Éblouis. Époustouflés. Sans voix face à la beauté irréelle et les couleurs éclatantes de la région du Sud Lipez en Bolivie. Lagunes colorées, flamants roses, désert, geysers, sources chaudes, pistes 4×4 et bivouacs exceptionnels : nous avons découvert le Sud Lipez sans guide avec notre Jeep d’expédition !
Mercredi 03 janvier 2024
Dans le Sud de la Bolivie, près de la frontière chilienne, se trouve une des plus belles régions du pays : le Sud Lipez. Pour découvrir cette région isolée, une piste poussiéreuse se faufile à travers des paysages colorés : la Laguna Road. C’est 300 kilomètres de piste au milieu de nulle part, loin de toute civilisation à travers des paysages à couper le souffle. Depuis le salar d’Uyuni, la route qui nous mène jusqu’à la région du Sud Lipez est une piste roulante mais poussiéreuse. Très poussiéreuse.
Avant de s’aventurer sur la Laguna Road, on marque un arrêt pour découvrir Valle de las Rocas. L’endroit est magnifique, on se croirait en Utah ! Les formations rocheuses complexes, la roche rougeâtre, le désert à perte de vue, les petites touffes de végétation, tout nous rappelle certaines régions des États-Unis !
Les viscaches, ces gros rongeurs ressemblant à un lapin avec une queue d’écureuil, sont au rendez-vous, dressées sur leurs pattes arrière pour mieux nous surveiller. On aperçoit également des troupeaux de vigognes, un animal très craintif mais aussi très curieux, si bien qu’il ne semble jamais savoir s’il préfère fuir ou nous observer 😅 Une piste nous mène au cœur de la vallée, où on trouve un endroit plat et abrité du vent pour bivouaquer.
Jeudi 04 janvier
Après un magnifique bivouac au cœur de Valle de las Rocas, on reprend la piste jusqu’au canyon Anaconda. Ici aussi, on n’est plus sûrs de savoir si on se trouve en Bolivie ou aux États-Unis !
C’est parti pour la fameuse Route des Lagunes, une piste réputée pour être une des plus belles de Bolivie. Plusieurs itinéraires peuvent être empruntés. On choisit de suivre la piste qui longe la frontière chilienne. On traverse de vastes pâturages herbeux, où lamas, alpagas, flamants roses et oiseaux en tout genre se partagent une herbe grasse et abondante. Les uns paissent, les autres pêchent et tout ce beau monde semble vivre en parfaite harmonie. L’endroit est très beau et particulièrement paisible.
Puis le paysage se fait plus désertique. L’herbe verte laisse place à des touffes de végétation séchées par le soleil agressif de l’été austral. Elles semblent avoir été sculptées par le vent qui souffle en rafales. Il n’a pas plu depuis des jours et la poussière vole en tourbillon tout autour de nous. Le Jeep est totalement perméable à la poussière et chaque centimètre s’en retrouve rapidement recouvert.
En fin d’après-midi, la piste nous emmène face à la première lagune de notre itinéraire : la laguna Cañapa. Il suffit d’un seul regard pour que l’on tombe sous le charme de l’endroit. Des centaines de flamants roses pêchent ou font la sieste dans une eau tout aussi rose qu’eux ! Ils sont tous magnifiques. Tout autour d’eux, le paysage montagneux est magnifique.
Il est encore tôt, mais on décide immédiatement que c’est ici que l’on veut passer notre deuxième nuit dans le Sud Lipez. On s’installe un peu en hauteur, sur un terre-plein qui domine la lagune et les flamants roses. De là, la vue est imprenable.
