Le désert de sel d’Uyuni, le plus grand salar au monde, était l’endroit que l’on attendait de découvrir avec le plus d’impatience depuis le début de notre voyage… Et après l’avoir traversé, c’est maintenant devenu LE coup de ❤️ de notre road trip à travers les Amériques ! On t’emmène avec nous pour un extraordinaire road trip dans le salar d’Uyuni et son voisin le salar de Coipasar, des lieux hors du temps où la frontière entre terre et ciel s’estompe jusqu’à disparaître.
Vendredi 29 décembre 2023
Pour rejoindre le mythique salar d’Uyuni, la piste que l’on suit depuis le parc national Sajama nous emmène à traverser un autre salar, beaucoup plus petit et beaucoup moins connu : le salar de Coipasar. Ce sont nos premiers pas sur un salar et on s’y élance prudemment. Très prudemment. Un peu nerveusement, même. C’est comment, un désert de sel ? Mou ? Dur ? Y a-t-il des pièges à éviter ? Peut-on s’y enfoncer ? On tâtonne, très attentifs aux sensations sous nos roues. Heureusement, la piste est bien tracée et on se rend vite compte que, tant qu’on la suit, on ne risque pas de s’enliser.
La première consigne de Rémi : « ne roule pas trop vite et évite les flaques ». En effet, plus on roule vite et plus le sel vole autour de nous, arrosant copieusement le Jeep. Au bout d’un kilomètre à rouler sur le salar, cependant, cette consigne devient vite obsolète. Le salar est très humide et quelle que soit la vitesse à laquelle on roule, le Jeep se retrouve irrémédiablement maculé d’une bonne couche de sel. On doit se faire une raison : Jeepy ne sortira pas du salar indemne.
Pire encore, au bout de quelques kilomètres, on ne roule plus sur du sel, mais sur de l’eau ! En effet, le salar est entièrement inondé ! Ce n’est pas étonnant, car ici en Bolivie, la saison des pluies bat son plein. Mais ce n’est pas top pour le Jeep, ni pour la conduite. C’est très difficile de continuer à suivre la piste quand elle est recouverte de 10 centimètres d’eau ! Parfois, on la discerne à peine. Tant pis, on continue tout droit. Le paysage, en revanche, est à couper le souffle ! Les montagnes alentours et les nuages se reflètent à la perfection dans le miroir qu’est devenu le salar de Coipasar inondé ! Exceptionnel ! 🤩
Finalement, la trace disparaît pour de bon et ce qui devait arriver arrive : on se perd. On cherche à quitter le salar mais on redoute de s’approcher des bords sans être sur une piste : c’est là, entre sel, terre et boue, que les risques d’embourbement sont au plus haut ! En effet, sur le salar, la croûte de sel est dure et épaisse, même s’il y a de l’eau dessus. Mais sur les bords, elle est mince et en dessous, il y a de la boue, voire de l’eau ! Or, on connaît des voyageurs qui sont restés embourbés… 3 jours dans le salar avant que quelqu’un passe dans le coin ! Ne pas s’arrêter, surtout ! Continuer coûte que coûte. Avoir foi en Jeepy et ses capacités tout-terrain hors pair. Le terrain est de plus en plus meuble. Une couche de boue vient s’ajouter à la couche de sel 🫢
Enfin, on sort du salar de Coipasar sain et sauf et on retrouve une piste 😌. Victoire ! Le prochain salar, le salar d’Uyuni, se trouve de l’autre côté des montagnes. C’est sous un nouvel orage que l’on s’élance à l’assaut de la montagne sur une piste sinueuse. Décidemment, les orages nous poursuivent en ce moment ! Or, c’est ce moment que choisit Jeepy pour… nous faire le coup de la panne ! 😑 Pas de panique, on se doutait que cela pouvait arriver. L’essence en Bolivie est réputée pour être de mauvaise qualité. Et Jeepy n’aime pas l’essence de mauvaise qualité ! On est rodés. La solution est simple : on met 20 litres d’essence dans le réservoir pour diluer le tout. 10 minutes plus tard, Jeepy ronronne à nouveau et on peut reprendre la route 😌
Au village, on demande à faire le plein à la seule station du coin. La dame sait y faire et, pour la première fois depuis que nous sommes en Bolivie, elle accepte de nous servir sans rechigner. Elle note dans son logiciel une fausse plaque d’immatriculation bolivienne et nous fait le plein complet du réservoir et du bidon de 20 litres… le tout pour 5 BOB par litre (le prix international officiel étant de 8,70 BOB par litre !). Donc en fait, faire le plein en Bolivie peut être si simple ? 🤔😮 On se rend ensuite au pied du volcan Thunupa, un magnifique volcan coloré qui culmine à 5 300 mètres d’altitude au-dessus du salar d’Uyuni. On s’installe pour la nuit à ses pieds, aux portes du désert de sel.
