Nous avons atteint Ushuaia ! Après 16 pays traversés du Canada à l’Argentine, 95 000 kilomètres parcourus de l’océan Arctique à la Patagonie, 23 mois sur la route, des rencontres inoubliables, des souvenirs à jamais gravés, des aventures folles, des expériences improbables, des paysages à couper le souffle et finalement, au bout de la route, cette ville mythique du bout du monde : Ushuaia. Alors, heureux ? 🍾
Mardi 02 avril 2024
Sur l’île de la Terre de Feu, la route panoramique qui mène à Ushuaia offre des paysages surprenants. Fini les interminables steppes sèches et venteuses du Nord de l’île. Le Sud de l’île est montagneux, humide et froid. En ce début du mois d’avril, les arbres célèbrent l’automne austral en arborant de magnifiques couleurs orangées. Le dégradé de couleurs sur les montagnes, du vert à l’orange, est splendide. Malgré le froid, on est contents, finalement, d’arriver si tard au bout du monde, bien après la saison estivale. On aime ces couleurs. Et à mesure qu’on les admire au gré de la route, on prend conscience d’une chose : Ushuaia est là, à portée de main, derrière ce virage. Est-ce que l’on réalise ? Pas vraiment. Est-ce que l’on est heureux ? Immensément ! 🥲
Un dernier virage à travers la forêt et nous y sommes. Les portes d’entrée de la ville mythique d’Ushuaia se dressent soudain devant nous. Et c’est ainsi que le mardi 02 avril 2024 à midi et 15 minutes, nous franchissons triomphalement les portes d’Ushuaia avec notre Jeep canadien.
15 mai 2022, nous quittions Montréal, euphoriques, excités mais complètement inconscients de toutes les aventures que nous nous apprêtions à vivre. 12 juillet 2022, nous étions au point le plus au Nord accessible par la route au Canada, dans le petit village de Tuktoyaktuk, au bord de l’océan Arctique. 02 avril 2024, nous sommes dans la ville la plus australe au monde, Ushuaia, aux portes de l’Antarctique. Et entre ces deux points du globe, si éloignés l’un de l’autre, 23 mois de voyage, 16 pays traversés, 95 000 kilomètres parcourus et des souvenirs impérissables. Bref, un beau voyage 😜 L’émotion est au rendez-vous. En franchissant ces portes, on réalise un rêve, après lequel on court depuis 4 ans. On est heureux, on est fiers, on est euphoriques. On est à Ushuaia.
Alors, après en avoir tant rêvé, à quoi ressemble réellement Ushuaia ? On était tellement focus sur notre objectif que l’on ne s’est jamais réellement posé la question ! Mais tout à coup, on est très curieux de le découvrir ! Alors, on laisse les portes de la ville derrière nous et on s’élance en direction du port.
Ushuaia est la ville la plus australe au monde. Alors certes, plus au Sud, de l’autre côté du canal, il y a Puerto Williams, au Chili. Mais face à l’aura d’Ushuaia, le petit village de Puerto Williams et ses 2 200 habitants n’est pas encore à la hauteur de ce titre unique. Ushuaia est située au bord du canal de Beagle, un passage étroit qui relie le Pacifique et l’Atlantique. D’un côté du canal : l’Argentine. De l’autre : le Chili. Même avant l’ouverture du canal de Panama, le canal de Beagle n’a jamais été un passage privilégié pour passer d’un océan à un autre, les navigateurs lui préférant le détroit de Magellan, plus au Nord ou le passage de Drake et son mythique Cap Horn. Ushuaia est situé au centre du canal de Beagle, à 100 kilomètres de distance respectivement des deux sorties vers les océans.
La baie d’Ushuaia est calme et profonde. Le port accueille des navires de croisière gigantesques, ainsi que des bateaux de croisière plus petits mais tout aussi luxueux qui emmènent les touristes jusqu’au cap Horn ou en Antarctique. À 10 000 € par personne de prix d’entrée, l’Antarctique c’est hors budget pour nous ! De toute façon, on préfère laisser ce coin du monde, très fragile et encore préservé, bien tranquille. En se promenant sur le port, on opte plutôt pour une excursion sur le canal de Beagle, que l’on réserve pour le lendemain.
