Premiers pas en Bolivie ! 🇧🇴 Une grande partie du territoire bolivien se trouve sur les hauts plateaux andins (altiplano), à plus de 4 000 mètres d’altitude. On commence donc la découverte du pays par une randonnée d’acclimatation ! Direction donc le lac Titicaca, 3 800 mètres puis le Pico Austria, une montagne qui culmine à 5 300 mètres ! Des premiers jours déjà plein d’aventures !
Vendredi 15 décembre 2023
Après 6 semaines de road trip au Pérou, nous entrons en Bolivie, le quatorzième pays de notre Tour des Amériques. On ne connaît pas grand chose de la Bolivie. Aussi, on n’a pas beaucoup d’attente du pays. On est ouverts à tout, prêts à se laisser surprendre et peut-être (on espère !) émerveiller. Ce que l’on sait en revanche de la Bolivie, c’est qu’une réglementation interdit la vente d’essence aux étrangers. Oui, oui. C’est très pratique 😑. On s’attend donc à devoir batailler pour se faire servir de l’essence. Dans le dernier village péruvien avant la frontière, on fait donc le plein du réservoir et des deux bidons de 20 litres. Puis c’est parti, direction la frontière en suivant les rives du lac Titicaca.
Le passage de frontière se passe rapidement et sans problème. Côté bolivien, la douanière est accompagnée d’un petit assistant qui chouine un peu dans son écharpe de portage 👶. Aussi, grâce à lui, on échappe à la fouille réglementaire et on est autorisés à entrer en Bolivie sans plus de cérémonie.
À 3 kilomètres du poste-frontière se trouve la petite ville au nom évocateur de Copacabana. C’est là que nous allons passer notre première nuit en Bolivie, dans un camping au bord du lac Titicaca. Mais avant, direction le centre-ville pour les traditionnelles formalités d’arrivée dans un nouveau pays. Retrait d’argent à la banque : 1 € = 7,50 bolivianos. Achat d’une nouvelle carte SIM Claro. Achat de quelques fruits et légumes.
Direction ensuite le camping, à 3 800 mètres d’altitude. Plus on passe de temps en altitude, et moins on se rend compte que l’on est en altitude ! Ce qui est plutôt positif 😊. Il y a quelques mois, à une telle altitude, on aurait bu plusieurs litres d’eau dans la soirée, on aurait fait une infusion de feuilles de coca pour lutter contre les effets de l’altitude et on se serait couchés un peu angoissés, à l’affût du moindre signe du mal des montagnes. Aujourd’hui… on se prend moins la tête ! 😅 Parfait, ça veut dire que notre confiance augmente et que notre acclimatation est bonne. C’est prometteur pour ces prochaines semaines en Bolivie. L’acclimatation, on va en avoir besoin !
Samedi 16 décembre
On avait prévu de prendre la route aujourd’hui… et on décide finalement de s’offrir une journée de pause dans ce camping très agréable au bord du lac. On passe donc la matinée à discuter avec les autres voyageurs, à ranger le Jeep et même à le laver. Pour la première fois depuis longtemps, on démarre le chauffage ESPAR. Ou plutôt, on tente de le démarrer.
En effet, après quelques secondes, il semble manquer d’oxygène (nous sommes tout de même à 3 800 mètres), s’étouffe et s’éteint. Ça, c’est embêtant ! 😦 D’autant plus que nous avions pris soin d’intégrer un kit haute altitude qui était censé garantir le bon fonctionnement du chauffage à 4 000 mètres, voire plus. Ça tombe mal, au moment où nous nous apprêtons à aller sur l’altiplano bolivien et ses températures nocturnes qui peuvent être extrêmes… On écrit immédiatement à notre contact à Montréal, qui promet d’investiguer sur les raisons de cette défaillance.
Dans l’après-midi, on part se promener le long du lac et jusqu’à Copacabana, à 2 kilomètres de là. En ce samedi, Copacabana a des allures de Disneyland géant. La ville est très animée : des dizaines d’agences offrent des tours sur le lac, que ce soit en bateau, en canoë ou en bouée gonflable. Pour notre part, rien de tout ça. On s’installe sur un rooftop pour boire une limonade et on passe une bonne partie de l’après-midi à observer les énormes bouées tractées par un bateau. Elles emmènent les touristes boliviens faire des tours sur le lac… qui durent juste 7 minutes. Oui, on a chronométré ! 😆
Dimanche 17 décembre
Retour à Copacabana pour faire quelques courses au marché. En passant sur la place principale, on constate une étonnante tradition locale. En effet, le dimanche, il est possible de faire bénir… sa voiture !
