Bogota, la capitale et plus grande ville de Colombie, a une réputation sulfureuse. Grande comme une fois et demi New York, Bogota, c’est plus de 8 millions d’habitants. C’est aussi la troisième capitale la plus haute au monde : 2 640 mètres d’altitude. Visiter Bogota, c’est aujourd’hui plus sûr qu’on ne le croit… même si elle nous a offert un visage parfois peu reluisant. Et pourtant, on y a passé plusieurs jours : car un vrai road trip à travers les Amériques n’est jamais complet sans quelques galères mécaniques…
Vendredi 08 septembre 2023
Après nos péripéties off-road au volcan Nevado del Ruiz, où on a découvert une grosse fuite sous le châssis, nous arrivons à Cota en fin de matinée. Cota, c’est une ville sans charme de la banlieue de Bogota. Mais c’est ici que se trouve le garage de Daniel, un garagiste qui nous a été recommandé par Juan, dont on a trouvé le contact sur IOverlander, l’application des voyageurs. De nombreux voyageurs ont amené leur véhicule de voyage chez Juan, notamment des voyageurs qu’on a rencontrés au cours de notre périple. C’est donc confiants qu’on confie Jeepy à Juan et Daniel pour plusieurs jours.
Pendant ce temps, nous allons visiter Bogota, qui se trouve à 1 h 30 (d’embouteillages). Lorsqu’on arrive à l’hostel pas cher, c’est la douche froide : l’endroit est insalubre et vieillot. Une odeur de gaz remonte dans la chambre, qui n’a pas de fenêtre, mais des poils dans les draps ! Erk ! 😧 Mais un miracle se produit : on ne peut pas rester. Suite à une inspection officielle, l’hostel a l’interdiction d’accueillir du monde. On n’a pas besoin d’en savoir plus, c’est le jackpot ! On remballe nos affaires, on se fait rembourser et on quitte cet horrible hostel. Cette fosi-ci, on monte en gamme et on prend trois nuits (qui se transformeront en cinq nuits) dans un hôtel, un vrai : l’hôtel Virrey. La chambre est lumineuse, la vue sur la ville est belle, la salle de bain privative est nickel, avec de l’eau bien chaude. Là, on va être bien ! 😀
Samedi 09 septembre
Après un copieux petit-déjeuner à l’hôtel, qui sera notre quotidien pour les cinq prochains jours, on commande un Uber pour rejoindre le Nord de Bogota. Notre première visite de Bogota ? Le Decathlon ! 😆 C’est avec beaucoup d’excitation que nous mettons les pieds dans notre premier Decathlon depuis le Mexique. On aimerait s’équiper en équipement de trekking, à savoir tente et matelas. Mais les prix sont bien plus élevés qu’en France, alors on laisse tomber et on repart bredouille. On part ensuite se dégourdir les jambes au parc Simón Bolívar, un des plus grands parcs urbains au monde ! Cet immense parc accueille les promeneurs du week-end, les familles et les sportifs de Bogota avides d’un peu de nature au milieu de cette immense agglomération.
Retour à Bogota, où on flâne dans les rues. Cette promenade est l’occasion de nous imprégner de l’ambiance du quartier. Notre hôtel se situe au cœur du quartier de la Candelaria. Le Routard dit : « Ses bâtisses colorées, ses nombreuses églises et son histoire font de ce quartier colonial le plus touristique de la capitale, avec des boutiques d’artisans, de nombreux restaurants typiques et bars charmants ». Une chose est sûre, nous n’avons pas vu le même visage de la Candelaria que le Routard ! 😅 De jour comme de nuit, nous ne nous sommes jamais sentis à l’aise dans ce quartier sale, où l’odeur d’urine surgit à tous les coins de rue et où les zonards et les SDF ne se cachent pas pour fumer du crack. Quant aux « restaurants typiques et bars charmants », on n’en a pas vu la couleur !
À 17 h, on se rend au pied de l’attraction touristique principale lors d’une visite de Bogota : le Cerro de Monserrate, une montagne à 3 152 m d’altitude qui domine la ville. Pour y monter, on emprunte le téléphérique. Il n’y en a que deux : un qui monte, un qui descend. Alors un samedi, pour le coucher de soleil, l’attente est longue. Si longue qu’on rate le coucher de soleil et qu’on arrive en haut alors qu’il fait déjà presque nuit. Mais la vue sur Bogota vaut tout de même largement le détour !
Pour redescendre, on doit patienter 1 h dans le froid pour embarquer dans une cabine surpeuplée. On arrive au centre de Bogota de nuit. De jour, on ne se sent pas très à l’aise, mais de nuit, c’est encore une autre histoire ! Heureusement, on traverse le quartier des universités, très animé en ce samedi soir. D’ailleurs, tous les jeunes sont vêtus de noir dans un style gothique/métalleux. C’est un style à Bogota ? Non ! On apprend en réalité qu’un concert de métal vient d’avoir lieu. Voilà qui explique l’air sombre de tous les jeunes croisés dans la soirée ! 😅 On mange une pizza dans un restaurant avant de prendre le chemin de l’hôtel. Il ne fait pas bon traîner la nuit à Bogota, même en centre-ville !