En fin d’après-midi, on part camper sur la piste qui longe la baie d’Ushuaia, Playa Larga. De là-haut, la vue est imprenable sur la baie et ses eaux calmes. Si calme que le moindre mouvement nous saute aux yeux. Aussi, on repère facilement les lions de mer, les dauphins et… les baleines ! On ne pensait pas voir de baleines à Ushuaia, on est comblés ! On passe la soirée à les observer depuis le haut de la falaise. Puis, quand il fait trop sombre et trop froid pour continuer à guetter l’eau, on s’installe en bord de route pour une nuit glaciale.
Mercredi 03 avril
On se réveille sur un tapis de givre. Il fait 4°C. Fun fact sur Ushuaia : contrairement à ce que l’on pourrait penser, le climat y est tempéré. Ainsi, la température moyenne est de 10°C en été et 0°C en hiver ! 😅 Ce matin, la météo est radieuse : un doux soleil qui illumine la baie et Ushuaia, pas un souffle de vent, une mer d’huile. La visibilité est parfaite. Il est 8 heures, on se précipite en haut de la falaise pour scruter les eaux. Sur cette eau calme, chaque mouvement, chaque vaguelette est parfaitement perceptible. Là, un groupe de lions de mer. Là, des dauphins, des baleines. Avant même de les apercevoir, on entend leur souffle qui résonne dans la baie silencieuse. Ce souffle rauque et puissant qui perce le silence ambiant est pour nous un des plus beaux sons de la Nature. On en a la chair de poule.
Une météo parfaite, une eau calme, des baleines près de la rive. L’occasion est trop belle : Rémi lance le drone et capture dans la foulée notre plus belle vidéo du voyage. Deux baleines à bosse, des dauphins et des lions de mer qui dansent en harmonie parfaite un ballet gracieux dans la baie d’Ushuaia. Le spectacle nous coupe le souffle. Nous sommes euphoriques, émus. Comme la Nature est belle et parfaite ❤️
En longeant la baie, on découvre des paysages magnifiques. Des montagnes enneigées en arrière-plan, la ville d’Ushuaia baignée de soleil, la baie aux eaux calmes. En cette heure matinale, nous sommes seuls sur le sentier. Le givre craque sous nos pas. Le froid mordant nous glace les mains. On marche sans bruit, à l’écoute du souffle des baleines dans la baie silencieuse. Comme c’est beau ! On aimerait graver à jamais ces moments dans nos mémoires. La beauté du paysage, le silence de la baie, le souffle des baleines.
Dans les bois, la température est encore plus fraîche. Le silence ici est percé par les pics de Magellan, qui martèlent le bois mort à la recherche de nourriture. Aussi, à Ushuaia, pas besoin de manche à air pour indiquer la direction du vent ! Il suffit de regarder la végétation ! Les arbres sont brushingués dans le sens du vent ! 😆
À 11 h 30, on se présente au port pour notre excursion sur le canal de Beagle. D’immenses voiliers et catamarans sont amarrés au port. Mais nous avons choisi un tout petit bateau à moteur : à l’intérieur de la minuscule cabine chauffée, nous sommes 11 : 9 touristes, 1 guide et 1 capitaine. Le bateau s’élance à toute allure dans la baie d’Ushuaia. Notre objectif est le phare Les Éclaireurs. Mais si en chemin on croise la vie sauvage, le capitaine promet de s’arrêter, voire de faire quelques détours. Or, la sortie va se révéler exceptionnelle, bien au-delà de nos attentes ! C’est parti ! 😃
On est confiants : des baleines, on en a vues plein ce matin depuis la falaise ! Et en effet, à peine 5 minutes plus tard… Baleines ! Beaucoup plus maniable et rapide que les gros catamarans des autres compagnies, notre petite embarcation file à toute vitesse sur l’eau au grès des rencontres. Dès que le capitaine aperçoit une baleine, il s’en approche, très près (trop près). Ce matin, nous les avons admirées d’en haut. Maintenant, nous sommes avec elles, sur l’eau. Et le spectacle est tout aussi magique. Le jet d’eau puissant, le souffle rauque, le dos luisant, la queue qui se dresse au moment où elles plongent. On n’en rate pas une miette.
