À la rencontre d’un des animaux les plus emblématiques -et drôles- de la Patagonie : les manchots ! Alors, quels sont tes préférés ? Les manchots royaux de la Terre de Feu ou les manchots de Magellan du bord de l’Atlantique ? 😁
Dimanche 07 avril 2024
3 079 kilomètres. C’est le nombre de kilomètres qui séparent Ushuaia, sur la Terre de Feu, de Buenos Aires, la capitale. Soit 36 heures de conduite. Or, la Ruta 3, qui est l’équivalent de la mythique Ruta 40 mais côté Atlantique, est réputée pour être une longue route rectiligne particulièrement monotone. Elle traverse en effet la pampa argentine, où il n’y a rien à voir, si ce n’est de vastes étendues désertes et quelques estancias. Nous nous donnons une semaine pour parcourir les 3 000 kilomètres + 580 kilomètres, car notre destination finale n’est pas Buenos Aires, capitale de l’Argentine, mais Montevideo, capitale de l’Uruguay ! C’est parti !
Heureusement, notre route est jalonnée par plusieurs points d’intérêt qui vont égayer notre trajet. Le premier d’entre eux ? Un passage de frontière ! 😅 Et oui, l’île de la Terre de Feu est partagée entre l’Argentine et le Chili. Or, pour quitter la Terre de Feu, il faut passer par le Chili ! Heureusement, le passage est rapide et efficace et en 30 minutes, nous sommes de retour en territoire chilien. Là, nous faisons un arrêt très attendu dans la réserve Pingüino Rey. Il est tard dans la saison, mais des voyageurs passés peu de temps avant nous ont rassurés : les manchots royaux sont toujours là ! On paye donc 30 € et on s’élance pour une visite guidée de 45 minutes. Le vent est violent, mais une cabane est installée à distance respectueuse des manchots pour pouvoir les observer sans les déranger, tout en étant abrité.
Dès les premiers instants, on tombe en amour devant ces incroyables manchots au plumage coloré. Leur façon de se dandiner sur la terre ferme est hilarante. Mais dans l’eau, ce sont des nageurs aguerris ! Dès qu’ils ont les pattes dans l’eau, ils font un plongeon plus ou moins maitrisé pour se mettre à l’eau. Parfois c’est le plat 😂 Comme ils sont drôles ! Comme ils sont beaux !
La réserve Pingüino Rey est le seul endroit au monde où il est possible d’apercevoir les manchots royaux en dehors des îles subantarctiques. Cette colonie est venue s’y installer en 2010 sans que personne ne sache pourquoi elle a choisi cette baie pour nidifier plutôt que les îles habituelles au Sud ! En effet, une fois adulte, les manchots nidifient normalement sur leur lieu de naissance. Après avoir été braconnée par l’homme les premières années et donc menacée d’extinction, la colonie est maintenant protégée. Elle compte aujourd’hui 150 individus, dont 40 couples reproducteurs. Le manchot royal est le plus gros des manchots après le manchot empereur. Il pèse une douzaine de kilos, mesure 90 centimètres et jusqu’à 1,20 mètres des pattes à la pointe du bec.
Aujourd’hui, les bébés ont 4 mois et sont déjà bien gros ! Ils arborent cependant encore leur épais et chaud duvet marron. D’ici quelques semaines, ils prendront la mer avec leurs parents pour la grande migration saisonnière.
Après 1 heure de visite, il est temps de quitter les lieux. Le vent est si violent et la steppe si déserte qu’il nous est impossible de trouver un endroit abrité pour cuisiner. On se contente donc de grignoter quelques chips dans le Jeep… À 14 heures, nous sommes en approche du détroit de Magellan. Cette fois-ci, pour retrouver le continent, nous le traversons par le Nord ! Le ferry est là, prêt pour la traversée, qui dure 30 minutes. C’est le moment pour nous de dire au revoir à la Terre de Feu, cette île du bout du monde où nous avons forgé quelques uns de nos plus beaux souvenirs de voyage ❤️
Quelques kilomètres après le détroit de Magellan, nouveau passage de frontière ! Cette fois-ci, on quitte une bonne fois pour toute le Chili. C’est aussi la première fois du voyage que nous passons deux frontières le même jour ! Mais la route est encore longue jusqu’à Rio Gallegos et c’est de nuit que l’on arrive aux abords de la ville et que l’on se pose pour la nuit.
Lundi 08 avril
Rio Gallegos est une ville ouvrière qui s’est développée au milieu de nulle part. Son économie repose principalement sur l’industrie d’ovins et sur l’activité du port, où est embarqué le charbon des mines. Mais le principal attrait de la ville est de se trouver au croisement des deux routes principales de la Patagonie argentine : la mythique Ruta 40 et la Ruta 3. Les températures moyennes à Rio Gallegos sont plus froides que celles d’Ushuaia ! Et au moment où nous sommes à Rio Gallegos, il fait particulièrement froid ! La région est en plus balayée par son habituel vent glacial. Aussi, on se réveille au matin sous une bonne couche de givre. Après quelques courses en ville, on part visiter l’épave du Marjory Glen. Ce navire marchand s’est échoué en 1911 à la suite d’un violent incendie.
