Immense, incroyable, incontestable coup de cœur pour le Corcovado. Pour la première fois depuis des mois, nous avons retrouvé une Nature à l’état pur, intacte, immaculée et indomptable. Nous avons adoré le Corcovado, où nous avons pu nous aventurer sans guide et profiter pleinement de notre escapade hors des sentiers battus à la rencontre de la faune qui habite le parc. Car oui, contrairement aux idées reçues, il est possible de randonner au Corcovado sans guide et de voir plein d’animaux. On t’emmène et on t’explique comment randonner sans guide au Corcovado !
Mercredi 05 juillet 2023
Nous sommes sur la péninsule d’Osa, une péninsule du Sud du pays qui s’avance vers l’océan Pacifique et réputée pour être difficile d’accès. Nous nous rendons d’abord à Bahia Drake, petit village à l’Est de la péninsule. La piste qui y mène est relativement en bon état, mais très pentue ! Ça monte, ça descend, ça remonte. Certaines pentes ont été goudronnées pour éviter le ravinement. Un passage de rivière, puis un deuxième. C’est profond, mais tout va bien. On gère maintenant depuis la péninsule de Nicoya 😁 C’est au détour d’un virage qu’on croise nos premiers aras costaricains. Ils sont toujours aussi magnifiques ! On n’a pas l’air de les déranger : ils sont en train de manger des fruits et de décortiquer des amandes.



Au troisième passage de rivière, on se retrouve bloqués. Une file de voitures patiente face à un rio dont les eaux sont particulièrement hautes. Jusqu’aux torses, nous dit-on. On nous propose de patienter environ 3 h le temps que le niveau de l’eau baisse. Mais il fait déjà presque nuit. Tant pis, on s’arrête à Bahia Drake et on loue une chambre pour la nuit afin d’échapper à la pluie diluvienne qui s’annonce.


Jeudi 06 juillet
Comme prévu, la nuit a été pluvieuse, mais la matinée est ensoleillée. Dwalf, le responsable de l’hostel, nous cuisine un excellent petit-déjeuner local. Il nous affirme que le grave hululement qu’on a entendu la veille serait le cri d’un jaguar. On pensait que c’était un hibou ! Soit. Le jaguar lui a d’ailleurs dévoré deux de ses canards et il craint aussi pour ses chiens !




C’est à la sortie de Bahia Drake qu’on trouve quelque chose d’extrêmement rare au Costa Rica : un sentier de randonnée gratuit 😅 Il s’agit d’un sentier public de plusieurs kilomètres qui longe la côte. Impossible de rater une telle occasion, alors c’est parti !

Ce matin, la wildlife n’est malheureusement pas au rendez-vous, mais c’est ok. On se contente donc d’admirer les paysages : de belles plages, de jolies criques, une végétation dense et foisonnante… et parfois même dangereuse !








On quitte Bahia Drake en début d’après-midi, car nous avons une mission qui ne peut attendre : nous voulons entrer demain au parc national du Corcovado. Or, entrer au Corcovado n’est pas une mince affaire. De nombreuses légendes circulent à son propos et toutes ne sont pas vraies. Il ne serait accessible qu’en bateau. Faux ! Un guide serait obligatoire. Faux ! Le prix serait exorbitant. Faux ! Bon, il est vrai qu’une excursion au Corcovado à partir de Bahia Drake se fait uniquement en bateau et coûte une petite fortune : 125 $ par personne pour la journée, 325 $ par personne pour deux jours… Mais depuis la ville de Puerto Jimenez, de l’autre côté de la péninsule, c’est une autre affaire. Et c’est là qu’on se rend.

Pour randonner sans guide au Corcovado, il est obligatoire de réserver les entrées au moins deux jours avant. Pas besoin de s’y prendre longtemps en avance, il n’y a pas grand monde au Corcovado, contrairement au parc national Manuel Antonio où nous ne sommes pas allés. On t’explique pourquoi dans cet article ! Pour réserver, il faut envoyer un email à l’office du parc national. Une confirmation est envoyée par mail. Si ce n’est pas le cas, comme ça a été le cas pour nous, n’hésite pas à appeler le service client. Ils ont réglé le problème en quelques minutes. Ensuite, il faut payer directement à la banque de Puerto Jimenez, en cash uniquement. L’entrée au parc coûte 17 $ par personne, ce qui est un prix normal pour un parc costaricain. On est bien loin des excursions guidées à plus de 100 $. Et voilà ! 🥳
C’est donc armé de notre précieux sésame que nous avons pu prendre la direction de Carate en fin d’après-midi, le petit hameau situé au bout de la piste. On traverse d’abord de beaux pâturages, puis une jungle épaisse. Petite péripétie : au moment de traverser une rivière, on se rend compte que nos plaques de désensablement sont en train de tomber ! 😮 Toutes les fixations ont rompu, il va falloir réparer ça.