Dimanche 10 septembre
C’est dimanche et à Bogota, c’est jour de vide-grenier ! Les habitants du quartier vendent de tout et de rien à même le sol. C’est rigolo de retrouver cette tradition française ici en Colombie !
On continue de visiter Bogota avec le marché aux fruits de La Perseverancia. Là-bas, au milieu des fruits et légumes parfaitement rangés, on retrouve Radia et Jason. Radia, c’était la responsable de Rémi dans son ancienne boîte au Canada ! On l’a quittée à Montréal il y a 16 mois et on ne pensait pas la retrouver ici, au beau milieu de la Colombie ! Radia et Jason sont de passage à Bogota pour leurs vacances en Colombie pile au moment où nous sommes à Bogota ! Le timing parfait ! 😀 On part tous ensemble à la découverte des fruits colombiens : pitayas, mangoustans, guanabanas, fruits de la passion. Puis on déguste le plat local de la région : le tamal, un plat cuisiné dans des feuilles de bananier.
Après mangé, on retourne en centre-ville pour découvrir LE musée de Bogota : le Musée de l’Or. Nous ne sommes pas très musée, mais nous n’en avons entendu que du bien. En plus, le dimanche, c’est gratuit pour tous ! Une autre bonne raison de visiter le Musée de l’Or de Bogota ! 😀 Tu connais le mythe de l’El Dorado ? L’Eldorado ? C’est ici, au cœur de la Colombie, que cette célèbre légende, qui a tant obsédé les Conquistadors espagnols, trouve ses origines. En effet, ce mythe est né dans la région de Bogota en 1536, relayé par des conquistadors époustouflés par l’opulence des peuples indigènes et leur parfaite maîtrise de l’orfèvrerie.
L’histoire de l’El Dorado commence longtemps, bien longtemps avant l’arrivée des espagnols en Amérique du Sud. Les civilisations précolombiennes qui vivaient alors dans l’actuelle Colombie découvrent l’art de la métallurgie autour de 200 avant J.C. Or, des métaux, en Colombie, il y en a un paquet : étain, cuivre, argent, et bien sûr… or ! Le Musée de l’Or de Bogota présente une incroyable collection de plus de 50 000 pièces en or (mais pas que) finement ouvragées. Les détails de certaines pièces sont d’une minutie étonnante. Et de penser qu’elles ont été travaillées et créées il y a si longtemps ! Tous ces objets sont la preuve que les civilisations pré-colombiennes possédaient une connaissance et une expertise inouïes du travail des métaux, longtemps avant l’arrivée des conquistadors.
Pour les communautés indigènes, l’or n’était pas un métal précieux dans le sens monétaire où on l’entend aujourd’hui. Ce qui le rendait précieux, c’était le travail d’orfèvre long et minutieux nécessaire pour créer une belle pièce, les heures de travail qu’il demandait, les offrandes qu’on en faisait et le symbolisme qu’il représentait. Au fil de la visite, on apprend en effet que l’or était précieux car il symbolisait le soleil, un astre important pour les civilisations précolombiennes : le reflet du soleil sur l’or était considéré comme un moyen de communication spirituelle. L’or était aussi un symbole de puissance et de pouvoir, c’est pourquoi il était porté par les élites politiques et religieuses des différentes civilisations. Le musée présente ainsi une large collection de bijoux en or : colliers, boucles d’oreilles, bracelets, ornements de nez, broches, etc.
Mais aussi d’impressionnants masques mortuaires, des outils du quotidien, des objets de décoration ou de culte. Tous ces objets scintillent dans leur vitrine et retracent l’histoire de toutes les civilisations autour de l’or. Quand on voit les détails époustouflants de certains objets, on ne peut s’empêcher d’être impressionnés par le savoir-faire des artisans de l’époque.
On a retrouvé le totem de Koh Lanta ! 😂
Le Musée de l’Or de Bogota est un vibrant hommage aux peuples amérindiens vivant en Colombie avant l’arrivée des conquistadors espagnols. L’art et le savoir-faire de chaque ethnie colombienne est représentée à travers des pièces incroyables. Même si la collection du Musée de l’Or est impressionnante, il est néanmoins important de noter qu’une grande majorité de l’or de ces civilisations a été pillé par les européens, ramené en Europe et fondu… À la sortie du musée, on part se promener sur l’artère piétonne de Bogota, particulièrement animée en ce dimanche : vendeurs ambulants, stands de street food, spectacles de rue. La musique résonne de tout côté et les odeurs de barbecue tournent dans l’air.
