Que le Canada est grand ! Combien de fois avons-nous traversé la France en moins d’une semaine ? Du Sud au Nord de la Colombie-Britannique, la province la plus à l’Ouest du Canada, nous avons enchainé les kilomètres dans des paysages de plus en plus sauvages… et de plus en plus éloignés de toute civilisation. On t’embarque avec nous dans les 2 700 kilomètres de notre road trip en BC !
Mardi 23 juillet 2024
Premier jour de route ! Depuis le parc national de Glacier et la frontière américaine, nous parcourons 460 kilomètres pour rejoindre Revelstoke. A priori, rien de compliqué, mais c’était sans compter sur les feux de forêt qui sévissent dans l’Ouest canadien en ce moment. Rien qu’en Colombie-Britannique, 400 feux de forêt sont en cours, dont la moitié sont hors de contrôle. Certaines routes de notre itinéraire sont fermées. Il faut s’adapter et faire de grands détours. Rouler dans la fumée des feux de forêt est toujours un exercice triste et impressionnant. On imagine les milliers d’hectares de forêt qui partent en fumée en ce moment même 😢.
La traversée de 30 minutes en ferry se fait sous un paysage apocalyptique. La fumée déforme les contours des montagnes alentours. En quelques secondes, le rivage disparaît dans la brume. De l’autre côté du lac, on perçoit presque les feux à l’œuvre à travers l’épaisse fumée. L’air est saturé, des cendres volent autour de nous, recouvrant le pont du bateau d’une couche blanche volatile.
On arrive à Revelstoke en fin d’après-midi. Les kilomètres enchainés dans l’après-midi nous ont éloignés du cœur des feux de forêt. Le ciel bleu s’étend à nouveau au-dessus de nous, mais une brume persistante continue de flouter le paysage. On s’installe pour la soirée au bord d’un barrage. Il est encore tôt, alors on se lance dans la préparation d’un bon paquet de crêpes !
Mercredi 24 juillet
Au matin, le soleil est de retour. On descend de notre « chambre » pour prendre un petit-déjeuner prometteur : crêpes à la crème de marrons 😁. Mais en ouvrant le Jeep, catastrophe ! Des grains de riz sur le lit, des bouts de plastique partout, des emballages grignotés, des crottes sur le matelas. Horreur, une souris ! Pendant toute la nuit, elle s’en est donnée à cœur joie. Tous nos emballages alimentaires ont été grignotés et on retrouve même des poils dans le paquet de chips… qui part immédiatement à la poubelle. On vide nos soutes mais c’est peine perdue : après ce délicieux festin, elle est partie se planquer pour un repos bien mérité. Tant pis, on attend notre heure. En attendant, on part découvrir le parc national du Mont Revelstoke.
La route nous mène ensuite jusqu’au parc national de Glacier. On projette une randonnée, mais cette fois-ci, c’est un problème bien différent des feux de forêt qui se pose à nous. En effet, un panneau au départ du sentier indique qu’il est interdit de randonner à moins de 4 personnes en raison de la présence d’ours dans les parages. L’amende est de 150 $ ! On patiente donc jusqu’à l’arrivée d’une famille de 4 polonais. Ils partent sur le même sentier que nous, c’est donc ensemble, puis rejoints par deux allemands, que nous commençons la randonnée. À 6 adultes et 2 enfants, on ne devrait pas avoir de problème avec les ours.
On retrouve avec plaisir les paysages typiques des Rocheuses Canadiennes. Des forêts denses, des sous-bois frais, des rivières déchainées, des prairies fleuries, des sommets enneigés. Mais pas d’ours. On est à la fois soulagés et déçus !
Après 4 kilomètres, on arrive au point le plus élevé de la randonnée. La vue sur les montagnes et la vallée est belle, mais malheureusement obstruée par la fumée, qui se fait plus dense dans l’après-midi.