Dès 14 heures, on retourne à Rio Gallegos, où nous avons loué une chambre pour deux nuits dans un petit hostel du centre-ville. On passe ainsi l’après-midi à l’abri du vent et bien au chaud pour essayer tant bien que mal de rattraper un peu de notre retard sur les photos et le blog !
Mardi 09 avril
9 heures. Après un bon petit-déjeuner, nous prenons la route en direction de Cabo Virgenes, le cap le plus méridional du continent américain. C’est là-bas que fut érigée la première colonie en Patagonie en 1584… mais elle fut rapidement abandonnée en raison de la rigueur du climat et des conditions de vie trop extrêmes. Pour s’y rendre, il faut emprunter une piste sur 120 kilomètres particulièrement défoncée : nids-de poule, tôle ondulée et bas-côté meuble et affaissé. Lorsque l’on arrive face à l’océan Atlantique, on comprend rapidement pourquoi les premiers colons ont fui l’endroit ! Le vent est d’une violence inouïe ! Mais on compte bien l’affronter pour aller à la rencontre des manchots de Magellan.
Cabo Virgenes abrite en effet une large colonie de manchots de Magellan. C’est par milliers qu’ils viennent nidifier ici à partir de septembre. Mais à présent, la saison est terminée et la majorité de la colonie a repris la mer pour passer l’hiver au large du Brésil. Seuls quelques retardataires trainent encore dans le coin, et mis à part quelques courageux qui tentent une baignade, la plupart est cachée dans leur nid ou entre les buissons pour s’abriter du vent.
Comme leurs cousins les manchots royaux, les manchots de Magellan sont d’excellents nageurs : ils peuvent atteindre une vitesse de 24 km/h et plonger jusqu’à 75 mètres. Pour trouver de la nourriture et la ramener au nid, ils peuvent parcourir plus d’une centaine de kilomètres sur la journée ! Bien que les mâles soient légèrement plus gros que les femelles, leur taille moyenne est de 76 centimètres.
On s’attendait à voir des centaines de manchots, mais il ne reste malheureusement plus grand monde. Au contraire, un bien triste spectacle s’offre à nous : de nombreux cadavres de manchots gisent au sol, parfois à moitié dépecés par les prédateurs qui rodent. Comme c’est triste !
Outre les manchots, le Cabo Virgenes a un autre attrait aux yeux des voyageurs : c’est ici, à la pointe Sud de l’Argentine et de tout le continent, que se trouve le kilomètre 0 de la mythique Ruta 40 ! Alors certes, nous ne l’avons pas faite en entier, mais on s’arrête tout de même à cet endroit symbolique pour prendre quelques photos.
On déguste des sandwichs dans le Jeep pour échapper au vent. Puis on refait les 120 kilomètres de piste défoncée jusqu’à la route. À l’entrée de Rio Gallegos, on se fait arrêter par la police. C’est le même policier qui nous avait arrêtés à l’aller 👮. Il avait alors joué les guides touristiques pour nous indiquer où trouver les manchots. Cette fois-ci, il se penche nonchalamment à la fenêtre, s’accoude contre le Jeep et demande : « alors, ces manchots » ? 😅 Et tandis qu’une file de voitures se forme derrière nous, il nous explique que les manchots se cachent quand y a du vent et que de toute façon, il se fait tard dans la saison, etc, etc. 😂 Il n’y a pas à dire : que ce soit en Argentine ou ailleurs, c’est toujours de belles anecdotes avec la police !
Mercredi 10 avril
Après une nouvelle nuit à l’hôtel, on quitte Rio Gallegos et on s’élance sur la Ruta 3, qui doit nous emmener jusqu’à Buenos Aires, 2 400 kilomètres plus au Nord. La route est rectiligne, balayée par le vent, sans intérêt. Les camions que l’on croise créent un appel d’air qui fait trembler le Jeep. Après quelques heures de route, on s’arrête visiter le parc national de Monte Leon. À l’entrée, le ranger nous informe que les manchots de Magellan ont déjà migré, mais qu’avec un peu de chance, on pourra voir les lions de mer.
Cependant, les lions de mer se trouvent au pied de la falaise. Impossible de les apercevoir depuis notre point de vue en hauteur, on n’entend que leurs cris rauques. Les cormorans impériaux sont bien là en revanche, en train de nidifier en haut des falaises.
Le soir venu, on se pose pour la nuit au bord de la rivière Santa Cruz.
