Canada, Alberta – On n’en a pas vu assez : retour aux lacs Moraine et Louise, parc de Banff

Tomber nez à nez avec un gros grizzli au détour d’un sentier ? C’est fait, et ça fait flipper ! C’est encore au lac Louise !

Mardi 21 juin 2022

Après deux jours au parc de Yoho, nous voilà de retour à Canmore où nous récupérons enfin notre nouveau module de batterie !! Sitôt récupéré, sitôt changé : nous roulons une dizaine de minutes en direction du parc de Banff et notre batterie recharge à 100 % ! Après trois semaines de troubles techniques et de bataille avec les services clients de Goal Zero, nous voilà à nouveau indépendants ! Que du bonheur ! 😎

Pour la sixième fois, nous passons la nuit au overflow camping du Lac Louise, au milieu de tous les énormes VR, vans et camions d’expédition. Après un bon repas pris sous la pluie (pour changer…), nous partons vite nous coucher. Demain, le réveil est programmé de bonne heure, car nous retournons au lac Moraine.

Mercredi 22 juin

6 heures, le réveil sonne. On glisse une tête hors de la voiture : grisaille. Bon, ne nous démotivons pas, le temps est censé s’améliorer en fin de matinée. Il a bien intérêt, car nous voulons notre photo : celle de la magnifique couleur bleue du Lac Moraine au soleil. Nous avons admiré le lever de soleil au lac Moraine il y a quelques jours, mais le temps s’est vite couvert, nous obligeant à redescendre dans la vallée pour nous réchauffer. Aujourd’hui, nous comptons bien nous donner une deuxième chance.

À 7 heures, nous nous garons sur le parking. Le temps est toujours couvert, mais dégagé. Après un petit-déjeuner pris sur le parking, nous nous élançons pour notre randonnée du jour, non sans oublier tout notre attirail de pluie. C’est que le temps est très changeant, par ici.

🥾 Sentier du lac Eiffel et du col Sentinel – 10 kms, 600 m D+

Immédiatement, nous prenons de la hauteur, ce qui nous permet de profiter d’une belle vue sur le lac Moraine en contrebas.

Nous sommes seuls au monde. Ici, plus aucun touriste. Personne. Notre clochette anti-ours résonne dans les bois. Rémi a le spray anti-ours dans la poche du pantalon, prêt à dégainer. Et le GPS pendu au sac, qui calcule notre position en permanence, réseau ou pas. On n’est jamais trop prudent.

3 kms et 500 m de dénivelé plus tard, nous atteignons la bifurcation. À gauche, le lac Eiffel. À droite, le col Sentinel. Nous prenons à gauche. De la neige, beaucoup de neige. Il pleut, il neige, il vente, il fait soleil. On se couvre. On se découvre. On met nos impers. On les enlève. Au bout de 3 kms, nous arrivons face à un couloir d’avalanche. Le temps est à la tempête. Au vu des avalanches que nous avons régulièrement entendues pendant que nous marchions, nous décidons de sagement faire demi-tour. Tant pis pour le lac Eiffel.

De retour à la bifurcation, nous prenons à droite, vers la vallée Larch et le col Sentinel. Sur ce versant, il y a encore plus de neige. Après 2 kms, nous arrivons dans la vallée Larch, qui nous offre un paysage grandiose : des pics rocheux acérés, un magnifique contraste de blanc et de noir, des couloirs d’avalanche redoutables. Au fond de la vallée : le col Sentinel. On discerne le haut du sentier, qui monte en zigzagant, mais pas le bas. Il y a beaucoup de neige et aucune trace qui y mène. Tant pis, nous nous contentons d’admirer la vallée d’en bas.

Après une rapide descente jusqu’au lac Moraine sous un soleil éclatant, c’est sous la pluie que nous arrivons au bord du lac ! Quelle poisse ! Nous mangeons dans la voiture en attendant que l’averse passe. Puis nous montons au point de vue sur le lac. Après plus d’une heure d’attente sous la pluie et le vent, nous devons nous rendre à l’évidence : nous n’aurons pas droit à une vue ensoleillée sur le lac, tout juste une petite éclaircie. Tant pis, c’est le jeu en pleine montagne.