Pour ce soir, on retourne dormir au même spot que la veille, près de Revelstoke. Nous sommes prêts à en découdre avec notre passager clandestin 🐭. Cependant, la nuit s’annonce pluvieuse. On décide donc de ne pas déplier la tente et de dormir à l’intérieur du Jeep… On pose deux tapettes surmontées d’un chamallow : la première au sol côté passager, la deuxième dans la soute de la nourriture. Et à 23 h 30, CLAC ! On sursaute tous les deux. La tapette à l’avant vient d’attraper la souris. C’est donc bien soulagés que l’on se recouche. Mais à minuit et demi : CLAC ! La deuxième tapette nous réveille en sursaut. Misère, nous avions deux souris dans le Jeep ! Cela explique le carnage retrouvé le matin même. On espère juste qu’elles n’ont pas fait de bébés 😬.
Jeudi 25 juillet au dimanche 28 juillet
Pendant ces 4 jours de route, on enchaine 1 430 kilomètres, rien que ça ! Les forêts canadiennes défilent sous nos yeux. Au début, elles sont entrecoupées de champs, d’exploitations, de villes et villages. Mais à mesure que l’on progresse vers le Nord, il n’y a plus que des arbres à perte de vue de chaque côté de la route.
On ne roule pas très vite : 80 km/h de moyenne, 90 km/h maximum. En général, les canadiens s’énervent derrière nous. Ils nous collent, s’impatientent, font les phares, cherchent le moindre trou de souris pour nous doubler. Les plus énervés nous doublent ensuite en klaxonnant. Heureusement, plus on monte au Nord, plus la route devient déserte. Ça leur facilite la tâche pour doubler. Même les convois exceptionnels s’en donnent à cœur joie !
Nos longues journées de route sont égayées par quelques rencontres avec les ours noirs. Le plus souvent de bonne heure le matin, ils viennent manger les baies en bord de route. Les plus téméraires ne s’enfuient pas en courant à l’approche des voitures, nous laissant tout le loisir de les admirer. Ensuite, on part nous-mêmes faire la cueillette, parce qu’il n’y a pas de raison que seuls les ours profitent des mûres et des bleuets !
Ce que l’on adore en BC, ce sont les campings qui bordent la route. Ils sont toujours gratuits, toujours au bord d’un joli lac et offrent des emplacements sans services mais très agréables avec, en général, un rond de feu et un pit toilet à proximité. On adore se poser en fin de journée sur un emplacement que l’on choisit avec précaution : abrité du vent, dégagé, offrant un ensoleillement tardif et, si possible, même le matin pour que les doux rayons matinaux viennent réchauffer la tente ! Alors, on monte la tente et on passe une soirée certes fraiche, car un fire ban est toujours en place, mais toujours très agréable.
Le dimanche en fin d’après-midi, nous entrons dans le village de Stewart. Ce petit hameau canadien se trouve au bout d’une route en cul-de-sac. Il pleut. Nous traversons le village sans s’y arrêter, car ce qui nous intéresse se trouve à la sortie de Stewart. Hyder ! Ce petit village est une enclave américaine au fond du Canada : l’Alaska ! On passe en Alaska sans passer par la douane, car c’est si petit qu’il n’y en a pas.
50 habitants habitent à Hyder… et beaucoup plus d’ours. En effet, nous sommes là pour venir rencontrer les ours noirs et les grizzlis qui habitent Hyder et qui viennent pêcher le saumon à Fish Creek !
5 comments
Quelle catastrophe écologique ces feux de forêts, pauvre flore, pauvre faune, j’espère que les animaux ont le temps de fuir….
Il n’a pas l’air de faire bien chaud au cœur de l’été nordique….
Bisou
bonjour,
SUPERBE photos comme toujours, quelle belle endroit 🙂 cela doit être un bon coin à champignons
me réjoui pour la suite 🙂
Tjrs très bien raconté! Et des images magnifiques.
Mais attention aux bb souris !🤣merci de nous faire voyager par vos récits !
On surveille les souris mais jusqu’ici, pas de bébés en vue ! 🤞 Merci pour votre message, ça nous fait plaisir ! 🙂
Dommage pour les forêts canadiennes qui n’en finissent pas de brûler.
Décidément les souris adorent votre garde manger.
Paysages magnifiques et ours …sympathiques.
Bisous.
Mamie