Jeudi 11 avril
Comme on en a pris l’habitude depuis quelques jours, on s’arrête au premier village pour acheter des viennoiseries dans une boulangerie. En effet, on a découvert que les viennoiseries argentines sont excellentes et très peu chères, alors on en profite ! 😋 On roule ensuite toute la journée sous un immense ciel bleu, en alternant régulièrement pour couper la monotonie de la Ruta 3, qui n’en finit pas de s’étirer à l’horizon.
Plusieurs fois dans la journée, on s’arrête pour vérifier notre fuite d’huile. Souviens-toi : depuis Bogota en Colombie, nous avons une fuite au niveau du différentiel. Certains jours, ça ne coule pas. D’autres jours, ça coule ! Après plusieurs tentatives de réparation vaines dans les grandes villes d’Amérique du Sud, nous avons lâché l’affaire. À présent, nous nous contentons de régulièrement vérifier le niveau de l’huile et d’en rajouter quand cela semble nécessaire. Si la fuite était minime depuis quelques semaines, les longues journées de route que nous enchainons en ce moment entrainent des coulures plus importantes. La fuite n’est en réalité pas si importante, mais c’est la force centrifuge de la roue qui projette de l’huile partout !
Le soir venu, on bivouaque en haut d’une falaise, face à l’océan. Pour la première fois depuis longtemps, le climat est doux. On se permet même de passer une heure dehors face au soleil couchant, tout en admirant les jets d’eau des baleines à l’horizon. En remontant vers le Nord de plusieurs centaines de kilomètres par jour, sommes-nous en train de remonter vers la chaleur ? Vivons-nous nos derniers moments de grand froid ? On l’espère, car le froid et le vent, on n’en peut plus ! 😅🤞
Vendredi 12 avril
Nouvelle journée de route ! En longeant l’Atlantique, on aperçoit tout à coup une colonie de lions de mer à crinière posée sur la plage. Ils ne semblent en aucun cas dérangés par les énormes camions qui passent sur la route à quelques mètres d’eux. On prend plaisir à les observer le temps de quelques minutes. Ce sont vraiment de drôles d’animaux !
Le soir venu, on se pose face à une baie. Le coucher de soleil est à nouveau splendide, les températures sont douces. Avis aux amateurs : la maison de l’autre côté de la baie serait celle de Florent Pagny…
Samedi 13 avril
Nous nous sommes écartés de la Ruta 3, non pas pour dire bonjour à Florent, mais pour se rendre à la Pinguineria de Cabo dos Bahias. On s’y rend de bonne heure, car c’est à ce moment de la journée que les manchots sont le plus actifs. On s’acquitte des 12 € de frais d’entrée, puis on suit un chemin qui nous emmène face à une baie. Après avoir garé le Jeep, on continue à pied sur une passerelle qui permet de rejoindre la mer. Et tout autour de nous : des centaines de manchots de Magellan !
Les manchots de Magellan arrivent ici en septembre pour se reproduire. Les mâles arrivent en premier, suivis des femelles. Ils couvent en octobre et c’est en novembre et décembre que les œufs éclosent. Ils migrent ensuite en avril sur près de 6 000 kilomètres pour rejoindre le large du Brésil. À ce moment, ils ne retourneront sur terre que s’ils sont malades ! On a de la chance de les voir, car ils pourraient maintenant migrer d’un jour à l’autre ! Mais pour l’instant, il sont encore là par centaines. Certains sont encore « gros », car ils n’ont pas tombé leurs plumes. D’autres sont tout minces, ils ont retrouvé leur plumage hydrodynamique qui leur permet de se déplacer dans l’eau.
Ils ne sont pas du tout craintifs, au contraire, ils lèvent la tête et nous regardent d’un air curieux. Certains sont couchés directement sous la plateforme et on leur marche presque dessus sans qu’ils ne bronchent le moins du monde. Ils sont vraiment drôles à éternuer, à crier, à se dandiner.
Outre les manchots, on a également la chance de pouvoir observer de nombreuses vigognes et même un tatou !
Après deux heures d’observation, il est temps de reprendre la route. 300 kilomètres de route et 80 kilomètres de piste nous attendent encore pour rejoindre Punta Ninfas, où nous avons prévu de nous poser plusieurs jours pour couper la route… et peut-être réaliser un de nos rêves : voir des orques ! 🤞 Et finalement, c’est la plus grosse galère du voyage qui nous attend là-bas…
1 commentaire
Qu’ils sont adorables tous ces manchots !!! 🐧🐧🐧🐧 Trop rigolo avec leur démarche, se dandinant en rythme 🤣
Trop de vent ? Pourtant vous devriez être habitués avec le vent de chez nous 😉
Vous n’avez même pas traversé la baie pour collecter un bel autographe de Florent 🎤🎶 savoir aimer 🎶 sans rien attendre en retour 🎶 💕