais et deux guides, Friki et Ouan. Nous laissons les scooters à la maison de ce dernier. Il s’agit d’une petite cabane sur pilotis au-dessus d’une rizière remplie de poissons. L’endroit est magnifique et so peaceful ! Mais pas le temps de s’attarder, il est temps de s’attaquer à la montagne. 200 m de dénivelé nous attendent.
Lors de notre première excursion dans la jungle de Ketambe, nous étions vêtus comme si nous partions à la guerre. Aujourd’hui, nous sommes plus sereins et partons en shorts, t-shirts et chaussettes hautes. Peut-être que la prochaine fois, nous serons carrément en tongs ! xD
L’ascension est courte mais intense. 1h. Le sol est relativement sec donc ça ne glisse pas trop. D’en haut, le paysage est évidemment incroyable !!
Nous marchons un peu et découvrons l’autre côté du versant : une jungle dense et épaisse. Étrangement, on n’entend aucun bruit. Pas un chant d’oiseau, pas un insecte, pas un cri de singe. Juste un silence profond et apaisant. Dans cette jungle du sud-ouest de Sumatra, on trouve toutes sortes de singes (macaques, Thomas Leaf, gibbons que l’on désespère de voir un jour mais pas d’orans-outangs), des ours, des tapirs mais pas de tigres. Ouan nous fabrique des bracelets à base de fougère et essaye de nous en apprendre la technique mais elle est difficile à appréhender ! Nous nous frayons ensuite un passage à travers une mer de fougères plus hautes que nous et qui nous griffent les jambes.
Nous nous enfonçons dans la jungle pour aller voir The Thousand Caves. Il s’agit d’un réseau de plusieurs centaines de grottes naturelles dans lesquelles les indonésiens se cachaient pendant la guerre d’indépendance contre les hollandais. Nous voyons des chauves-souris et avons droit à un concert de « flûte » et de sarung. Impossible pour nous d’émettre le moindre son !
Nous enchaînons plusieurs points de vue magnifiques puis redescendons vers le village à travers la jungle puis les plantations de cacao, dont nous goûtons les fèves, et de caoutchouc. Ici, ils vendent du cacao et achètent du chocolat !
Nous mangeons un nasi goreng chez Ouan, au-dessus de sa rizière et goûtons à un breuvage à base de lait de coco, de sucre roux et de tapioca (pas fameux).
Après mangé, Friki propose de nous emmener à une cascade. Aujourd’hui, c’est dimanche et la vallée est envahie par des cars et des voitures privées remplis d’indonésiens qui viennent se baigner dans les nombreuses cascades de la vallée. Friki connaît cependant un coin sympa où on pourra se baigner en toute tranquillité. En arrivant à la cascade, nous sommes stupéfaits de découvrir le monde qui s’y trouve. Des dizaines de bus, des centaines de scooters et de voitures, des colonies de vacances. Tout ce petit monde se baigne joyeusement au pied de la cascade dans un joyeux bazar ou se promène parmi les nombreux stands proposant à manger. La zone est un vrai dépotoir…
Nous ne nous y attardons pas et nous nous enfonçons dans la jungle en suivant la rivière. Lorsque nous arrivons à l’autre cascade, elle est déserte… mais il pleut ! C’est tellement inattendu qu’on pense pendant un instant être arrosés par la cascade ! Nous nous baignons quand même et ça fait du bien après avoir bien transpiré dans la jungle ! Mais du coup, en sortant, on a froid et la douche glacée de retour à notre bungalow est une vraie épreuve.
Le repas du soir est à nouveau divin : chicken rendang, petits légumes et galettes de légumes qu’on aime tant. On mange sous des torrents d’eau et un bel orage. On a droit à un concerto privé de Friki avec sa guitare. Il télécharge les chansons sur son tel et nous chantons tous ensemble. Super soirée, à nouveau !
J21 – « Hello sir ! »
Ce matin, nous prenons le petit déj’ à 8h30, discutons avec le staff, laissons du linge à laver, traînons au bungalow. Ce n’est que vers 11h que nous enfilons nos casques, enfourchons notre scoot’, qui peine à démarrer (« it is cold ») et partons à l’aventure ! Nous faisons un petit détour rapidement en ville pour retirer de l’argent et acheter une nouvelle brosse à dent, celle en bambou ayant pris l’humidité. Puis nous repassons la porte d’entrée de la vallée.