On prend ensuite la direction du Sud. On longe le lac sur de nombreux kilomètres. Des dizaines d’enfants sont massés en bord de route. Dès que l’on passe, tous tendent la main dans notre direction, sous l’incitation des parents assis à l’ombre des arbres. Quelle drôle d’habitude ! On se demande s’ils arrivent à recevoir quoique ce soit des quelques voitures qui passent 🤔. On espère surtout qu’ils sont là parce que c’est dimanche et que dès demain, ils retrouveront le chemin de l’école ! Après une traversée d’un bras du lac sur une frêle embarcation…
… on quitte la route principale. Un chemin nous mène au pied de la Cordillera Real, la chaîne de montagnes de la Cordillère des Andes située au Nord de La Paz. De nombreux monts enneigés culminent à plus de 5 000 mètres d’altitude. Le sommet le plus haut de la région est le Huayna Potosi. Il nous apparaît soudain entre deux nuages. Sa masse gigantesque, recouverte de glace, culmine à 6 088 mètres d’altitude. Impressionnant !
Cette montagne nous impressionne d’autant plus que l’on a pour projet de la gravir dans les prochains jours… D’ici, le défi nous semble de taille, quasiment impossible. Pour mettre toutes les chances de notre côté, on se dirige vers la base d’une autre montagne de la région, le Pico Austria. Avec son sommet culminant à 5 300 mètres d’altitude, c’est la montagne parfaite pour une bonne randonnée d’acclimatation avant de s’attaquer, peut-être, à plus haut. On s’installe pour la nuit au pied de la montagne, à 4 500 mètres. On n’a jamais dormi aussi haut. Mais on se sent très bien, ce qui est bon signe. On est rejoints dans la soirée par Diamond et Sebastian, un couple d’américains rencontrés à Copacabana. Demain, on montera ensemble !
Lundi 18 décembre
Réveil à 7 heures pour un copieux petit-déjeuner. La chance est au rendez-vous ce matin : la météo est idéale, malgré la saison des pluies. On se réveille en effet sous un beau ciel bleu parsemé de quelques nuages, pas de vent, des températures clémentes. Bref, une météo parfaite pour randonner en altitude !
On prend le départ à 8 heures accompagnés de nos amis. Le sommet du Pico Austria se dresse loin au-dessus de nous, 700 mètres de dénivelé positif plus haut et 4 kilomètres plus loin. Il semble tellement loin ! On se concentre plutôt sur nos pas. Un pas après l’autre pour monter tout en douceur. On s’attaque aujourd’hui à notre plus haut sommet depuis le début du voyage. Depuis 5 mois et demi que nous sommes en Amérique du Sud, nous avons eu tout le temps de nous acclimater progressivement. Entre nos premiers records d’altitude sur les volcans équatoriens, d’abord le Cotopaxi où nous sommes montés à 5 066 mètres, puis le Chimborazo où nous avons atteint 5 100 mètres, puis nos aventures au Pérou qui nous ont amenés à plusieurs reprises au-dessus de la barre symbolique des 5 000 mètres, nous sommes plutôt confiants.
On atteint rapidement un premier, puis un deuxième lac d’altitude, nichés au creux des montagnes enneigées et au pied des glaciers. La couleur de l’eau est magnifique !
L’ascension se complique lorsque l’on arrive au pied de la montagne. On emprunte alors un couloir d’éboulis sur lequel il est particulièrement difficile d’évoluer. Ça monte raide. Alors, on avance lentement et on contrôle notre respiration. Il faut inspirer et expirer lentement, sans laisser la respiration s’emballer. Heureusement, on fait des pauses régulières pour admirer les nombreuses viscaches qui habitent les roches. La viscache est un rongeur sauvage de la famille des chinchillas !
Bientôt, la neige apparaît. On entame l’ascension finale qui doit nous mener jusqu’au sommet.
On atteint le sommet du Pico Austria, à 5 352 mètres d’altitude, après 4 heures de marche ! 🥳 Un cairn est dressé au sommet. On s’installe de part et d’autre pour reprendre notre souffle, manger des snacks et admirer le paysage. Le Huayna Potosi est caché dans les nuages, mais on profite quand même d’une large vue à 360° sur les montagnes environnantes, les glaciers et la plaine. C’est magnifique.