Le soleil descend à l’horizon et avec lui le froid glacial de l’altiplano bolivien. On a tendance à l’oublier, mais nous sommes à plus de 4 000 mètres d’altitude ! Depuis l’intérieur de la voiture, où on est bien au chaud, on assiste à un magnifique coucher de soleil en dégustant des crakers tartinés de thon à la catalane, car on n’a pas envie de braver le froid extérieur pour cuisiner 😅. Décidemment, par temps froid, la Jeeplife n’est pas toujours fun. Mais quand la beauté du paysage est au rendez-vous, on n’y renoncerait quand même pour rien au monde 😊. Un tel paysage, ça vaut bien tous les crakers au thon à la catalane du monde, non ? 😁
Samedi 30 décembre
Depuis des années, on se prépare à des -10° dans le salar d’Uyuni. C’est d’ailleurs avec le salar et ses températures glaciales en tête que nous avons investi dans un super chauffage ESPAR. Or non seulement, ce chauffage ne marche finalement pas à une telle altitude, mais en plus, on vient de passer la nuit la plus chaude depuis des lustres ! 😅 Par contre, le temps est couvert ce matin. Pas question de partir sur le salar d’Uyuni sous les nuages ! Pour la première fois du voyage, on décide de… ne rien faire ! On passe la matinée au lit à manger des gâteaux et à regarder un film. Ce n’est qu’à midi que l’on met enfin le nez dehors. Le temps se découvre lentement. Et à 14 heures, c’est sous un soleil resplendissant que l’on s’élance enfin sur le mythique salar d’Uyuni !
Le désert de sel, d’un blanc immaculé, s’étend à perte de vue sous un ciel bleu infini. Rouler sur le désert de sel d’Uyuni : il nous semble que l’on attend ce moment depuis des mois, voire des années. Quelle sensation incroyable ! La croûte de sel est dure et ferme sous les roues, alors on roule tout droit sans suivre de trace. Notre seul repère est un point noir à l’horizon : Isla del Pescado. Avec l’effet d’optique, elle semble déjà si proche alors qu’elle se trouve à 25 kilomètres !
On ne coupe évidemment pas à la traditionnelle photo dans le désert, au milieu de nulle part. C’est tellement beau. Jamais on n’aurait pensé qu’une simple étendue de sel puisse être si belle et si fascinante. Elle s’étend jusqu’à l’horizon : le salar d’Uyuni est le plus grand désert de sel au monde !
Après un temps qui nous semble infini, à seulement rouler tout droit sans toucher au volant, Isla del Pescado est en vue. Oui, il y a des îles dans le désert de sel, de vraies îles 🏝️. Ce sont en fait des montagnes qui émergent du désert. Prudents, on s’arrête à quelques mètres de l’île et je pars à pied tâter le terrain. La croûte de sel a cassé par endroit, mais tout est sec et ferme 👍. Je fais signe à Rémi et on s’installe au bord de l’île pour un bivouac particulièrement prometteur au milieu de nulle part.
Il fait chaud, très chaud ! À nouveau, on est surpris par une telle chaleur, même en pleine saison des pluies et en plein été bolivien. On ne perd pas de temps à partir explorer « notre » île. Pour ce soir, on y est seuls au monde 😊
Il fait beau, il fait chaud, on est seuls au milieu de nulle part, sans aucun véhicule à l’horizon. On en profite donc pour prendre une douche à l’arrière du Jeep. Quel bonheur que de pouvoir se mettre tout nus en pleine nature et pouvoir prendre une douche sans peur d’être aperçus 😁 Et en plein mois de décembre ! La liberté absolue. Le bonheur à l’état pur. Certains soirs plus que d’autres, on se rend compte à quel point on est heureux et chanceux d’être ici et de vivre tout ça. On passe ce soir-là, à 2 jours du Nouvel An, une des plus belles et des plus douces soirées du voyage. Dans le désert de sel d’Uyuni, qui l’eût cru ?