Il fait beau, le cadre est incroyable mais le vent violent nous empêche de déplier la tente. Toutes nos affaires sont recouvertes de poussière. On sort tout, on époussette, on secoue, on range 🧹. Ça va devenir notre routine des prochains jours ! Hier soir, nous avons pris le temps de cuisiner un copieux chili con carne, une de nos spécialités. Pour l’accompagner, on cuisine une purée. Heureusement, notre super réchaud à essence Coleman est à l’épreuve du vent le plus coriace ! Par contre, ce que l’on avait oublié, c’est qu’à 4 200 mètres d’altitude, ce n’est pas 20 minutes qu’il faut pour cuire des patates, mais 1 heure ! Ça nous laisse le temps de pleinement admirer le paysage et d’assister à un splendide coucher de soleil. Pas de doute, la Route des Lagunes commence sur les chapeaux de roue ! 😀
Vendredi 05 janvier
8 heures. On est réveillés en sursaut par des coups insistants sur la portière. Qué pasa ? C’est vrai qu’hier, on a passé une barrière. Elle était ouverte et il n’y avait personne, mais peut-être vient-on nous réclamer de l’argent ? Rémi s’habille et sort. Deux camionneurs, super sympas, ont vu le Jeep au milieu de nulle part, sans personne autour et se sont inquiétés ! Rassurés de nous voir en bonne santé, ils nous souhaitent une bonne journée et reprennent leur chemin. La matinée est glorieuse. Le ciel est sans nuage, le vent est tombé, il fait chaud et on a tout le loisir de prendre notre petit-déjeuner au soleil, face à la lagune pleine de flamants roses. C’est beau, silencieux et paisible.
Après deux heures à admirer le paysage dans un silence béat, on range le camp et on prend la route. La Laguna Road ne fait que commencer et a encore beaucoup à nous offrir. La piste est défoncée, parfois rocailleuse, parfois sableuse mais tout le temps poussiéreuse. Jeepy soulève en permanence un immense nuage de poussière. Les sillons sont parfois particulièrement profonds et on est bien contents d’avoir un Jeep avec une bonne garde au sol ! Le voyant moteur est toujours allumé (depuis des semaines) à cause (pense-t-on) d’un faux contact que personne ne semble capable d’arranger, mais on est sereins.
Après 45 minutes de piste laborieuse, on atteint Smelly Lake, une autre lagune de la Laguna Road, tout aussi magnifique que la première, mais beaucoup plus grande !
Plus loin, on arrive à la laguna Honda. Le temps s’est couvert et il pleuviote même un peu pendant que l’on mange croque-monsieur et carottes râpées. Autour de nous, des guides conduisent de gros 4×4 avec bidons d’essence sur le toit et emmène des touristes faire un tour dans le Sud Lipez (pour une petite fortune !). Pour le coup, on est bien lotis avec notre propre véhicule. Pendant que l’on mange, un 4×4 vient se garer près de nous. Pendant qu’il prépare le repas de ses passagers, le guide, intrigué, entame la conversation. Quand on lui annonce que l’on se rend par la piste au Chili, il répond : « Mais vous allez dormir où ce soir ? ». Et Rémi de répondre : « On sait pas ! » 😆. Ah la magie du voyage, de ne pas savoir où on sera le soir-même. Rien de plus excitant 😁
On passe l’après-midi à suivre les traces qui se glissent sur l’altiplano bolivien. Parfois, il y en a des dizaines ! Quand la piste devient trop défoncée ou que la tôle ondulée est trop profonde, les 4×4 se mettent à rouler à côté de la piste principale, créant ainsi une nouvelle voie. Des dizaines de pistes découpent donc le paysage sur des kilomètres. Mais quoi qu’il en soit, il semble impossible d’échapper à la tôle ondulée ! Or, c’est le pire, autant pour nous que pour le véhicule ! Tout vibre dans l’habitacle 🫨.
Mais les paysages nous font oublier ce petit désagrément. Ils défilent devant nous et sont plus beaux les uns que les autres. Les montagnes aux couleurs éclatantes, les lagunes multicolores, le désert qui semble infini, les animaux que l’on croise. On aperçoit d’ailleurs notre premier nandou, une « petite » autruche qui vit sur l’altiplano. Sans parler des vigognes, qui sont là par centaines ! On croise quelques tours, qui nous doublent à toute allure dans un nuage de poussière, mais on est seuls la grande majorité du temps.
