Cette fin de semaine, c’est décidé, nous partons camper ! Oui, camper. Nous sommes en plein mois de février, au Québec. La neige recouvre tout et les températures avoisinent les… -20°. Sommes-nous fous ? Inconscients ? Ni l’un, ni l’autre : nous sommes simplement bien équipés ! Or, pour survivre dehors en plein milieu de l’hiver canadien, il n’y a pas de secret : bien équipé, il faut l’être !
Il est grand temps pour nous de tester les limites de notre équipement, et les nôtres. Nous partons dans trois mois pour notre grand voyage autour des Amériques. Si nous sommes capables de passer tout un week-end dehors en plein hiver québécois, alors il y a peu de températures que nous ne serons pas capables d’affronter pendant le voyage.
Samedi 12 février 2022
Notre week-end commence par un arrêt indispensable avant de prendre la route : nous passons chez Shawn, de BTU Mobile, pour récupérer une pièce indispensable au fonctionnement de notre chauffage. Autant dire que, sans cette pièce, notre week-end tombe à l’eau. Nous avons le chauffage, nous avons la batterie pour le faire fonctionner, mais il nous manque le branchement pour relier l’un à l’autre. Heureusement, Shawn a la solution. Nous passons une petite heure dans son atelier, où nous vérifions que tout fonctionne correctement. Nous en profitons pour regonfler légèrement les pneus du Jeep. Puis, nous prenons la route.
Le temps est au beau fixe : plutôt nuageux, mais surtout plutôt doux, un bon -5°. C’est très agréable.
Nous arrivons au parc national de la Yamaska aux alentours de midi, après deux heures de route. Il s’agit d’un petit parc SEPAQ que nous n’avons jamais fait. Comme nous passons tout prêt et que nous avons la journée devant nous, c’est l’occasion de nous arrêter. Notre carte annuelle SEPAQ est toujours valable, elle nous permet de rentrer sans payer. Après un petit tour par le centre de service pour nous renseigner sur les sentiers du parc, nous nous installons face au braséro pour pique-niquer.
Le soleil fait de timides apparitions. C’est sans sous-vêtements techniques, sans bonnets et sans gants que nous nous élançons sur le sentier. Autant dire qu’il fait plutôt très doux !
🥾 Sentier La rivière – 2,5 kms
Le sentier de la rivière est court, plat et sans difficulté aucune. Il serpente à travers les bois avant de rejoindre la rivière, puis le barrage, puis le lac. Un quiz est organisé tout au long du sentier, qui me permet d’écraser Rémi sous le poids de ma culture G canadienne (ou bien est-ce l’inverse ?) 🤓On y apprend notamment que, lorsque la marmotte sort de son terrier et qu’elle voit son ombre, l’hiver durera 6 semaines de plus. Or, cette année, elle a vu son ombre ! Misère.
Après une heure de balade et de délibération sur le score final obtenu au quiz, nous nous rapprochons du lac gelé. Des tentes de pêcheurs sont installées sur la glace, au centre du lac. Près de la rive, nous hésitons : de l’eau/neige fondue recouvre la glace. On a l’impression qu’on pourrait tomber dans le lac à chaque pas.
À 14 heures, il est temps de reprendre la route, direction notre spot du soir.
La clé du succès est d’y arriver avant la nuit. Or, il fait nuit tôt ! Nous avons cependant assez d’avance pour ne pas prendre l’autoroute et emprunter les routes de campagne, plus agréables. Très vite, le Jeep se retrouve dans un état lamentable. Nous faisons un rapide arrêt à Sherbrooke, la grande ville du coin, pour le laver. Puis, peu avant d’arriver à notre spot du soir, nous nous arrêtons à une station-service pour faire le plein d’essence, remplir notre réservoir de Diesel pour le chauffage et acheter du bois de chauffage (Spoiler alert : nous ne l’utiliserons pas).