Le soleil se couche doucement sur le salar d’Uyuni, enflammant le paysage d’une incroyable lueur orangée. Et, à la nuit tombée, ce sont les étoiles qui prennent le relais. Malgré quelques orages par ci par là, notre coin de salar reste paisible et on passe une soirée certes fraîche, mais surtout mémorable !
Dimanche 31 décembre
Aujourd’hui, il est temps de se poser LA question ? Où souhaitons-nous passer le Nouvel An ? L’an dernier, nous avons fêté le Nouvel An à Los Angeles. Une ville mythique, certes, mais surtout frappée par une terrible tempête qui nous a gardés confinés dans une vieille chambre de motel. Qu’en sera-t-il cette année ? On décide de fêter le passage à la Nouvelle Année dans la ville d’Uyuni. On espère y trouver quelques bars et peut-être des voyageurs ou des locaux avec qui célébrer. La ville se trouve de l’autre côté du salar, mais on prend tout de même le temps de prendre un petit-déjeuner dans un cadre paradisiaque, qui restera gravé dans les annales du voyage 😍
Le temps n’aurait pu être meilleur pour notre traversée du désert de sel. Le ciel d’un bleu sans nuage, le soleil resplendissant et l’étendue d’un blanc immaculé qui s’étend à perte de vue : nous avons rarement vu un paysage aussi beau et aussi pur.
Il est ensuite temps de prendre la route. C’est qu’il est grand, le salar d’Uyuni ! Hier, nous avons mis une éternité pour parcourir 25 kilomètres. Aujourd’hui, nous en avons… 85 à parcourir ! Or, le cadre est incroyablement beau, mais la conduite est longue et monotone. On dépasse rapidement l’île Incahuasi, bien plus touristique qu’Isla del Pescado où nous avons dormi. On ne prend pas la peine de s’y arrêter et on continue notre route… direction l’horizon !
La première partie de la route se fait sur un sel dur et sec. Là, on monte aisément à 60 km/h. En revanche, au bout de 20 kilomètres, le sol commence à être mouillé. Et là, les choses se compliquent. L’eau est de plus en plus haute, jusqu’à atteindre, à certains endroits, 15 cm de profondeur. Il nous est alors impossible de rouler à plus de 20 km/h, car la vitesse créé une vague devant le capot qui 1- nous empêche d’y voir, 2- arrose copieusement le pare-brise d’une bonne couche de sel, rendant nulle la visibilité en moins de 10 secondes et 3- arrose encore plus copieusement l’ensemble du Jeep d’une bonne couche de sel persistante. Or, parcourir 70 kilomètres à moins de 20 km/h, sur une piste rectiligne, c’est loooong ! 🥱
Pourtant, comment se lasser d’un tel paysage ? Le salar d’Uyuni sec, c’est magnifique. Le salar d’Uyuni recouvert d’eau, c’est tout simplement irréel. On se croirait en train d’admirer le paysage à travers le hublot d’un avion en plein vol. Juste exceptionnel. C’est le paysage le plus beau et le plus irréel que l’on ait jamais vu. Sommes-nous encore sur terre ? Ou dans les nuages ? Face à un tel paysage, la question semble légitime. On ne sait plus où finit le désert et où commence le ciel.
Mais le salar peut aussi être dangereux. Et pour être honnêtes, si on avait été mieux informés, on ne se serait peut-être pas lancés dans cette traversée tous seuls ! En effet, le salar d’Uyuni est parsemé de trous d’eau. On ne connaît pas leur profondeur, mais un effet d’optique assez flippant nous donne l’illusion de rouler sur un lac gelé parsemé d’ouvertures sur une eau sans fond… Alors Rémi slalome entre les trous. Surtout, ne pas tomber dans l’un d’eux ! On ne serait probablement pas engloutis, mais on pourrait y rester coincés ! On prend donc le plus grand soin de suivre les traces, même si ce n’est pas toujours simple et qu’elles ont tendance à disparaître. De toute la traversée, nous ne croisons que deux 4×4.
