Un des coups de cœur de notre road trip en Colombie : le paramo de Oceta. À 3 500 m d’altitude, dans la Cordillère des Andes, le paramo s’étend à perte de vue. Pour y randonner, il faut un guide ! On t’emmène avec nous en randonnée avec guide au milieu des frailejones !
Mardi 19 septembre 2023
Nous avons enfin quitté la capitale Bogota… et le garage ! Mais c’est tout de même avec beaucoup d’appréhension et de stress que nous reprenons enfin la route. Après avoir enchaîné les aller-retour au garage, on espère que cette fois-ci, c’est la bonne ! 🤞 On roule prudemment et doucement, à l’affût du moindre bruit suspect. Mais c’est sans encombre qu’on arrive au camping La Esperanza. Il fait très froid, mais heureusement, il y a la douche électrique pour nous fournir de l’eau chaude ! On a pour voisines deux vaches particulièrement bavardes 😁
Mercredi 20 septembre
On a super bien dormi, même si on a eu un peu froid sous la tente. En effet, on était vraiment à la limite du supportable avec notre couette d’hiver québécoise. Un degré de moins et il faudra sortir les sacs de couchage ! Le pliage de la tente nous réchauffe et on prend rapidement la route, direction Mongui ! Ce petit village niché à 3 000 m d’altitude au creux des montagnes a une histoire toute particulière.
L’artisanat principal de Mongui, dont la réputation n’est plus à faire dans toute la Colombie, c’est la fabrication de ballons ! ⚽ En effet, l’histoire raconte qu’en 1934, un habitant de Mongui revient de son service militaire avec un tout nouveau savoir-faire : la fabrication de ballons de foot cousus main. De retour au village, il créé une tannerie et transmet son savoir aux autres habitants de Mongui. Aujourd’hui, Mongui compte près de 32 fabriques de ballons. Il y a des ballons de toutes les couleurs, de toutes les tailles et à toutes les effigies ! Outre le ballon de foot, on trouve aussi des ballons de volley ou de basket. Aujourd’hui, la fabrication et la vente de ballons est une des activités principales de Mongui.
On prend le temps de visiter le village, très paisible, mais on est surtout à la recherche d’un guide. En effet, demain, nous aimerions découvrir le Paramo de Oceta. Or, un guide est obligatoire. Plusieurs agences proposent leur service en ville, parfois à des prix très élevés ! On tombe par hasard devant la boutique de Moisua. Le feeling passe directement entre nous. C’est décidé, nous irons découvrir le paramo avec Moisua ! En attendant, nous nous aventurons dans les hauteurs de Mongui à la recherche d’un endroit pour dormir. La piste chaotique monte doucement mais sûrement et on arrive finalement au départ du sentier vers le paramo de Mongui. Il est formellement interdit de s’y aventurer sans guide. On installe le camp dans une belle prairie.
Nous sommes à 3 300 m d’altitude et, alors que le soleil se couche lentement, le froid tombe. On décide donc de dormir bien au chaud dans le Jeep et surtout, de sortir les sacs de couchage ! En attendant, la vue sur les montagnes de la Cordillère orientale est à couper le souffle. Pas de doute, nous avons trouvé là notre plus beau bivouac de Colombie !
Jeudi 21 septembre
Comme prévu, la nuit a été très fraîche, mais on a super bien dormi dans nos sacs de couchage ! On redescend jusqu’à Mongui où on retrouve Moisua, notre guide. Nous ne sommes pas seuls : Frederico et sa sœur nous accompagnent. Ils embarquent dans le Toyota de Moisua tandis qu’on suit avec le Jeep. Avant de partir à la découverte du paramo de Oceta, Moisua nous emmène découvrir son tout nouveau projet : une ferme de frailejones. Les frailejones, ces plantes emblématiques du paramo, sont directement menacées par l’agriculture locale et l’extension des pâturages. Moisua a donc lancé un projet pour faire pousser des plants de frailejones. Après quelques mois, les plants sont prêts à être plantés dans le paramo ! Cette plante est très fragile : elle pousse de 1 cm par an et peut vivre jusqu’à 300 ans. On emporte un bébé frailejon pour pouvoir le planter dans le paramo de Oceta.
Au moment où nous y sommes, l’accès au paramo de Oceta depuis Mongui est fermé. Officiellement, il s’agit de laisser respirer les écosystèmes. En réalité, il s’agirait plutôt d’un conflit avec les propriétaires terriens de la région. En effet, comme de nombreuses régions en Colombie, le Paramo de Oceta est au cœur d’un système complexe. Il s’agit ici de faire cohabiter plusieurs facteurs : le développement touristique de la région, la protection des écosystèmes, le respect des populations locales qui habitent la région depuis des décennies, la répartition historique des terres, l’activité agricole. Dans les faits, le paramo de Oceta est une aire protégée. Mais en réalité, la protection est très limitée, car la plupart des terres du parc appartiennent à des propriétaires privés, et non à l’état.