En fin d’après-midi, on arrive à Arbol de Piedra, un site au milieu du désert où se dressent d’étranges formations rocheuses. La plus connue de toute est l’arbre de pierre. Malheureusement, le timing est mauvais : on y arrive en même temps que tous les tours ! Or, l’arbre de pierre est un must de toute expédition dans le Sud Lipez. C’est vrai que sa forme est insolite, mais de là à en faire la star d’un tour dans la région… mouais. Poussés vers la sortie par les dizaines de touristes et leurs 4×4, on ne s’attarde pas sur les lieux.
Finalement, il s’avère que partir avant les tours était une mauvaise idée. Tous nous doublent les uns après les autres sur la piste, nous enveloppant d’un nuage de poussière que l’on respire par bouffée alors même que toutes les fenêtres sont fermées… On arrive ensuite à la réserve nationale Eduardo Avaroa. On se met dans la file des 4×4 et on s’acquitte des frais d’entrée au parc : 150 BOB (20 €) par personne ! Pas le choix cependant que de passer par le parc pour rejoindre le Chili. L’endroit emblématique du parc est la laguna Colorada. Quel que soit le point de vue que l’on choisit pour l’observer, elle est incroyable. Le jeu des couleurs sur la lagune est à couper le souffle : du bleu, du vert, du jaune, du blanc, de l’orangée. Magnifique ! 😍
On rêve de trouver un spot similaire à celui de la veille, mais on se rend compte que c’est compromis pour ce soir. En effet, il semble interdit de dormir aux abords de la lagune. De toute façon, le vent est beaucoup trop violent et n’est guère synonyme d’une soirée agréable pour nous qui vivons dehors en permanence 😅. On continue donc la piste sur quelques kilomètres jusqu’à atteindre l’entrée d’un canyon. Là, une piste sableuse nous permet de nous y enfoncer et on s’abrite enfin du vent entre les hautes parois rocheuses. Le bivouac est différent de celui de la veille, mais tout aussi exceptionnel ! Il fait beau et chaud jusque tard et on passe une agréable soirée dans le silence pesant du canyon. On est à 4 400 mètres d’altitude !
Samedi 06 janvier
Nouvelle journée sur la Laguna Road dans le Sud Lipez. Et à nouveau, elle commence sous un grand ciel bleu sans nuage. Il a fait bon cette nuit. Et dire que l’on pensait être confrontés à des -10° dans la région ! Le vent est tombé dans la nuit et dès le réveil, on est en t-shirt, au soleil, à prendre un petit-déjeuner au fond du canyon 😊.
On retourne ensuite 20 kilomètres en arrière pour revenir au bord de la laguna Colorada. En effet, aujourd’hui qu’il fait extraordinairement beau, on ne peut pas louper de l’admirer sous un beau ciel beau. Déjà qu’elle était belle hier par temps couvert ! L’endroit est encore plus incroyable ce matin, surtout que tous les tours sont partis et que l’on y est seuls. Décidemment, on ne se lasse pas des paysages multicolores de l’altiplano bolivien. Incroyable.
Sur la route de la frontière chilienne, les paysages du parc Eduardo Avaroa sont splendides. La piste nous emmène sur les hauts plateaux andins de Bolivie, jusqu’à 4 800 mètres d’altitude !
Là, on découvre les geysers Sol de Mañana, qui sont en fait de puissantes fumerolles dans un paysage post-apocalyptique.
La piste redescend ensuite jusqu’à la laguna Chalvin. Oui, encore une lagune aux couleurs extraordinaires ! Comment se lasser de si beaux paysages ? Cette lagune est réputée pour ses sources chaudes !
