Parmi les routes les plus mythiques au monde, voici l’Alaska Highway ! Construite en huit mois en 1942 pour relier l’Alaska au reste des US, elle serpente entre plus de 2 500 kms de nature sauvage et intacte, de Dawson Creek, en BC, à Fairbanks, en Alaska, en passant par la province sauvage et isolée du Yukon. Nous comptons bien la parcourir dans sa totalité ! Pour l’instant, plusieurs jours de route et de nombreuses péripéties nous attendent pour atteindre Whitehorse, première étape et capitale du Yukon.
Mercredi 29 juin 2022
L’Alaska Highway commence à Dawson Creek. Depuis le parc de Jasper, c’est près de 500 kms. La route est ponctuée de grosses averses et d’exploitations qui contrastent grandement avec les paysages sauvages et protégés auxquels les parcs nationaux de l’Alberta nous ont habitués : pétrole, gaz de schiste, mines de charbon, surexploitation du bois. Un autre visage de l’Alberta s’offre à nous. Nous trouvons un camping gratuit au fond d’un bois, choisissons un emplacement en plein soleil, déplions la tente, allumons un feu, prenons une douche tiède. On mange de délicieux burritos au coin du feu et fait griller des chamallows. Une soirée parfaite comme on les aime !
Jeudi 30 juin
Nous avons quitté les montagnes et sommes de retour dans les plaines de l’Alberta. La grande ville du coin porte d’ailleurs bien son nom : Grande Prairie. Nous y passons une bonne partie de la journée : commande et pose de stickers sur le Jeep, gros lavage du véhicule, courses. On sent qu’on a quitté les montagnes : il fait maintenant une chaleur étouffante.
Nous prenons la route en début d’après-midi. Quelques heures plus tard, nous atteignons Dawson Creek ! C’est ici que commence la mythique route de l’Alaska : l’Alaska Highway. C’est un grand moment pour nous que de poser, avec le Jeep, devant ce panneau emblématique du Mile 0. C’est parti pour 2 500 kms jusqu’au bout du monde !
Après une longue après-midi et soirée de route et quelques difficultés pour trouver un emplacement pour la nuit, nous échouons dans la ville de Fort Saint John, où nous passons une nuit agitée dans un parc, au milieu de quelques fêtards.
Vendredi 1er juillet
C’est la Fête nationale du Canada ! Pour nous, c’est une journée de route. Et quelle route ! Une route rectiligne, déserte, avec des paysages magnifiques. Ici, fini les bus de touristes et les camping-cars de location. Nous sommes sortis des circuits classiques. Les prairies sont remplacées par des paysages montagnards : nous abordons la partie nord des Rocheuses. La route est de plus en plus sauvage et les rencontres se multiplient : un hibou, à l’affût sur un fil électrique, trois ours noirs en bord de route, un orignal qui traverse au détour d’un virage (notre premier orignal, pas de photo hélas !) et même un caribou ! Ce sont à chaque fois des moments d’excitation et de magie qui égayent notre route.
Au milieu de tous ces animaux, nous faisons une halte à Fort Nelson, où nous en profitons pour faire le plein d’eau et d’essence et attraper un peu de Wi-Fi, avant de partir rejoindre des amis plus loin sur la route.
Avec tous ces arrêts, nous arrivons à notre spot du soir à 20 heures. Heureusement, sous ces latitudes, il ne fait jamais réellement noir et nous pouvons nous installer et cuisiner à la lumière du jour. Nous retrouvons nos amis suisses, les Schoebis on the road, avec qui nous passons la soirée au coin du feu, à attendre que le jour se couche. Il aura finalement raison de nous : nous partons nous coucher à minuit sous un ciel encore bien clair.
Samedi 2 juillet
Spot de rêve. Dans le lit de la rivière. Une chaleur particulièrement agréable. Un soleil resplendissant. Et si on faisait une pause et qu’on passait la journée ici ? Pour la première fois de notre voyage, nous décidons de ne rien faire, tout simplement. Pas de route, pas de randonnée, rien, nada. Quel bonheur ! La journée se passe entre farniente au soleil, trempage des pieds dans l’eau glacée et détente, pour finir avec une soirée au coin du feu entre amis. Tout simplement parfait.
Dimanche 3 juillet
Après cette journée de pause, on a bien hâte de reprendre la route ! Nous levons le camp de bonne heure, car nous avons un objectif aujourd’hui : voir des animaux sauvages ! Or, c’est tôt le matin que nous avons le plus de chance d’en croiser. Rapidement, notre trajet à travers la forêt boréale du Nord se transforme en un safari sauvage géant : trois orignaux, plusieurs porc-épic, des mouflons, des ours noirs et même des bisons ! Les kilomètres défilent sans même qu’on s’en aperçoive et on en prend plein les yeux.
Nous sommes coupés dans notre élan après deux heures de route par un barrage routier : la route est fermée à cause de pluies violentes qui ont emporté la route (photo des médias) ! Horreur ! Ce n’est pas comme s’il s’agissait de la seule route… Les travaux sont en cours jour et nuit pour construire un détour, qui devrait rouvrir demain dans la journée. Nous nous retrouvons au beau milieu de nulle part, près d’un camping, au milieu de tous les VRs et camions coincés depuis quatre jours. Heureusement, nous sommes près de hot springs, dont nous profitons tout l’après-midi !