Nous n’avons pas de but précis et décidons d’arpenter la vallée un peu au hasard. Nous suivons d’abord la route, puis un chemin, puis un sentier. Des enfants rentrant de l’école nous interpellent, tendent les bras pour qu’on leur tape dans la main, nous sourient de toutes leurs dents. « Hello! » « Hello sir! » « What’s your name? » Quand Rémi sort son appareil, ils tapent la pose. La « route » est mauvaise, on roule au pas. Tous les villageois qu’on croise nous sourient et nous disent « Hello! ». Les rizières s’étendent à perte de vue. Au détour d’un virage, nous nous arrêtons. Dans la rizière en contrebat, des femmes sont en train de planter le riz. Pieds nus, de la boue jusqu’aux genoux et portant un grand chapeau pointu qu’on pensait être l’apanage des vietnamiens, elles enfoncent une à une des bottes de riz dans la boue. Un travail de longue haleine et probablement usant pour le dos. Lorsqu’elles nous repèrent, elles nous font de grands signes de la main.
Nous continuons notre escapade, saluant inlassablement tous les habitants que nous croisons. Nous cherchons à rejoindre une cascade mais nous nous rendons compte qu’elle se trouve en réalité de l’autre côté de la vallée ! Nous nous perdons un peu et sommes sur le point de tomber en panne quand on trouve finalement un petit boui-boui qui vend des bouteilles d’essence. 16 000 Rps pour deux litres. Nous mourons de faim donc nous nous arrêtons plus loin acheter deux paquets de chips et des gâteaux qui feront l’affaire pour notre repas de midi. Et nous voilà repartis pour la cascade, sur un chemin caillouteux et boueux interminable. Mes fesses s’en souviendront longtemps !!
La cascade, à 5 mins de marche dans la jungle, est belle. Mais ce qui la rend encore plus belle, c’est que nous y sommes seuls ! Nous pouvons tranquillement profiter du lieu. On se change en imaginant les macaques cachés dans les arbres qui doivent nous observer. L’eau est glacée. Nous nous y attardons juste le temps de faire quelques photos et de faire un plongeon rapide dans le bassin pour Rémi.
Le repas du soir est à nouveau délicieux ! C’est.. du riz ! Mais on n’en lasse pas (encore). Il est accompagné de poulet, de tofu et de petits légumes. On passe la soirée à jouer au UNO. Comme tous les soirs, il se met à pleuvoir des trombes d’eau et nous sommes obligés de crier pour nous faire entendre. Les éclairs illuminent la vallée par intermittence et le tonnerre gronde. Bref, une soirée comme une autre en pleine saison des pluies.
J22 – Direction le lac Maninjau !
On est restés à peine trois jours et c’est déjà le moment de partir. Je suis déjà nostalgique de la Vallée d’Harau et de ses soirées inoubliables. C’était hors du temps.
25 mins de becak, 1h30 de crazy bus, changement à Bukittinggi. On trouve un taxi partagé, on attend 45 mins pour qu’il trouve d’autres personnes. On en profite pour acheter du beng-beng (les barres chocolatées d’ici) et des chips de banane, notre nouvelle passion, dans un boui-boui. Puis il nous faut 1h30 pour rejoindre le lac Maninjau.
C’est un lac volcanique situé au creux des montagnes. Pour s’y rendre, il faut survivre aux 44 lacets très serrés, tous numérotés. Évidemment, notre chauffeur roule comme un malade, ce qui me rend malade Nous descendons les 400 m de dénivelé à toute allure et arrivons en bas en un temps record. Nous avons réservé dans une petite guesthouse sans prétention -et vide-, au bord du lac. On nous attribue un bungalow family avec une mezzanine sur laquelle se trouvent un matelas et quelques crottes de souris. Pas d’eau chaude. Il est 15h et nous avons les crocs ! Nous nous installons dans le restaurant d’une guesthouse en bord du lac. Il fait frais et ils servent des beignets de légumes, les fameux bakwan. On les déguste tranquillement en regardant passer à la nage les monstres du lac : d’énooormes varangs dont seule la grosse tête dépasse de l’eau.
Sur le chemin du retour, nous marchons à nos risques et périls au bord de la route quand un homme sort d’une maison et nous interpelle : « Do you have a moment? » On hésite, il insiste : « Please, come in, it’s an English class! ». On retire nos chaussures et on entre en effet dans une salle de classe dans laquelle une dizaine de jeunes sont assis par terre devant une table basse. On s’assoit avec eux. « They are beginners ». Le prof est super content et demande aux enfants de nous poser des questions. Pendant 30 minutes, on échange questions/réponses, le prof traduit de temps en temps.
