On est en route pour le point le plus au Sud de la planète accessible par la route ! Au programme de ces 91 kilomètres de piste : sabrer le champagne sur un bivouac sauvage face à l’océan, une baignade glacée dans le canal de Beagle et la vie marine qui nous fascine, encore et toujours ! C’est parti pour nos derniers kilomètres vers le bout du monde !
Vendredi 05 avril 2024
Tu pensais que nous avions atteint le bout du monde en arrivant à Ushuaia ? Eh bien non ! 😆 La Ruta J est une piste de gravier qui longe le canal de Beagle sur 91 kilomètres. Cette piste est peu connue des voyageurs, pourtant, sa particularité est unique au monde. En effet, la Ruta J mène jusqu’au point le plus au Sud du globe accessible par la route ! Tout un programme ! Alors, après tous ces mois de voyage, tous ces pays et continents traversés, nous ne sommes pas à quelques kilomètres près. Après avoir atteint l’océan arctique, impossible pour nous de ne pas emmener le Jeep jusqu’au point le plus au Sud du globe. C’est parti ! 🤘
La piste commence par longer de petites communautés. Ici, on est loin des résidences et hôtels de luxe d’Ushuaia. Les habitations, très sommaires, sont dispersées dans les bois, faites en bois et en tôle. On ne croise personne, mais on se doute que vivent ici des communautés indigènes quelque peu laissées pour compte. Puis, on atteint la côte et tout devient sauvage. Fini les habitations, seules de vastes estancias jalonnent la piste. On s’arrête au bord de l’eau pour manger et, en se promenant sur la plage, on découvre un triste spectacle : le cadavre échouée d’une baleine à bosse 😢
Reprise de la route. On longe d’immenses étendues d’herbes sauvages balayées par le vent. Ici, comme à Ushuaia, les arbres portent les séquelles du vent violent qui souffle quasi en permanence, toujours venant du large. Quelques ponts en bois qui enjambent des rivières et des ruisseaux, des marécages où s’ébattent oies sauvages et canards, des lacs aux eaux sombres, des barrages de castor, des bois sombres et denses et toujours cette piste qui serpente le long du canal.
Des chemins accidentés s’enfoncent parfois à travers les herbes hautes et permettent ainsi de s’approcher du bord de l’eau. Sur ces petites presqu’îles qui donnent directement sur les eaux glacées du canal de Beagle, le vent est d’une violence inouïe. Impossible pour nous de bivouaquer ici, même si le cadre est très beau.
Lorsque l’on prend de la hauteur, la vue sur la baie est magnifique. De là-haut, on arrive facilement à discerner les jets des baleines. Il suffit de 5 minutes d’arrêt au bord du chemin pour en apercevoir au moins une. Et à chaque fois, ça fait notre bonheur !
Après 4 heures de piste, on décide de se poser dans une baie pour passer la nuit. On marche un peu sur la côte pour tenter d’apercevoir des manchots de Magellan, mais ils ont déjà migré vers le Sud à cette période de l’année. La fin d’après-midi est calme, le vent souffle mais pas très fort, la vue est magnifique. En fin de journée, on a même la chance de voir le soleil surgir à l’horizon. Tout le paysage s’illumine. Un moment de grâce au bout du monde ! ⛅
À 7 kilomètres de la fin de la route, la vraie. Au bord du canal de Beagle, à quelques centaines de kilomètres du continent de glace, l’Antarctique. À plus de 11 000 kilomètres à vol d’oiseau de notre point de départ. Dans ce bout du monde près d’Ushuaia, notre objectif ultime depuis deux ans. C’est l’endroit et le moment parfait pour ouvrir le champagne 🍾.
On trinque donc à nos deux ans sur la route, à notre voyage incroyable pour arriver jusqu’ici, à notre arrivée à Ushuaia, à la réalisation de notre rêve le plus fou, à la fin de cette partie de notre périple, à nos souvenirs impérissables, à notre amour et notre détermination qui nous ont permis d’arriver jusqu’ici, à notre Jeep qui nous a amenés jusqu’au bout du monde. Bref, tout y passe ! Et si tu te poses la question : oui, nous trimballons ce champagne français depuis trèèès longtemps 🤣 Merci maman !