Après trois heures d’émerveillement et d’appréhension, on atteint l’autre côté du désert. Pour nous, c’est la fin d’une aventure, pour des centaines de personnes, ç’en est le début ! Des dizaines de 4×4 de tours organisés sont réunis ici, prêts à emmener les touristes sur le salar. Alors que l’on n’a presque croisé personne depuis 4 jours, tout cet afflux soudain de monde nous ramène brutalement sur terre. L’attraction majeure du lieu est le monument du Dakar, qui a eu lieu en Bolivie en 2014.
On quitte ensuite le désert de sel. Or, la transition entre désert et route est périlleuse. 20 cm d’une eau marron et opaque, mélange de boue et de sel, nous contraignent à rouler au pas. On se fait klaxonner de tout côté par des gens éberlués de voir l’état du Jeep 😅. Aussi, dès la sortie du désert d’Uyuni, on part laver le Jeep ! Le monsieur nous demande s’il doit aussi faire l’intérieur du capot. « Nah, c’est bon », répond-on. Il insiste. Bon, ça ne coûte rien de vérifier. On ouvre le capot et horreur ! Tout est blanc ! Châssis, carrosserie, accessoires, pneus, vitres, moteur, portes. Tout y passe. Le sel, pour un véhicule, ce n’est jamais bon. Heureusement, Jeepy est un vrai québécois, ce n’est pas la première fois qu’il en voit 😂
30 minutes plus tard, Jeepy ressort tout propre et brillant… du moins jusqu’à qu’il sèche 😅. Il sèche blanc ! Direction ensuite Uyuni, la ville. Au péage, la dame ne comprend pas pourquoi on n’a pas de ticket ! Mais vous venez d’où ? Ben, de l’autre côté du désert ! Elle semble perplexe, mais accepte notre explication. On arrive à Uyuni et c’est la désillusion. Porte d’entrée vers le salar ultra touristique, on s’attendait à une ville animée. Il n’en est rien ! La ville est dans son jus, les rues sont sales, poussiéreuses et inondées, les bâtiments sont à l’abandon ou défraîchis, des tas de poubelles font office de rond point et il y a des dizaines de chiens errants. On se rend vite compte que ce n’est pas du tout « the place to be » pour passer le Réveillon du Nouvel An.
Pas question de passer le Nouvel An ici, on préfère encore être seuls en pleine nature ! On fait quelques courses et on se rend aux abords de la ville, où trône un cimetière de trains. L’endroit n’est pas très sexy, mais c’est toujours mieux que le centre-ville ! D’ailleurs, en y regardant de plus près, ces trains abandonnés ont un certain charme.
On se parque près de l’un deux et on passe une paisible soirée à deux, face à un magnifique coucher de soleil, en mangeant des chips, une paëlla et des Ferrero Rocher et en buvant du cidre ! On trinque à cette nouvelle année, en espérant qu’elle soit à nouveau pleine d’aventures, de découvertes et d’expériences et que l’on finisse par s’installer… où ? Aucune idée, mais il y aura forcément un canapé ! 😂 Et une douche, rajoute Rémi ! Bref. À une année pleine d’aventures ! 🎆
Lundi 01er et mardi 02 janvier 2024
On commence l’année en douceur et on ne fait pas grand chose pendant ces deux premiers jours de 2024. On profite d’un peu de WiFi pour travailler dans un hostel, on fait relaver le Jeep (qui en a grandement besoin !), on fait faire la vidange, on fait un peu de rangement et de nettoyage dans le Jeep et on fait le bonheur de Rémi en mangeant une énorme pièce de bœuf cuite à la braise dans un petit restaurant.
Ensuite, il est temps de se préparer pour notre prochaine grande aventure. En effet, on s’apprête à partir plusieurs jours pour une expédition 4×4 dans l’une des plus belles régions d’Amérique du Sud. Plusieurs jours en totale autonomie, loin de toute civilisation à travers des paysages à couper le souffle dans le Sud de la Bolivie : la région du Sud Lipez 😎.
3 comments
Magnifique, impressionnant et un peu stressant ce désert de sel !!! On se croirait sur une autre planète. Très très beau
Spectaculaires photos d’illusions » !!!
Bisous.
Mamie
C’est féerique ! Que dire de plus ? 😀
Extraordinaire cet entre deux ciel / terre où l’effet optique mélange le haut et le bas.
Quelle belle aventure cette traversée du désert 🤣🤣
Bonne année 2024 ❤️💚💕