« What’s your name? » Reeeemi, Natasya. « Where are you from? » « What is your city? » « Is there jungle in your country? » « How old are you? » « Are you friends? » On répond qu’on est mariés, c’est plus simple. « How long do you stay in Maninjau? » « Do you like Indonesia? » Yes ! « Do you like Indonesian food? » Ho yeessss !! « Where do you go after Maninjau? » Kerinci !! Là, le prof s’exclame « Kerinci !!?? » Et il se lance dans un discours passionné sur le parc national du Kerinci, l’ascension du Kerinci, le trek du Kerinci, les alentours du Kerinci, les tigres du Kerinci… Il nous invite alors à venir chez lui le lendemain à 10h pour nous faire visiter ses plantations et prendre le café. Il nous dessine un plan pour qu’on retrouve sa maison et le rdv est pris ! « No money », précise-t-il.
On sort de la classe sous une pluie battante et on passe une soirée tranquille au restaurant de la guesthouse où on est que tous les deux.
J23 – Balade dans les plantations
Après un rapide petit déj’, nous nous dirigeons vers la maison d’Imam. La veille, il nous a dit qu’elle se situait sur le chemin juste avant la mosquée. Problème, des mosquées, il y en a tous les 100 mètres ! Heureusement, on le croise en scooter sur la route principale et il nous indique le chemin.
À pied, nous prenons la direction de la cascade. La route monte en pente douce vers la jungle. La vue sur le lac en contrebas est magnifique. Il fait très chaud. En chemin, Imam s’arrête ici et là pour nous présenter des plantes : les feuilles et l’écorce de l’arbre qui fait la cannelle, une fleur tombée d’un arbre qui s’avère être un clou de girofle, les racines d’une plante qui sentent bon le baume du tigre, une noix de muscade, de la cardamone, une feuille de « guafa » qui permet de soigner les infections des yeux et des orties locaux qu’il ne faut surtout pas toucher sous peine d’avoir de l’urticaire pendant 8 jours, rien que ça ! Imam est fermier, en plus d’être prof d’anglais pour les enfants du village, et il possède des plantations de bananes, quelques rizières dont la production est uniquement réservée à sa famille, du cacao, de la papaye.
Il nous amène jusqu’à la cascade perdue dans une jungle bien dense. Ses deux chiots de cinq mois, identiques, nous suivent à distance. Ils sont peureux et ne se laissent pas approcher. Nous apercevons quelques macaques, les parias des singes « It’s just macaques », nous dit Imam, sans grand intérêt.
Nous buvons le café au pied de la cascade en discutant. Imam organise, de temps en temps, avec ses élèves, un ramassage des déchets dans la jungle. Il les envoie ensuite dans un centre de recyclage.
Nous redescendons et avons le privilège de goûter à une papaye toute fraîche qu’il vient de cueillir. C’est fort gentil de sa part… mais nous détestons la papaye !
Nous sommes ensuite invités chez lui pour boire le café. Il nous présente sa femme et son plus jeune fils et nous feuilletons ensemble son album photo du Kerinci, lorsqu’il était guide là-bas. Il nous parle de l’Indonésie, son économie et de leur actuel président. Puis il nous interroge sur la France. Comme avec beaucoup d’indonésiens, on parle foot (France world champion!). Les indonésiens aiment beaucoup le foot, on a même eu droit à un mémorable « Ici, c’est Paris ! » au fin fond de la Vallée d’Harau ! De nombreux indonésiens idéalisent la France, son système scolaire et surtout son système hospitalier. Ici, tant que les frais ne sont pas payés, impossible de se faire soigner. Mieux vaut ne pas se casser une jambe en travaillant dans les rizières, sous peine de devoir s’endetter auprès de toute la famille pour se faire soigner…
Nous quittons Imam car il doit se rendre à la mosquée. Nous rentrons à la guesthouse et nous changeons de bungalow pour celui se situant juste au bord de l’eau et avec l’eau chaude. Oui !! Nous nous installons sur la terrasse et y restons… tout l’aprem ! On observe le temps changer peu à peu. Le ciel se voile, le vent se lève, les premières gouttes tombent puis c’est la tempête. Ça dure 10 minutes, puis c’est fini !
À notre grande déception, la douche est chaude 3 mins, avant de devenir tiède puis glacée. C’est notre dernière soirée au lac Maninjau, demain nous prenons la route à l’aube vers notre prochaine destination.