Puis, nous nous rendons à l’aire municipale de La Patrie, que nous connaissons bien. C’est, en effet, là que nous avons passé deux week-ends cet été. Sous la neige, tout est bien différent, mais l’aire est toujours gratuite et accueillante, ce que nous apprécions toujours beaucoup. Seuls quelques emplacements ont été déneigés et nous garons le Jeep dans celui qui nous semble le plus à l’abri.
Avant de sortir de la voiture, changement de tenue. Ou plutôt, ajout de quelques couches. La température a bien baissé et le soleil a disparu. Il est 16 heures. Il fait -10°. Nous nous activons.
- Déneigement un peu plus en profondeur de l’emplacement autour du Jeep. Nous pelletons à tour de rôle, ça a le mérite de bien réchauffer.
- Dépliage de la tente, puis mise en place de l’annexe. Dans le froid, tout est plus difficile. Les mains sont glacées, la bâche de la tente est ultra rigide, les marchepieds et le rack du Jeep sont de vraies patinoires, le bonnet et la capuche nous empêchent de bien voir ce que l’on fait, la fermeture à glissière de la tente se coince, nos mouvements sont limités par nos nombreuses couches de vêtements. Bref, c’est la galère et chaque étape prend plus de temps que prévu !
- Installation du lit, dans la tente. Il faut mettre les draps, monter la couette, les coussins, nos vêtements pour le lendemain et tout ce que nous voulons garder au chaud pendant la nuit, qui s’annonce fraîche. À chaque entrée dans l’annexe, nous devons nous déchausser. Avec nos grosses chaussures de ski, pas pratique. La galère, encore !
- Installation des équipements dans l’annexe. Il faut trouver une place à la table et aux chaises sans que ça ne gêne la circulation. La batterie trouve sa place par terre. Le réchaud, les ustensiles de cuisine, la nourriture : tout doit rentrer, pour qu’on ait le moins besoin de ressortir. Là non plus, ce n’est pas une mince affaire.
- Installation de la pièce maîtresse de la soirée et de la nuit : le chauffage ! Il faut dérouler les différents câbles, faire les branchements, allumer la batterie, allumer le chauffage, régler la température. Tout doucement, il se met en route. Pour la soirée, nous chauffons l’annexe. La tente étant ouverte, la chaleur va monter et chauffer là-haut. Dans la nuit, nous chaufferons directement la tente.
Le tout nous prend deux heures !! Conclusion de la soirée : il va falloir apprendre à être plus efficaces.
C’est dans le noir que nous terminons l’installation. À la lueur de nos lampes frontales, nous terminons de rassembler tout ce dont nous aurons besoin pour la nuit. Le but est, une fois installés dans l’annexe, de ne pas avoir à ressortir !
Dans l’annexe, il fait plutôt bon. Le chauffage travaille à fond. Il est réglé sur 20°, mais on en est loin ! L’air chaud qui en sort nous réchauffe les mains. Niveau pied, c’est la cata ! La bâche de l’annexe est directement posée sur la neige, et autant dire que le sol est glacé ! Où sont mes pantoufles ?? Grave erreur de débutant. 😓 Nous surveillons également de près la batterie. Le chauffage consomme presque rien, mais le risque, c’est qu’elle se mette en sécurité à cause du froid. So far, so good.
Trop flemmards pour faire un feu et trop frigorifiés pour cuisiner dehors, dans le noir et la neige, nous décidons de cuisiner dans l’annexe, ce qui va s’avérer être une mauvaise idée en matière d’humidité… Au menu : soupe de vermicelles bien chaudes et spaghettis au pesto.
C’est à ce moment qu’un drame survient. Alors que je suis recroquevillée sur ma chaise, les pieds gelés, Rémi sort pour vider l’eau des pâtes. Tout d’un coup : « J’ai fait une bêtise ». Je passe ma tête dehors. Le couvercle/passoire de la casserole n’a pas tenu et les spaghettis sont tombés dans la neige ! Misère, notre repas ! 🤣 « Qu’est-ce que je fais ? » Je n’arrive pas à m’arrêter de rire. La solution ? Rémi ramasse les spaghettis, enfouis dans la neige fondue, et les remet dans la casserole ! Ils ne sont plus très chauds mais, au moins, on a encore de quoi manger ! Heureusement qu’ils ne sont pas tombés dans du sable xD Grosse rigolade !