Et avec le champagne, c’est menu de fête ! On s’offre ainsi un apéro de foie gras tout droit venu de Dordogne, que l’on trimballe aussi depuis très longtemps ! Merci Odile et Philippe pour ce repas de fête qui célèbre notre nuit sur le point le plus au Sud du continent !
Samedi 06 avril
Décidemment, la région d’Ushuaia nous surprend par sa météo ! Même si la nuit a été froide, on se lève à nouveau sous un temps splendide. Et surtout, pas de vent ! Le canal de Beagle est baigné de soleil, comme c’est beau ! Pour la première fois depuis très longtemps, le temps est si doux que l’on se permet de prendre le petit-déjeuner dehors ! Si on avait su que ce serait à Ushuaia que l’on mangerait à nouveau dehors, on ne l’aurait pas cru 😅
En bas de notre campement, il y a une magnifique plage de sable noir. L’eau y est calme dans cette petite baie protégée du vent et des courants. On en profite pour ramasser un peu de sable en souvenir de notre périple en ces terres australes.
Alors que l’on se promène sur le sable, une idée folle nous traverse l’esprit. Cette plage de sable, dans cette baie ensoleillée et abritée du vent, ne serait-ce pas l’endroit parfait pour une baignade dans le canal de Beagle ? 😁 L’idée est folle ! On regrette de ne pas s’être baignés dans l’océan Arctique mais cette fois-ci, pas question d’avoir de regrets. Ni une ni deux, on remonte au Jeep, on enfile nos maillots et on revient sur la plage, prêts pour la baignade la plus fraîche de notre vie. Température extérieure : 9°C. Température de l’eau : 5°C. Il fait froid, mais la météo magnifique se prête à une baignade extrême à l’extrême sud du continent américain ! Dans ces moments-là, surtout ne pas réfléchir. En effet, réfléchir, c’est renoncer. Rémi règle l’appareil photo pour qu’il prenne une photo toutes les 5 secondes, puis on se jette à l’eau 😀
Mais lorsque l’on revient sur la plage, frigorifiés, euphoriques et tremblants, c’est la désillusion ! Notre baignade a littéralement duré 10 secondes et l’appareil photo n’a pas eu le temps de prendre de belles photos ! 😭 Cette fois-ci, Rémi le règle donc pour qu’il prenne une photo toutes les secondes et on y repart ! Deuxième plongeon ! De retour sur la plage, on se sèche vite, on remonte au Jeep, on se rhabille. Mais au moment de regarder la vidéo de notre exploit, on s’aperçoit qu’elle est mal cadrée ! On ne voit rien de notre baignade ! 😭 On hésite, mais c’est maintenant ou jamais. Troisième plongeon ! On se remet en maillots et on repart pour une baignade encore plus dure que les précédentes 🥶
7 kilomètres nous séparent encore du point le plus au Sud de la planète accessible par la route. Remis de nos émotions, séchés et rhabillés, c’est bien au chaud dans le Jeep que l’on continue la piste.
Mais peu avant d’arriver, on aperçoit un groupe de dauphins près de l’eau. On prend quelques photos, mais Rémi décide rapidement de lancer le drone dans l’espoir secret de capturer un nouveau moment magique. Et ça marche ! Nous avons à nouveau droit à un magnifique et gracieux ballet aquatique !
La fin de la route n’est pas un endroit glamour destiné aux touristes. Peu de voyageurs s’aventurent jusqu’ici. On y trouve juste une station militaire et météorologique. Lorsque l’on se gare, les militaires se penchent à la fenêtre, intrigués. On les salue et ils répondent avec enthousiasme. On marche un peu, savourant notre arrivée au bout du monde, mais il n’y a rien à voir de spécial. C’est juste nous et notre bonheur d’être arrivés jusqu’ici, au point le plus au Sud de la planète accessible par la route. Au-delà, c’est l’Antarctique. Un vieux panneau nous informe que nous sommes sur la péninsule de Mitre. Le cap, encore plus au Sud, est encore loin, à 100 kilomètres d’ici. Mais il n’y a plus de route : pour y aller, il faut faire un trek de plusieurs jours sous des conditions extrêmes !