Puis, c’est au tour des dauphins de faire le show. Des dizaines, des centaines de dauphins surgissent tout autour de nous dans la baie. Ils jouent dans les vagues du bateau, sautent, nagent près de nous, plongent sous le bateau et ressortent de l’autre côté. On ne sait pas où donner de la tête. On a eu plusieurs fois l’occasion de voir des dauphins pendant le voyage, mais jamais d’humeur aussi joueuse ! C’est un régal pour les yeux ! Le guide et le capitaine n’en reviennent pas non plus : ils poussent des exclamations dans tous les sens. Apparemment, la vie sauvage n’offre pas un tel spectacle tous les jours. Nous sommes incroyablement chanceux 🍀
Entre deux sauts de dauphins, on aperçoit également des manchots de Magellan ainsi que des albatros, qui peuvent faire jusqu’à deux mètres d’envergure ! Les lions de mer sont aussi joueurs et curieux. Ils jouent au milieu des dauphins. Parfois, lorsque l’on est à l’arrêt, ils sortent la tête hors de l’eau pour nous observer. Ils sont curieux, nous dit Luis, le guide.
Et les lions de mer, on va avoir l’occasion de les voir de plus près. On s’approche en effet du Faro Les Éclaireurs, un phare en service depuis 1720. Si avant, il marchait au gaz, il fonctionne maintenant grâce à des panneaux solaires. Il marque l’entrée de la baie d’Ushuaia et prévient du danger des îlots Les Éclaireurs.
Et au pied du phare se trouve une large colonie de lions de mer. Ils se reposent sur les rochers, font la sieste, prennent le soleil et jouent au bord de l’eau dans un joyeux vacarme.
Sur une autre île, ce sont les cormorans impériaux qui nichent. Ces oiseaux marins aux pattes palmées peuvent plonger jusqu’à 50 mètres de profondeur !
Après 2 h 30 à s’émerveiller sur l’eau, on revient sur la terre ferme, ravis de notre tour sur le canal de Beagle. On ne s’attendait pas à voir un tel show de la Nature et on en a pris plein les yeux ! Il fait froid et pour se remettre de nos émotions, on se pose dans un café pour boire un chocolat chaud. On part ensuite se promener dans le centre-ville d’Ushuaia. Ici, les boutiques de souvenirs sont partout, elles font parfois même du Duty-Free ! Nous n’avons jamais acheté beaucoup de souvenirs pendant le voyage (sauf au Pérou ! 😅), mais cette fois-ci, pas question de ne rien ramener du bout du monde ! On flâne ainsi longuement dans les ruelles à la recherche d’une casquette « bout du monde ».
Puis on décide de passer notre deuxième nuit à Ushuaia dans le parc national de la Terre de Feu. On paye les frais d’entrée de 12 € par personne, qui nous donnent accès au parc pendant trois jours et deux nuits de camping. Puis, on part à la recherche d’un camping. Il y en a deux, mais l’un d’eux est réputé pour être venteux ! Sans hésitation, on file donc vers le deuxième. Il n’y a personne, on se pose où on veut, face aux montagnes enneigées.
Une fois de plus, la soirée est glaciale, mais le vent est calme. On cuisine rapidement des raviolis à l’arrière du Jeep, puis on s’enferme dans l’habitacle, en mettant un peu de chauffage pour rester au chaud.
Jeudi 04 avril
C’est sous un temps couvert que l’on part découvrir le parc de la Terre de Feu. On s’arrête à la poste la plus australe du monde, qui malheureusement est fermée. En effet, le ponton menace de s’effondrer ! Dommage, on ne pourra pas envoyer nos cartes postales d’ici.
On roule ensuite jusqu’au bout de la route. En effet, la Ruta 3 s’achève ici, dans le parc national Tierra del Fuego, après plus de 3 000 kilomètres de route depuis Buenos Aires ! Un petit panneau célèbre ce bout du monde. L’Alaska se trouve à près de 18 000 kilomètres d’ici. Et dire que nous en avons fait 95 000 ! 😅
Il y a 25 000 ans, le parc de la Terre de Feu et toute la région étaient sous 1 200 mètres de glace. Aujourd’hui, la glace a laissé place à une jeune forêt primaire : quelques milliers d’années seulement. C’est pourquoi on trouve sur la Terre de Feu moins d’espèces animales et végétales que sur le continent. D’ailleurs, on ne trouve sur l’île ni batraciens, ni reptiles ! En revanche, l’Homme habite ces terres reculées depuis plus de 6 300 ans. À l’époque déjà, ils habitaient sur la Terre de Feu mais aussi sur les îles alentours et jusqu’au Cap Horn ! Ils vivaient presque nus, vivant de la pêche dans des huttes sans confort et s’étaient alors adaptés à une vie très rude, là où l’Homme moderne ne pourrait vivre sans le confort qu’il connaît aujourd’hui. On trouve d’ailleurs sur les plages des restes de coquillages dont ils se nourrissaient !