Quand nous avons terminé notre repas, il est déjà 20 heures. Au dehors, une belle lune brille et éclaire le paysage. Il fait un froid de 🦆, mais il faut sortir pour se préparer avant d’aller au lit. Nous avons oublié le nécessaire pour faire la vaisselle, alors nous la faisons directement dans la neige. De grosses boules de neige pour frotter, les doigts pour gratter et un peu de poudreuse pour rincer. Ça fait l’affaire pour ce soir. Nous nous brossons ensuite les dents à l’arrière du Jeep, puis faisons un peu de rangement dans l’annexe. Un pipi et au lit !
Nous embarquons la batterie avec nous dans la tente, bien au chaud. Le tuyau du chauffage est à nos pieds, et il souffle un air chaud rassurant et réconfortant. Nous faisons une autre folie : nous n’avons pas pris nos sacs de couchage. Oui, oui, vous avez bien lu. Il fait -15° et nous avons décidé d’embarquer notre grosse couette en duvet, spécial hiver québécois, mais avec laquelle nous dormons à l’appart’ par 19°. LOL. Pour parfaire le tout, nous étalons notre plaid par-dessus la couette. Nous avons gardé quelques couches de vêtements : de groooosses chaussettes, un bonnet pour les oreilles, un legging technique bien chaud et un haut à manche longue en laine de mérinos, sur lequel nous venons ajouter un pull pendant la nuit. Autant dire que nous sommes au chaud ! Par contre, pas un seul orteil ne doit dépasser de sous la couette. S’il fait chaud sous la couette, en dehors, dans la tente pas isolée et malgré le chauffage, ça caille sévère. Les parois de la tente sont d’ailleurs gelées. C’est parti pour une nuit au chaud, mais par -18° !
Dimanche 13 février 2022
Le lendemain, le réveil sonne à 8 heures, nous tirant d’un sommeil un peu agité. Premier constat : le chauffage est toujours en marche. La batterie aussi. Pendant la nuit, elle est descendue à 75 %, seulement. Une belle performance ! Deuxième constat : nous n’avons pas eu froid et avons plutôt bien dormi, même si nous ne sommes plus habitués au matelas de la tente. Le ronronnement du chauffage, constant, arrive à se faire oublier et ne nous a pas importunés.
En dehors de la couette, il fait un froid glacial et tout est glacé. Les parois de la tente, les vêtements, les bords du matelas, le contour des oreillers. Pour nous motiver à sortir du lit, nous mettons un boost de chauffage. Sortir de sous la couette est clairement l’étape la plus difficile de ce week-end camping ! xD Nous enfilons nos vêtements les plus chauds : pantalons de ski, grosses chaussettes, parka, gants. D’ailleurs, pour réchauffer nos vêtements glacés, nous les mettons devant la soufflerie du chauffage. L’air chaud gonfle les manches de nos pantalons et pulls, réchauffe nos chaussettes et bonnets, un vrai régal !
Au dehors, la météo est au beau fixe, une excellente nouvelle ! Nous sommes accueillis par un beau -15°, mais, surtout, par un ciel bleu et un beau soleil, qui a le mérite de nous mettre de bonne humeur. Le soleil, c’est la vie ! Il a un peu neigeoté pendant la nuit.
Pendant que je rassemble nos affaires de la nuit et fais un peu de rangement dans la tente, Rémi part récupérer notre petit-déjeuner, laissé dans le Jeep pendant la nuit. Le muesli est ok. Nos bananes sont noires et congelées. On pourrait assommer un troll avec ça ! Idem pour le beurre de cacahuète. Le lait, dans la gourde, est un gros glaçon ! Nous le mettons immédiatement au bain marie. Nous prenons ensuite notre petit-déjeuner dans l’annexe, bien chauffée.