Heureusement pour nous, le paramo de Oceta n’est pas uniquement accessible depuis Mongui. On prend donc la route -ou plutôt la piste- pour rejoindre le village de Mongüa. En route, Moisua nous présente nos premiers frailejones sauvages. On apprend qu’il existe 6 variétés de frailejones, toutes présentant des fleurs différentes, et que le paramo de Oceta en contient 4 d’entre elles ! C’est la fin de l’été et certains sont encore en fleur !
Après une heure de piste à travers de petits villages de montagne, des champs et des pâturages, nous arrivons à la Laguna Negra, point de départ de la randonnée vers le paramo de Oceta. Mais avant de partir randonner, c’est l’heure de planter notre petit frailejon de 2 ans ! Longue vie à toi, bébé frailejon ! On reviendra te dire coucou dans 20 ans 😉
🥾 Le paramo de Oceta – 8 kms, 400 m D+
La randonnée vers le paramo de Oceta commence au bord de la Laguna Negra, à 3 420 m d’altitude. Mais c’est quoi, un paramo ? 🤨 Le paramo est un écosystème typique de la haute montagne tropicale. On le trouve sur les hauts plateaux andins entre 3 100 et 4 100 m d’altitude. On trouve d’ailleurs en Colombie 60 % de la superficie mondiale de ce biotope ! Il y a plusieurs paramos en Colombie, notamment celui du Nevado del Ruiz où nous étions il y a quelques jours. Les paramos sont des écosystèmes très importants en Colombie. En effet, les plantes qui le composent (tourbes, lichens, mousses, frailejones) jouent un rôle essentiel en stockant la majorité de l’eau douce du pays. Les frailejones, notamment, captent l’eau de pluie dans leurs feuilles et la libèrent lentement à travers leurs racines, alimentant les cours d’eau et les lacs de la région.
Après une petite heure de marche au bord du lac, le chemin commence à grimper. L’effort devient de plus en plus important à mesure qu’on monte en altitude. Le souffle est court ! Et le paysage, lui, est à couper le souffle. De chaque côté du sentier, des clôtures délimitent les terrains privés. Ici, la majorité d’entre eux sont des terres laissées à l’état naturel où paissent quelques vaches et parfois des chevaux.
Bientôt, les premiers frailejones apparaissent de part et d’autre du sentier. Ils sont de plus en plus nombreux… et de plus en plus grands ! Bientôt, ils s’étendent à perte de vue. Nous sommes totalement dépaysés. Le paramo de Oceta nous offre un paysage que nous ne connaissons pas du tout et que nous n’avions même jamais vu en photo. Nous sommes sous le charme de ces vastes étendues sauvages à la végétation rase.
Moisua, notre guide, est descendant d’une ethnie originaire de la région : la communauté Muisca. Il s’agit d’une des plus grandes communautés indigènes de Colombie. Tout au long de la randonnée, il nous initie à certaines de ses traditions ancestrales et nous présente les différentes fleurs et plantes qu’on croise, notamment l’arnica !
La randonnée se termine à 3 850 mètres d’altitude, dans une véritable « jungle » de frailejones parfois aussi grands que nous. C’est dire que ceux-ci doivent avoir dans les 300 ans ! On a beaucoup de chance avec la météo, car la vue est parfaitement dégagée sur le lac en contrebas et les montagnes environnantes. C’est magnifique !
On fait une pause au sommet pour manger, l’occasion de partager quelques émotions et gratitudes dans un cadre incroyable. Puis c’est déjà l’heure de redescendre ! Et il est temps, car le temps commence à se couvrir.
Cette incursion dans le paramo de Oceta a été une incroyable expérience pour nous. Non seulement pour les paysages à couper le souffle que nous avons eus le privilège de découvrir, mais aussi grâce à l’expérience de notre super guide Moisua. Merci Moisua pour tes belles histoires et ton enthousiasme à nous faire découvrir ta région ! 😃 Quant à nous, maintenant que nous sommes acclimatés, nous partons vers des altitudes encore plus élevées au parc national El Cocuy. Le plus beau parc national de Colombie ? On dit oui ! 🤩
2 comments
Après les cloches voilà les ballons !
Très beau reportage, intéressant et instructif. On ne s’attend pas à voir de tels paysages en Colombie.
Bisous.
Mamie
Vous avez pris les coordonnées GPS du bébé freilejones ?
Cet écosystème est magique, il faut effectivement le préserver.
Bisou.