Nous, malgré nos chauds manteaux, on ne tient que quelques minutes face à la baie, où le vent souffle en rafales glaciales ! On se rapatrie rapidement dans les terres, où on trouve un endroit près de la rivière pour cuisiner. Le temps que les patates cuisent, on se met à l’abri dans le Jeep. Mais au bout de 5 minutes, un bruit sourd à l’arrière du Jeep nous alerte. On sort en catastrophe pour trouver un rapace posé sur la tailgate en train d’essayer d’attraper les pelures de pommes de terre ! 😂
Retour à Ushuaia à 14 heures pour une après-midi très spéciale ! En effet, c’est le moment de se faire plaisir et de fêter dignement notre arrivée au bout du monde. Nous avons donc loué une chambre tout confort dans un super hôtel ! Au programme : un lit immense, un bain brûlant et surtout, le chauffage ! Le bonheur ! Le soir, direction le restaurant ! Là aussi, on se fait plaisir : ce n’est pas tous les jours que l’on est à Ushuaia ! On commande du crabe royal en entrée : une petite dégustation à tout de même 35 000 pesos (35 €) ! En plat, on prend des linguines au saumon et crevettes pour moi, au crabe royal pour Rémi. Et en dessert on se partage une copieuse coupe de glace.
On revient bien repus à l’hôtel pour une nuit au chaud dans un grand lit. Décidemment, on aimerait être à Ushuaia plus souvent ! 😃
Vendredi 05 avril
Ce matin, c’est la reprise de la Jeeplife après cette parenthèse de confort et de chaleur. On est à peine sortis de l’hôtel que le froid nous saute dessus, mais maintenant que l’on est bien réchauffés, il nous semble plus supportable que les jours précédents. Il fait beau et on retourne flâner dans le centre d’Ushuaia, entre le port et la ville. On ne se lasse pas de cette belle ville du bout du monde ! On en profite pour passer à l’office du tourisme pour tamponner nos passeports et à la poste pour poster nos cartes postales !
C’est ensuite l’heure pour nous de quitter Ushuaia. Nous avons littéralement adoré Ushuaia et son ambiance du bout du monde. On a trouvé la ville très belle, ainsi nichée au creux des montagnes enneigées. On a adoré notre sortie sur le canal de Beagle à la rencontre de la faune australe. Et le fait d’y être hors saison a sans aucun doute ajouté beaucoup de charme, car tout était si paisible après la folie de la saison estivale. Et puis Ushuaia, quoi ! Comment ne pas avoir un coup de cœur pour cet endroit mythique quand on sait que notre seul objectif depuis 2 ans était d’y aller !? Aucun doute, nous avons été séduits par l’aura si spéciale d’Ushuaia. On quitte donc la ville très heureux, mais non sans un pincement au cœur. Atteindre Ushuaia, c’est un rêve réalisé, mais aussi une fin en soi.
Même si… nos aventures au bout du monde ne sont pas terminées ! Au programme des prochains jours : sabrer le champagne au point le plus au Sud du monde accessible par la route et tenter une baignade dans le canal de Beagle ! 🤘
3 comments
Superbe chorégraphie !!!!!
Un reportage exceptionnel
Tout est beau paysage,faune.
De très gros bisous.
Que c’est émouvant de se retrouver à Ushuaia, quel accomplissement de ce fantastique voyage.
Les 4 vidéos des différents animaux sont magiques… Autant les mammifères marins que les 2 mammifères terrestres…. Mais quelle incroyable chance vous avez eu de pouvoir filmer ces baleines 🐳 🐳
Ville mythique…. Rien que le nom ça fait rêver…
Bisou
Pas étonnant que vous ayez éprouvé tant d’émotions devant ce pays du bout du monde USHUAIA §
Paysages magnifiques sur fond de montagnes enneigées, les couleurs, l’eau, les bateaux et ces spectacles époustouflants des baleines, des dauphins, les “tronches” sympathiques des lions de mer et ces majestueux cormorans !!!
Vous avez terminé votre voyage sur des images inoubliables.
Mamie