Puis, il est temps de replier le campement. Autant dire que ce n’est pas une mince affaire ! Le temps de ranger toutes nos affaires, nous mettons le chauffage dans la tente, histoire d’en chasser toute l’humidité, car nous ne voulons pas la replier mouillée ou humide. Gare à la moisissure !
Il faut vider la tente. Vider l’annexe. Trouver une place à toutes nos affaires dans le Jeep. Dézipper la base de l’annexe. La mettre au soleil pour la faire sécher. Dézipper l’annexe. La plier. La ranger. Éteindre et ranger le chauffage. Ranger la batterie dont, entretemps, le voyant de froid s’est allumé. Fermer la tente. Plier la tente. Ranger la tente. Zipper la bâche de la tente qui, à cause du froid, est devenue particulièrement rigide. Faire chauffer le Jeep. Mettre notre poche d’eau sur le tableau de bord pour essayer de la faire dégeler. Vérifier qu’on n’a rien oublié. Partir !
Lorsque nous quittons notre emplacement, il est 11 heures. Nous avons mis 1 h 30 pour tout plier ! Autant dire qu’il va falloir faire des progrès, parce qu’il n’est pas question de passer 1 h 30 tous les matins à ranger notre barda !
Nous avons pris la route depuis à peine 5 minutes que nous nous arrêtons déjà. Photo ! Le paysage est, en effet, magnifique.
Nous reprenons la route, émerveillés devant le paysage hivernal. Au détour d’un virage, nous profitons d’une vue bien dégagée sur l’observatoire du mont Mégantic. C’est notre objectif du jour ! D’ici quelques heures, nous serons tout là-haut !
Lorsque nous entrons au parc national de Mégantic, il est déjà midi. Nous nous équipons rapidement, passons au centre de service prendre quelques renseignements sur l’état des sentiers et la météo. Puis, c’est parti pour la randonnée du jour !
🥾 Boucle du Mont Mégantic – 10,7 kms
Le sentier monte en pente douce. Comme il n’a pas neigé ces derniers jours, nous avons opté pour les crampons plutôt que pour les raquettes. Le sentier n’est pas verglacé, mais les crampons nous permettent d’avoir une bonne accroche dans la neige, et donc de faire moins d’efforts.
Dès les premiers mètres, nous nous arrêtons pour ôter quelques couches. Il fait -10°, mais nous marchons veste ouverte ! What else ? xD
Nous montons pendant près de deux heures. Plus on monte, et plus la neige est abondante. Cela nous rappelle notre randonnée au parc de Sutton, l’an dernier.
Au sommet, l’observatoire, recouvert de sa couche de glace et de givre, dresse sa forme arrondie. La vue est incroyable. Nous faisons une pause de plusieurs minutes, face à la vue, pour grignoter quelques graines et raisins secs et manger des chips.
Au bout de 10 minutes, nous repartons rapidement, car il fait frette ! Nous décidons de descendre par la route, fermée pour l’hiver. Une mince couche de poudreuse recouvre le bitume et nous en profitons pour glisser et courir sur quelques mètres, faisant en 20 min ce que nous avons grimpé en 1 h.
Lorsque nous arrivons à hauteur du point de vue, nous décidons de rattraper le sentier. Pour ce faire, nous devons enjamber un énorme tas de neige, dans lequel nous nous enfonçons jusqu’aux hanches. Gros effort xD Nous enlevons ensuite nos crampons et c’est parti pour une heure de descente au pas de course.
Quelques belles glissades plus tard, nous sommes de retour au parking, très contents de notre randonnée.
Nous avons bien hâte de rentrer, de se mettre au chaud et de prendre une douche chaude ! Camping en hiver au Québec ? Pari réussi ! Voilà une case de plus que nous allons pouvoir cocher sur notre bucket list. À refaire ? Hum… nous avons eu notre dose de froid pour la saison et ne sommes pas sûrs de vouloir remettre ça de sitôt.
Ce que nous ne savons pas encore ? Nous allons remettre ça dans deux semaines, pour un camping par… -30° ! Stay tuned 😉