Après 15 minutes, on fait demi-tour. Comme c’est drôle de tourner le dos à cet endroit, de se dire qu’à partir d’ici, on ne peut que remonter vers le Nord ! Tout à coup, nous avons l’impression étrange de prendre la route du retour 🏠. Ce qui est définitivement un peu le cas.
Après une centaine de mètres, on s’installe face à l’océan pour manger. Mais le temps change vite en Patagonie. Alors que nous étions au soleil il y a quelques minutes à peine, voilà qu’un menaçant nuage noir se dessine à l’horizon. En quelques secondes, le temps se couvre, le vent se lève, les oiseaux s’agitent, la couleur de l’eau s’assombrit. On profite des ultimes rayons de soleil avant la tempête pour cuisiner rapidement des pâtes. Comme c’est beau et menaçant ! La scène a quelque chose d’apocalyptique.
La grêle s’abat sur nous tandis que l’on est à l’arrière en train d’attendre que les pâtes cuisent. Les rafales de vent nous empêchent de sortir l’auvent. On sort donc un parapluie que l’on fixe précairement au-dessus du réchaud. Et on attend, les yeux rivés sur le minuteur du téléphone. Plus que cinq minutes. Et cinq minutes sous la grêle, c’est long ! 😅 En quelques secondes, le sol est recouvert de grêlons. Mais le temps que nos pâtes soient prêtes, la grêle cesse. Et le temps de manger, les nuages menaçants sont passés. Le ciel s’est déjà bien éclairci lorsque l’on reprend la route 20 minutes plus tard. Ça alors, la Patagonie et sa météo changeante !
Durant l’après-midi, on refait la piste en sens inverse. Les paysages semblent avoir changé depuis la veille : il a neigé dans les hauteurs et les montagnes alentours sont recouvertes d’une belle couche blanche !
20 kilomètres avant la fin de la piste, la piste devient particulièrement boueuse. En quelques mètres, on repeint le Jeep jusqu’au toit ! On profite donc d’une rivière pour lui refaire une beauté avant de quitter pour de bon la Ruta J et de reprendre la route bitumée en direction du Nord de la Terre de Feu.
Du point le plus au Sud à… Buenos Aires ! Depuis Ushuaia, 3 000 kilomètres de route nous attendent pour remonter jusqu’à la capitale argentine, Buenos Aires. La prochaine semaine s’annonce donc longue et monotone… quoique ! Ne jamais sous-estimer les péripéties qui peuvent arriver lors d’un road trip ! 😁 Heureusement, notre partenaire Chapka est là pour couvrir nos arrières ! Depuis deux ans, nous sommes en effet assurés chez Chapka Assurances grâce au contrat Cap Aventure pour les voyages au long cours !
5 comments
bravo pour ce superbe voyage au long court, merci d’avoir partagé ses magnifique photos, j’ai pu découvrir des splendide paysages tout au long de votre parcours tous plus beau les un que les autres
merci Wanda
Merci et avec plaisir : 😀 C’est toujours un grand plaisir pour nous de raconter et partager nos aventures !
Tchin-tchin champagne et foie gras dans un endroit mythique. Que demander de plus !!! 🥂🥂
La baignade une fois c’est un exploit ! 3 fois 🤣🥶🥶🤣 c’est de l’acharnement ! Mais ça valait le coup les photos et le vidéos sont sympa.
Le ciel d’orage est tout aussi magnifique.
Et voilà, ce n’est pas une fin en soi, l’aventure n’est pas finie, mais c’est avec un pincement au cœur que je vous vois remonter vers le nord, après toutes ces péripéties, aventures, exploits, partages, toutes les émotions y sont passées.
Bisou
Bravo et mille fois merci pour toutes ces photos et commentaires du bout du monde.
Merci beaucoup 😀 C’est toujours avec beaucoup de plaisir qu’on partage nos aventures ! 🙂