Notre promenade nous mène sur la place Simón Bolívar, la place principale de Bogota. Cette vaste place, cœur politique et administratif de la capitale, est encadrée par le Palais de Justice au Nord, la cathédrale de l’Immaculée-Conception à l’Est, le Capitole au Sud et l’hôtel de ville à l’Ouest. Au centre de la place se dresse une statue de Simón Bolívar, le « Libertador » de l’Amérique du Sud, un général vénézuélien, figure emblématique de l’émancipation des colonies espagnoles d’Amérique du Sud.
Lundi 11 et mardi 12 septembre
On passe la journée du lundi à l’hôtel, entre repos et travail. Une excursion en ville nous permet de découvrir d’autres quartiers de la capitale, moins aseptisés que le centre-ville touristique. On en profite pour partir à la recherche d’une nouvelle carte SD pour l’appareil photo, qu’on finit par trouver grâce à l’aide des locaux, qui nous envoient d’un endroit à un autre. Le soir, on retrouve Radia et Jason, qui nous invitent au restaurant pour une dernière soirée tous ensemble avant leur départ vers Medellin puis Carthagène 😊
Le mardi, on passe encore la journée à travailler à l’hôtel. En fin d’après-midi, on décide tout de même de se dégourdir les jambes. Là, on tombe par hasard sur le musée Botero. Le musée est gratuit ! On va donc y faire un tour. Pendant une petite heure, on se régale d’observer les œuvres de cet artiste colombien, qu’on avait découvert pour la première fois à Medellin. Les formes rondes et généreuses sont toujours au rendez-vous, c’est assez drôle, surtout lorsqu’on tombe nez à nez avec une reproduction de La Joconde made in Botero. Très drôle !
On passe la soirée avec Manu et Steffi, un couple de voyageurs suisses, dans une brasserie de la ville. On les avait vus pour la dernière fois à Antigua, Guatemala ! C’est la fin du voyage pour eux, car ils rentrent en Europe dans les prochains jours.
Mercredi 13 septembre
C’est le grand jour ! À 11 heures, nous avons le feu vert de Juan pour venir récupérer le Jeep. Après 4 jours de travail, il est enfin prêt à quitter le garage. Finalement, c’était le joint du carter de transmission qui fuyait. C’est maintenant réparé. Les quatre roulements de roue ont également été changés. Et, après 140 000 kilomètres, il y avait grand besoin ! On quitte l’hôtel, on passe 1 h 30 dans les embouteillages de Bogota et on arrive à Cota. On a hâte de reprendre la route pour se trouver un endroit où dormir en dehors de la ville. Mais lorsqu’on arrive au garage… le Jeep n’est pas prêt ! Une autre fuite a été détectée après un test de conduite…
Finalement, on doit patienter jusqu’à 17 heures avant de pouvoir prendre la route. On est au taquet, mais on est freinés par les terribles embouteillages de Chia, grande ville de la banlieue de Bogota. On fait 19 kilomètres en 1 h 15. Lorsqu’on s’engage enfin sur l’autoroute, on prend de la vitesse et… le voyant moteur s’allume ! Le Jeep perd en puissance. C’est la cata. On s’arrête sur la « bande d’arrêt d’urgence » (ou son équivalent en Colombie…), warnings allumés. Heureusement, nous ne sommes pas en panne. Prudemment et lentement, on fait demi-tour. On passe encore 1 h à retraverser les embouteillages de Chia pour retourner à Cota. Il est tard, alors on s’installe dans un parqueadero pour passer la nuit.
Jeudi 14 septembre
À 8 h, on fait le pied de gru devant le garage pour régler notre « petit » problème. On écrit immédiatement à Christian, notre préparateur de Montréal de Passion 4×4, toujours au rendez-vous quand il s’agit de nous aider avec nos soucis mécaniques. Au final, ce n’est pas grand chose : au moment de refill l’huile de transmission, le garage a mis une mauvaise huile ! Et Jeepy, la mauvaise huile, il n’a pas aimé ! On doit patienter la journée entière pour recevoir l’huile Mopar tout droit venue de Bogota, faire la vidange complète de la transmission et resserrer les freins, qui faisaient un drôle de bruit. Il est finalement trop tard pour prendre la route, alors on retourne dormir sur le parking. Demain, enfin, après 1 semaine d’arrêt, on quitte Bogota pour reprendre la route ! Pour de bon ! Enfin, c’est ce qu’on croit…
2 comments
Décidément Bogota ne restera pas un bon souvenir.
Par contre l’histoire du musée de l’or est très intéressante et les bijoux magnifiques
J’ai bien “aimé” le musée Botero. Il aimait les formes callipyges .
J’espère que la suite se fera sans encombre … mécaniquement.
Bisous.
Mamie
Hello vous deux
Ravis de vous avoir vus sur place. Quelle était la probabilité ;-)?
Profitez du reste de votre périple et continuez à nous faire voyager
Prenez soin de vous