Des steppes balayées par le vent, des navires échoués, des ports de pêche, un ciel plombé : c’est ainsi que nous imaginions le bout du monde et c’est ainsi que nous l’avons trouvé ! On touche au but : la route Fin del Mundo nous emmène à l’extrême Sud du continent américain, jusque sur la Terre de Feu en traversant le terrible détroit de Magellan.
Samedi 30 mars 2024
Après ces quelques jours en pleine nature dans le parc national Torres del Paine, nous rejoignons la petite ville de Puerto Natales. Située au fond d’un fjord qui donne sur l’océan Pacifique, c’est une petite ville tranquille. On y passe la journée à faire des courses, faire le plein d’essence, prendre une douche dans un hostel et manger dans un restaurant. À cette saison, le petit port de pêche accueille une large colonie de cormorans impériaux.
Le soir venu, on quitte la ville pour se poser sur un spot sauvage au bord de la rivière. Un vent violent nous glace jusqu’aux os. Heureusement, nous avons des « rations d’urgence » pour les soirées où le vent est si fort qu’il nous empêche de cuisiner. Ce soir, c’est donc une soupe de potimarron en sachet, prête en 3 minutes ! Avec ça, on n’a presque pas le temps d’avoir froid ! 😅
Dimanche 31 mars
La nuit a été venteuse. On se réveille au matin sous un vent encore très violent qui charrie quelques gouttes de pluie. Avec cette météo, impossible de se poser tranquillement pour prendre le petit-déjeuner ou même de profiter de l’extérieur. Alors, comme c’est devenu notre rituel depuis quelque temps, on mange rapidement quelques gâteaux dans le Jeep. Le moteur tourne pour que l’on puisse profiter d’un peu de chauffage. Pas facile la Jeeplife en ces latitudes ! 😆
À 9 heures, on rejoint la route principale. Ici, la route porte un nom symbolique : la Ruta del Fin del Mundo, la route de la fin du monde. Si ça, ce n’est pas un signe que l’on arrive au bout de notre périple 😀 ! Les paysages de cette région du monde sont comme on les imaginait : des steppes infinies balayées par des vents glaciaux, des herbes et buissons couchés par les rafales incessantes, des espaces immenses vides de tout, des pâturages où se promènent moutons, vaches, chevaux et lamas et de grandes estancias qui possèdent des territoires sans fin. Le tout sous un ciel plombé par des nuages bas. C’est beau, c’est froid, c’est hostile, bref : c’est le bout du monde.
On arrive à Punta Arenas après 3 heures de route. C’est la ville australe la plus importante du Chili. Avec ses 130 000 habitants, c’est également la capitale de la région de Magallanes et de l’Antarctique chilien. On ne sait pas si Punta Arenas est d’ordinaire une ville animée, mais une chose est sûre : un dimanche matin, jour de Pâques, il ne se passe pas grand chose 😅. On dégote tout de même un restaurant non loin du front de mer pour un repas dégustation de fruit de mer : ceviche de saumon, pétoncles grillés, chupe de jaiba, calamar à l’ail et crevettes. Super bon ! 😋
Punta Arenas se trouve au bord du mythique détroit de Magellan ! Ce nom nous a toujours évoqué des terres du bout du monde, dans les territoires les plus australs de la planète, où la rudesse du climat n’a d’égale que la rigueur de la vie sur place. On a peine à croire que nous y sommes aujourd’hui ! Face au détroit de Magellan ! Et que nous sommes arrivés là par la route depuis Montréal !
Le détroit de Magellan est un passage maritime qui sépare le continent sud-américain au Nord de la grande île de la Terre de Feu au Sud. Long de 611 kilomètres, il est le plus long passage naturel reliant l’océan Atlantique et l’océan Pacifique. Avant l’ouverture du canal de Panama en 1914, Punta Arenas était le principal port de navigation entre les deux océans. En effet, les navires passaient par le détroit de Magellan, réputé plus safe, pour éviter le détroit de Drake et son terrible Cap Horn, plus au Sud. C’est le navigateur Fernand de Magellan, premier européen à l’avoir découvert et traversé en 1520, qui a donné son nom au détroit.