Nous arrivons dans la soirée à Carate, le bout du monde ! Ici, pas de maisons, ni de supérettes ou de commerces. Seuls quelques hostels défraîchis perdus dans la végétation, des bâtiments abandonnés et une petite piste d’atterrissage nous accueillent. On s’installe sur la plage. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’une tempête est annoncée ce soir. Et elle est violente ! Jusqu’à minuit, des trombes et des trombes d’eau nous tombent sur la tête. On en profite pour prendre une douche, mais il pleut tellement que tout prend l’eau. Pour la première fois, la tente aussi prend l’eau 😰 La pluie s’infiltre par les fissures de certains joints craquelés. Tout est trempé, la nuit est longue.
Vendredi 07 juillet
Au petit matin, c’est le calme après la tempête. Les sols ont absorbé toute l’eau tombée pendant la nuit. L’océan est agité et une brume épaisse s’élève entre les vagues. Il est 5 h 30, les oiseaux chantent déjà. La journée promet d’être belle. Et nous allons au Corcovado !

Atteindre le parc national du Corcovado, c’est déjà toute une aventure en soi ! On a fait 100 mètres qu’on se retrouve face à un rio. Et évidemment, avec ce qui a plu la veille, il est très haut. On n’a pas d’autre choix que de se déchausser et de traverser à l’endroit qui nous paraît le moins profond. Il faut ensuite marcher 3 kilomètres en longeant la plage pour rejoindre l’entrée officielle du parc. On doit encore franchir 3 rios. À chaque fois, c’est le même manège : on enlève nos chaussures, on remonte le pantalon, on traverse, on sèche les pieds, on remet les chaussures. Au bout de la quatrième fois, on s’installe trop au bord de l’eau pour remettre nos chaussures et une vague particulièrement forte emporte toutes nos affaires : chaussures, chaussettes et sacs à dos !




Après presque 2 h de marche, on arrive à la station des rangers où on brandit fièrement notre preuve de paiement. Après quelques recommandations et règles de sécurité, nous avons l’autorisation de partir randonner sans guide dans le Corcovado ! C’est une chance immense. Le Corcovado, ce n’est pas un parc national parmi d’autres. C’est LE parc. Il constitue la plus grande aire protégée du Costa Rica et est, selon le National Geographic, l’endroit le plus intense au monde en termes de biodiversité. Le Corcovado abrite en effet plus de la moitié de toutes les espèces vivant au Costa Rica. Il est d’ailleurs estimé qu’aucun autre endroit au monde ne présente une telle diversité biologique. On n’ose pas rêver de croiser le jaguar ou le puma, mais on espère avoir un aperçu de la faune sauvage qui habite les lieux.





L’animal qu’on a le plus croisé dans le parc ? Le ara macao, ou ara rouge ! Nous en avons vus par dizaines dans les amandiers qui bordent la plage et ils sont facilement repérables grâce à leur couleur rouge dans le vert des arbres et grâce à leurs cris rauques facilement identifiables. Lorsqu’ils se mettent en couple, ils restent ensemble pour la vie !






Les plages du parc sont exceptionnellement belles, sauvages et immaculées. Elles sont encadrées par un mur dense de végétation qui semble infranchissable. Dans la forêt, le bruit des vagues est étouffé et il règne un calme paisible. Lorsque le sentier s’enfonce dans la forêt, l’air devient lourd et humide, le sol boueux, l’atmosphère plus sombre. On guette le moindre animal à travers les feuillages, les buissons, dans les arbres, derrière les rochers, dans les bosquets, les herbes rases et les falaises abruptes. Et parfois, on en croise quelques uns !




On croise de nombreuses familles de coatis. Ils sont partout ! Dès qu’un rayon de soleil perce à travers le feuillage, on les trouve en train de se la couler douce sur les rochers. On apprend rapidement à reconnaître leurs petits couinements.



Au-dessus de nos têtes, les singes sont occupés à dévorer les fruits et les feuilles des arbres. On en croise aussi par dizaines. Il y a les singes araignées, super agiles et les singes hurleurs, plus discrets et plus difficiles à repérer quand ils restent silencieux.



À midi, on fait une pause sur la plage pour pique-niquer à l’ombre des amandiers. Et qui dit amandiers, dit aras ! On les entend caqueter au-dessus de nos têtes. Gare aux coques d’amandes qui pleuvent ! On profite de la rivière pour se rafraîchir et pour refaire le plein de nos gourdes à l’aide d’un filtre à eau.