On se rend d’abord aux premières sources chaudes, mais on y retrouve tous les touristes de la veille ! Le bassin est noir de monde : tous les tours passent au même moment. On fuit ! Dans les deuxièmes sources chaudes, il n’y a personne ! En plus, celles-ci sont gratuites alors que les autres sont payantes ! Pas de temps à perdre 😆 On plonge immédiatement dans l’eau chaude -mais pas trop-, une température parfaite vue la chaleur extérieure. Le cadre est magnifique : la lagune colorée, quelques flamants roses, les montagnes alentours. Wow, on s’est rarement baignés dans un endroit si beau !
On avait prévu de passer la frontière dans l’après-midi, mais comment renoncer à un ultime bivouac de rêve dans le Sud Lipez ? Depuis quatre jours, nous enchainons des bivouacs incroyables face à des paysages magnifiques et des matinées resplendissantes sous une météo parfaite. On a envie de revivre ça une dernière fois avant de quitter définitivement la Bolivie. Après 2 heures de piste et des paysages incroyables, on arrive au pied du volcan Licancabur, qui culmine à 5 920 mètres sur la frontière entre la Bolivie et le Chili.
Au pied du volcan : 2 lagunes. La laguna Blanca et la laguna Verde.
Le défi du soir est de trouver un spot abrité du vent, qui souffle fort par ici. On s’installe entre des roches volcaniques et c’est à pied que l’on part affronter le vent pour découvrir les environs.
Ce soir, c’est à nouveau ménage, puis chili con carne ! On n’a plus de pommes de terre, mais on rencontre le même problème avec le riz : il met un temps fou à cuire ! Alors, on attend, debout devant le réchaud, essuyant les rafales de vent sans mot dire. Puis, lorsque tout est enfin prêt, on part se réfugier à l’intérieur du Jeep pour manger à l’abri.
Dimanche 07 janvier
La magie du Sud Lipez ! On se couche sous un vent violent, on se réveille sous un calme plat. Pour la dernière fois, on profite d’un petit-déjeuner dans un cadre incroyable et sous un ciel bleu sans nuage.
Puis, il est temps de quitter le Sud Lipez pour prendre la direction du poste frontière vers le Chili. C’est un tout petit poste niché au creux des montagnes et au pied du volcan. On semble déranger le douanier bolivien. Sans poser de question ni même nous regarder, il tamponne nos passeports et nous les rend en grognant. Désolé du dérangement ! 😅
Côté Chili, le poste est plus moderne… et plus strict ! On obtient rapidement un visa de 90 jours pour nous et le Jeep. La fouille est minutieuse. On sympathise avec les douaniers, histoire qu’ils ne nous demandent pas de vider nos soutes ! On n’a rien à cacher, car on n’a ni légumes ni fruits à entrer en douce, mais quel bazar dans nos soutes poussiéreuses ! Mieux vaut éviter de perdre une demi-journée à tout vider 😅. Pas de légumes, pas de fruits, pas de drogues, pas de médicaments. Miel ? On apprend alors à nos dépends que le Chili mène une guerre féroce contre le miel, d’où qu’il vienne. Adieu pot de miel fraîchement acheté au Pérou ! Après quoi, on est « clear » pour entrer au Chili, quinzième pays de notre voyage qui va nous emmener jusqu’au bout du monde ! 😃
4 comments
De nouveau un super reportage ! Ces paysages et couleurs font rêver, qu’il doit être agréable d’apprécier aussi le calme de ces endroits reculés…Merci à vous pour ce partage !
Toujours ces couleurs qui m’émerveillent, ces superbes photos et un récit qui nous donne l’impression de vous accompagner !😀
Quel magnifique reportage.
Tous ces paysages sont tellement beaux qu’ils en paraissent irréels. Beaux , mystérieux et apaisants.
Bisous
Mamie
Je ne connaissais pas ce curieux animal moitié 🐰 lapin, moitié 🐿️ écureuil. Trop mimi….
Que de beaux bivouacs, quelle chance, que de beaux couchers de soleil, 🌄 si différents selon l’endroit mais toujours aussi époustouflants. On ne s’en lasse pas !
Ces lagunes sont magiques dans leurs couleurs. Que la nature est belle 💚 elle offre des paysages à couper le souffle.
Bisou