Sur la passerelle en bois qui mène aux hot springs, grosse surprise : deux orignaux en train de brouter, à quelques mètres de nous ! Nous avons tout le loisir de les observer. Un vrai bonheur ! Nous rêvions de voir des orignaux depuis notre départ, et nous en avons déjà vus 7 en trois jours sur l’Alaska Highway !
Notre soirée sur place se transforme en véritable cauchemar. Des moustiques, des tonnes de moustiques. Évidemment, on n’a nulle part où se retrancher : nous devons passer la soirée et cuisiner dehors, à leur merci. À 17 heures, nous mangeons, debout, rapidement, sans cesser de bouger. À 17 h 30, nous nous retranchons dans la tente, où nous passons une fin de soirée à l’abri… ou presque, car quelques forcenés arrivent tout de même à se faufiler dans la tente. La nuit promet d’être longue.
Lundi 4 juillet
Qu’y a-t-il de pire que d’être bloqué à cause d’un glissement de terrain ? Être bloqué dans un endroit infesté de moustiques ! La nuit a été terrible. À notre réveil, aucune accalmie : les moustiquaires de la tente sont littéralement recouvertes de moustiques. Yerk ! Ils sont tous là, à nous guetter à travers la moustiquaire, prêts à nous sauter dessus dès qu’on va sortir 😱 On a l’impression d’être dans un remake de Walking Dead. Nous plions la tente en un temps record et déguerpissons illico presto de cet endroit maudit.
Le camping du coin et son overflow sont blindés de monde. De plus en plus de camions et de voyageurs sont coincés. On nous apprend que la route devrait rouvrir dans la soirée. Pas question de passer la journée ici, à se faire dévorer. Tant pis, nous rebroussons chemin et faisons quelque 50 kms pour retourner à Muncho Lake et nous installer au bord du lac, où nous trouvons un peu de répit.
Ce petit détour en arrière nous coûte cher : nous sommes contraints de faire un complément de plein au camping de Muncho Lake, où nous trouvons l’essence la plus chère jusqu’à présent (accroche-toi bien) : 2,79 CAD le litre !! Aouch. À 17 heures, nous tentons notre chance, la boule au ventre et la sueur au front. Allons-nous devoir passer une deuxième nuit d’horreur ici ? Non ! La route est ouverte. Quel soulagement ! 😌 Une déviation a été construite en 4 jours à travers bois et rivières pour contourner la rivière.
Désireux de mettre le plus de distance possible entre nous et les moustiques, nous roulons sans nous arrêter pendant plus de 3 heures pour nous rendre à Watson Lake, la grande ville étape avant Whitehorse. Le soir tombe, le moment est idéal pour les rencontres : nous voyons 11 ours en bord de route, noirs et bruns ! Rien que ça, et des bisons ! Nous entrons également au Yukon et passons le 60° parallèle !
Nous arrivons en ville vers 22 heures ! Pas question de dormir au milieu d’un champ en friche, à la merci des moustiques, sandflies et autres indésirables. Nous nous installons sagement sur le parking de l’office du tourisme, au milieu d’autres voyageurs.
Mardi 5 juillet
La matinée à Watson Lake se passe entre papotage avec d’autres voyageurs, visite de l’office de tourisme et de son musée (et les toilettes 😀) et balade dans la forêt de panneaux de la ville. En 1942, au moment de la construction de l’Alaska Highway, un soldat américain souffrant du mal du pays a érigé un panneau de bois indiquant la direction de sa ville natale, dans l’Illinois. Depuis, les voyageurs du monde entier ont fait la même chose ! Aujourd’hui, plus de 90 000 panneaux et signes en tout genre sont recensés ! Un vrai labyrinthe.
À l’office du tourisme, nous apprenons quelques mauvaises nouvelles pour notre itinéraire : des feux de forêts sévissent un peu partout au Yukon et certaines routes sont fermées, notamment celle menant à Dawson City, au Nord ! Le problème ? Au Yukon, il y a peu de routes et cela nous contraint à faire un grand détour par les États-Unis si la situation ne s’arrange pas d’ici quelques jours… Alors que nous sommes en route vers Whitehorse à cinq heures d’ici, nous voyons en effet la forêt brûler par endroits.
Si, la veille, nous avons vu 11 ours sur la route entre 17 heures et 21 heures, aujourd’hui, en plein après-midi, nous en voyons… un seul ! Une après-midi peu productive 😅
Peu avant la grande ville, nous trouvons un spot en bord de lac où nous passons une belle soirée et une bonne nuit ! Demain, nous serons à Whitehorse, une grande étape de notre voyage, porte d’entrée vers le Grand Nord du Canada.
1 commentaire
A part les oreilles, on pourrait confondre cet ours noir dans la prairie, avec notre gros Elliott !!!!
Avez-vous trouvé Lézignan-Corbières dans ce formidable et impressionnant dédale de panneaux ?
Attention en traversant les feux.
Bisous.
Maman.