Une guide accompagnée d’une famille nous rattrape. C’est le deuxième et dernier groupe qu’on croise de la journée. Elle nous conseille de faire demi-tour à 13 h maximum afin de ne pas être pris par la tempête qui se profile en fin d’après-midi. Pour l’instant, le temps est radieux et nous sommes à la recherche d’un animal costaricain qui manque à notre bucket list. On marche le nez en l’air, car il se trouve surtout dans les arbres… ou du moins c’est ce qu’on croyait ! Un mouvement attire mon regard sur la gauche et, immobile à cinq mètres de moi, au sol : le voilà ! 🤩

C’est un fourmilier ! Comme son nom l’indique, il se nourrit principalement de fourmis. Il peut en manger jusqu’à 30 000 par jour ! Il possède la langue la plus longue de tous les mammifères : jusqu’à 60 cm de long, ce qui lui permet de se régaler dans les fourmilières ou de boire et manger les insectes se trouvant dans les noix de coco. C’est un animal plutôt nonchalant. Il ne semble ni nous voir, ni nous entendre, ni nous sentir, ce qui nous permet de l’observer tout à notre aise pendant quelques minutes 😊 Et c’est un nouveau check sur notre liste ! ☑️



Finalement, on a de la chance avec le fourmilier, car on en croise quatre ! On n’en demandait pas tant 😀

Un peu après 13 h, on décide de faire demi-tour. On pourrait continuer à marcher ainsi pendant des heures, voire des jours ! On refait donc le chemin en sens inverse, toujours à l’affût du moindre bruit. Mais tout le monde semble être parti faire la sieste et à part quelques singes, coatis, une grenouille et des insectes, on ne croise plus personne.




On atteint la station après plusieurs heures de marche. Le temps de reposer nos jambes, on s’arrête quelques instants discuter avec le ranger. Sa première question ? « Han visto el jaguar ? » 😁 Lui non plus ne l’a jamais vu, et pourtant il est ranger depuis 25 ans. dans la région, tout le monde connaît quelqu’un qui l’a vu. On a donc droit à une petite vidéo. Finalement, vu la taille de la bête, ce n’est pas si mal qu’on ne l’ait pas croisé ! 😅 3 kms de marche nous attendent encore. Ils sont longs ces 3 kms. Après une ultime traversée de rivière, c’est pieds nus et épuisés qu’on arrive au Jeep. Nous avons finalement marché 10 h et parcouru 16 kms. On reprend la route vers Puerto Jimenez en laissant derrière nous le parc du Corcovado et ses habitants.

Le parc national du Corcovado est et restera un incroyable coup de ❤️ du Costa Rica et de notre voyage à travers les Amériques. Nous avons été impressionnés par la Nature brute de cette région, intouchée par l’homme, chose si rare en Amérique Centrale et où la faune peut évoluer sans crainte de voir son habitat détruit, de se faire écraser en traversant une route ou d’être dérangée par des hordes de touristes. Les paysages ne sont en rien comparables, mais nous avons retrouvé avec plaisir et émotion cette impression d’évoluer dans une nature immaculée, intacte, sauvage, magnifique et hostile à la fois, impression que nous avions eue pour la dernière fois… dans le Grand Nord !
5 commentaires
C’est vrai que ce parc était vraiment extraordinaire avec de belles rencontres.. Bisous
Bonjour,
Je pars pour le Costa Rica d’ici peu mais tout indique qu’un guide est obligatoire.. pouvez vous m’indiquer en détails la procédure que vous avez suivi ? Sur le lien il n’y a pas le Corcovado.. merci d’avance !
Salut Margaux ! Pour réserver une entrée au parc Corcovado, il faut envoyer un mail à l’adresse indiqué sur le lien dans l’article (reservaciones.pnc@sinac.go.cr). N’hésite pas à relancer si tu n’as pas de réponse sous 48 heures ! 😀
Bonjour la randonnée que vous avez fait au Corcovado est celle qui va à la sirena en fait non ? Du coup vous avez fait demi tour avant d’y arriver si j’ai bien compris ?
Mais si on réserve l’hébergement à la sirena d’après vous on peut continuer toujours sans guide ?
Merci par avance
Bonjour ! Merci pour votre commentaire 🙂 On est partis du poste La Sirena lors de notre randonnée au Corcovado. C’est l’entrée du parc qui est accessible depuis Puerto Jiménez. Ensuite on a marché le long du sentier qui longe la côte. Il est impossible de rejoindre l’autre entrée du parc à pied, côté de Drake (il n’y a plus de sentier au bout d’un certain point). Pour pouvoir traverser entièrement, il faut prendre un guide, car la dernière partie se fera en bateau. Si vous y allez sans guide, vous pouvez marcher autant que vous voulez, mais vous serez obligés de faire demi-tour à un moment donné pour rentrer à votre hébergement.
J’espère que ces informations vous seront utiles 🙂
Bon voyage !