Étonnamment, c’est à Punta Arenas que nous passons une des soirées les plus « chaudes » depuis quelques semaines. La raison est simple : le vent est tombé ! On s’installe en haut d’une falaise, dans un camping gratuit offrant de nombreux emplacements face au détroit. De notre point de vue en hauteur, la vue est imprenable sur les jets des baleines et on passe la soirée à les observer.
Lundi 01er avril
C’est sous un magnifique soleil levant que nous nous présentons à 8 heures à l’embarcadère de Punta Arenas. Le ferry est déjà là, prêt à partir et à nous emmener par delà le détroit de Magellan vers la Terre de Feu, but ultime de notre voyage. L’émotion est donc au rendez-vous. On a hâte et on est excités de découvrir cette région du bout du monde, mais on aimerait également ne jamais y arriver pour que notre voyage dure toujours. La Terre de Feu. On ne réalise pas que l’on va mettre les pieds sur cette île mythique du bout du monde, qui symbolise tout à la fois un rêve -presque- accompli et la fin de notre grand voyage à travers les Amériques.
Le ferry s’élance sur les eaux noires du détroit de Magellan. Depuis le pont, on guette l’horizon à la recherche des baleines et des orques, dont on ne tarde pas à apercevoir les jets, bien que de très loin. La traversée dure 1 h 30. Le temps est clément, la mer est calme. C’est rassurant ! En effet, la dangereuse réputation de ces mers australes n’est plus à faire !
On débarque ensuite à Porvenir en milieu de matinée. La grande île de la Terre de Feu s’étend devant nous en de longues étendues vierges balayées par le vent. L’archipel de la Terre de Feu est situé au confluent de l’océan Pacifique, à l’Ouest et de l’océan Atlantique à l’Est. L’île principale de la Terre de Feu est partagée entre le Chili à l’Ouest et l’Argentine à l’Est. Avant l’arrivée des Européens, la région était habitée par des autochtones depuis près de 12 000 ans, aujourd’hui disparu. Ce sont d’ailleurs les nombreux feux allumés par ceux-ci, visibles depuis l’océan, qui incitèrent Magellan à lui donner le nom de Terre de Feu.
Premiers pas sur cette île du bout du monde, la plus grande d’Amérique du Sud. Porvenir est une ville chilienne située à l’Ouest de l’île, au bout d’une longue piste poussiéreuse qui se termine en cul-de-sac face au détroit de Magellan. Ici, le drapeau croate est partout et on se demande pourquoi. En réalité, la ville a été fondée en 1894 par des colons croates chercheurs d’or ! Ainsi, la majorité des 6 000 habitants de Porvenir sont d’origine croate !
En début d’après-midi, on se présente à la frontière argentine. Nouveau passage de frontière, sous un vent terrible auquel on ne s’habitue jamais. C’est un tout petit poste-frontière posé au milieu de la pampa. La procédure pour sortir du Chili et entrer en Argentine nous prend moins de 30 minutes. Pas de doute : c’est toujours un plaisir d’entrer en Argentine ! 😁
C’est maintenant l’océan Atlantique qui s’étend devant nous. On le longe jusqu’à la ville de Rio Grande, où on s’arrête pour faire quelques courses. D’immenses domaines et estancias ont découpé le paysage par d’interminables clôtures et il n’y a pas grand chose à voir ou à faire. En soirée, on s’arrête au bord d’un lac à castor. Le paysage est plutôt désolé, il fait très froid mais on est relativement protégés du vent, qui souffle dans cette région du monde avec une violence rarement constatée ailleurs dans le monde.
On passe une soirée glaciale mais spéciale : demain, nous serons à Ushuaia 😎.
1 commentaire
Holala…. Ça sent la fin ce “bout du monde” !!! 😂😭😂😭😂😭
Que de sentiments contraires qui s’entrechoquent…..
Bisou