Nous redescendons directement dans la petite ville de Lake Louise, où nous nous faufilons dans le camping du coin pour une douche brûlante. Puis, nous retournons passer une septième nuit au overflow camping du Lac Louise.

Jeudi 23 juin

Ce matin, et pour la deuxième fois en une semaine, nous retournons au célèbre lac Louise. D’autres sentiers de randonnée nous appellent dans le coin, et nous ne pouvons quitter définitivement les lieux sans les avoir découverts. Sur la route vers le lac, nous apercevons un grizzli ! C’est notre cinquième grizzli (tous vus au lac Louise) et notre quinzième ours depuis que nous sommes arrivés dans les Rocheuses. Un beau palmarès.

🥾 Sentier Little Beehive – 8 kms, 600 m D+

La semaine dernière, nous avons fait Big Beehive. Aujourd’hui, nous partons pour Little Beehive, dont le panorama n’a, a priori, rien à envier au Big. Le sentier est populaire et nous entamons l’ascension entourés d’autres randonneurs. Il fait particulièrement froid, mais le temps est au beau fixe. Nous prévoyons néanmoins de rentrer avant midi, car il doit se mettre à pleuvoir.

Très vite, nous sommes face à un beau panorama sur le lac Louise et, plus haut, Mirror lake. La différence de couleur entre les deux lacs est saisissante : le bleu laiteux du lac Louise est dû à la poussière de roche en suspension dans l’eau. Nous avons une belle vue sur Big Beehive, beaucoup plus haut.

On avance d’un bon pas dans une végétation subalpine. Une courbe dans le sentier. Et nous tombons nez à nez avec un énorme grizzli. Oh putain. 15 mètres nous séparent. Il marche droit sur nous. Montée d’adrénaline. Réflexe de survie enclenché. Sans lui tourner le dos, nous entamons une fébrile marche arrière. Il avance plus vite que nous ne reculons. Derrière lui, ou plutôt elle, un ourson trottine. Pourtant, aucun signe d’agressivité. Elle marche vers nous, sans nous jeter un regard, occupée à scruter le sentier à la recherche de nourriture. Au bout de 50 secondes insoutenables, elle bifurque hors du sentier et disparaît, suivie de son bébé.

Nous sommes essoufflés, le cœur battant à vive allure, les jambes flageolantes. On met plusieurs minutes à se remettre de cette rencontre. Heureusement que nous avions notre clochette : elle nous avait probablement entendus et sentis bien avant qu’on l’aperçoive, et pourtant elle a continué à marcher vers nous. Nous n’avons même pas senti le besoin de sortir le spray anti-ours, car elle était très calme, même indifférente à notre présence.

Nous obtenons quelques photos d’elle à notre retour du point de vue. Et dire qu’elle était face à nous, à 15 m, il y a quelques minutes ! On en a encore des frissons (d’excitation et d’effroi). On est en boucle sur cette rencontre, analysant son comportement, le nôtre et se remémorant LE moment où on l’a vue surgir sur le sentier. Impressionnant. Inoubliable.

Le point de vue depuis Little Beehive est magnifique. Nous avons une vue plongeante et dégagée sur le lac Louise et la vallée de la Bow. Grandiose.

Depuis les montagnes alentours, un nuage très foncé descend dans la vallée et on sent qu’il est temps de redescendre. Douche assurée au rendez-vous !

On avait prévu le mauvais temps à venir. Ce qu’on n’avait pas prévu ? La neige ! Une vraie tempête de neige nous tombe dessus et nous gèle instantanément. Il est beau le parc de Banff en plein mois de décembre ! 🤪

Après cette très belle randonnée, il est temps pour nous de quitter Banff. Ou, du moins, cette partie de Banff. Après plus de deux semaines passées dans le coin, il est temps de découvrir d’autres merveilles, plus au Nord.