Niveau santé, on se sent en pleine forme. On n’a pas de maux de tête ni d’autres symptômes du mal des montagnes. Tout ça est plutôt encourageant ! 💪 Peut-être sommes-nous suffisamment en forme et suffisamment acclimatés pour tenter une ascension à plus de 6 000 mètres ? L’idée semble folle, sachant que nous ne sommes « qu’à » un peu plus de 5 300 mètres aujourd’hui. Folle, mais tentante… Tentante, mais angoissante…
Après 30 minutes, les nuages s’amoncèlent et bouchent la vue. Il est grand temps de redescendre ! Et on fait bien, car c’est sous une pluie fine et quelques grondements de tonnerre que l’on redescend. Si on se sentait bien pendant la montée, une migraine commence à pointer le bout de son nez pendant la descente. Au bout de 2 heures, on prend un doliprane. On arrive au Jeep particulièrement fatigués et un peu fiévreux malgré les cachets. 2 heures de route nous séparent encore de la capitale économique bolivienne. La Paz est la capitale la plus haute au monde : 3 800 mètres d’altitude ! Notre camping est situé sur les hauteurs de la ville, à 4 200 mètres. On prend une douche chaude réconfortante, mais on se sent encore fiévreux et groggys. On est épuisés. À 20 heures, on est au lit dans le Jeep, bien au chaud.
Quelques jours plus tard, on apprendra que l’on a souffert de « décompression ». En effet, monter en altitude peut engendrer le Mal Aigu des Montagnes (MAM), qui peut être très dangereux, voire mortel dans les cas les plus graves. Pour éviter de souffrir du MAM, il faut monter progressivement en altitude, ce que l’on s’évertue à faire depuis notre arrivée en Amérique du Sud. Ce que l’on ne savait pas, c’est que la redescente peut aussi entraîner des symptômes désagréables : maux de tête ou de ventre, fatigue intense, vertiges. C’est ce que l’on a eu ! À la différence du MAM cependant, ces symptômes ne sont pas graves : une bonne nuit de sommeil et ça passe !
Mardi 19 décembre
Forts de notre randonnée d’acclimatation de la veille et de notre ascension réussie du Pico Austria, nous nous sommes décidés : nous allons tenter l’ascension du Huayna Potosi, 6 088 mètres d’altitude. Autant dire que pour nous, dont le record d’altitude est à 5 300 mètres (établi la veille ! 😅), on se lance un sacré défi. Nous sommes stressés, fébriles, plein d’angoisses et d’appréhension. Mais plus rien ne semble pouvoir nous faire changer d’avis. On veut la faire, cette ascension ! On veut se prouver que l’on peut le faire, que l’on en est capables, même si c’est dur et angoissant.
La journée est donc consacrée à la préparation de l’ascension. On fait nos sacs. On réserve un hostel en ville pour le soir-même et un Airbnb pour les jours qui suivront l’ascension. Ce sera notre carotte, celle de la récompense suprême après l’ascension : passer Noël dans un appartement tout confort pour se reposer et se remettre de nos émotions. Ensuite, on laisse Jeepy au camping pour la semaine et on descend en ville via les fameux téléphériques de La Paz.
On se rend immédiatement à l’agence, auprès de laquelle on vérifie une ultime fois la météo des prochains jours (assez instable en ce moment, car nous sommes en pleine saison des pluies). Puis, on réserve l’ascension ! Ça y est, c’est fait. On ne peut plus reculer. Demain matin, nous partirons à l’assaut du géant. On se rend ensuite à l’hostel avant d’aller faire quelques courses en ville pour faire le plein de snacks et manger. On est au lit de bonne heure, la tête remplie de questions et de beaucoup d’appréhension. Si tout va bien, nous serons à plus de 6 000 mètres d’altitude dans quelques jours ! 😲
1 commentaire
La couleur de l’eau dans ces lacs d’altitude est tout à fait fabuleuse !!
Moi qui avait peur de souffrir du MAM au Pérou, je ne savais pas que la descente pouvait engendrer ce genre de maux.
J’avais vu les téléphériques de La Paz à la télé, ça doit être sympa et vertigineux au-dessus des maisons.
Bisous 😘